Combat de Blanche-Lande

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Combat de Blanche-Lande

Informations générales
Date
Lieu Entre Saint-James et Coglès
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
• Joré Aimé Picquet du Boisguy
Forces en présence
400 hommes[1] 200 hommes initialement[1]
100 hommes au moins en renforts[1]
Pertes
23 morts[1] 8 blessés[1]

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 48° 28′ 26″ nord, 1° 23′ 33″ ouest
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Combat de Blanche-Lande
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Combat de Blanche-Lande

Le combat de Blanche-Lande a lieu en septembre 1795, pendant la Chouannerie. Il s'achève par la victoire des chouans qui repoussent une colonne républicaine.

Prélude[modifier | modifier le code]

Le déroulement de ce combat est rapporté par l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, dans ses mémoires [Note 1]. Celui-ci le place vers fin septembre 1795[1],[2],[3].

Ce combat n'est pas mentionné par les rapports républicains, cependant un exposé du procureur-syndic du district de Fougères adressé le 18 octobre au Comité de salut public fait mention d'une attaque le 28 septembre, sans donner de détails : « On ne compte plus les chouans que par milliers ; ils ne craignent plus d'attaquer un bataillon entier comme ils l'ont fait le 28 septembre dernier. Boisguy est leur général en chef. On leur a apporté des fusils et des espingoles »[4],[1],[3],[5].

Selon le récit de Pontbriand, vers la fin du mois de , à Fougères, le commandant républicain Joré est informé que le chef chouan Aimé Picquet du Boisguy se trouve à Coglès avec un petit nombre de ses hommes[1],[2]. Il décide alors de tenter une expédition de nuit afin de le surprendre[1],[2].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Selon Pontbriand, Joré commande 300 carabiniers à pied et 100 grenadiers et chasseurs à pied de l'ancien régiment d'Armagnac — devenu depuis le 6e régiment d'infanterie de ligne[1],[2],[3]. Coté royaliste, Aimé Picquet du Boisguy est initialement à la tête de 200 hommes de la colonne du Centre de la division de Fougères[1],[2],[3].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Selon le récit de Pontbriand, les républicains sortent de Fougères et se portent prestement sur Coglès[1],[2]. Boisguy est cependant informé à temps de cette marche[1],[2]. Il dresse alors une embuscade près du bois de Blanche-Lande et envoie des messagers aux paroisses des alentours pour demander des renforts[1],[2].

La colonne républicaine marche sans éclaireurs à cause de la nuit et est surprise par l'attaque des chouans[1],[2]. Les deux camps engagent une vive fusillade pendant une heure et demie, mais se battent « avec circonspection » dans l'obscurité, sans connaître la force de leur adversaires et « sans se faire beaucoup de mal »[1],[2].

Le combat change de tournure à la pointe du jour, lorsque le capitaine François Poirier dit Sans–Chagrin fait son apparition avec la compagnie de Parigné et quelques hommes des paroisses voisines[1],[2]. Boisguy se met la tête des renforts et mène une brusque attaque qui déconcerte les républicains[1],[2]. Certains commencent à prendre la fuite, mais Joré prend la tête d'une centaine de carabiniers et repousse le premier assaut[1],[2]. Les chouans prennent alors position dans une fossé, depuis lequel ils peuvent tirer avec sûreté[1],[2]. Joré est repoussé à son tour et se replie sur un autre fossé, de l'autre côté du champ[1],[2]. Boisguy entraîne alors ses hommes qui marchent de front sur les carabiniers, tandis que Sans-Chagrin les attaque sur leur flanc[1],[2].

Alors que les républicains commencent à battre en retraite, Boisguy est renversé par une balle qui le touche à l'épaule[1],[2]. Ses hommes le croient grièvement blessé et cessent aussitôt le combat pour emporter leur chef[1],[2]. Joré ne tente pas de rallier ses hommes, en partie dispersés, et se replie sur Fougères sans être poursuivi[1],[2].

