Partie écossaise
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La partie écossaise est une ouverture au jeu d'échecs débutant par les coups 1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. d4[1],[2],[3]. L'avancée d4 du pion blanc au troisième coup a pour but d'ouvrir le centre, 3...exd4 étant le meilleur coup à la disposition des Noirs. Le « début écossais[1] » se poursuit par 3... exd4 4. Cxd4 mais les Blancs peuvent aussi choisir de sacrifier le pion d4 pour une mobilisation plus rapide par 3...exd4 4. c3, qui est le gambit Göring (voir analyse ci-dessous), ou par 3...exd4 4. Fc4, qu'on appelle gambit écossais. Cette dernière ligne peut transposer dans l'Attaque Max Lange, qui conduit à de grandes complications, par 4. Fc4 Cf6 5. 0-0 Fc5 6. e5. Le gambit écossais peut également transposer dans la défense des deux cavaliers par 4. Fc4 Cf6 5. e5 ou dans la partie italienne par 4...Fc5 5. c3 Cf6 6. cxd4 Fb4+. Le coup 3. d4 ne conduit donc pas toujours à une partie écossaise proprement dite.
La partie écossaise est à nouveau popularisée en 1990 par Garry Kasparov. Elle est employée avec succès par le grand maître international Sergueï Roublevski.
Histoire
Origine
La partie écossaise tire son nom du fait qu'elle a été employée en 1824 lors d'un match par correspondance entre les villes de Londres et d'Édimbourg. Cependant, elle avait déjà été étudiée en 1763 par un Italien nommé Giambattista Lolli (qui est resté célèbre aux échecs pour le mat de Lolli). Comme l'ouverture écossaise pose relativement peu de difficultés aux Noirs pour égaliser, on ne la rencontre qu'occasionnellement dans les grands tournois.
Remise au goût du jour par Garry Kasparov
Sous l'influence de Garry Kasparov, la partie écossaise connaît un véritable regain de popularité après avoir été plutôt délaissée en raison de la facilité qu'ont les Noirs à revenir dans la partie[4]. Les nouveautés théoriques apportées par le 13e champion du monde à la partie écossaise ont été reçues avec enthousiasme à la suite de sa victoire de la finale du championnat du monde d'échecs 1990 à New York et Lyon. Sur les vingt-quatre parties, Garry Kasparov - qui a les blancs une partie sur deux - ouvre les 14e et 16e en jouant une partie écossaise, faisant nulle à la première puis remportant la seconde[5]. Il s'agissait d'une surprise de taille, l'écossaise n'ayant plus été jouée au cours d'une finale de championnat du monde depuis le match Wilhelm Steinitz-Mikhaïl Tchigorine en 1892.
Contre des grands maîtres internationaux de tout premier plan, Garry Kasparov a obtenu un score de 14 victoires (dont certaines contre Anatoli Karpov, Nigel Short, Michael Adams ou Péter Lékó) et 8 nulles en 22 parties.
Par la suite, Sergueï Roublevski emploie régulièrement la partie écossaise.
Analyse des variantes
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1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. d4 exd4
- 4. Cxd4
- 4... Fc5 variante classique
- 5. Fe3 Df6 6. c3 Cge7 (voir le diagramme ci-contre). Cette ligne de jeu classique est très ancienne.
- 5. Cb3. C'est la troisième fois que ce cavalier est joué, mais la perte de temps est compensée par le fait que les Noirs devront eux aussi rejouer leur fou.
- 5. Cxc6 Df6
- 6. Dd2 dxc6 7. Cc3
- 6. Df3 Dxf3 7. gxf3 bxc6
- 4...Cf6 variante Schmidt
- 5. Cc3 Fb4 6. Cxc6 bxc6 7. Fd3. Cette ligne a transposé dans la variante écossaise de la partie des quatre cavaliers.
