Bataille de Valennes

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Bataille de Valennes
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue de l'étang de Valaine en 2016.
Informations générales
Date
Lieu Près du Ferré et de Poilley
Issue Victoire des républicains
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
• Étienne Bernard Aimé Picquet du Boisguy
Forces en présence
Inconnues 1 500 hommes[1]
Pertes
Inconnues
2 prisonniers[1]
14 morts[1]
30 blessés[1]

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 48° 28′ 04,9″ nord, 1° 18′ 31,2″ ouest
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Bataille de Valennes
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
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Bataille de Valennes

La bataille de Valennes ou bataille de Valeines a lieu le [2] lors de la Chouannerie.

Prélude[modifier | modifier le code]

Le , Louis de Frotté, général des chouans de Normandie, s'était rendu à Parigné pour tenir un conseil militaire avec Aimé Picquet du Boisguy. Toussaint du Breil de Pontbriand s'y rendit également pour représenter la division de Vitré. Le projet de Frotté était de tenir la côte afin de permettre aux Anglais d'opérer un débarquement d'armes et de munition dans la baie du Mont-Saint-Michel. Boisguy promit de le seconder dans son entreprise. Il fut également question de la colonne normande de Saint-James, celle-ci avait été placée récemment sous le commandement de Frotté mais combattait avec Boisguy depuis 1794. Frotté laissa toutefois à Boisguy le commandement de cette colonne.

Le lendemain de la réunion, Frotté repartit pour la Normandie, escorté par les troupes de Boisguy et Pontbriand. Arrivé à Poilley, ils rencontrent et mette en fuite une petite troupe des républicains[Note 1]. Frotté et du Boisguy se séparent ensuite à Poilley. Le lendemain, Pontbriand regagne le pays de Vitré.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le lendemain, d'après le récit de Pontbriand[Note 2], l'adjudant-général Bernard arrive à Montours, puis marche sur Le Ferré avec une colonne de la garnison de Fougères, renforcée la veille par des troupes venues de Pontorson[1]. Du Boisguy se porte alors à sa rencontre et le combat s'engage près du village de Valennes[1]. Il charge les Normands, commandés par Dauguet, de défendre la chaussée de l'étang, tandis qu'il attaque de l'autre côté avec les Bretons de la colonne du Centre[1]. Dans un premier temps, il repousse les premières troupes républicaines qu'il rencontre, mais il apprend que les Normands ont été rapidement mis en déroute par une autre colonne, venue d'Avranches[1]. D'après les renseignements donnés par deux prisonniers interrogés, les forces républicaines sont estimées à au moins 3 000 hommes[1]. Après une heure et demie de combats, Du Boisguy ordonne la retraite et les chouans se retirent sur Parigné[1].

Pertes[modifier | modifier le code]

D'après Pontbriand, les pertes des chouans sont de 14 tués et 30 blessés[1]. Parmi les morts, on relève le grenadier qui avait déserté la veille pour rejoindre les chouans[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Frotté avait des succès dans la basse Normandie, dont S. A. R. le comte d'Artois lui avait confié le commandement. Il avait levé des troupes assez nombreuses dans les environs de Domfront, Mortain et Vire, et organisé plusieurs divisions. Il pouvait compter quatre mille hommes sous les armes; mais ce pays est très étendu, et il était difficile de les réunir. Son insurrection touchait la plaine de Caen d'un côté, et Mortagne de l'autre. MM. de Saint-Paul, Descures, Briqueville et un grand nombre de bons officiers étaient venus servir avec lui. Si la Vendée avait pu se soutenir six mois de plus, jamais les Royalistes n'eussent été plus redoutables; mais tout était fini de ce côté, et le général Hoche pouvait disposer de soixante mille hommes, qu'il faisait passer dans les provinces insurgées de la rive droite de la Loire, qui ne pouvaient se soutenir longtemps. Le brave Frotté, cependant, ne perdait pas courage; il vint trouver du Boisguy à Parigné, pour s'entendre avec lui sur un projet de débarquement d'armes et de munitions, qui devait s'effectuer sur la côte du mont Saint-Michel, et qu'il voulait protéger. Du Boisguy promit de le seconder, et Pontbriand, qui venait d'arriver, s'engagea à y conduire conduire toutes les troupes sous ses ordres.

