Partie des quatre cavaliers

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abcdefgh
8
Tour noire sur case blanche a8
Fou noir sur case blanche c8
Dame noire sur case noire d8
Roi noir sur case blanche e8
Fou noir sur case noire f8
Tour noire sur case noire h8
Pion noir sur case noire a7
Pion noir sur case blanche b7
Pion noir sur case noire c7
Pion noir sur case blanche d7
Pion noir sur case blanche f7
Pion noir sur case noire g7
Pion noir sur case blanche h7
Cavalier noir sur case blanche c6
Cavalier noir sur case noire f6
Pion noir sur case noire e5
Pion blanc sur case blanche e4
Cavalier blanc sur case noire c3
Cavalier blanc sur case blanche f3
Pion blanc sur case blanche a2
Pion blanc sur case noire b2
Pion blanc sur case blanche c2
Pion blanc sur case noire d2
Pion blanc sur case noire f2
Pion blanc sur case blanche g2
Pion blanc sur case noire h2
Tour blanche sur case noire a1
Fou blanc sur case noire c1
Dame blanche sur case blanche d1
Roi blanc sur case noire e1
Fou blanc sur case blanche f1
Tour blanche sur case blanche h1
8
77
66
55
44
33
22
11
abcdefgh
Position de base de la partie des quatre cavaliers

La partie des quatre cavaliers est une ouverture aux échecs qui se caractérise par les coups 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Cc3 Cf6. Elle est classée dans l’Encyclopédie des ouvertures d'échecs suivant les codes : C47 à C49.

Histoire[modifier | modifier le code]

La partie des quatre cavaliers est une des plus anciennes ouvertures. Elle fut déjà analysée dans les manuscrits de Giulio Polerio (XVIe siècle). Plus tard, Louis Paulsen, Akiba Rubinstein, Frank Marshall ont joué un rôle important dans son développement. Les champions du monde Emanuel Lasker, José Raúl Capablanca, Mikhaïl Botvinnik l’ont utilisé. Cette ouverture est restée très populaire jusqu’en 1914.

Analyse[modifier | modifier le code]

Les cavaliers peuvent être développés dans d'autres ordres de coups ; par exemple, un autre ordre de coups qui transpose depuis la défense russe est 1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cc3 Cc6, et une transposition depuis la partie viennoise est 1. e4 e5 2. Cc3 Cf6 3. Cf3 Cc6. Elle est populaire de nos jours auprès des amateurs qui suivent à la lettre le conseil du champion du monde Emanuel Lasker : « développez les cavaliers avant les fous » (car l'on connaît dès le début les cases idéales des cavaliers, et les cavaliers sont des pièces à courte portée à mobiliser rapidement, deux différences avec les fous). Cependant, ces conseils s'adressent aux débutants, et le développement des cavaliers sur d'autres cases que f3, c3, f6 et c6 est fréquent dans d'autres ouvertures de bonne réputation. La partie des quatre cavaliers est assez rare dans les échecs de haut niveau, car elle est considérée comme donnant difficilement un véritable avantage aux blancs.

Avec cette ouverture, on peut obtenir une assez longue séquence de coups symétriques, mais il arrive un moment où les Noirs doivent rompre cette symétrie s'ils ne veulent pas obtenir une position désavantageuse.

Variantes[modifier | modifier le code]

4.Fb5 variante espagnole des quatre cavaliers[modifier | modifier le code]

Les Blancs exercent une pression sur le cavalier noir, et indirectement sur le centre, comme dans la partie espagnole. Cette variante connut un nouvel essor après le tournoi des candidats au titre mondial de 1991 entre Nigel Short et Jonathan Speelman (une de leurs parties est exposée ci-dessous). La partie peut se poursuivre par 4...Cd4 (la variante Rubinstein ou Rubinstein-Marshall, mise à la mode par la première partie ci-dessous), 4...Fc5 (défense classique), ou encore 4...Fb4 (partie espagnole double), poursuivant la symétrie pendant encore quelques coups.

