Attentat du 3 janvier 2020 à Villejuif

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Attentat du 3 janvier 2020 à Villejuif
Image illustrative de l’article Attentat du 3 janvier 2020 à Villejuif
Parc départemental des Hautes-Bruyères, lieu de l'attaque.

Localisation Parc départemental des Hautes-Bruyères, Villejuif (Val-de-Marne), Drapeau de la France France
Cible Civils
Coordonnées 48° 47′ 28″ nord, 2° 20′ 56″ est
Date
Vers 14 h 0 (UTC+2)
Type Attaque au couteau
Armes Couteau
Morts 2 (dont l'auteur)
Blessés 2
Auteurs Nathan Chiasson[1]
Mouvance Terrorisme islamiste

Carte

L'attentat du est une attaque au couteau survenue dans le parc départemental des Hautes-Bruyères à Villejuif, lors de laquelle un homme agresse à l'arme blanche. Il fait un mort et deux blessés. Le tueur est ensuite abattu par la brigade anti-criminalité du Kremlin-Bicêtre.

L'assaillant, Nathan Chiasson, schizophrène, a un long passé de soins en psychiatrie. L’enquête permet par la suite d'établir une radicalisation islamiste certaine de son auteur ainsi qu'une préparation organisée de son passage à l'acte.

Contexte[modifier | modifier le code]

De nombreuses attaques au couteau ont lieu en Europe depuis plusieurs années. En France, l'attentat de la préfecture de police de Paris a précédé celle-ci de 3 mois jour pour jour[2].

Villejuif a été la cible d'attentats. En , le terroriste Amedy Coulibaly revendique l'explosion d'une voiture dans cette ville[3]. En , Sid Ahmed Ghlam a prévu de commettre un attentat terroriste contre deux églises de la ville et fini par tuer une femme, Aurélie Châtelain. En , le soir des attentats de Paris et Saint-Denis, le hall de la mairie est incendié[4].

Faits[modifier | modifier le code]

L’assaillant, Nathan Chiasson, débute ses agressions peu avant 14 h dans le parc départemental des Hautes-Bruyères de Villejuif. Il porte une djellaba bleue et s’est dirigé vers un homme en hurlant « Allah Akbar », un cri qu’il réitère à plusieurs reprises lors de l’attaque[5],[6]. Le passant menacé déclare alors à son agresseur être de confession musulmane. L’assaillant lui a alors demandé de réciter une prière en arabe, ce qu’il a fait. Nathan Chiasson décide de l'épargner et se dirige vers d'autres passants[7].

Il se dirige vers un couple de passants et attaque d’abord la femme. Son mari, Janusz Michalski, 56 ans, s’interpose et reçoit un violent coup de couteau, infligeant une plaie transfixiante au niveau du cœur, qui lui sera fatale. Ensuite, le tueur s'attaque à la femme qui reçoit un coup de couteau au niveau du cou. La blessure est importante. L’assaillant s'attaque ensuite à une joggeuse sur une route qui longe le parc. La joggeuse est touchée à plusieurs reprises au niveau du dos de blessures superficielles. Plusieurs autres personnes sont attaquées par l’assaillant. Hormis l’homme épargné après avoir fait état de sa religion, la gardienne du parc et un SDF ont aussi été menacés[7].

Enquête[modifier | modifier le code]

Les premiers éléments, ainsi que le profil psychologique de l'auteur, ne permettent pas d'affirmer, avec une certitude totale, une motivation terroriste. Néanmoins, dès la fin d'après midi du , la section antiterroriste de la brigade criminelle de la direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris (DRPJ) est saisie de l'affaire[8]. Des signes de radicalisation sont entrevus le samedi , le parquet national antiterroriste se saisit alors de l’enquête[9]. Par la suite, les investigations permettent d'établir une radicalisation certaine du mis en cause ainsi qu'une préparation organisée de son passage à l'acte[10]. Les policiers craignent un autre attentat qui serait effectué par plusieurs membres de l'entourage de l'auteur[11].

Victimes[modifier | modifier le code]

Nom Sexe Âge Situation Infos
Janusz Michalski[12] Homme 56 Atteint au cœur : décédé tué en protégeant sa femme
Karine G.[13] Femme 47 Blessée au cou. Sortie de l’hôpital le [14] épouse du précédent
Aurore K.[13] Femme 30 Blessée au dos. Sortie de l’hôpital le Joggeuse

Auteur[modifier | modifier le code]

Nathan Chiasson
Terroriste islamiste
Information
Nom de naissance Nathan David Alexandre Chiasson[15]
Naissance
Les Lilas, Seine-Saint-Denis (France)
Décès (à 22 ans)
Villejuif, Val-de-Marne (France)
Cause du décès Abattu par la police
Nationalité Drapeau de la France Français
Idéologie Salafisme djihadiste
Sexe Masculin
Actions criminelles Attentat
Victimes 1 mort et 2 blessés

Nathan Chiasson[1] est né le [15] aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Il est décrit par sa famille comme ayant présenté très tôt de « hautes capacités intellectuelles », mais aussi une souffrance psychique précoce. Il fait l'objet d'un suivi psychiatrique dès l'enfance et est hospitalisé à plusieurs reprises, parfois « à la demande de ses parents »[16].

Après un parcours scolaire classique jusqu’au bac, il intègre l’école de commerce ESSCA à Angers. Au bout d’un an, il arrête cependant cette formation. « Ce qui va créer des obstacles à la poursuite de ses études […], c’est à la fois ses problèmes psychologiques et des problèmes d’addictions à divers produits stupéfiants »[17].

Il est interné à l'hôpital Saint-Anne, entre et . Il est diagnostiqué schizophrène[8],[18],[19]. Il se convertit à l'islam en «  ou  »[20]. Il est connu des services de police pour des délits de droit commun, mais n'est pas soupçonné de radicalisation. Il n'a pas de fiche S. Les premiers éléments de l'enquête montrent qu'il a minutieusement préparé son acte et laissent penser qu'il prévoit d'être tué lors de son attaque. Il a notamment vidé son appartement et écrit un testament[9],[21].

La mère du tueur évoque un « mariage religieux refusé » par un imam au motif que la démarche n'est pas précédée d'un mariage civil[16], ce qui aurait déclenché le passage à l'acte[22]. Le matin de son attaque, il emmène à Villejuif un sac contenant notamment des ouvrages « salafistes » ainsi qu'une lettre aux accents testamentaires laissant entendre, selon les enquêteurs, qu'il songeait à « faire le grand saut »[16].

Compagne de l'auteur[modifier | modifier le code]

Marie M.[23], la compagne de Nathan Chiasson, 22 ans, est mise sur écoute dès qu'elle est identifiée. Les enquêteurs la soupçonnent alors de prévoir de commettre une action violente contre les forces de l’ordre. Le , elle est interpellée à son domicile de Palaiseau (Essonne) et placée en garde à vue pour « association de malfaiteurs terroristes »[24],[25]. Elle porte un couteau sur elle[23]. Elle s'est convertie récemment mais est très croyante, a confié à une amie qu’elle souhaitait commettre un « suicide par police interposée », c’est-à-dire mourir sous les balles de policiers[26]. Elle est considérée comme psychologiquement fragile[27]. Marie fait déjà de nombreux séjours en psychiatrie et doit prochainement y retourner[28]. Elle confirme en garde à vue sa volonté de tuer des policiers[11]. Sa garde à vue est levée le et une hospitalisation est envisagée, compte tenu de la forte dominante suicidaire dans ses propos[29]. Elle est libérée car le psychiatre n'a décelé « aucun trouble particulier chez elle ». En conséquence, les policiers des commissariats de Palaiseau et des Ulis sont appelés à la plus grande vigilance aux abords et dans l'enceinte des commissariats mais aussi lors des interventions policières "jusqu'à nouvel ordre". Par ailleurs, les fonctionnaires assurant l'accueil des commissariats sont priés d'utiliser le détecteur de métaux sur toutes les personnes désirant pénétrer dans les lieux [30]. Les policiers considèrent que le "passage à l'acte" peut concerner d'autres membres de l'entourage de "Marie M" et "Nathan C."[11].

