Attaque du 12 mai 2018 à Paris
Attaque du 12 mai 2018 à Paris | |
Photo prise devant le no 34 de l'avenue de l'Opéra à Paris 2e arr., le . | |
Localisation | Rue Marsollier et Rue Monsigny, 2e arrondissement de Paris, France |
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Cible | Civils |
Coordonnées | 48° 52′ 08″ nord, 2° 20′ 08″ est |
Date | 21 h (UTC+2) |
Type | Attaque au couteau |
Armes | Couteau |
Morts | 2 (dont l'auteur) |
Blessés | 4 |
Auteurs | Khamzat Azimov |
Organisations | État islamique |
Mouvance | Terrorisme islamiste |
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L'attaque du à Paris est une action terroriste islamiste commise dans la soirée du à Paris, au cours de laquelle un homme est tué à l'arme blanche par un assaillant et quatre autres blessés. L'assaillant, Khamzat Azimov, un franco-russe originaire de Tchétchénie, est tué par des policiers, intervenant sur place. L'attaque est revendiquée par l'État islamique dans les heures qui suivent.
En octobre 2023, le meilleur ami du tueur, Abdoul Hakim Anaiev, un Français d’origine tchétchène, est condamné à dix années de réclusion pour « association de malfaiteurs terroriste ».
Contexte
[modifier | modifier le code]Selon une étude[1] du Centre d'analyse du terrorisme, la France est depuis 2013 le pays occidental « le plus visé par le terrorisme islamiste, devant les États-Unis, l'Allemagne, l'Australie et le Royaume-Uni[2] ». L’homme décédé dans cette attaque au couteau est, depuis , la 246e victime tuée dans un attentat sur le sol français[3]. L’attaque de l’Opéra est le deuxième attentat mortel de l'année après les attaques du à Carcassonne et Trèbes[4].
Sur les douze attentats aboutis depuis début 2015, impliquant au total vingt-deux terroristes, seul Ahmed Hanachi pour l'attaque du à Marseille et les deux kamikazes du Stade de France étaient en situation irrégulière lorsqu’ils sont passés à l’acte. Les six autres auteurs de nationalité étrangère étaient légalement présents en France[4]. Contrairement aux attentats et tentatives de 2015, les terroristes attaquent dorénavant avec des armes basiques et un réseau faiblement structuré[5]. Aux projets planifiés depuis la zone syro-irakienne mis en œuvre par des djihadistes aguerris ont succédé principalement des attaques simplement inspirées et recourant à des acteurs isolés[4].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Le samedi , vers 20 h 45, un individu attaque au couteau des passants rue Marsollier et rue Monsigny (dans le 2e arrondissement de Paris) en criant « Allahu akbar » ; il tue une personne et en blesse quatre autres, dont deux gravement[6]. Il se dirige ensuite vers une patrouille de police, dépêchée sur les lieux, « couteau à la main en étant très menaçant et criant “Tire, tire, je vais te planter” »[7].
L’un des policiers tente de maîtriser l’individu avec son pistolet à impulsion électrique à deux reprises, mais sans succès[7]. Un second policier fait alors usage à deux reprises de son arme administrative, blessant mortellement l’individu dans la région du cœur[7]. Un premier appel à la police est enregistré à 20 h 47 et le suspect est neutralisé dans un délai de 9 min[5].
Le groupe État islamique revendique rapidement l'attentat dans un communiqué diffusé sur son organe de propagande Amaq[8].
Victime
[modifier | modifier le code]La personne décédée se nomme Ronan Gosnet qui présente 10 plaies à l'arme blanche[9]. Âgé de 29 ans, il était originaire de la Sarthe[10]. Il avait grandi dans le village de Connerré. Licencié plusieurs années au club de handball local et primé en 2003 au Concours national de la résistance et de la déportation, il s’était installé en 2014 à Paris pour travailler dans l’informatique[11]. Une minute de silence est observée en sa mémoire à l'Assemblée nationale et au Sénat[12].
Enquête judiciaire
[modifier | modifier le code]La section antiterroriste du parquet de Paris est saisie. Le procureur François Molins annonce l’ouverture d’une enquête pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste » et « tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique »[13],[7].
L’enquête est confiée conjointement à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris, à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire[13].