    Le soir, pendant le repas, Frotté dit à du Boisguy : « Général, vous avez levé des troupes en Normandie, dont le commandement m'est confié, mais je ne réclamerai pas la belle colonne que vous avez eu la peine d'y former; elle est sous un chef trop digne de la commander, elle y restera. » (Cette troupe était alors d'onze cents hommes, tous du pays d'Avranches, sous les ordres de Dauguet). Ces deux chefs se promirent une constante amitié, et, dès le lendemain, Frotté partit pour retourner en Normandie; du Boisguy alla le conduire jusqu'à Poillé. Ils rencontrèrent, sur la route, l'arrièregarde d'une colonne commandée par l'adjudantgénéral Bernard, qui venait d'avoir une affaire peu importante avec Louvières et quatre compagnies de la colonne du Centre, à un lieu dit le Boisrouland, et qui se retirait sur Saint-James. Du Boisguy, contre l'avis de Frotté, voulut charger cette arrière-garde (il n'avait qu'une trentaine d'hommes à cheval), et il faillit payer de sa vie sa témérité, car un grenadier isolé, ayant sauté un fossé pour éviter sa poursuite, l'attendit ensuite et le coucha en joue à bout portant: « Rends-toi, lui dit du Boisguy, tu es un brave, je veux que tu serves avec moi. » — « Je le veux bien, » répondit le grenadier en lui offrant son fusil, et il le suivit aussitôt. « Vous avez failli périr comme la Rochejaquelein, lui dit Frotté en arrivant, et votre mort eût été, comme la sienne, inutile à la cause que nous servons. » - « Vous avez raison, » lui répondit du Boisguy en riant. « Laissons donc tranquillement filer cette arrière-garde, ajouta Frotté, et soyez plus prudent une autre fois; songez que vous vous << devez à vos camarades, que vous êtes l'âme de votre division et que votre perte serait irréparable. » Ces deux braves généraux se quittèrent à Poillé, où du Boisguy avait donné rendez-vous aux colonnes Normande et du Centre[3]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

  2. « Le lendemain du départ de Frotté, du Boisguy ayant réuni ses colonnes du Centre et Normande, fit appeler le grenadier qui s’était rendu à lui et le présenta à ses officiers en leur disant : « Messieurs, je dois la vie à ce brave homme ; Louvières, je vous le recommande, placez-le dans vos grenadiers et ayez soin qu’il soit bien traité. » Louvières l’incorpora aussitôt dans les grenadiers de sa colonne, où il fut reçu aux cris de « Vive le Roi ! »

    Pontbriand, qui avait suivi Frotté et du Boisguy jusqu’à Poillé, les quitta dans ce lieu pour retourner à Vitré. La Tuolais, qui avait la fièvre, et l’abbé Frétigny devaient l’accompagner jusqu’à Landéan. Ils n’avaient pas encore fait une lieue, quand ils entendirent une terrible fusillade, qui dura une heure et demie. Comme le feu semblait se rapprocher d’eux, ils marchaient avec précaution, lorsqu’ils aperçurent un groupe de cavaliers qui venaient au galop dans un chemin creux, sur la paroisse de Parigné, et bientôt, ils reconnurent du Boisguy, qui leur dit en arrivant à eux : « Messieurs, la danse est pour aujourd’hui ; à peine veniez-vous de nous quitter, qu’on vint me prévenir que l’adjudant-général Bernard venait d’arriver à Montours et marchait sur Le Ferré ; j’ai cru qu’il n’avait que les troupes que quatre de nos compagnies ont combattu hier, et j’ai marché contre lui ; ils étaient auprès du village de Valennes quand je les ai rencontrés ; j’ai chargé Dauguet, avec ses Normands, de défendre la chaussée de l’étang, et j’ai attaqué de l’autre côté ; déjà, j’avais poussé assez loin ce qui était devant moi, quoique les ennemis me parussent plus nombreux que je ne le croyais, lorsqu’on vint me dire que mes Normands étaient en déroute et que j’avais affaire à plus de trois mille hommes, ce qui me fut confirmé par deux prisonniers. J’ai commandé la retraite et indiqué Parigné pour point de ralliement ; j’y vais ; dans deux heures j’aurai tout mon monde, et j’espère avoir bientôt ma revanche. Adieu. »

    Le général Bernard s’était rendu, la veille, à Saint-James, au-devant d’un corps de huit cents hommes qui venaient de Pontorson ; une autre troupe, forte de deux mille hommes, arrivait d’Avranches, et ce fut cette dernière qui rompit les Normands et décida la déroute.

    Du Boisguy eut quatorze hommes tués et trente blessés, parmi lesquels les lieutenants Michel Desrues, de Louvigné-du-Désert ; Armand Bigot, de Bazouges, et Charles Fontaine, de Vessay ; Jean Lagogué, de Fougères, Julien Hellier, du Ferré ; François Auguet, de Huisnes, et Jean Forget, de Vessay, soldats, qui le furent grièvement.

    Le grenadier qui s’était rendu la veille à du Boisguy fut tué dès le commencement de l’action. Du Boisguy lui donna des regrets ; dix-huit heures auparavant, il tenait sa vie entre ses mains, et, au lieu de le tuer, il lui sacrifia la sienne et périt en combattant pour lui. Quelle étrange destinée, et combien les desseins de Dieu sont incompréhensibles[3],[1]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l et m Le Bouteiller 1988, p. 547-550.
  2. Ménard, t. X, 1894, p. 100.
  3. a et b Pontbriand 1897, p. 337-348.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Victor Ménard, « Histoire de la ville de Saint-James-de-Beuvron », dans Mémoires de la Société académique du Cotentin (archéologie, belles-lettres, sciences et beaux-arts), t. X, Avranches, Imprimerie Alfred Perrin, , 180 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article