4.d4 variante écossaise des quatre cavaliers[modifier | modifier le code]

La variante écossaise commence par une attaque centrale directe

  • 4...exd4.
    • 5. Cxd4 (ligne moderne), comme dans la partie écossaise. 5...Fb4 6.Cxc6 bxc6 7.Fd3 d5 8.exd5 cxd5 9.O-O O-O 10.Fg5 g6.
    • 5. Cd5 gambit de Belgrade ou gambit des quatre cavaliers. Il a été inventé vers 1945, soit relativement récemment par rapport aux autres variantes de la partie des quatre cavaliers.
      • 5...Fe7.
      • 5...Fc5.
      • 5...Cxe4
        • 6. Fc4!?.
        • 6. De2 f5
          • 7. Cg5! d3! 8.cxd3 Cd4 9.Dh5+ g6 10.Dh4 c6! 11.dxe4 cxd5 12.exd5.
            • 12...Da5+.
            • 12...Fg7.
          • 7. Ff4.
      • 5...d6 6.Cxd4 Fe7!? 7.Fc4! Cxd5!? 8.exd5 Cxd4 9.Dxd4.
      • 5...Fb4+.
      • 5...h6.
      • 5...Cxd5 6.exd5.
      • 5...Cb4.
  • 4... Fb4
    • 5. Cxe5 !?.
    • 5. d5.

4.g3 variante Glek[modifier | modifier le code]

Le système Glek est un système récent, très pratiqué depuis la fin des années 1980 par le grand maître international Igor Glek. Après 4...d5 il vient 5. exd5. On retombe cependant par transposition dans la partie viennoise avec 3. g3.

4.a3 variante Gunsberg[modifier | modifier le code]

Ce coup d’attente est une spécialité du grand maître polonais Paweł Blehm. Les blancs n’obtiennent aucun avantage après 4...d5.

4.Fe2 variante Van der Wiel[modifier | modifier le code]

Bien que rare, les blancs conservent un jeu égal.

4.Fc4 variante italienne des quatre cavaliers[modifier | modifier le code]

4. Fc4 ?! est une autre possibilité. Elle était populaire dans les années 1880, mais cette ligne est actuellement considérée comme inférieure, selon Pinski, et une erreur claire selon le maître international Larry D. Evans[1].

Les noirs peuvent maintenir la symétrie avec 4… Fc5 (partie italienne), ce qui conduirait après 5. d3 au calme Giuoco Pianissimo. Un meilleur ordre des coups pour que les Blancs atteignent cette position serait par le biais du piano Giuoco avec 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fc4 Fc5 4.Cc3 Cf6. Cette ligne a la faveur de certains jeunes joueurs en raison de son développement simple et facile, mais a également été utilisée avec succès par Nigel Short contre Antoaneta Stefanova[2].

Le problème pour arriver à jouer est qu’après 4.Fc4?!, le pseudo-sacrifice d’un Cavalier avec 4… Cxe4! qui menace une fourchette, est une tentative très sérieuse d’obtenir l’avantage. Maintenant, 5.Fxf7+?, qui semble à première vue attrayant, livre la paire de fous et le contrôle du centre aux Noirs. Après 5… Rxf7 6.Cxe4 d5 7.Ceg5+ (7.Cg3!?) Rg8, les Noirs menacent déjà 8… e4, et après 8.d3 h6 9.Ch3 Fg4, les Noirs ont une position très puissante, avec un Fou de cases blanches sans opposition, un duo de pions fort au centre et un roi protégé, tandis que les Blancs doivent encore résoudre le problème de leur Cavalier déplacé vers h3, qui devra souvent être recyclé via sa case d’origine, g1. Au lieu de 5.Fxf7+?, une meilleure chance d’obtenir l’égalité pour les Blancs est 5.Cxe4, bien que 5… d5 récupère la pièce avec une bonne position, par exemple, 6.Fd3 (6.Fxd5? Dxd5 7.Cc3 Dd8 Jakov Estrine, 6.Fb5 ! dxe4 7.Cxe5 Dg5! Ludvig Collijn de Lärobok, 6.d4 dxc4 7.d5 Ce7 8.Cc3 c6 Cordel-Schupli, 1905) 6... dxe4 (récemment découvert 6... Cb4 est également jouable) 7.Fxe4 Fd6 8.d4 Cxd4 9.Cxd4 exd4 10.Dxd4 0-0 11.Fe3 (11.0-0 ?? Fxh2 + gagne) De7 (Xavier TartakoverHenry Atkins, Londres 1922[3]) et maintenant le naturel 12,0-0 Fe5 serait gênant pour les Blancs[4]. Dans la ligne ci-dessus, plus ambitieux est 8... exd4 9.Cxd4 0-0!?, comme dans un match entre Siegbert Tarrasch et Emanuel Lasker en 1916, ce qui a conduit à une victoire des Noirs en 23 coups[5].