Pertes[modifier | modifier le code]

Selon Toussaint du Breil de Pontbriand, les chouans n'ont que huit blessés, dont du Boisguy, légèrement touché à l'épaule, tandis que les pertes des Républicains sont de 23 morts[1],[2],[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Pendant que Tuffin et Dauguet se battaient sur les confins de la Normandie, du Boisguy se trouvait à Coglès avec environ deux cents hommes de sa colonne du Centre. On dit à Joré qu’il avait licencié ses troupes et qu’il était très mal accompagné ; Joré espéra le surprendre et partit de nuit, avec trois cents carabiniers et cent grenadiers et chasseurs de l’ancien régiment d’Armagnac. Quoiqu’il marchât avec rapidité, du Boisguy fut prévenu assez à temps pour pouvoir réunir sa troupe. Il marcha au-devant de lui, pour tâcher de le surprendre lui-même, sur la route, et dépêcha à Parigné et dans les paroisses voisines, pour avoir des renforts.

    Il trouva une position favorable près du bois de Blanche-Lande et il y embusqua toute sa troupe. Joré, qui espérait le surprendre à Cogles, marchait sans défiance ; l’obscurité de la nuit ne lui permettait pas de s’éclairer ; aussi fut-il fort surpris de tomber dans une embuscade. La fusillade fut vive de part et d’autre, mais ni du Boisguy ni Joré ne connaissaient les forces de leur ennemi, et ils ne se combattaient qu’avec circonspection. On se battait ainsi depuis une heure et demie, sans se faire beaucoup de mal, lorsqu’au point du jour, du Boisguy aperçut la compagnie de Poirier, dit Sans-Chagrin, qui arrivait à son secours, suivie d’un assez grand nombre de soldats des paroisses voisines. Il courut au-devant d’eux et s’élança à leur tête au milieu des ennemis, que cette brusque attaque déconcerta ; le désordre se mit dans leurs rangs, et une partie des soldats d’Armagnac prenait déjà la fuite, lorsque le brave Joré s’avança avec une centaine de ses carabiniers et força du Boisguy à repasser un fossé derrière lequel ses soldats tiraient en sûreté. Joré n’osa l’y suivre et fut repoussé à son tour jusqu’au bout du champ, dont il dut passer le fossé ; du Boisguy alors anima de nouveau ses soldats en criant : « Les carabiniers sont en déroute ! En avant ! » Il s’élance en disant ces mots, et, suivi d’une partie des siens, il marche droit à eux, pendant que Sans-Chagrin les prend de flanc et les oblige à battre en retraite. Leur déroute était presque certaine lorsqu’une balle vient le frapper du Boisguy à l’épaule ; il est renversé ; ses soldats le croient grièvement blessé et courent pour l’emporter. Joré fut surpris de voir le feu cesser si subitement, mais une partie des soldats étaient déjà loin ; il craignit quelques embûches nouvelles et retourna à Fougères.

    Cette affaire dura longtemps et fut très vive ; elle fit honneur aux deux chefs. Les Républicains eurent vingt-trois hommes tués, et plusieurs blessés qu’ils emportèrent. Les Royalistes eurent huit blessés seulement. Joré ne perdit de monde que dans la charge qu’il fit, après avoir repoussé du Boisguy, pour forcer le fossé derrière lequel les Royalistes s’étaient retranchés. Il y eut quinze morts dans cet endroit, dont plusieurs tombés à six pas seulement du fossé[2]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y et z Le Bouteiller 1988, p. 457-458.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Pontbriand 1897, p. 206-208.
  3. a b c d et e Pontbriand 1904, p. 183-184.
  4. Lemas 1894, p. 207.
  5. Savary, t. VI, 1827, p. 34.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr. 1994), 371 p. (ISBN 978-2-906064-28-7, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. VI, Paris, Baudoin Frères, Libraires-éditeurs, , 360 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article