Analyses[modifier | modifier le code]

L'ancienne élue socialiste Céline Pina critique l'utilisation systématique du mot « déséquilibré » pour expliquer la raison de cette attaque[31],[32].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Yann Bouchez, « Attaque de Villejuif : le profil du tueur se précise », sur Le Monde, (consulté le )
  2. « Les principaux attentats islamistes en France depuis janvier 2015 », sur ladepeche.fr (consulté le ).
  3. « Accélération de l'enquête sur Coulibaly », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  4. Lucile Métout, « Villejuif : des renforts policiers après de nouveaux incendies », Le Parisien, (consulté le ).
  5. « Attaque de Villejuif : le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête », sur CNEWS (consulté le )
  6. « Attentat de Villejuif : la compagne de Nathan C. placée en garde à vue », sur SudOuest.fr (consulté le ).
  7. a et b « Il a épargné un passant avant d'en tuer un autre : ce que l'on sait du parcours sanglant de Nathan C. », sur LCI (consulté le )
  8. a et b « EN DIRECT - Attaque au couteau à Villejuif : l'assaillant avait été interné de février à mai 2019 », sur LCI (consulté le ).
  9. a et b Jean-Michel Décugis et Vincent Gautronneau, « Villejuif : pourquoi le parquet national antiterroriste se saisit de l’enquête », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Le Point magazine, « La justice antiterroriste se saisit de l'enquête sur l'attaque de Villejuif », sur Le Point, (consulté le ).
  11. a b et c « Villejuif : la libération de la compagne du terroriste inquiète la police » (consulté le )
  12. RMC, « « Il était très serviable, très gentil »: les voisins de l'homme décédé dans l'attaque au couteau de Villejuif saluent son héroïsme », sur RMC (consulté le ).
  13. a et b « Deux jours après l’attaque au couteau, Villejuif est toujours sous le choc », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  14. « Les deux blessées de Villejuif sont sorties de l'hôpital, selon BFMTV », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  15. a et b Fichier des décès de l'Insee [1]
  16. a b et c « Attaque de Villejuif: l'énigmatique trajectoire de Nathan C. », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Courrier de l'Ouest, « Angers. L’attaquant de Villejuif a été étudiant à l’ESSCA », sur Courrier de l'Ouest, (consulté le ).
  18. Rédaction Infirmiers.com, « Attentat de Villejuif : un infirmier interroge les relations entre terrorisme et troubles psychiatriques », sur Infirmiers.com, (consulté le ).
  19. « Attentat de Villejuif : oui, on peut être à la fois "déséquilibré" et "terroriste" », sur Marianne, (consulté le ).
  20. « Attaque de Villejuif : pourquoi le parquet anti-terroriste s'est saisi de l'affaire », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  21. 6Medias, « Attaque de Villejuif : le tueur avait laissé un testament », sur Orange Actualités, (consulté le ).
  22. « LE CONTRAT DE MARIAGE, UN ACTE NOTARIE », dans Contrats de mariage à Québec, 1790-1812, Canadian Museum of History (ISBN 978-2-7603-2528-9, lire en ligne), p. 39–41.
  23. a et b « PressReader.com - Journaux du Monde Entier », sur www.pressreader.com (consulté le )
  24. « La compagne de l’assaillant de Villejuif placée en garde à vue », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  25. Par Jean-Michel Décugis et Florian Loisy et Jérémie Pham-LêLe 7 janvier 2020 à 15h42, « Attaque de Villejuif : la compagne de Nathan C. placée en garde à vue », sur leparisien.fr, (consulté le )
  26. « a-compagne-de-l-assaillant-de-villejuif-placee-en-garde-a-vue »
  27. La Rédaction et Mis à jour le 07/01/20 16:41, « Attaque de Villejuif : un nouvel attentat évité in extremis ? », sur www.linternaute.com (consulté le )
  28. Y.C., « Une note met en garde les policiers après la remise en liberté de la compagne de l'assaillant de Villejuif », sur Actu17 - L′info Police Sécurité Terrorisme., (consulté le )
  29. avec AFP, « Attaque de Villejuif. Fin de garde à vue pour la compagne de l’assaillant, hospitalisation envisagée », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  30. « Attaque de Villejuif : surveillance renforcée dans des commissariats après la libération de la compagne de l'assaillant », sur Franceinfo, (consulté le )
  31. Céline Pina, « Céline Pina: «Lorsque l’on tue au nom d’Allah, l’excuse du déséquilibre mental ne tient pas!» », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  32. « Romans-sur-Isère: la lutte sans fin contre le terrorisme islamiste », sur Le Figaro.fr, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]