- 5. Cxc6 (variante Mieses) bxc6 6. e5 De7 7. De2 Cd5 8. c4. Il peut suivre 8...Fa6 ou bien 8...Cb6.
- 4... Fc5 variante classique
- 4. c3 Au lieu de regagner leur pion, les Blancs peuvent jouer 4. c3, le gambit Göring, qui n'est pas entièrement correct, mais conduit à un jeu compliqué et intéressant. Il peut s'avérer parfois assez utile pour surprendre l'adversaire. Ce dernier peut soit accepter le pion (4... dxc3), soit le refuser par 4... d5 (et ensuite 5. exd5 Dxd5 6. cxd4 Fg4), ou par 4... d3 (pour empêcher les Blancs d'occuper totalement le centre avec cxd4).
- 4. Fc4
- 4...Fc5 5. 0-0 d6 6. c3 Fg4 7. Db3 Fxf3 8. Fxf7+ Rf8 9. Fxg8 Txg8 10. gxf3 mène à un léger avantage des Noirs. Par conséquent, s'ils débutent par le gambit écossais 4. Fc4, et que les Noirs répondent 4...Fc5, les Blancs ont intérêt à transposer dans la partie italienne comme indiqué ci-dessus, ce que recommande Roman Dzindzichashvili dans son livre-répertoire pour les Blancs Chess openings for White, Explained.
- 4...Cf6 Défense Dubois-Reti
Exemples de parties
Serafino Dubois-Wilhelm Steinitz, Tournoi d'échecs de Londres 1862
- 1. e4 e5
- 2. Cf3 Cc6
- 3. d4 exd4
- 4. Cxd4 Fc5
- 5. Fe3 Df6
- 6. c3 Cge7
- 7. Fc4 Fb6
- 8. 0-0 0-0
- 9. f4 d6
- 10. Dd3 Fe6
- 11. Fb5 d5
- 12. e5 Dg6
- 13. Dd2 Cxd4
- 14. cxd4 Cf5
- 15. Df2 Cxe3
- 16. Dxe3 De4
- 17. Dxe4 dxe4
- 18. Cc3 Tad8
- 19. Rh1 c6
- 20. f5 Fc8
- 21. Fc4 Txd4
- 22. Fb3 Te8
- 23. e6 fxe6
- 24. Tae1 Fa5
- 25. Te3 Fxc3
- 26. bxc3 Td6
- 27. Txe4 g6?
- 28. fxe6 Fxe6? (28...Rh8)
- 29. Tf6 1-0
Garry Kasparov-Arthur Youssoupov, tournoi d'échecs de Horgen (Suisse), 1994
- 1. e4 e5
- 2. Cf3 Cc6
- 3. d4 exd4
- 4. Cxd4 Fc5
- 5. Cxc6 Df6
- 6. Dd2 dxc6
- 7. Cc3 Fe6
- 8. Ca4 Td8
- 9. Fd3 Fd4
- 10. 0-0 a6
- 11. Da5 b5
- 12. Cc3 Fb6
- 13. Dxa6 Ch6
- 14. Fe3 Fc8
- 15. Da3 Fxe3
- 16. fxe3 De5
- 17. Fe2 Td6
- 18. Tad1 0-0
- 19. Txd6 cxd6
- 20. Td1 c5
- 21. Cxb5 Fg4
- 22. Dd3 Dxb2
- 23. a4 Db4
- 24. Ff3 Dxa4
- 25. Cxd6 Db4
- 26. h3 Fe6
- 27. e5 Dh4
- 28. De4 De7
- 29. Tb1 f5
- 30. Dc6 Rh8
- 31. Dxc5 Tc8
- 32. Dxc8+ Fxc8
- 33. Tb8 Cg8
- 34. Txc8 Da7
- 35. Rh2 De7 36. Te8 1-0 (la Dame noire doit être sacrifiée, le coup blanc Ff3-d5 menaçant de mat)
Wilhelm Steinitz-Johannes Zukertort, Championnat du monde d'échecs 1886 (États-Unis), 2e partie