Un autre essai est 5.0-0!? qui transpose vers une variante du gambit Boden – Kieseritzky.

4.Cxe5 gambit Halloween[modifier | modifier le code]

Il est généralement considéré comme douteux, mais reste très dangereux contre qui n'y est pas préparé.

Exemples de parties[modifier | modifier le code]

Rudolf Spielmann-Akiba Rubinstein, San Sebastian, 1912

1. e4 e5 2. Cf3 Cc6 3. Cc3 Cf6 4. Fb5 Cd4 5. Fc4 Fc5 6. Cxe5 De7 7. Cf3 d5 8. Cxd4 dxc4 9. Cf3 Cxe4 10. o-o o-o 11. d4 cxd3 12. cxd3 Cxc3 13. bxc3 Fg4 14. d4 Fd6 15. Dd3 Tae8 16. h3 Fh5 17. a4 Fg6 18. Dc4 De2 19. Dxe2 Txe2 20. Fa3 Tc2 21. Fxd6 cxd6 22. Tfe1 Txc3 23. Te7 Tb8 24. a5 Rf8 25. Td7 Ff5 26. Txd6 Fe6 27. Tb1 Tc7 28. Ta6 Ta8 29. Txe6 fxe6 30. Cg5 Re7 31. Te1 Rf6 32. f4 Tc6 33. Cxh7+ Re7 34. Cg5 Rd7 35. Te5 Tf8 36. d5 exd5 37. Txd5+ Td6 38. Tb5 Rc6 39. Tb4 Tf5 40. Tc4+ Rd7 41. Ce4 Tc6 42. Ta4 Ta6 43. g4 Tfxa5 44. Td4+ Rc7 45. Cc3 Td6 0-1.

Nigel Short-Jonathan Speelman, Londres, 1991, 6e partie

1. e4 e5 2. Cc3 Cf6 3. Cf3 Cc6 4. Fb5 Fb4 5. o-o o-o 6. d3 d6 7. Fg5 Fxc3 8. bxc3 h6 9. Fh4 Fd7 10. Tb1 a6 11. Fa4 Tb8 12. Fb3 De7 13. Te1 Ca5 14. d4 Tbd8 15. h3 Rh7 16. Dc1 Cxb3 17. axb3 Fc6 18. Ta1 Tg8 19. dxe5 dxe5 20. Ta5 Fb5 21. c4 b6 22. Ta1 Fc6 23. Txa6 g5 24. Fg3 Ch5 25. Cxe5 Fb7 26. Ta7 Cxg3 27. Txb7 Dex5 28. fxg3 Dxg3 29. De3 De5 30. c5 b5 31. Tf1 Td7 32. Txb5 c6 33. Tb6 Tg6 34. b4 Rg7 35. Df3 h5 36. Dxh5 Dd4+ 37. Rh1 g4 38. Tb8 Td8 39. Tb7 Df6 40. Txf7+ Dxf7 41. Txf7+ Rxf7 42. hxg4 Te8 43. Dh7+ Rf6 44. Dd7 Te6 45. b5 Re5 46. b6 Tg8 47. c3 1-0 (il peut suivre: 47...Rf6 48. b7 g3 49. Dh7 Tee8 50. Df5+).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Jan Pinski, The Four Knights, Everyman Chess, 2003
  • (es) Daniel Elguezabal Varela, Curso de aperturas, Sistemas abiertos, 2e édition, Editions La Casa del Ajedrez, Madrid, 2005

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. The Fork Trick, publié dans Chess Life avril 2000 et mai 2000 en ligne facsimile (chesscamp.net)
  2. Checkpoint n° 55, Carsten Hansen, ChessCafe.com, 2003, voir la revue The Four Knights.
  3. « Savielly Tartakower vs Henry Atkins (1922) Atkins' Diet », sur chessgames.com (consulté le ).
  4. Xavier Tartakover et J. du Mont, 500 Master Games of Chess, Dover Publications, 1975, p. 53. (ISBN 0-486-23208-5)
  5. Ce jeu est analysé par Jan Pinski dans Les quatre Cavaliers, et peut être joué ici