Aller au contenu

Missionnaires d'Afrique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 7 août 2014 à 17:16 et modifiée en dernier par Moulins19 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Le cardinal Charles Martial Lavigerie, fondateur de l'Ordre (statue à Bayonne)

Les Pères blancs, dont le nom officiel est Missionnaires d'Afrique [M.Afr.], forment une société de vie apostolique de missionnaires fondée à Maison-Carrée (actuelle El Harrach, Algérie) en 1868 par Mgr Lavigerie (1825-1892), archevêque d'Alger, créé cardinal en 1882.

Aux trois serments (chasteté, pauvreté et obéissance), les Pères blancs ajoutent un autre serment, celui d'œuvrer à l'évangélisation de l'Afrique, selon les constitutions et lois de leur société. Les Pères blancs ne sont pas un ordre religieux au sens strict du terme, mais un institut missionnaire de droit pontifical, ils font donc des serments et non des vœux.

Une branche féminine est fondée en 1869, les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique.

Les Pères blancs se sont distingués par leurs travaux d'ethnographie et géographie africaines. Ils ont souvent été à la pointe de l'exploration scientifique du continent africain.

Historique

Portrait du cardinal Lavigerie par Léon Bonnat en 1888

C'est à l'époque de la famine de 1867, qui laisse un grand nombre d'orphelins dans la région côtière de l'Algérie, que Mgr Lavigerie, est nommé évêque d'Alger.

Le 6 juin 1868, Pie IX le nomme préfet apostolique du Sahara-Soudan. Mgr Lavigerie fonde sa Société des Missionnaires d’Afrique, avec son noviciat à Alger, pour dans un premier temps instruire et catéchiser les enfants et fonder des villages chrétiens à partir de familles formées par les anciens orphelins baptisés, et dans un second temps évangéliser les populations du Sahara et d'Afrique centrale (1868)[1]. Il le fait cependant dans un contexte d'opposition de l'administration coloniale dès le début.

Lors de la révolte de Kabylie de 1870-1871, la société traverse une crise et tous les séminaristes la quittent. Elle se reconstitue en 1871, lorsque le séminaire ouvre à nouveau ses portes à Maison-Carrée, sous la direction du jésuite François-Joseph Desbillons. Par la suite, le supérieur général réside à Maison-Carrée et le noviciat est transporté à Carthage[2].

La société va se développer rapidement (le premier chapitre général a lieu en 1874). Ses constitutions sont acceptées en 1879 et approuvées définitivement par Rome en 1908, alors que la Société est dirigée par Mgr Livinhac. Jusqu'après la Seconde Guerre mondiale, elle sera l'une des sociétés missionnaires francophones des plus célèbres, souvent évoquée dans la littérature ou le cinéma de l'époque[3].

Le costume religieux des pères consiste traditionnellement en une soutane blanche ou gandoura avec un burnous blanc, un rosaire et une croix autour du cou, mais aujourd'hui les missionnaires sont en civil.

Les Pères blancs ont ouvert leur première maison en France métropolitaine en 1874, en Tunisie en 1875, en Afrique de l'Est en 1878, en 1884 en Belgique, en 1894 en Allemagne et au Soudan français, en 1901 au Québec.

En 1892, Mgr Lavigerie décède, Prosper Auguste Dusserre est nommé évêque d'Alger, mais c'est Léon Livinhac qui lui succède comme supérieur général des Pères blancs, jusqu'à sa mort en 1922.

Les premières missions

Les premiers vœux sont prononcés en octobre 1872, et dès 1876, des postes de mission sont installés peu à peu en Kabylie et au Sahara, parfois au péril de la vie des missionnaires:

  • en 1876, les PP. Ménoret, Bouchand et Paulmier qui devaient se rendre à Tombouctou sont trahis par leurs guides touaregs et massacrés;
  • en 1881, les PP. Richard, Pouplard et Morat, partant de Tripolitaine pour se rendre au Soudan, traversant le désert pour se rendre du sud de l'Algérie au Soudan, et tombent dans une embuscade et sont assassinés;
  • en 1886, c'est le martyre des chrétiens de l'Ouganda;

Le 24 février 1878, Léon XIII confie l’Afrique équatoriale aux Pères blancs: dix missionnaires quittent Alger pour fonder les missions du Victoria-Nyanza et du Tanganyika qui forment aujourd'hui les archidiocèses de Kampala, Gitega et Tabora et les diocèses de Kigoma, Lilongwe et Kalemie-Kirungu.