Profil du terroriste
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Khamzat Azimov | |
Terroriste islamiste | |
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Information | |
Nom de naissance | Khamzat Cheripouevitch Azimov[14] (en russe : Хамзат Шерипуевич Азимов) |
Naissance | Argoun, Tchétchénie (Russie) |
Décès | (à 20 ans) Paris (France) |
Cause du décès | Abattu par la police |
Nationalité | Russe Français (à partir de 2010) |
Allégeance | État islamique |
Idéologie | Salafisme djihadiste |
Sexe | Masculin |
Actions criminelles | Attentat |
Attentats | Attaque du 12 mai 2018 à Paris |
Victimes | 1 mort et 4 blessés |
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Le terroriste, Khamzat Azimov, est un franco-russe originaire de Tchétchénie, âgé de 20 ans[15], naturalisé en 2010 en même temps que sa mère[16]. Ses parents s’étaient réfugiés en France au début des années 2000 lors d’un pic de la guerre de Tchétchénie entre la Russie et les indépendantistes. La France avait alors accueilli nombre de Tchétchènes auxquels elle avait accordé le statut de réfugiés[17]. Les parents de Khamzat Azimov s'étaient récemment installés en région parisienne. Ils sont placés en garde à vue après l'attaque[15],[18],[19], mais relâchés deux jours plus tard en l'absence de tout élément les incriminant[20].
Identifié par ses empreintes digitales en l'absence de pièce d'identité sur lui[4], Khamzat Azimov avait grandi à Strasbourg où il avait effectué sa scolarité et fréquenté l'université après l'obtention de son baccalauréat ES[21]. Il ne s'était pas fait remarquer par sa pratique religieuse ou un comportement violent, contrairement à son ami Hakim Anaïev[21].
Il avait été entendu par les services anti-terroristes en [15] et était fiché S[22] depuis l'été 2016. Il est aussi inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), mais « plutôt » en raison de « ses relations » que de « son propre comportement, ses agissements et prises de position[21],[23] ».
L’État islamique diffuse aussitôt après l'attentat, via son agence de propagande Amaq, une vidéo où l’on aperçoit le terroriste parler. Khamzat Azimov s’y exprime en français et fait allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le « calife » autoproclamé du groupe État islamique. Cette vidéo montre que des contacts ont bien existé entre le terroriste et des membres du groupe État islamique[24].
Complices présumés
[modifier | modifier le code]Abdoul Hakim Anaïev, né à Grozny en 1997, fiché S, est mis en garde à vue le dans le cadre de l'enquête sur l'attentat. Il était ami avec Khamzat Azimov. Face aux enquêteurs, il s'est dit musulman pratiquant, mais modéré. Il avait 7 téléphones portables chez lui lors de son arrestation[25]. Plusieurs documents sont saisis au domicile du suspect alors qu'une heure avant l'attentat, à 19 h 16, il adresse à sa sœur sur la messagerie WhatsApp un chant jihadiste souvent repris par Daesh[9]. Il est aussi d'origine tchétchène. Avec son ancienne épouse, Inès Hamza, il avait essayé de partir vivre en Syrie ou en Irak, sans y parvenir[25]. Inès Hamza était fichée S à l'âge de 16 ans quand elle tenta de se rendre en Syrie en 2015[26]. Un de ses camarades de classe témoigne : « Les professeurs avaient déjà signalé Hakim. On le soupçonnait de s’approcher du salafisme donc il avait été convoqué par la proviseure. En sortant de son bureau, Hakim avait dit : « Ils me prennent pour un terroriste… » Ce qui a éveillé les soupçons : un exposé sur l’islam, où il parlait des relations hommes-femmes. Il avait expliqué que la charia était une bonne chose et les professeurs n’ont pas compris où ils venaient en venir. Mais aucune violence n’était prônée explicitement »[27]. Il a eu des accès de violence dans son lycée[21].
Sans casier judiciaire, il travaillait depuis en CDD à l’accueil de l’OFII, dans un poste qui n’était pas à responsabilités, et son contrat avait été renouvelé jusqu’à décembre. Immédiatement mis à pied, il était suivi par les services de renseignement depuis son mariage religieux avec une Francilienne radicalisée de 19 ans qui avait tenté de partir en Syrie[28].
Ines Hamza , ainsi qu'une autre femme sont arrêtées le [29].
