Abbaye de Mondaye

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Abbaye Saint-Martin-de-Mondaye
Image illustrative de l’article Abbaye de Mondaye
Présentation
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattachement Prémontrés
Début de la construction 1200
Fin des travaux XIXe siècle
Style dominant Classique
Protection Logo monument historique Classé MH (1947, 1999)
Logo monument historique Inscrit MH (1927, 1999)
Site web www.mondaye.com
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Normandie
Département Calvados
Ville Juaye-Mondaye
Coordonnées 49° 12′ 25″ nord, 0° 41′ 15″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye Saint-Martin-de-Mondaye
Géolocalisation sur la carte : Calvados
(Voir situation sur carte : Calvados)
Abbaye Saint-Martin-de-Mondaye

Saint-Martin de Mondaye est une abbaye de l'ordre des Prémontrés, située en France à Juaye-Mondaye, dans le Calvados (Normandie), édifiée dans la campagne du Bessin, à neuf kilomètres au sud de Bayeux. Fondée en 1200, elle est la seule abbaye canoniale de l'ordre des Prémontrés encore en activité de Normandie, et comprend plus de quarante frères, de toutes les générations, répartis entre Mondaye et ses trois prieurés, à Conques, Sarrance et Tarbes.

Historique[modifier | modifier le code]

La fondation au XIIe siècle[modifier | modifier le code]

L'abbaye, au cœur du bocage normand.

Au milieu du XIIe siècle, le prêtre Turstin se retire dans une colline du bocage normand pour y vivre en ermite et se voit vite rejoint par des disciples. En 1200, Turstin meurt et l'évêque de Bayeux donne à la petite communauté la règle de saint Augustin tandis que Raoul de Percy, son beau-frère, leur cède le terrain où ils vivent.

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

L'abbaye, sous la protection de l'abbaye de La Lucerne, se voit agrégée à l'ordre de Saint Norbert en 1210. Elle reçoit les dons généreux des familles de Vassy, de Percy, ainsi que de nombreux petits seigneurs et agriculteurs aisés.
À la fin du XIIIe siècle, une église et un bâtiment conventuel sont construits pour remplacer l'ermitage.
En 1343, les dons à l'abbaye sont compromis par la guerre de Cent Ans et les rivalités entre seigneurs dont les uns sont fidèles au roi de France et les autres au roi d'Angleterre. En 1347, la peste noire réduit d'un tiers la population, les terres de l'abbaye sont sans culture et le Bessin est ravagé par des bandes armées. L'abbaye est ravagée par Richard, comte d'Arundel, en 1389.

XVIe siècle[modifier | modifier le code]

Mondaye redevient florissante sous l'abbatiat de Jean Feray (1512-1557). Les frères fréquentent l'université de Caen et comptent parmi eux plusieurs docteurs en théologie.
Cependant, les guerres de Religion stoppent cet élan. L'abbaye est incendiée, dispersée, et l'abbé Julien Guichard tué par les huguenots le . Après le concile de Trente, le calme revient et l'église est restaurée grâce au soutien d'Anne de Médavy.

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

En 1631, un abbé commendataire, qui tiendra l'abbaye pendant 75 ans : Claude Philippe Le Clerc du Tremblay (v.1613-1704), est nommé par le roi. La réforme de Lorraine, révisant la règle de Saint-Norbert en la rendant plus stricte et conforme aux origines, est adoptée à l'abbaye de Mondaye en 1655. Le choix du prieur par le chapitre de la congrégation évite en partie les inconvénients de la commende.

XVIIIe et XIXe siècles[modifier | modifier le code]

Un bâtiment conventuel.

Sous l'égide de trois abbés réguliers nommés par Louis XIV et Louis XV et dirigeant l'abbaye entre 1704 et 1763, une reconstruction totale est menée, dans l'élan du nouveau style classique. Le besoin de grandeur prévaut alors en France et le classicisme répond à cette exigence. L'architecte de la reconstruction est Eustache Restout, lui-même prieur et sous-prieur de Mondaye, oncle du peintre Jean Restout. On refait l'église, le bâtiment conventuel, le pavillon d'entrée et la ferme où une trentaine de personnes travaillent. L'austérité est conservée néanmoins, les cellules étant petites et les rares cheminées se trouvent chez le prieur, au chauffoir et à l'infirmerie. De 1706 à 1743, E. Restout supervise les travaux. Ses dernières années sont consacrées à la décoration de l'église.
En 1763, l'abbaye retombe sous le régime de la commende et les constructions cessent. À la Révolution, l'ordre de Prémontré est dépouillé de ses biens et les dix-sept religieux de Mondaye se dispersent ou sont emprisonnés. L'un d'eux, le père Paynel, curé de Juaye, prête le serment constitutionnel puis abandonne la prêtrise en devenant maire. Il se réconciliera néanmoins avec l'Eglise puisqu'il sauve l'église abbatiale de la destruction et abrite chez lui jusqu'à neuf prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé[1].

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Les bouleversements révolutionnaires passés, le P. Goujon, après avoir été prieur clandestin, rassemble les paroisses de Juaye, Couvert et Bernières-le-Bocage. C'est à cette époque que naît la commune de Juaye-Mondaye.
De 1806 à 1812, les bâtiments conventuels abritent un collège. En 1815, les trappistines de Valenton s'installent à Mondaye mais la quittent en 1854, l'entretien des bâtiments étant trop onéreux pour elles.
L'abbaye se trouve à nouveau occupée par l'ordre des Prémontrés le , lorsque l'évêque de Bayeux en remet solennellement les clefs à des chanoines venus de l'abbaye de Grimbergen, en Belgique. La communauté prend un essor important et multiplie les missions paroissiales, les actions de prêches et de retraites. Elle reprend également la construction des ailes nord et sud des bâtiments, en respectant le style classique.
Une nouvelle crise survient quand les autorités de la IIIe république veulent réduire l'influence des religieux sur la société. En 1880, l'abbé Joseph Willekens est expulsé comme étranger et les chanoines, d'abord dispersés, se regroupent au château de Cottun, non loin de l'abbaye.
Après un retour à l'abbaye en 1894, les membres de la communauté en sont expulsés en 1902 et partent en exil. Ils s'installent à Bois-Seigneur-Isaac, dans le Brabant wallon, en Belgique.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1921, les religieux sont autorisés à regagner l'abbaye et de nouveaux novices se présentent. En , le débarquement allié fait subir à l'abbaye plusieurs jours de bombardement. Malgré de complètes restaurations, les murs de l'abbaye sont encore marqués des combats qui se déroulèrent aux alentours.
Des travaux de réfection d'une partie de l'église ayant particulièrement souffert ont commencé en 2007. Le chapitre général de Wilten, en 1968-1970, s'efforce d'accorder les constitutions de l'ordre et les directives du concile Vatican II. À partir de cette époque, les échanges d'information, la participation du monde laïc augmentent. La place du travail augmente aussi avec la taille de la ferme. L'abbaye est classée monument historique en 1947 et 1999 (église ; bâtiment conventuel ; pressoir ; pavillon ; enclos ; grange ; grange aux dîmes ; cloître ; décor intérieur). Les autres parties des bâtiments sont inscrites aux monuments historiques en 1927 et 1999[2].
L'ancienne ferme de l'abbaye, vendue séparément à la Révolution, a été rachetée par l'abbaye en 2007 en partie grâce à trois mille donateurs[3]. Une première tranche de restauration de celle-ci s'est achevée en , recréant notamment la perspective d'entrée entre la poterne, ancienne entrée principale, et l'église.

De nos jours[modifier | modifier le code]

Les chanoines de Mondaye, comme tous les chanoines réguliers vivent en communauté tout en se livrant à un ministère extérieur (curés et vicaires de plusieurs paroisses, aumôniers d'hôpitaux ou de prison, aumôniers scouts et de mouvements de jeunesse, …).
L'accueil des retraitants et des visiteurs tient de nos jours une part importante dans l'activité de l'abbaye. La communauté dispose d'une grande infrastructure, permettant d'accueillir les groupes et les individuels en nombre important. Il est possible de visiter une partie de l'abbaye, dont la bibliothèque vaut à elle seule le déplacement. La visite, proposée tous les dimanches à 15h30, est payante et guidée par un chanoine.
À la porterie, des articles monastiques sont en vente, dont quelques disques réalisés par la communauté de Mondaye.

