Combat du Châtellier
Date | 12 juillet 1794 |
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Lieu | Le Châtellier |
Issue | Victoire des Républicains |
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• Aimé Picquet du Boisguy • Louis Picquet du Boisguy. |
60 hommes[1] | 800 hommes[2] |
1 mort[2] | 12 morts[2] 17 blessés[2] |
Le combat du Châtellier a lieu pendant la Chouannerie. Le , les Chouans attaquent un poste de soldats républicains établit dans le bourg. Mais ces derniers, retranchés près de l'église derrière les murs du cimetière, parviennent à repousser l'attaque.
Prélude[modifier | modifier le code]
Le 10 juillet, à 6 heures du soir, un groupe de Chouans entre dans la commune du Châtellier. Ceux-ci, avec des haches prises chez les habitants, coupent l'arbre de la liberté puis se retirent, rapportant même, précise le registre de la commune, « les haches dans les endroits où ils les avaient prises. » En réponse, les Républicains envoient un détachement occuper la commune où il arrive le 12 juillet[1].
Aimé du Boisguy décide de reprendre ce poste situé au milieu des paroisses royalistes et rassemble ses hommes à Parigné, le 11 juillet, puis il se porte sur Le Châtellier. Bien que la population de ce bourg soit favorable aux Chouans, Le Châtellier est occupé par une garnison, forte de 200 hommes selon Pontbriand[2], 60 d'après un récit du lieutenant républicain Duhail[1]d'un bataillon des Vosges, et dispose de fortifications.
L'attaque a lieu le , selon Pontbriand[2], cependant les sources républicaines le fixent au .
La bataille[modifier | modifier le code]
Le bourg, bien fortifié, situé sur une colline escarpée, dispose de traverses de terre construites à toutes les rues, de parapets défendant le cimetière et l'église[2].
Boisguy décide d'attaquer la commune par surprise, il divise sa troupe en deux colonnes, l'une commandée par lui, l'autre dirigée par son frère Louis Picquet du Boisguy. Les deux colonnes gravissent la colline sur deux points différents. Toutefois, un patriote du pays aperçoit les Chouans et alerte la garnison. Les soldats républicains regagnent leurs fortifications. Néanmoins, Louis du Boisguy abat un officier qui organisait la défense. Les Chouans tentent un assaut mais ils sont repoussés par la fusillade. Louis du Boisguy a le bras droit fracassé lors de la charge. En l'absence de canons, les Chouans ne peuvent s'emparer du fort d'assaut. Finalement, l'annonce par les éclaireurs de l'arrivée de renforts des troupes campées à Poilley et Saint-Étienne-en-Coglès décide Aimé du Boisguy à ordonner la retraite[2].
« Ce fut dans les mois de mai et juin que l'insurrection devint plus inquiétante pour la République. Depuis la défaite des Vendéens à Savenay, il n'y avait eu de combats que dans le Maine, à Fougères et à Vitré ; mais, tout à coup, les généraux apprirent que des rassemblements nombreux avaient lieu dans quelques parties du Morbihan et des Côtes-du-Nord ; le pays de Redon s'insurgeait aussi, et on voyait même des partis armés jusqu'aux portes de Rennes. Pour faire face de tous ces côtés, ils furent obligés de rappeler une partie de l'armée qui couvrait le pays de Fougères.
Aussitôt que Boisguy apprit ce départ, il convoqua un rassemblement, qui eut lieu à Parigné le 1er juillet 1794 ; il s'y trouva environ huit cents hommes.Le général Vachot avait laissé une garnison de deux cents hommes dans le bourg du Châtellier ; elle était très nuisible aux opérations de du Boisguy, parce qu'elle se trouvait au milieu de ses meilleures paroisses, et il désirait la déloger, mais l'entreprise n'était pas facile. Le bourg est situé sur une montagne escarpée et était assez bien fortifié ; toutes les avenues étaient coupées par des traverses en terre ; le cimetière était défendu par des parapets gazonnés, et il y avait aussi des ouvrages en terre au-devant des portes de l'église, qui, elle-même, était le principal fort. Ces difficultés engagèrent du Boisguy à essayer d'emporter la position par surprise ; il divisa sa troupe en deux colonnes ; son frère, à la tête de la première, gravit la montagne d'un côté, et lui, de l'autre, le 2 juillet au matin, et ils auraient infailliblement réussi à surprendre la garnison, sans un Patriote du pays qui alla prévenir au fort. Tous les soldats étaient sortis sans armes et s'occupaient à planter un arbre de la liberté, quand cet homme vint donner l'alarme. Un capitaine était en devoir de faire rentrer ses troupes, lorsque parut la tête de la colonne de Louis du Boisguy, qui avait franchi les traverses sans résistance ; il ajusta ce capitaine et l'étendit mort au milieu de ses soldats, et, aussitôt, quoiqu'il restât peu d'espérance d'emporter de vive force un lieu si bien fortifié, les deux frères commencèrent l'attaque ; mais les Républicains, à l'abri de leurs parapets, firent un feu si meurtrier, que, dans peu d'instants, douze Royalistes furent tués, et Louis du Boisguy eut le bras droit fracassé d'une balle ; son frère soutenait le feu, mais instruit, peu de temps après, que les garnisons de Saint-Étienne et Poillé marchaient au secours du Châtellier, il donna l'ordre de se retirer, et fit sa retraite en si bon ordre que l'ennemi n'osa le poursuivre. Les nommés Louis Mellé, Julien Le Loutre, Chevillard, de Parigné, et treize autres furent blessés.
L'attaque de lieux fortifiés était très difficile pour les Royalistes qui n'avaient point de canons ; ils y perdaient toujours du monde, et ces entreprises leur réussissaient rarement.
La blessure de Louis du Boisguy devint si grave par la difficulté qu'il y avait à avoir des secours, qu'il demeura estropié, et son frère resta seul chargé du commandement des Royalistes de Fougères[2]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
« Il a cité par exemple un fait tout à fait récent qui venait d'arriver au Châtellier. Six cents chouans sont venus surprendre soixante volontaires cantonnés au Châtellier comme ils plantaient l'arbre de la liberté. Les dits volontaires ont sur-le-champ volé au armes, se sont placés dans des retranchements faits dans le cimetière, ont battu les chouans et les ont contraints à se retirer quoiqu'en nombre bien inférieur[1]. »
— Déclarations du lieutenant Duhail aîné, de la 17e demi-brigade à la municipalité du Loroux, le 20 juillet 1794
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 78-80.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, , p. 121.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , p. 352-353.
- Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, (réimpr. La Découvrance, 1994), p.81-84.