Djihadisme et Tchétchénie
[modifier | modifier le code]Après la première guerre de Tchétchénie (1994–1996), la rébellion séparatiste tchétchène s’est progressivement islamisée et s’est étendue au-delà des frontières de cette république russe pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord[16]. Fin , une partie de l'Émirat du Caucase prête allégeance à l'État islamique devenant une source importante de combattants djihadistes. Selon les services de sécurité russes, au moins 4 500 Russes, majoritairement originaires des républiques du Caucase, se trouvaient en 2017 aux côtés des groupes jihadistes de par le monde[16]. Le double attentat du Marathon de Boston (3 morts et 264 blessés), le , est imputé à deux frères d’origine tchétchène[17].
En France, selon Jean-Charles Brisard, 7 à 8 % des Français impliqués dans les filières jihadistes en Syrie et en Irak seraient d’origine tchétchène, soit « un vivier assez important, la proportion est significative »[16]. Selon le Ministère de l’Intérieur, les réfugiés tchétchènes constituent le quatrième groupe d’étrangers fichés S après les Algériens, les Marocains et les Tunisiens[17], ce qui fait dire à l’ancien ambassadeur russe en France Alexandre Orlov que les autorités françaises auraient manqué de vigilance face aux demandes d'asile des Tchétchènes : « Quand j’étais encore ambassadeur, je trouvais que les autorités françaises donnaient à ces familles l’asile trop facilement, On voit les conséquences[17] ».
Le , le DGSI interpelle deux personnes d'origine tchétchène en Haute-Garonne qui pourraient être liées aux attentats des 17 et en Catalogne. Le même jour, la DGSI interpelle également quatre personnes d'origine tchétchène dans le Bas-Rhin (deux femmes nées en 1982 et 1983 et un homme né en 1989) et les Yvelines (une femme née en 1976) dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en des chefs de participation à une association de malfaiteurs terroristes et financement du terrorisme[30].
Procès
[modifier | modifier le code]En octobre 2023, le meilleur ami du tueur est condamné à dix années de réclusion assortis d’une période de sûreté des deux tiers pour « association de malfaiteurs terroriste ». La cour estime qu’Abdoul Hakim Anaiev, un Français d’origine tchétchène, a influencé idéologiquement le terroriste. Le Parquet national antiterroriste avait requis dix-sept ans de réclusion[31].
Réactions
[modifier | modifier le code]Réactions nationales
[modifier | modifier le code]- Le président de la République, Emmanuel Macron, déclare : « Toutes mes pensées vont aux victimes et aux blessés de l’attaque au couteau perpétrée ce soir à Paris, ainsi qu’à leurs proches. Je salue au nom de tous les Français le courage des policiers qui ont neutralisé le terroriste. La France paye une nouvelle fois le prix du sang mais ne cède pas un pouce aux ennemis de la liberté »[8].
- Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, salue « le sang-froid et la réactivité des forces de police qui ont neutralisé l’assaillant (...) Mes premières pensées vont aux victimes de cet acte odieux »[8].
- La maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est rendue sur place : « Ce soir, notre ville a été meurtrie »[8].
Réactions internationales
[modifier | modifier le code]- États-Unis : Le président des États-Unis, Donald Trump, via Twitter : « C'est triste de voir l'attaque terroriste à Paris. À un moment donné, les pays devront ouvrir leurs yeux et voir ce qui se passe réellement. Ce genre de maladie et de haine n'est pas compatible avec un pays aimant, paisible et prospère ! Des changements dans notre processus de réflexion sur la terreur doivent être faits »[32].
- Tchétchénie : le président tchétchène Ramzan Kadyrov a affirmé que « toute la responsabilité » de l'attaque en revient à la France, l'assaillant n'aurait fait que « naître en Tchétchénie » : « Je considère important de faire remarquer que toute la responsabilité pour le fait [que Khamzat A.] a décidé d’emprunter la voie de la criminalité revient entièrement aux autorités françaises »[33].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Attentats, tentatives et projets d'attentats en relation avec le contexte syro-irakien dans les pays occidentaux (2013-2016) », sur Centre d'analyse du terrorisme,
- « Terrorisme : la France, pays occidental le plus ciblé depuis 2013 », sur leparisien.fr,
- Attentat à Paris : les jours des blessés ne sont plus en danger, sur francetvinfo.fr
- Mathieu Suc, « Une attaque au couteau confirme les mutations de la menace terroriste », [mediapart.fr, (consulté le )
- Pierre Alonso et Ismaël Halissat, « Attentats : l’arme de la simplicité », liberation.fr, (consulté le )
- « Attaque au couteau à Paris : deux blessés en "urgence absolue" selon Edouard Philippe », LCI.fr, (lire en ligne)
- « Attaque au couteau à Paris ; ce que l'on sait de l'assaillant et de ses motivations », 20 minutes.fr, 13 mai 2018.
