Robert Rumilly

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Robert Rumilly
Photographie noir et blanc de Robert Rumilly lors d'une conférence de presse en 1977.
Robert Rumilly en 1977 lors d'une conférence.
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Robert Rumilly ( à Fort-de-France, Martinique - à Montréal, Québec)[1] est un historien nationaliste canadien français d'origine française. Son père, Georges Rumilly, officier militaire de carrière[1], tenait garnison à Fort-de-France. Robert Rumilly a été Camelot du roi au sein du mouvement de l’Action française. Il est surtout connu pour ses biographies et sa monumentale Histoire de la province de Québec en 41 volumes. Mais il fut aussi très actif en politique, notamment aux côtés de son ami Camillien Houde, maire de Montréal, et de l'Union nationale de Maurice Duplessis, dont il fut un sympathisant jusqu’à sa mort.

Le fonds d'archives de Robert Rumilly est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Éduqué en Indochine française puis à Paris, il fait ses études au lycée Buffon et au lycée Louis-le-Grand, où il obtient un baccalauréat ès lettres et un baccalauréat ès sciences[1]. Il interrompt ses études en droit lors de la Première Guerre mondiale. Il a été blessé sur les champs de bataille.

Robert Rumilly émigre en 1928 au Canada avec son épouse, Simone Bove[1], « pour échapper à une société dont le pourrissement lui pèse[3], » « Je ne venais pas en Nouvelle-France, mais dans une autre France qui ressemblait à la France d'avant 1899[4] ». Il enseigne la littérature française à l'Université McGill à Montréal (1928-1929). Il devient ensuite journaliste pour « Le Petit Journal » (1929-1934)[1].

Il y rédige alors une biographie du Premier ministre du Canada Wilfrid Laurier en 1931. Après la rédaction de quelques autres livres, il obtient un poste de traducteur à Ottawa, au ministère fédéral du Bien-être social[1], ce qui lui facilite l'accès aux Archives publiques du Canada[5], de 1936 à 1948. Il déménage ensuite à Montréal et devient un farouche défenseur des orientations du gouvernement de Maurice Duplessis.

Il a publié plus de 90 volumes sur l'histoire du Québec, du Canada et plusieurs monographies. À partir de 1940, il commence à publier sa monumentale Histoire de la province de Québec en 41 volumes, laquelle couvre les années 1867 à 1945 de façon chronologique. Le dernier volume sort en 1969. Pour effectuer son travail, Rumilly se base sur les articles des journaux, le Journal de l'Assemblée nationale du Québec, de la Chambre des communes du Canada et les témoignages qu'il recueille. Pierre Trépanier, professeur agrégé au Département d'histoire de l’Université de Montréal, indique que la trame générale du récit était inspirée par Les Hommes de bonne volonté de Jules Romains. La volumineuse biographie de Maurice Duplessis (1973) complète en quelque sorte l'Histoire de la province de Québec, en la menant de 1945 à 1959. Cette immense fresque qu'est L'Histoire de la province de Québec est l'œuvre maîtresse de Robert Rumilly, son principal titre de gloire, et qui lui a valu le prix Duvernay en 1967. Avec ses copieux index, elle constitue une véritable encyclopédie historique du Québec.

Parmi les biographies qu'il a rédigées, citons, en plus de celles de Wilfrid Laurier et de Maurice Duplessis, celles de Louis-Joseph Papineau, Henri Bourassa, Honoré Mercier, Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye et du Frère Marie-Victorin. Puis, l'histoire des Franco-Américains et de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. La biographie la plus documentée signée par Rumilly est celle consacrée à « Monseigneur Laflèche et son temps ».

Travailleur acharné, il a aussi publié des monographies sur différentes villes québécoises : Montréal, Outremont, Saint-Laurent et Longueuil. Il a publié une histoire de l'Acadie en 1955, puis la retravailla généreusement pour ce qui devait être sa dernière œuvre en 1983. Les tomes 3 et 4 ont été amorcés à l'étape de manuscrits, mais jamais publiés, à cause de son décès.

Le , avec Victor Barbeau et un groupe d’écrivains en vue de l’époque, il est un des membres-fondateurs de l’Académie canadienne-française, ayant pour objectifs de servir et de défendre la langue et la culture d'expression française et la place de la littérature dans la société canadienne et québécoise avec les représentants les plus éminents de l’élite intellectuelle dont Marius Barbeau, Robert Choquette, Lionel Groulx et Rina Lasnier.

Cet organisme devient l'Académie des lettres du Québec, en 1992.

Ultra-nationaliste de droite ― voire d'extrême-droite[6] ―qui luttait contre le communisme, il a fondé un centre d'études qui diffusait des pamphlets politiques en faveur du parti politique nommé « l'Union nationale ». Selon le spécialiste Jean-François Nadeau, auteur de Robert Rumilly, l’homme de Duplessis (Lux, 2009) il était un disciple de Charles Maurras et de son nationalisme intégral[6].

« Beaucoup de gens n'ont rien compris à Maurras. Maurras reconnaissait que le catholicisme imprégnait la civilisation française… J'ajouterai québécoise… et qu'il mérite de ce fait, de la part de tous ceux qui se réclament de la civilisation française, au moins le respect[4] ! »

L'historien Rumilly voit en Maurice Duplessis l'homme de la situation ; il consacre quelques brochures et conférences à défendre certains thèmes chers à l'Union nationale, comme l'autonomie provinciale. « Si ses sympathies politiques sont connues sans équivoque, Rumilly conserve tout de même un certain détachement et n'est en rien l'idéologue attitré de l'Union nationale, contrairement à une certaine légende[7]. »

De plus, une thèse de Gonzalo Arriaga énonce l’engagement positif du personnage auprès de sa communauté. Marcel Trudel et Pierre Trépanier, à leur tour, ont tenté de démystifier la contribution de Rumilly[8].

