Yambo Ouologuem

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Yambo Ouologuem
Biographie
Naissance
Décès
(à 77 ans)
Sévaré (Mali)
Pseudonyme
Utto Rodolph, Nelly Brigitta
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Genre artistique
Distinction
Œuvres principales

Yambo Ouologuem est un écrivain malien, né le à Bandiagara au Soudan français (actuel Mali) et mort le à Sévaré[1],[2].

Il publie en 1968 Le Devoir de violence, un roman bien accueilli par la critique remportant notamment le prix Renaudot, mais accusé par la suite de plagiat. Il a publié Les Mille et une bibles du sexe en 1969, sous le pseudonyme d'Utto Rodolph, ainsi que Les Moissons de l’amour (1969) et Le Secret des orchidées (1968) sous celui de Nelly Brigitta[3], tous parus aux éditions du Dauphin.

Biographie[modifier | modifier le code]

Yambo Amadou Ouologuem est le fils unique d'un propriétaire terrien et inspecteur d'académie à Bandiagara, la ville principale du pays Dogon, au Soudan français. Il fait ses études secondaires à Bamako avant de les continuer en France, au lycée Henri-IV, où il se rend en 1960. Il apprend de nombreuses langues africaines ainsi que le français, l'anglais et l'espagnol. Il est par la suite licencié en lettres, licencié en philosophie, et diplômé d'études supérieures d'anglais.

De 1964 à 1966, il enseigne au lycée de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) en banlieue parisienne tandis qu'il finit son doctorat en sociologie à l'École normale supérieure.

C'est en 1968 que Yambo Ouologuem publie son premier livre, Le Devoir de violence. Il reçoit pour celui-ci le prix Renaudot la même année ; il est alors le premier romancier africain à recevoir cette distinction. Ce livre traite de la dynastie africaine fictive des Saïfs, seigneurs féodaux africains. Il dépeint la participation africaine au colonialisme à travers des chefs locaux qui vendent leurs sujets aux marchands arabes et occidentaux. Son livre suscite de nombreuses critiques et polémiques en un temps, après les indépendances, où il est de bon ton de mythifier l'Afrique et ses rapports à l'Occident[4] à l'instar de Léopold Sédar Senghor et de la négritude. Il est aussi accusé de plagiat notamment de C'est un champ de bataille de Graham Greene et Le Dernier des Justes d'André Schwartz-Bart[5] ; Ouologuem dit alors avoir utilisé dans son manuscrit des guillemets[6],[7].

Il publie ensuite Lettre à la France nègre en 1969, des lettres pamphlétaires.

Yambo Ouloguem publie également en 1969 une encyclopédie pornographique, parue sous le pseudonyme d'Utto Rodolph, Les Mille et Une Bibles du sexe, rééditée en 2015, racontant les aventures sexuelles de quatre Français en France et en Afrique[8].

La polémique qui vise son discrédit, et le retrait de la vente du Devoir de violence par son éditeur en 1972 le blessent et le conduisent rapidement à s'enfermer dans le silence[9],[4]. Il rentre au Mali à la fin des années 1970. Alors que le monde anglo-saxon s'intéresse à son œuvre, jusqu'en 1984, il est directeur d'un centre culturel près de Mopti au centre du Mali et édite des manuels scolaires.

Le Devoir de violence est réédité par Le Serpent à plumes. D'après un journaliste du Temps, dont le texte est repris sur le site de la maison Payot[10], l'auteur serait devenu marabout. Christopher Wise (en), qui a réédité en anglais Le Devoir de violence, est parvenu à rencontrer l'auteur et à s'entretenir avec lui[11]. Le livre est depuis sujet de controverses[12].

Chaque année lors de la rentrée littéraire du Mali, le prix Yambo-Ouologuem est décerné pour récompenser une œuvre écrite en français d'un auteur du continent africain.

Il s'est à ce point fait discret au cours des dernières années de sa vie qu'il a été déclaré mort dix ans avant sa mort véritable[13]. Il meurt le à Sévaré, où il vivait[14].