- « Attaque au couteau à Paris : Ce que l’on sait », 20 minutes.fr, 13 mai 2018.
- Thibaut Deleaz, « Attentat à Paris : où en est l'enquête sur Khamzat Azimov ? », rtl.fr, (consulté le )
- « Attentat de Paris : Ronan Gosnet, victime du terrorisme », francetvinfo.fr, (consulté le )
- « Attaque au couteau à Paris. Émotion dans la commune d’enfance de Ronan, tué par l’assaillant », ouest-france.fr, (consulté le )
- « Attaque au couteau: minute de silence de l'Assemblée nationale et au Sénat », nouvelobs.com, (consulté le )
- « Une personne tuée à Paris dans une agression au couteau, le parquet antiterroriste saisi », sur Le Monde.fr,
- Fichiers des personnes décédées depuis 1970 sur le site de l'Insee
- « Attaque à Paris : l'assaillant était Khamzat Azimov, Tchétchène naturalisé français en 2010 », LCI.fr, 13 mai 2018.
- Agence France-Presse, « Attaque au couteau à Paris : la Tchétchénie, "vivier important" de jihadistes », sudouest.fr, (consulté le )
- Elizabeth Pineau et Emmanuel Jarry, « La première manifestation d'une menace tchétchène en France », reuters.com, (consulté le )
- « Attaque au couteau à Paris : deux morts dont l'assaillant, l'État islamique revendique l'attaque », Europe 1.fr, 12 mai 2018.
- « Attaque au couteau à Paris : naturalisé français en 2010, fiché S depuis 2016... », sur Franceinfo.fr,
- Agence France-Presse, « Attentat à Paris: les parents de l'assaillant remis en liberté », lefigaro.fr, (consulté le )
- Guillaume Krempp, « Attaque au couteau à Paris : le choc des anciens camarades de Khamzat Azimov », rue89strasbourg.com, (consulté le )
- « Attaque au couteau à Paris : l’assaillant connu des renseignements et fiché S », Europe 1.fr, 13 mai 2018.
- Agence France-Presse, « Attaque au couteau à Paris : les dernières avancées de l'enquête », lepoint.fr, (consulté le )
- C. Laudercq et R. Lefras, « Attentat de Paris : L'EI diffuse une vidéo du terroriste Khamzat Azimov. », Actu17.fr, (lire en ligne)
- La rédaction de LCI, « EN DIRECT - Attaque au couteau : les deux jeunes femmes proches d'Azimov ont été relâchées », sur lci.fr, (consulté le ).
- MIDI LIBRE, « Adolescente radicalisée en fugue : Inès, 16 ans, a été retrouvée », Midi libre, (lire en ligne, consulté le ).
- Guillaume Krempp, « Attentat à Paris : «Khamzat Azimov disait qu’il voulait "sauver des vies"» », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « Attaque au couteau à Paris. L’ami de l’assaillant travaillait à l’Office français de l’immigration », ouest-france.fr, (consulté le )
- S.C., « Attaque au couteau à Paris : deux femmes interpellées », leparisien.fr, (consulté le )
- Elizabeth, « La DGSI mène une série d'interpellations dans le Bas-Rhin, la Gironde et la Haute-Garonne », francetvinfo.fr, (consulté le )
- Soren Seelow, Procès de l’attentat du quartier de l’Opéra : le meilleur ami du tueur condamné à dix années de réclusion, lemonde.fr, 31 octobre 2023
- « Attaque au couteau à Paris: Donald Trump invite à "ouvrir les yeux" », rtbf.be, (consulté le )
- « Attaque au couteau à Paris : Kadyrov, le président tchétchène, accable la France », CNews.fr, 13 lai 2018.