En 1883, Léon Livinhac installe sa résidence à Kamoga, dans le Bukumbi,(actuelle Tanzanie), région située au sud du lac Victoria. Puis deux ans plus tard, à Karema, au bord du lac Tanganyika.

La mission du Soudan français (aujourd'hui au Mali) est fondée en 1894. C'est aujourd'hui l'archidiocèse de Bamako. Deux caravanes arrivent à Ségou (Mali) en 1895, la troisième va en Guinée.

Jean-Joseph Hirth (1854-1931) est quant à lui le fondateur de l'Église au futur Rwanda.

Situation en 1899

Lors du chapitre général du 1er mai 1899, les Missionnaires d'Afrique administrent sept vicariats apostoliques:

Au XXe siècle

Augustin Hacquard a joué un grand rôle dans les missions en Afrique occidentale et plus particulièrement dans l'actuel Mali. Il s'est joint en 1896 à la mission Hourst, qui était une mission hydrographique sur le fleuve Niger.

Les missions du Sahara finissent par être regroupées en une préfecture apostolique.

Les Pères blancs ont joué un rôle majeur dans l'évangélisation de l'Ouganda, de l'actuelle République démocratique du Congo (RDC), du Ruanda, du Burundi, du Ghana et en Haute-Volta.

Lors de l'expulsion des congrégations en 1903, les Pères blancs furent une des cinq congrégations catholiques masculines autorisées à poursuivre leur activité en France[4].

En 1922, les missionnaires prêtres sont au nombre de 674 et les frères de 180.

Rite oriental

Façade de l'église Sainte-Anne de Jérusalem confiée aux Pères blancs

Le Pères blancs sont dès le début investis dans la protection des chrétiens orientaux souvent persécutés par le pouvoir ottoman. Ils fondent à Jérusalem un séminaire grec-melkite en 1880 à Sainte-Anne à la demande du Saint-Siège, pour la formation de leur clergé dispersé au Moyen-Orient. Il ferme en 1946, mais les Pères blancs conservent l'église Sainte-Anne. Ils s'installent aussi en Syrie.

Aujourd'hui

Les Pères blancs étaient au nombre de:

  • 2 098 en janvier 1998,
  • neuf évêques, 1 498 prêtres, 156 frères, 16 clercs et 5 associés et 354 séminaristes en janvier 2006
  • 1 712 membres, dont environ 1 400 prêtres, en 261[5] maisons en 2007.

Selon leurs constitutions, ils ne peuvent pas être moins de trois, pour chaque maison. La société des missionnaires d'Afrique dépend de la congrégation pour l'évangélisation des peuples. Le supérieur général de la société est élu en chapitre général pour six ans. La société accepte toute nationalité, dans ses maisons de formation situées en France, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Canada.

La maison généralice des Pères blancs est depuis 1952 à Rome. Le supérieur général est le RP Richard Baawobr, de nationalité ghanéenne, élu en mai 2010.

Spiritualité

Le fondateur des Pères blancs, Mgr Lavigerie, n'avait pas le souci de doter la société d'une spiritualité propre. Ce furent donc les jésuites au début qui formèrent les séminaristes, ce qui explique encore aujourd'hui le caractère ignatien de leur famille. Mgr Lavigerie donnait souvent en exemple des figures telles que celles de saint Vincent de Paul, apôtre de la charité, de saint Ignace de Loyola, apôtre de la foi ou de Jean-Jacques Olier, apôtre de la sainteté ecclésiastique.

Martyrs contemporains des Missionnaires d'Afrique

  • Christian Chessel (1958-1994), Tizi Ouzou
  • Jean Chevillard (1925-1994), Tizi Ouzou
  • Charles Deckers (1924-1994), Tizi-Ouzou
  • Alain Dieulangard (1919-1994), Tizi-Ouzou

Notes et références

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes