Maurice Duplessis

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Maurice Duplessis
Illustration.
Fonctions
16e Premier ministre du Québec

(3 ans, 2 mois et 13 jours)
Monarque Édouard VIII
George VI
Lieutenant-gouverneur Ésioff-Léon Patenaude
Gouvernement Duplessis (1)
Prédécesseur Adélard Godbout
Successeur Adélard Godbout

(15 ans et 8 jours)
Monarque George VI
Élisabeth II
Lieutenant-gouverneur Eugène Fiset
Gaspard Fauteux
Onésime Gagnon
Gouvernement Duplessis (2)
Prédécesseur Adélard Godbout
Successeur Paul Sauvé
Biographie
Nom de naissance Maurice Le Noblet Duplessis
Date de naissance
Lieu de naissance Trois-Rivières (Québec, Canada)
Date de décès (à 69 ans)
Lieu de décès Schefferville (Québec, Canada)
Nationalité Canadienne
Parti politique Union nationale
Profession Avocat
Religion Catholicisme

Maurice Duplessis
Premiers ministres du Québec

Maurice Le Noblet Duplessis (né à Trois-Rivières le 20 avril 1890 et décédé à Schefferville le 7 septembre 1959) était un avocat et un homme politique canadien. Il fut Premier ministre du Québec de 1936 à 1939, et de 1944 à 1959.

Fondateur et chef du parti politique conservateur l'Union nationale, il forgea sa réputation en démasquant la mauvaise conduite et le trafic d'influence du Premier ministre libéral Louis-Alexandre Taschereau. En même temps, on se souvient de lui pour les manœuvres douteuses, endémiques dans son gouvernement [1]. Il défendait avec ardeur les droits de sa province face au gouvernement fédéral, mais réprimait certains droits civiques. Certains[Qui ?] prétendent qu'au Québec, la Révolution tranquille des années 1960 a indéniablement pris racine dans le mécontentement général à l'égard des politiques et pratiques du gouvernement Duplessis, pendant cette période de «Grande noirceur» au cours de laquelle la majorité francophone québécoise abandonna son héritage religieux.

Maurice Duplessis fut célibataire toute sa vie et n'a eu aucune descendance.

Biographie

Jeunesse et études

Né à Trois-Rivières, Maurice Duplessis est le fils de Nérée Le Noblet Duplessis[2], avocat et député, et de Marie Catherine Camille Berthe Genest. Maurice Duplessis vécut une partie de sa vie dans le quartier Ste-Cécile à Trois-Rivières. C'est d'ailleurs dans ce quartier qu'il faisait ses grands discours électoraux, à l'aréna Laviolette, qui se trouvait sur la rue Ste-Cécile à Trois-Rivières.

Duplessis obtint un diplôme en droit de l'Université Laval à Montréal (l'actuelle Université de Montréal) et fut admis au Barreau du Québec en 1913. Il retourna dans sa ville natale pour pratiquer le droit jusqu'à ce qu'il se lance en politique. Il aimait particulièrement le sport et pour occuper ses loisirs, il entraînait une équipe de baseball, assistait aux parties du club de hockey Canadien et puis, écoutait à la radio les parties de baseball des Yankees de New York durant les séries mondiales.

Vie politique

Maurice Duplessis fut candidat défait lors de l'élection générale québécoise de 1923. Puis, il fut élu député du Parti conservateur du Québec lors de l'élection de 1927, et réélu lors de l'élection de 1931. Après la démission de Camillien Houde, en 1932, le caucus conservateur choisit Duplessis pour être chef de l'opposition. Il fut élu chef du parti lors du congrès de 1933, défaisant Onésime Gagnon.

Deux semaines avant l'élection provinciale de 1935, il créa une coalition avec l'Action libérale nationale (ALN), un parti de libéraux réformistes dissidents et de nationalistes qui avaient claqué la porte du Parti libéral du Québec. Bien qu'il perdît cette élection, Duplessis réussit à exploiter un scandale de favoritisme (on disait à l'époque « patronage ») impliquant la famille du premier ministre Louis-Alexandre Taschereau pour obliger ce dernier à démissionner. L'ALN et les conservateurs avaient déjà formellement fusionné en un seul parti, l'Union nationale.

Duplessis mena l'Union nationale à la victoire lors de l'élection d'août 1936, mettant fin à 39 années consécutives de règne libéral. Le premier gouvernement de Duplessis fut défait aux élections de 1939, une élection-surprise déclenchée par le premier ministre dans le but d'exploiter la question de la participation canadienne à la Seconde Guerre mondiale.

Maurice Duplessis s'adressant à la foule lors de la campagne électorale de 1952.

Duplessis fut reporté au pouvoir en 1944. Il le conserve durant les quinze années suivantes, jusqu'à sa mort ; on l'appelait simplement « le Chef » (parfois « le Cheuf »). Au total, il a été député pendant neuf mandats consécutifs et premier ministre durant cinq mandats, les quatre derniers étant consécutifs. Après lui, il s'est écoulé presque 50 ans avant qu'un parti politique ne réussisse à remporter trois mandats consécutifs lors d'élections provinciales québécoises, soit les libéraux de Jean Charest.

Les gouvernements de Duplessis furent caractérisés par l'usage non restreint du trafic d'influence, la lutte anti-communiste, l'emploi de la manière forte contre les syndicats et une machine électorale invincible. Son initiative anticommuniste la plus célèbre fut la Loi protégeant la province contre la propagande communiste[3], surnommée « la loi du cadenas ». L'Union nationale jouissait souvent de l'appui actif de l'Église catholique romaine dans les campagnes électorales.

La période de son règne est appelée « la Grande Noirceur » par ses adversaires. Le contexte social du Québec était alors, comme il l'a été dans les décennies qui ont précédé la révolution tranquille, très hiérarchisé, puisqu'on pouvait distinguer une masse de travailleurs généralement francophones d'une classe dirigeante industrielle composée d'anglophones. À cela s'ajoutait un clergé qui avait l'hégémonie sur les écoles et universités de langue française, ainsi que sur les soins de santé.

Ce qui caractérise le règne de Duplessis, c'est la naissance d'un mouvement d'affirmation de la majorité francophone qui réclamait un contrôle plus important sur l'économie et la vie intellectuelle et artistique du Québec. Ce mouvement mena entre autres à la montée du syndicalisme et au développement d'une vie intellectuelle qui permettra la révolution tranquille lorsque le pouvoir politique changera de main. L'opposition de Duplessis à ces changements, son insistance à museler les syndicats et son manque d'ouverture envers les revendications des francophones qui aspirent à contrôler leur destinée, comme celles qui sont résumées dans le manifeste du Refus global (9 août 1948), feront de lui la bête noire des réformateurs. La révolution tranquille, qui cristallisera ces revendications dans la création d'institutions nouvelles et dans un changement en profondeur de l'ensemble de la société, cristallisera aussi un ressentiment des intellectuels envers Duplessis. Ses alliés resteront aussi stigmatisés, puisque désormais ce sera la gauche qui pourra profiter du nationalisme, que le clergé perdra rapidement non seulement son contrôle sur l'éducation francophone et sur les hôpitaux, mais aussi ses fidèles, puisque les églises seront rapidement désaffectées, et qu'enfin la minorité anglophone perdra son monopole sur l'économie du Québec.

La statue de Maurice Duplessis à côté de l'Hôtel du Parlement, à Québec. L'œuvre, commandée à Émile Brunet par Paul Sauvé, le successeur de Duplessis, fut livrée en 1960 au gouvernement libéral de Jean Lesage et demeura entreposée durant près de 20 ans, avant d'être dévoilée en 1977.

Duplessis fit une de ses contributions les plus durables au Québec le 21 janvier 1948, avec l'adoption par décret du drapeau du Québec, le fleurdelisé, qui remplaça l'Union Jack au sommet de l'hôtel du Parlement.

Bien que le jugement de l'histoire ait souvent été dur envers Duplessis, certains font valoir qu'il présida à une longue période d'une forte croissance économique et a déposé 15 budgets équilibrés consécutifs, ce qui n'était pas difficile, considérant qu'il y avait peu de services publics. Le trafic d'influence systématique de son gouvernement est légendaire, mais celui-ci ne différait pas tellement de ce qui se passait sous les libéraux de Taschereau dans les décennies précédentes ; Duplessis ne s'est jamais enrichi personnellement, et il mourut endetté.

Duplessis est mort en fonction à Schefferville le 7 septembre 1959. Paul Sauvé lui succéda comme chef de l'Union nationale et premier ministre. Par la suite, la société québécoise fut balayée par un vent de changement socioculturel, s'éloignant de ses politiques conservatrices centrées sur l'Église pour se diriger vers un État-providence hautement laïcisé et socialement libéral, phénomène qu'on a appelé la Révolution tranquille.

Notes et références

  1. Rémi Nadeau, « Il y a 50 ans, Duplessis s'éteignait », Le Soleil,‎ (lire en ligne)
  2. Selon les recherches de l'historien Marcel Trudel, son ancêtre paternel en ligne directe, Jean-Baptiste Duplessis, était l'esclave Mascoutin de Louis Gastineau Duplessis.
  3. (1 George VI c. 11).

Bibliographie

  • Leslie Roberts, Le Chef : une biographie politique de Maurice L. Duplessis. Traduit de l'anglais par Jean Paré. Montréal, Éditions du Jour, 1963, 195 p.
  • Robert Rumilly, Maurice Duplessis et son temps, Montréal, Fides, 1973, 2 vol. Tome 1 : 1890-1944, 722 p. Tome 2 : 1944-1959, 750 p.
  • Conrad Black, Duplessis. Traduit de l'anglais par Monique Benoît. Montréal, Éditions de l'Homme, 1977, 2 vol. Tome 1 : L'Ascension, 487 p. Tome 2 : Le Pouvoir, 623 p.
  • Bernard Saint-Aubin, Duplessis et son époque, Montréal, La Presse, 1979, 278 p.
  • Duplessis, son milieu son époque. Xavier Gélinas et Lucia Ferretti, Québec, Septentrion, 2010, 520 pages

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes