Alain Corneau

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Alain Corneau
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Alain Corneau au festival de Cannes 1990.
Nom de naissance Alain Roger Corneau
Naissance
Meung-sur-Loire
Nationalité Française France
Décès (à 67 ans)
Paris, France
Profession réalisateur, producteur, scénariste, acteur
Films notables Police Python 357
Série noire
Le Choix des armes
Fort Saganne
Tous les matins du monde
Le Deuxième Souffle

Alain Corneau, né le à Meung-sur-Loire et mort le dans le 13e arrondissement de Paris[1], est un réalisateur français de cinéma[2].

Biographie

Fils d'un vétérinaire de campagne, il grandit sur les bords de la Loire. Il fait ses études secondaires au lycée Pothier à Orléans, où en 1955-1956, son professeur d'histoire-géographie est Pierre Vidal-Naquet[3].

Attiré dès l'enfance par le cinéma grâce à son père, il se tourne un peu plus tard vers le jazz ; il apprend en autodidacte la batterie, qu'il pratiquer à Orléans au sein de diverses formations de musiciens franco-américains. Puis il décide de faire des études de cinéma et est admis à l'IDHEC[4]. Fasciné par le cinéma américain, il illustre néanmoins, dans sa carrière, un éventail de genres assez large, allant de la fresque épique avec Fort Saganne à la psychologie intimiste grâce aux Mots bleus. On retrouve fréquemment le thème de la confrontation et du départ pour un pays étranger, laissant place à une quête d'identité douloureuse[5].

Le début de sa carrière est marqué par le genre policier, mariant une construction narrative maîtrisée à une certaine noirceur du point de vue, souvent considérées comme des hommages aux roman et film noirs américains dont il reprend les archétypes mais en y creusant des psychologies. Après trois succès commerciaux estimables, il réalise un film à contrecourant de ses premières réalisations : Série noire, drame psychologique tranchant et d'un pessimisme profond, porté par une direction d'acteurs de premier ordre (Patrick Dewaere, Marie Trintignant, Myriam Boyer, Bernard Blier). L'œuvre laisse sa marque dans le cinéma français.

Il adapte ensuite un roman historique de Louis Gardel : Fort Saganne, et réalise ce qui est à l'époque le film le plus cher du cinéma français, avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve et Sophie Marceau. Il y dévoile un sens aigu du grand spectacle et de la durée, malgré des conditions de tournage difficiles dans le désert mauritanien.

Il change radicalement d'atmosphère, de lieu et d'envergure pour adapter le Nocturne indien d'Antonio Tabucchi. L'Inde, une équipe et un budget légers, un traitement intimiste et une tonalité fantasmagorique, voire onirique (rendue notamment par le travail d'Yves Angelo sur la photographie) lui permettent de se consacrer complètement à un thème déjà en filigrane dans ses films précédents : le nouveau départ, l'interrogation sur le sens de l'existence, le flou sur l'identité et les quêtes douloureuses et indélébiles pour y échapper et pour finalement se trouver.

Avec le film d'époque Tous les matins du monde, d'après un roman éponyme de Pascal Quignard, dont la musique est le vrai personnage principal, il rencontre un succès public et critique inattendu, sur un sujet quelque peu austère (l'histoire d'un violiste au XVIIe siècle) traité sans emphase, avec un Jean-Pierre Marielle au sommet de son art. Alain Corneau reçoit pour ce film le César du meilleur film et celui du meilleur réalisateur.

Alain Corneau au Festival du film français de Yokohama, le .

Il effectue une nouvelle plongée dans un monde étranger, japonais cette fois, avec son adaptation de Stupeur et tremblements de l'écrivaine belge Amélie Nothomb, dont l'héroïne semble montrer une identité plus mûre et un meilleur recul sur son environnement que les héros de ses premiers films[6].

En 2004, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le prix René-Clair décerné par l'Académie française.

En 2006, Grégory Marouzé lui consacre un documentaire, Alain Corneau, du noir au bleu, qui retrace le parcours du cinéaste, aborde sa mise en scène, ses influences et ses thèmes fondateurs.

En 2010, il se voit décerner un prix Henri-Langlois pour l’exemplarité de ses choix et de son parcours cinématographique qui a su mêler avec subtilité des films de genres très divers, où la quête initiatique du ou des héros est toujours empreinte d’une grande spiritualité mêlée d’humilité et de générosité envers l’autre.

Il meurt des suites d'un cancer du poumon, dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 août 2010[7].

Ses derniers compagnons de route du cinéma lui ont très vite rendu hommage en parlant d'« un grand homme du cinéma, un homme absolument adorable, drôle, vif, vraiment exceptionnel » (Kristin Scott Thomas) et de « quelqu’un qui est lui-même devenu un maître, un passionné incroyable » (Patrick Mille).

Le samedi 4 septembre 2010, ses proches et ses amis font leurs adieux au piano et à la viole de gambe à ce passionné de musique, inhumé dans le cimetière du Père-Lachaise (division 45) auprès de Marie Trintignant (1962-2003). La cérémonie des obsèques dans les allées du cimetière est ouverte par Jordi Savall qui joue trois pièces de Marin Marais, auquel le réalisateur a rendu hommage dans Tous les matins du monde, récompensé en 1992 par sept Césars, dont celui de la meilleure musique[8].

Vie privée

Sa compagne de longue date était l'auteur et cinéaste Nadine Trintignant. Il faisait partie de la cellule spectacle des Comités d'alliance ouvrière, proche de l'OCI (l'Organisation communiste internationaliste) avec les réalisateurs et acteurs, Bernard Murat, Alex Métayer, Andrée Tainsy, André Julien, Paulette Frantz, Nadine Trintignant, Delphine Seyrig et Dominique Labourier et dont Bertrand Tavernier était sympathisant.

Citation

Corneau réalise toute son œuvre en quête d'identité, faite d'acceptation des différences[5]. Il l'avoue :

« Ce qui me perturbe aujourd'hui, surtout dans l'environnement actuel, c'est tout ce qui est très défini, la recherche d'une soi-disant pureté personnelle, puretés de civilisations… Tout ça me panique complètement. C'est un mot qui me fait peur, car c'est un mot qui aboutit au fondamentalisme, toujours. Si on accepte les différences, tout type d'influence, le fait qu'on est fait de plein de choses, à ce moment-là on n'a plus de danger, on est prêt à accepter même des choses que l'on ne comprend pas. Une chose que je ne comprends pas, je l'accepte mille fois plus qu'une chose que je comprends[6]. »

Filmographie

Réalisateur

Longs-métrages

Courts-métrages, télévision, divers

Assistant-réalisateur

Coscénariste

Lui-même

Prix et nominations

Box-office

Films Années Drapeau de la France France [9]
France société anonyme 1974 71 243 entrées
Police Python 357 1976 1 464 582 entrées
La Menace 1977 1 346 966 entrées
Série noire 1979 890 578 entrées
Le Choix des armes 1981 1 787 299 entrées
Fort Saganne 1984 2 157 767 entrées
Le Môme 1986 665 730 entrées
Nocturne indien 1989 452 152 entrées
Tous les matins du monde 1991 2 152 966 entrées
Le Nouveau Monde 1995 155 103 entrées
Le Cousin 1997 856 606 entrées
Le Prince du Pacifique 2000 1 028 640 entrées
Stupeurs et tremblements 2002 416 303 entrées
Les Mots bleus 2005 140 854 entrées
Le Deuxième Souffle 2007 493 255 entrées
Crime d'amour 2010 479 732 entrées

Bibliographie

Notes et références

  1. Les Gens du cinéma Consulté le 30 avril 2014.
  2. « Le réalisateur Alain Corneau est mort », Le Monde, (consulté le ).
  3. Pierre Vidal-Naquet, Mémoires tome 2, Seuil/La Découverte, 1998, p. 17
  4. Aujourd'hui devenu La Fémis.
  5. a et b Hélène Combis-Schlumberger, « Alain Corneau : l’identité en quête », France culture, (consulté le ).
  6. a et b « Interview d'Alain Corneau Corneau, mars 2003 », Cinephoto.fr (consulté le ).
  7. « Le cinéaste Alain Corneau est mort », Le Parisien (consulté le ).
  8. Agence France Presse, « Les proches d'Alain Corneau lui font leurs adieux », Cyberpresse (moncinema.cyberpresse.ca), (consulté le ).
  9. Alain Corneau - Box-office France sur JP Box-office. Consulté le .

Liens externes

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