Brahmane

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Un brahmane (sanskrit : brāhmaṇa ; devanagari : ब्राह्मण ; lié au sacré[1]) est un membre d'une des quatre castes en Inde (varṇa), regroupant notamment les prêtres, les sacrificateurs, les professeurs et les hommes de loi – ou plus largement les enseignants du Brahman comme l'indique clairement le titre de « brâhmane »[2]. Le brahmane a pour devoir principal d'incarner le dharma, de le défendre, et de le faire respecter par les autres castes sacrées, afin de maintenir le bon ordre cosmique[2]. La caste des brahmanes représente environ 6 % de la population de l'Inde[3].

La vie du brahmane se divise en quatre stades (ashrama). Lors de son enfance, il reçoit une initiation (upanayana) qui représente une deuxième naissance, il devient alors dvija, « deux fois né »[3].

Il n'y a jamais eu de tentation politique pour les brahmanes [4].

Plus généralement, un brahmane est un homme de lettres disposant de connaissances importantes sur le monde ; il peut ainsi être appelé Pandit, qui est le titre le plus glorieux que peut avoir un brahmane du fait de sa large connaissance philosophique, scientifique ou artistique.

Époque védique

Originellement, le brahmane est un officiant du sacrifice védique. Il surveille en silence le déroulement du sacrifice alors que l´udgātar est le chanteur et que l´adhvaryu est l'officiant manuel, tous trois représentant la pensée (silencieuse), la parole (chantée) et l'action (matérielle)[5].

Upanishad

Les Upanishads indiquent que le pouvoir de la Parole védique peut transformer n'importe qui en brâhmane : un « brâhmane » de naissance, qui est né dans une famille de brâhmanes sans y conformer sa conduite, est ainsi appelé un brahmabandu, tandis qu'un « connaisseur de Brahman » est appelé un brahmavit (familiarisé avec le sens des Védas et qui y conforme sa conduite, issu ou non d'une famille de brâhmanes)[6].

Le Chandogya Upanishad (IV, 4, 9) affirme à ce titre :

« L'homme qui ne peut prouver son lignage (...) est appelé Brâhmane à cause de la vérité de sa parole. »

Lois de Manu

Le Brahmane est garant du bon ordre (dharma). Or l'épouse de Dharma personnifié est Ahimsâ[7], la non-violence, qui est selon les Lois de Manu, le devoir premier de toutes les castes hindoues. Il appartient à la classe sacerdotale de se maintenir en tant que telle uniquement par la science sacrée :

« 157. Un Brahmane ignorant est comme un éléphant en bois ou un daim en cuir ; tous trois ne portent que le nom. »

— Lois de Manu, livre 2[8].

Un brahmane, ne connaissant qu'une seule prière védique, mais qui s'évertue au contrôle de soi et à la purification intérieure, est supérieur à un brahmane connaissant tous les Véda mais qui n'est ni compatissant, ni végétarien, ni honnête. La pratique purificatrice, basée sur une science védique même menue, est plus importante qu'un savoir védique complet mentalement appris mais qu'on est incapable d'incarner :

« 118. Un Brahmane maître de ses passions, ne sût-il que la Sâvitrî, est supérieur à celui qui possédant les trois Védas n'est pas maître de ses passions, qui mange de tout et trafique de tout. »

— Lois de Manu, Livre 2[8] .

Brahmanité et puissance socio-économique

Si le statut de brâhmane est celui du « savant » cultivé dans les sciences sacrées, et par là même celui de l'homme le plus élevé dans la hiérarchie sociale selon l'hindouisme, il n'en reste pas moins que la population brahmanique est généralement pauvre : vivre au jour le jour de dons, et en faire la charité avec le surplus, est l'idéal de vie brahmanique ; d'autant plus que c'est surtout le brâhmane qui est chargé, après la naissance de son petit-fils, de devenir sadhu, ascète (ou yogi) en pèlerinage permanent sans possession ou demeure aucune [9].

L'aisance socio-économique, et le fait d'appartenir à une caste élevée, n'ont par conséquent aucun lien : vivre sans nul luxe et chichement est une caractéristique brahmanique, et on peut très bien être riche matériellement et extrêmement bas dans la hiérarchie sociale hindoue, du fait de pratiques impures et de l'absence de connaissance sacrée liée à l'hindouisme : tel était le cas des empereurs musulmans moghols, richissimes mais ne respectant ou ne cultivant aucune valeur brahmanique et, de ce fait, considérés (par les hindous) comme étant des Chandala (« mangeurs de chiens » ou hors caste) [10].

Ainsi, l'ouvrage de J. Radhakrishna Brahmins of India révèle que tous les purohits (brahmanes officiants) vivent en dessous du seuil de pauvreté en Inde [11]. L'étude de D. Narayana, Perception, poverty and health : a contribution, démontre que 53,9% de la population de caste supérieure vit en dessous du seuil de pauvreté [11]. Néanmoins, ils ne bénéficient d'aucune aide de l'Etat indien, dont la constitution oblige d'aider socialement les communautés indiennes répertoriées (dites « intouchables »), et non des individus selon leur pauvreté effective.

Références

  1. Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit (lire en ligne).
  2. a et b Hindouisme, anthropologie d'une civilisation, Madeleine Biardeau, éditions Flammarion.
  3. a et b Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, (ISBN 2-221-01258-5).
  4. Ralph Stehly, Les quatre classes
  5. Jean Haudry, La Triade pensée, parole, action, dans la tradition indo-européenne, Archè, Milan, 2009, p.69
  6. Yoga, immortalité et liberté, Mircea Eliade, éditions Payot.
  7. Mythes et dieux de l'Inde : le polythéisme hindou" Alain Danélou, éd. Flammarion.
  8. a et b Lois de manou [lire en ligne]
  9. Madeleine Biardeau, L'hindouisme, anthropologie d'une civilisation, éditions Flammarion.
  10. L'Inde, un milion de révoles, Naipaul.
  11. a et b (en) « Brahmins & Upper Caste Hindus », sur youtube.com

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