- 1. e4 e5
- 2. Cf3 Cc6
- 3. d4 exd4
- 4. Cxd4 Cf6
- 5. Cc3 Fb4
- 6. Cxc6 bxc6
- 7. Fd3 d5
- 8. exd5 cxd5
- 9. 0-0 0-0
- 10. Fg5 c6
- 11. Ce2 Fd6
- 12. Cg3 h6
- 13. Fd2 Cg4
- 14. Fe2 Dh4
- 15. Fxg4 Fxg4
- 16. Dc1 Fe2
- 17. Te1 Fa6
- 18. Fc3 f5
- 19. Te6 Tad8
- 20. Dd2 d4
- 21. Fa5 Td7
- 22. Txd6 Txd6
- 23. Fb4 Df6
- 24. Td1 Td5
- 25. Fxf8 Dxf8
- 26. Ch5 De8
- 27. Cf4 Te5
- 28. h4 c5
- 29. h5 Te4
- 30. c3 Db8
- 31. g3 De5
- 32. Cg6 Dd6
- 33. Cf4 d3
- 34. b3 c4
- 35. Tb1 Rh7
- 36. Rh2 Db6
- 37. Rg1 Fb7
- 38. Tb2 Dc6
- 39. f3 Dc5+
- 40. Df2 Te1+
- 41. Rh2 Dxf2+
- 42. Txf2 Fxf3
- 43. g4 Fe2
- 44. Cg2 d2
- 45. Ce3 cxb3
- 46. axb3 Fxg4 0-1 (il suit 47. Txd2 Txe3).
Garry Kasparov-Michael Adams, tournoi d'échecs de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), 1999
- 1. e4 e5
- 2. Cf3 Cc6
- 3. d4 exd4
- 4. Cxd4 Cf6
- 5. Cxc6 bxc6
- 6. e5 De7
- 7. De2 Cd5
- 8. c4 Cb6
- 9. Cc3 De6
- 10. De4 Fb4
- 11. Fd2 Fa6
- 12. b3 Fxc3
- 13. Fxc3 d5
- 14. Dh4 dxc4
- 15. Fe2 Cd5
- 16. Fd4 c5
- 17. Fxc5 Cc3
- 18. Fxc4 Dxe5+
- 19. Fe3 Ce4
- 20. 0-0 Fxc4
- 21. bxc4 0-0
- 22. Tfe1 Tfe8
- 23. f3 Cd6
- 24. Ff2 Df5
- 25. c5 Cb5
- 26. Db4 Dd3
- 27. Ted1 a5
- 28. Da4 De2
- 29. Te1 Dd3
- 30. Txe8+ Txe8
- 31. Td1 1-0 (sur 31...De2, il suit 32. Te1).
Notes et références
- François Le Lionnais et Ernst Maget, Dictionnaire des échecs, Paris, Presses universitaires de France, , 432 p., p. 128
- Nicolas Giffard et Alain Biénabe, Le Nouveau Guide des échecs. Traité complet, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1710 p. (ISBN 978-2-221-11013-3), p. 207
- Larousse des échecs : Découvrir, approfondir, maîtriser (préf. Joël Lautier), Paris, Éditions Larousse, , 480 p. (ISBN 978-2-03-518207-4), p. 222
- Emms, John,, Starting out : the scotch game (ISBN 1-85744-387-X et 978-1-85744-387-5, OCLC 62355652, lire en ligne)
- « Kasparov, Karpov and the Scotch by Edward Winter », sur www.chesshistory.com (consulté le )
Bibliographie
- John Emms, Starting out: The Scotch game, Everyman Chess, 2005.
- Gary Lane, The Scotch game explained, Batsford, 2005
- Lev Alburt, Roman Dzindzichashvili, Eugene Perelshteyn, Chess Openings for White, Explained, Chess Information and Research Center, 2006.