Une importante campagne de travaux a permis de refaire à neuf l'abbatiale, ainsi que la ferme. L'unité architecturale de l'abbaye a ainsi été retrouvée, ce qui contribue au rayonnement de Mondaye.

Armes de l'abbaye[modifier | modifier le code]

d'azur, à une marmite d'argent[4].

Liste des abbés de Mondaye[modifier | modifier le code]

Architecture[modifier | modifier le code]

L'abbaye est dans sa plus grande partie de style classique, cependant une chapelle de l'église est baroque. Le principal architecte est Eustache Restout, un frère de Mondaye.

L'église[modifier | modifier le code]

L'abbatiale vue de nuit.

Elle a été entièrement conçue par Eustache Restout. L'artiste est l'auteur des peintures et du dessin des boiseries du chœur.
D'une longueur de soixante mètres, l'édifice présente un portail aveugle, la place étant laissée à l'orgue. La nef a cinq travées, de gros piliers soutenant des arcs en plein cintre. Le côté sud est illuminé par deux fois plus d'ouverture que le côté nord. L'autel est au centre et les bras de transept sont grands, selon la tradition prémontrée. Au-dessus de l'autel, la coupole est une copie de celle de la chapelle du château de Sceaux, peinte par Charles Le Brun. La chapelle de Sceaux ayant disparu, il ne reste que cette copie à admirer.

L'orgue[modifier | modifier le code]

L'orgue de Mondaye, bel exemple de l'art au temps de Louis XV, est du facteur lorrain Claude Parisot. Le buffet de l'orgue a été sculpté par l'artiste flamand Melchior Verly. Réalisé en 1741, l'instrument a été restauré en 1965 et en 2004 par les facteurs d'orgues Jean-Baptiste Boisseau et Jean-Marie Gaborit. Fait de vingt-sept jeux, il est régulièrement utilisé pour des concerts.

La bibliothèque.

Le bâtiment conventuel[modifier | modifier le code]

Le cloître, commencé au XVIIIe siècle par l'aile est et une partie de l'aile sud, fut continué et vitré au XIXe siècle mais reste inachevé. Il ne donne donc pas cette impression bien connue de jardin fermé. L'escalier menant à la bibliothèque et aux cellules a des rampes en fer forgé.
La salle des pas-perdus comporte un autoportrait d'Eustache Restout.

La bibliothèque[modifier | modifier le code]

Elle contient environ 65 000 volumes dont quelques-uns du XVIe siècle[8].

Galerie[modifier | modifier le code]

Prieurés dépendant de Saint-Martin de Mondaye[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Abbaye de Mondaye, François Petit, CRDP Rouen, 1979
  2. Notice no PA00111458, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. name="http://www.mondaye.com/fr/soutenir-labbaye/un-projet-pour-la-ferme" Site de l'abbaye.
  4. Alfred Canel, Armorial de la province des villes de Normandie, Rouen: A. Péron, 1849.
  5. Etienne Pattou, 2004 généalogie de la famille d'Harcourt. Charles est le fils de Gui d'Harcourt et de Marie de Saint-Germain
  6. Etienne Pattou, généalogie de Le Tremblay
  7. Annonce de l'élection d'un nouvel Abbé sur mondaye.com consulté le 16/10/2013
  8. Charles-Henri d'Andigné, Anniversaire, sous le signe de saint Augustin, Famille Chrétienne n°2266 du 19 au 25 juin 2021, pp. 26-29

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie sélective[modifier | modifier le code]

  • Godefroid Madelaine, Essai historique sur l'abbaye de Mondaye, Caen 1874.
  • Jean Pelcoq L'abbaye de Mondaye, Juaye-Mondaye 1938
  • M. Degroult, Mondaye en Normandie, Juaye-Mondaye 1959
  • Tristan Jeanne-Valès, Mondaye, Photographies Noir et Blanc, (ISBN 978-2-904141-00-3), Juaye-Mondaye 1982.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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