Homme de droite, nationaliste, journaliste, polémiste, historien, Robert Rumilly avait choisi l'engagement et la fidélité à ses idées. « L'honneur de sa vie aura été de l'avoir remplie telle qu'il la voyait, avec constance et courage, jusqu'au bout[8]. »

Peu après son décès, la Ville de Québec nomme en 1987 une de ses rues en son honneur[9]. Son épouse, Simone Bove, mourra à Montréal le , à l'âge de 92 ans[10].

Bibliographie sélective[modifier | modifier le code]

  • Histoire de la province de Québec (en 41 volumes, 1940-1969)
I - Georges-Étienne Cartier
II - Le Coup d'État
III - Chapleau
IV - Les Castors
V - Riel
VI - Les Nationaux
VII - L.-O. Taillon
VIII - Laurier
IX - F.-G. Marchand
X - Israël Tarte
XI - S.-N. Parent
XII - Les Écoles du Nord-Ouest
XIII - Bourassa
XIV - Lomer Gouin
XV - Mgr Bruchési
XVI - Défaite de Laurier
XVII - Les Écoles du Keewatin
XVIII - Le Règlement 17
XIX - 1914
XX - Philippe Landry
XXI - Courcelette
XXII - La Conscription
XXIII - L'Armistice
XXIV - Succession de Laurier
XXV - Alexandre Taschereau
XXVI - Rayonnement de Québec
XXVII - Rivalité Gouin-Lapointe
XXVIII - La rue Saint-Jacques
XXIX - Vers l'âge d'or
XXX - Camillien Houde
XXXI - Léonide Perron
XXXII - La dépression
XXXIIII - La plaie du chômage
XXXIV - L'Action libérale nationale
XXXV - Chute de Taschereau
XXXVI - L'Autonomie provinciale
XXXVII - Premier Gouvernement Duplessis
XXXVIII - La Guerre de 1939-1945. Ernest Lapointe
XXXIX - La Guerre de 1939-1945. Le Plébiscite
XL - La Guerre de 1939-1945. Le Bloc populaire
XLI - La Guerre de 1939-1945. Duplessis reprend les rênes
  • La Compagnie du Nord-Ouest, une épopée montréalaise (1980)
  • L'Acadie anglaise 1713-1755 (1955, deuxième version 1983)
  • L'Acadie française 1497-1713 (1955, deuxième version 1981)
  • Papineau et son temps (en deux tomes, 1977)
  • Maurice Duplessis et son temps (1973-1976)
  • Honoré Mercier et son temps (1975)
  • Histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, des Patriotes au fleurdelysé, 1834-1948 (1975)
  • Histoire d'Outremont (1875-1975) (1975)
  • Histoire de Montréal (en cinq tomes) (1970)
  • L'Action libérale nationale (1963)
  • Histoire des Franco-Américains (1958)
  • Henri Bourassa: La vie d'un grand Canadien (1953)
  • Les Îles de la Madeleine (1951)
  • Le Frère Marie-Victorin et son temps (1949)
  • L'Autonomie provinciale (1948)
  • La plus riche aumône (histoire de la Société de Saint-Vincent-de-Paul au Canada) (1946)
  • Papineau (1944), Éditions Bernard Valiquette, Montréal
  • Monseigneur Laflèche et son temps (1936)
  • Mercier (1935)
  • Marie Barbier, mystique canadienne (1935)
  • Marguerite Bourgeois (1935)
  • Chefs de file (1934)
  • Papineau (1933)
  • La Vérendrye, découvreur canadien (1932)
  • Sainte-Anne-de-Beaupré (1932)
  • Sir Wilfrid Laurier (1931)
  • Littérature française moderne (1931)

Honneurs[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « Fonds Robert-Rumilly » (Cote : P303) : Descriotion », BAnQ, Montréal.
  2. Fonds Robert Rumilly (P303) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
  3. Pierre Trépanier, professeur agrégé, Département d'histoire, Université de Montréal.
  4. a et b Entrevue avec Rudel-Tessier; Rudel-Tessier : Robert Rumilly, haïssable et merveilleux homme de droite, Perspectives, La Presse, 3 décembre 1978.
  5. Les Archives publiques du Canada sont devenues Bibliothèque et Archives Canada en 2004,
  6. a et b Michel Lapierre, « Robert Rumilly, duplessiste et usurier » Accès limité, sur Le Devoir, (consulté le )
  7. Xavier Gélinas : La Droite intellectuelle québécoise et la Révolution tranquille, Presses de l'Université Laval, 2007. — Xavier Gélinas est, depuis 2002, conservateur en histoire politique au Musée canadien des civilisations, à Gatineau. Il est également codirecteur de Mens, une revue d’histoire intellectuelle de l’Amérique française.
  8. a et b P. Trépannier cité par Étienne Blais : Rumilly: un engagement pointu, 3 octobre 2007. [1]
  9. Ville de Québec, Répertoire des toponymies : cité par www.toponymie.gouv.qc.ca .
  10. Le Soleil, 23 septembre 1991, Cahier B, p. 14.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]