Alain Corneau
Nom de naissance | Alain Roger Corneau |
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Naissance |
Meung-sur-Loire |
Nationalité | Française |
Décès |
(à 67 ans) Paris, France |
Profession | réalisateur, producteur, scénariste, acteur |
Films notables |
Police Python 357 Série noire Le Choix des armes Fort Saganne Tous les matins du monde Le Deuxième Souffle |
Alain Corneau, né le à Meung-sur-Loire et mort le dans le 13e arrondissement de Paris[1], est un réalisateur français de cinéma[2].
Biographie
Fils d'un vétérinaire de campagne, il grandit sur les bords de la Loire. Il fait ses études secondaires au lycée Pothier à Orléans, où en 1955-1956, son professeur d'histoire-géographie est Pierre Vidal-Naquet[3].
Attiré dès l'enfance par le cinéma grâce à son père, il se tourne un peu plus tard vers le jazz ; il apprend en autodidacte la batterie, qu'il pratiquer à Orléans au sein de diverses formations de musiciens franco-américains. Puis il décide de faire des études de cinéma et est admis à l'IDHEC[4]. Fasciné par le cinéma américain, il illustre néanmoins, dans sa carrière, un éventail de genres assez large, allant de la fresque épique avec Fort Saganne à la psychologie intimiste grâce aux Mots bleus. On retrouve fréquemment le thème de la confrontation et du départ pour un pays étranger, laissant place à une quête d'identité douloureuse[5].
Le début de sa carrière est marqué par le genre policier, mariant une construction narrative maîtrisée à une certaine noirceur du point de vue, souvent considérées comme des hommages aux roman et film noirs américains dont il reprend les archétypes mais en y creusant des psychologies. Après trois succès commerciaux estimables, il réalise un film à contrecourant de ses premières réalisations : Série noire, drame psychologique tranchant et d'un pessimisme profond, porté par une direction d'acteurs de premier ordre (Patrick Dewaere, Marie Trintignant, Myriam Boyer, Bernard Blier). L'œuvre laisse sa marque dans le cinéma français.
Il adapte ensuite un roman historique de Louis Gardel : Fort Saganne, et réalise ce qui est à l'époque le film le plus cher du cinéma français, avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve et Sophie Marceau. Il y dévoile un sens aigu du grand spectacle et de la durée, malgré des conditions de tournage difficiles dans le désert mauritanien.
Il change radicalement d'atmosphère, de lieu et d'envergure pour adapter le Nocturne indien d'Antonio Tabucchi. L'Inde, une équipe et un budget légers, un traitement intimiste et une tonalité fantasmagorique, voire onirique (rendue notamment par le travail d'Yves Angelo sur la photographie) lui permettent de se consacrer complètement à un thème déjà en filigrane dans ses films précédents : le nouveau départ, l'interrogation sur le sens de l'existence, le flou sur l'identité et les quêtes douloureuses et indélébiles pour y échapper et pour finalement se trouver.
Avec le film d'époque Tous les matins du monde, d'après un roman éponyme de Pascal Quignard, dont la musique est le vrai personnage principal, il rencontre un succès public et critique inattendu, sur un sujet quelque peu austère (l'histoire d'un violiste au XVIIe siècle) traité sans emphase, avec un Jean-Pierre Marielle au sommet de son art. Alain Corneau reçoit pour ce film le César du meilleur film et celui du meilleur réalisateur.
Il effectue une nouvelle plongée dans un monde étranger, japonais cette fois, avec son adaptation de Stupeur et tremblements de l'écrivaine belge Amélie Nothomb, dont l'héroïne semble montrer une identité plus mûre et un meilleur recul sur son environnement que les héros de ses premiers films[6].
En 2004, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le prix René-Clair décerné par l'Académie française.
En 2006, Grégory Marouzé lui consacre un documentaire, Alain Corneau, du noir au bleu, qui retrace le parcours du cinéaste, aborde sa mise en scène, ses influences et ses thèmes fondateurs.
En 2010, il se voit décerner un prix Henri-Langlois pour l’exemplarité de ses choix et de son parcours cinématographique qui a su mêler avec subtilité des films de genres très divers, où la quête initiatique du ou des héros est toujours empreinte d’une grande spiritualité mêlée d’humilité et de générosité envers l’autre.
Il meurt des suites d'un cancer du poumon, dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 août 2010[7].
Ses derniers compagnons de route du cinéma lui ont très vite rendu hommage en parlant d'« un grand homme du cinéma, un homme absolument adorable, drôle, vif, vraiment exceptionnel » (Kristin Scott Thomas) et de « quelqu’un qui est lui-même devenu un maître, un passionné incroyable » (Patrick Mille).
Le samedi 4 septembre 2010, ses proches et ses amis font leurs adieux au piano et à la viole de gambe à ce passionné de musique, inhumé dans le cimetière du Père-Lachaise (division 45) auprès de Marie Trintignant (1962-2003). La cérémonie des obsèques dans les allées du cimetière est ouverte par Jordi Savall qui joue trois pièces de Marin Marais, auquel le réalisateur a rendu hommage dans Tous les matins du monde, récompensé en 1992 par sept Césars, dont celui de la meilleure musique[8].
Vie privée
Sa compagne de longue date était l'auteur et cinéaste Nadine Trintignant. Il faisait partie de la cellule spectacle des Comités d'alliance ouvrière, proche de l'OCI (l'Organisation communiste internationaliste) avec les réalisateurs et acteurs, Bernard Murat, Alex Métayer, Andrée Tainsy, André Julien, Paulette Frantz, Nadine Trintignant, Delphine Seyrig et Dominique Labourier et dont Bertrand Tavernier était sympathisant.
Citation
Corneau réalise toute son œuvre en quête d'identité, faite d'acceptation des différences[5]. Il l'avoue :
- « Ce qui me perturbe aujourd'hui, surtout dans l'environnement actuel, c'est tout ce qui est très défini, la recherche d'une soi-disant pureté personnelle, puretés de civilisations… Tout ça me panique complètement. C'est un mot qui me fait peur, car c'est un mot qui aboutit au fondamentalisme, toujours. Si on accepte les différences, tout type d'influence, le fait qu'on est fait de plein de choses, à ce moment-là on n'a plus de danger, on est prêt à accepter même des choses que l'on ne comprend pas. Une chose que je ne comprends pas, je l'accepte mille fois plus qu'une chose que je comprends[6]. »
Filmographie
Réalisateur
Longs-métrages
- 1974 : France société anonyme
- 1976 : Police Python 357
- 1977 : La Menace
- 1979 : Série noire
- 1981 : Le Choix des armes
- 1984 : Fort Saganne
- 1986 : Le Môme
- 1989 : Nocturne indien
- 1991 : Tous les matins du monde
- 1995 : Le Nouveau Monde
- 1997 : Le Cousin
- 2000 : Le Prince du Pacifique
- 2002 : Stupeur et tremblements
- 2005 : Les Mots bleus
- 2007 : Le Deuxième Souffle
- 2010 : Crime d'amour
Courts-métrages, télévision, divers
- 1969 : Le jazz est-il dans Harlem ?
- 1987 : Médecins des Hommes (série TV)
- 1991 : Contre l'oubli - segment Ali Muhammad al-Qajiji, Libye
- 1995 : Les Enfants de Lumière
- 1995 : Lumière et compagnie - segment
Assistant-réalisateur
- 1969 : Istanbul, mission impossible (Target Henry), de Roger Corman
- 1969 : Le Temps de vivre, de Bernard Paul
- 1970 : L'Aveu, de Costa-Gavras
- 1970 : Élise ou la Vraie Vie, de Michel Drach
- 1970 : Un été sauvage, de Marcel Camus
- 1970 : Le Mur de l'Atlantique, de Marcel Camus
- 1971 : Ça n'arrive qu'aux autres, de Nadine Trintignant
- 1974 : Les Deux Mémoires, de Jorge Semprún
Coscénariste
Lui-même
- 1992 : Patrick Dewaere, documentaire de Marc Esposito - Alain Corneau apparaît comme témoin
- 2006 : Alain Corneau, du noir au bleu, documentaire de Grégory Marouzé
Prix et nominations
- 1991 : prix Louis-Delluc pour Tous les matins du monde
- Césars 1992 : César du meilleur film et César du meilleur réalisateur pour Tous les matins du monde
- Césars 1998 : nomination au César du meilleur scénario original ou adaptation pour Le Cousin
- 2004 : prix René-Clair
- 2010 : prix Henri-Langlois
Box-office
Films | Années | France [9] |
---|---|---|
France société anonyme | 1974 | 71 243 entrées |
Police Python 357 | 1976 | 1 464 582 entrées |
La Menace | 1977 | 1 346 966 entrées |
Série noire | 1979 | 890 578 entrées |
Le Choix des armes | 1981 | 1 787 299 entrées |
Fort Saganne | 1984 | 2 157 767 entrées |
Le Môme | 1986 | 665 730 entrées |
Nocturne indien | 1989 | 452 152 entrées |
Tous les matins du monde | 1991 | 2 152 966 entrées |
Le Nouveau Monde | 1995 | 155 103 entrées |
Le Cousin | 1997 | 856 606 entrées |
Le Prince du Pacifique | 2000 | 1 028 640 entrées |
Stupeurs et tremblements | 2002 | 416 303 entrées |
Les Mots bleus | 2005 | 140 854 entrées |
Le Deuxième Souffle | 2007 | 493 255 entrées |
Crime d'amour | 2010 | 479 732 entrées |
Bibliographie
- Alain Corneau, Projection privée : souvenirs (préface d'Antonio Tabucchi, postface de Nadine Trintignant),
- Robert Laffont, 2007, 334 p. (ISBN 2221101480 et 9782221101483)
- Sophie Nauleau, La Main d'oublies, récit (inspiré de Tous les matins du monde),
- Galilée, 2007, 102 p. (ISBN 2718607408 et 9782718607405)
- Amélie Nothomb, Stupeur et Tremblements (grand prix du roman de l'Académie française en 1999),
- Albin Michel, 1999, 186 p. (ISBN 2226109501)
- Gallimard, Livre de poche, 2001 (ISBN 978-2253150718)
- Pascal Quignard, Tous les matins du monde,
- Gallimard, 1991 ; 1993, 116 p. (ISBN 2070387739)
- Tous les matins du monde, d'Alain Corneau, comprend : Tous les matins du monde de Pascal Quignard,
- Gallimard, collection Folio cinéma, 2009 (ISBN 978-2-07-030028-0)
- Geneviève Winter, Tous les matins du monde (étude détaillée et comparée du roman et du film; avec un entretien inédit avec Alain Corneau : De la littérature au cinéma),
- Bréal, collection Connaissance d'une œuvre, 2010, 176 p. (ISBN 2749509726 et 9782749509723)
- Tous les matins du monde, d'Alain Corneau, comprend : Tous les matins du monde de Pascal Quignard,
- Gallimard, 1991 ; 1993, 116 p. (ISBN 2070387739)
- Pascal Quignard, L'Occupation américaine (inspire à Alain Corneau le film Le Nouveau Monde, 1995),
- Seuil, 1994, (ISBN 2-020-23069-1[à vérifier : ISBN invalide])
- Louis Gardel, Fort Saganne,
- Seuil, 1980, 314 p. (ISBN 2020055309) ; 1984
- Seuil, 1997, 344 p. (ISBN 2-02-031626-9)
- François Guérif, Le Film noir américain (préface d'Alain Corneau),
- H. Veyrier, 1979, 286 p. (ISBN 2-85199-206-6)
- H. Veyrier, 1983, 302 p. (ISBN 2-85199-293-7)
- Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, Denoël, 1999, 413 p. (ISBN 2-207-24557-8)
Notes et références
- Les Gens du cinéma Consulté le 30 avril 2014.
- « Le réalisateur Alain Corneau est mort », Le Monde, (consulté le ).
- Pierre Vidal-Naquet, Mémoires tome 2, Seuil/La Découverte, 1998, p. 17
- Aujourd'hui devenu La Fémis.
- Hélène Combis-Schlumberger, « Alain Corneau : l’identité en quête », France culture, (consulté le ).
- « Interview d'Alain Corneau Corneau, mars 2003 », Cinephoto.fr (consulté le ).
- « Le cinéaste Alain Corneau est mort », Le Parisien (consulté le ).
- Agence France Presse, « Les proches d'Alain Corneau lui font leurs adieux », Cyberpresse (moncinema.cyberpresse.ca), (consulté le ).
- Alain Corneau - Box-office France sur JP Box-office. Consulté le .
Liens externes
- « Alain Corneau » (présentation), sur l'Internet Movie Database
- (fr) « Alain Corneau » (fiche bio), sur Allociné
- L'Express : Alain Corneau s’entretient avec Jordi Savall sur la musique du film Tous les matins du monde ; consulté le 17 septembre 2010
- Portrait d'Alain Corneau en vidéos sur ina.fr
- Réalisateur français
- César du meilleur réalisateur
- Prix René Clair
- Personnalité du Loiret
- Étudiant de l'Institut des hautes études cinématographiques
- Naissance en août 1943
- Naissance à Orléans
- Décès en août 2010
- Décès dans le 13e arrondissement de Paris
- Décès à 67 ans
- Mort d'un cancer du poumon
- Personnalité enterrée au cimetière du Père-Lachaise (division 45)