Mohamed Mbougar Sarr, à qui il a inspiré le personnage de T. C. Elimane, lui dédie son ouvrage La Plus Secrète Mémoire des hommes (2021, Éditions Philippe Rey et Jimsaan)[15], qui remporte le prix Goncourt 2021[16].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • 1968 : prix Renaudot avec Le Devoir de violence[6],[17]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Antoine Oury, « Yambo Ouologuem, premier lauréat africain du Prix Renaudot, est mort », sur actualitte.com, (consulté le ).
  2. Jules Crétois, « Mali : Yambo Ouologuem, la mauvaise conscience des lettres ouest-africaines, s’est éteint », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  3. Bernard Mouralis, « Yambo Ouologuem et le champ des contre-littératures : Réflexions sur les romans de Nelly Brigitta et Utto Rudolf », Acta Fabula,‎ (ISSN 2115-8037, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b « L'histoire africaine revisitée, par Nabo Sène (Le Monde diplomatique, juin 2003) », sur monde-diplomatique.fr (consulté le ).
  5. Julia Galmiche-Essue, « Une gémellité inversée. Le devoir de violence de Yambo Ouologuem et Le dernier des Justes d’André Schwarz-Bart », Études françaises, vol. 57, no 3,‎ , p. 157-171 (lire en ligne)
  6. a et b Gladys Marivat, « Histoire d’un livre. Retour sur l’affaire Ouologuem », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. Jean-Pierre Orban, « Livre culte, livre maudit : Histoire du Devoir de violence de Yambo Ouologuem », Continents manuscrits, no HS,‎ (ISSN 2275-1742, DOI 10.4000/coma.1189, lire en ligne, consulté le )
  8. Nicolas Michel, « « Les Mille et Une Bibles du sexe » : quand l’auteur malien Yambo Ouologem faisait l’amour à la langue française », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  9. Elsa Mourgues, « Yambo Ouologuem, l'écrivain prodige oublié », sur France Culture, (consulté le ).
  10. [1], sur payot.ch
  11. In Search of Yambo Ouologuem (2011, pages 44-54), cf. biblio infra.
  12. Jules Crétois, « Littérature : et si on relisait… « Le Devoir de violence » de Yambo Ouologuem ? », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  13. « Ouologuem toujours là », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  14. « Décès de Yambo Ouologuem », sur journaldumali.com, 16 octobre 2017
  15. Nicolas Michel, « Prix Goncourt 2021 : Mohamed Mbougar Sarr, la littérature et la vie », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Le jour où Eugène Ébodé a rencontré Yambo Ouologuem – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  17. « Yambo Ouologuem (auteur de Le Devoir de Violence) », sur Babelio (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Antoine Marie Zacharie Habumukiza : Le Devoir de violence de Yambo Ouologuem - Une lecture intertextuelle, Saarbrück, 2010, (ISBN 613-1-52304-5)
  • Lilyan Kesteloot, « Yambo Ouologuem », in Anthologie négro-africaine. Histoire et textes de 1918 à nos jours, EDICEF, Vanves, 2001 (nouvelle éd.), p. 447-450
  • (de) Hans-Jürgen Lüsebrink : Yambo Ouologuem, in Kritisches Lexikon zur fremdsprachigen Gegenwartsliteratur (KLG), dans Munzinger-Archiv (début d'article en libre accès)
  • (en) Gerald Moore et Ulli Beier : The Penguin Book of Modern African Poetry, (ISBN 978-0-14-118100-4)
  • (en) Richard Serrano, Against the Postcolonial: Francophone Writers at the Ends of the French Empire, Lexington Books, 2006, (ISBN 0-7391-2029-8), p. 23.
  • (en) Wole Soyinka : Poems of Black Africa, (ISBN 978-0-435-90171-4), Hill and Wang 1975.
  • (de) Nikolai Strähle : Ouloguem - Problematik Ethnologischer Wissensproduktion am Beispiel der Shrobénius-Episode, travaux d'études de l'université de Heidelberg 2010.
  • (en) Christopher Wise (en) : Yambo Ouologuem, postcolonial writer, Islamic militant, Boulder, Colorado, Lynne Publishing, 2008.
  • (en) Christopher Wise : The Yambo Ouologuem Reader, Africa Research & Publications 2008.
  • (en) Christopher Wise : In Search of Yambo Ouologuem, Vlaeberg (South Africa), Chimurenga Magazine, 2011, (ISBN 9780987029508).
  • Jean-Pierre Orban, « Livre culte, livre maudit : Histoire du Devoir de violence de Yambo Ouologuem », Continents manuscrits, no  HS, 28 mai 2018 (ISSN 2275-1742).

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • 2003 : Yambo Ouologuem, le Hogon du Yamé réalisé par Moussa Ouane (2003) Mali.
  • 2009 : Où est l'Eldorado réalisé par Jean-Frédéric de Hasque sur un club portant son nom créé par des jeunes universitaires à Bamako.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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