Raid d'al-Amr

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 5 juillet 2021 à 15:06 et modifiée en dernier par Tan Khaerr (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Raid d'al-Amr

Informations générales
Date 15
Lieu Al-Amr, près de Mayadine
Issue Victoire américaine
Belligérants
Drapeau des États-Unis États-Unis Drapeau de l'État islamique État islamique
Commandants
Abou Sayyaf †
Forces en présence
~ 25 hommes[1]
2 hélicoptères UH-60 Black Hawk[1]
2 V-22 Osprey[1]
inconnues
Pertes
aucune[2] 12 à 32 morts[2]

Guerre civile syrienne

Batailles

Coordonnées 35° 05′ 00″ nord, 40° 35′ 25″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Raid d'al-Amr

Le raid d'al-Amr, ou raid d'al-Omar, a lieu dans la nuit du 15 au , lors de la guerre civile syrienne. Il est mené par l'armée américaine dans un champ pétrolier tenu par l'État islamique près de Mayadine, dans le gouvernorat de Deir ez-Zor.

Déroulement

Dans la nuit du 15 au , l'armée américaine lance un raid contre le champ pétrolier d'al-Amr (ou al-Omar), au sud-est de Deir ez-Zor, dans une région entièrement contrôlée par l'État islamique[3]. L'opération est effectuée par deux douzaines de soldats de la Delta Force transportés par des hélicoptères UH-60 Black Hawk et des V-22 Osprey[1]. L'objectif affiché par le gouvernement américain est de capturer Mohammed Shalabi, dit « Abou Sayyaf », un chef tunisien de l'État islamique responsable de la supervision de la contrebande de pétrole et de gaz[1],[4],[5]. Selon la Maison-Blanche, le raid est mené « avec l'entier consentement des autorités irakiennes », mais le régime syrien n'est en revanche pas informé[5]. Il s'agit de la première attaque au sol en Syrie revendiquée par les États-Unis[6]. Le premier raid américain en Syrie avait été mené à l'été 2014 pour tenter de libérer l'otage James Foley, mais s'était terminé sur un échec[1].

Le complexe où réside Abou Sayyaf comprend une cinquantaine de bâtiments, de quatre étages chacun[7]. Ces derniers avaient été construits par le gouvernement syrien pour accueillir les familles des employés et des ingénieurs qui travaillaient sur le champ gazier et pétrolier d'al-Amr[7]. Peu de gardes défendent l'endroit, cependant les hommes de la Delta Force essuient des tirs nourris dès leur arrivée[7],[3]. Bien informés, ils se portent rapidement sur le bâtiment où se trouve Abou Sayyaf[7]. Selon les déclarations à l'AFP sous couvert d'anonymat d'un responsable de la Défense américaine, les échanges de tirs se déroulent « de très près » et « des combats au corps à corps » ont lieu ; des djihadistes auraient aussi tenté d'utiliser des femmes et des enfants comme boucliers humains, mais aucune perte civile n'est à déplorer[6]. En revanche, Abou Sayyaf est tué au cours des combats[6]. Les Américains mettent également la main sur des dossiers, des ordinateurs portables et des téléphones cellulaires, puis se replient vers l'Irak[3],[1].

Les pertes

Selon le responsable de la Défense américaine interrogé par l'AFP, une douzaine de djihadistes sont tués lors des combats[2]. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) affirme quant à lui que le raid a fait 32 morts parmi les djihadistes, dont Abou Sayyaf et trois autres chefs[2]. D'après l'agence Reuters, deux frères d'Abou Sayyaf ont été blessés et deux autres chefs tués : le Saoudien Abou Taïm, chargé des activités pétrolières dans la région, et Abou Mariam, chargé des communications du groupe[7]. Le gouvernement américain affirme pour sa part qu'aucun militaire n'a été tué ou blessé au cours de l'opération[2],[8].

La femme d'Abou Sayyaf est également capturée lors du raid ; cette dernière avait un rôle actif au sein de l'État islamique : elle participait à la gestion des réseaux de femmes de l'organisation djihadiste et chapeautait le réseau d'esclaves sexuelles[9],[5]. Une jeune femme yézidie de 18 ans maintenue en esclavage par le couple est également libérée par les militaires américains[1],[5].

Conséquences

Selon le journaliste Wassim Nasr, le raid d'al-Amr aurait été considéré « comme un fiasco sécuritaire pour les dirigeants de l’EI »[10]. Abou Ayman al-Iraki, le wali (gouverneur) de l'État islamique dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, est muté et regagne l'Irak[10].

Nisrin Assaad Ibrahim, la veuve d'Abou Sayyaf, aussi appelée Oum Sayyaf, est emprisonnée à Erbil, dans le Kurdistan irakien et est inculpée en 2016 par la justice américaine pour avoir détenu l'otage américaine Kayla Mueller à Al-Chaddadeh, vers la fin de l'année 2014[11]. Elle est condamnée à mort par un tribunal d'Erbil[11]. Elle livre cependant des renseignements à la CIA et aux services de renseignements kurdes et localise notamment une maison de MossoulAbou Bakr al-Baghdadi aurait logé[11].

Notes et références

  1. a b c d e f g et h Helene Cooper et Eric Schmitt, ISIS Official Killed in U.S. Raid in Syria, Pentagon Says, The New York Times, 16 mai 2015.
  2. a b c d et e Syrie: 32 jihadistes de l'EI, dont 4 chefs, tués dans l'opération américaine (ONG), AFP, 17 mai 2015.
  3. a b et c Frédéric Autran, L’armée américaine met pied à terre en Syrie, Libération, 17 mai 2015.
  4. David Thomson, twitter.
  5. a b c et d Les forces spéciales américaines tuent un haut responsable de l'EI en Syrie, Le Figaro avec AFP, AP et Reuters, 16 mai 2015.
  6. a b et c Shahzad Abdul, Daniel de Luce, Les États-Unis revendiquent une rare opération au sol fatale à un membre de l'EI, AFP, 16 mai 2015.
  7. a b c d et e Mariam Karouny, L'EI veut tirer les leçons du raid fatal à Abou Sayyaf, en Syrie, Reuters, 19 mai 2015.
  8. Carter: Special Operations Troops Conduct Raid in Syria, US Departement of Defense, 16 mai 2015.
  9. Elsa Maudet, Oum Sayyaf, femme d'influence dans les coulisses de l'Etat islamique, Libération, 7 juillet 2015
  10. a et b Romain Caillet, Le Cochise du Bureau Des Légendes a bien existé mais…, Jihadologie, 22 août 2017.
  11. a b et c La veuve d'un responsable de l'EI a aidé la CIA à traquer Baghdadi, AFP, 1er juillet 2019.