Projet de la Baie-James

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La centrale LG-1.
L'intérieur de la centrale Robert-Bourassa.

Le Projet de la Baie James désigne une série d'aménagements hydroélectriques d'une puissance installé dépassant 16 000 mégawatts (MW) qui ont été construits pour Hydro-Québec par la Société d'énergie de la Baie James dans le bassin versant de la Grande Rivière et de d'autres rivières du Nord-du-Québec depuis 1974.

Le bassin versant du Complexe hydroélectrique La Grande s'étend sur environ 177 000 km2, soit environ 11 % de la superficie du Québec. La construction de la première phase du projet a coûté 13,7 milliards de dollars canadiens en dollars de 1987[1].

La production électrique annuelle des 8 centrales du Complexe La Grande s’élève à environ 83 térawattheures (TWh), et représente environ 43 % de l’électricité consommée au Québec — estimée à 193 TWh en 2003[réf. nécessaire]. Les centrales du complexe La Grande ont une puissance installée de 16 021 mégawatts (MW) et ses installations fonctionnent en moyenne à 60 % de leur capacité[2]. Cette capacité de production équivaut à celle d'un pays tout entier, comme la Belgique[3].

La construction de trois nouvelles centrales entre 2003 et 2011 — Eastmain-1, Eastmain-1-A et Sarcelle — et la dérivation du cours supérieur de la rivière Rupert vers les centrales de la Grande Rivière augmentera la capacité installée du complexe à 17 389 MW et la production totale à environ 94 TWh. L'augmentation anticipée de la pluviosité de la région due au réchauffement climatique devrait augmenter cette production[2].

Situation géographique

Projet de la Baie-James, 1972-2006

La région de la Baie-James, ou Jamésie est un territoire de 350 000 km2 — équivalent à 20 % du territoire du Québec ou aux deux-tiers de la superficie de la France — bordé par les 49e et 55e parallèles de latitude Nord, par la baie James à l’ouest et la ligne de partage des eaux entre les bassins versants de la baie James et du fleuve Saint-Laurent à l'est[4]. Le relief de la région est peu prononcé et se compose de trois régions : une plaine côtière de 150 km, un plateau ondulé qui atteint une élévation maximale de 400 m[4] et les monts Otish à l'est du territoire, dont les sommets atteignent de 900 à 1 100 m[5].

Le territoire fait partie du Bouclier canadien et repose sur un socle de roches ignées et métamorphiques datant du précambrien. Le relief a été façonné par les glaciations, dont la plus récente s'est terminée il y a moins de 6 000 ans. Le retrait des glaciers a laissé plusieurs dépôts de matériaux meubles ; de la moraine, de l'argile silteux et des sables fins. Le processus normal d'érosion a ensuite façonné le réseau hydrographique actuel[4].

La séismicité naturelle du territoire est faible. Un tremblement de terre d'une magnitude de 5 à l'échelle de Richter est survenu en 1941 ; son épicentre était situé à environ 150 km de la centrale LG-3. On a cependant mesuré des épisodes de séismicité induite lors du remplissage des réservoirs. Ainsi, le remplissage du réservoir de LG-3 a provoqué des tremblements de terre dans une région située à 50 km en amont du barrage principal. Une de ces secousses a atteint une magnitude proche de 4 en 1983[6].

Le climat de la région est de type subarctique. Les hivers sont longs et durent, en moyenne, du 22 octobre au 4 mai[7]. Les étés sont courts et doux ; la température y atteint en moyenne 13,6 °C en juillet, alors qu'elle descend à –22,9 °C en janvier. La région enregistre des précipitations moyennes de 765 mm par année, dont un tiers sous forme de neige. Les plus fortes précipitations mensuelles se produisent en été et l'épaisseur de neige en hiver varie de 50 à 100 cm. Il s'agit de précipitations nettement moindres que celles enregistrées à Montréal, qui reçoit une moyenne annuelle de 1 050 mm[4] .

Historique

Exploration

La rivière La Grande, près de Radisson.

Entre 1950 et 1959, une équipe dirigée par H. M. Finlayson réalise des campagnes de relevés hydrologiques sur les rivières Nottaway, Broadback et Rupert — connues collectivement sous l'abréviation NBR —, pour le compte de la Shawinigan Water and Power Company[8]. Parmi les scénarios envisagés par les ingénieurs de la Shawinigan figurait la possibilité de détourner des eaux qui se jettent dans la baie James, vers le Saint-Maurice et le bassin hydrographique du Saint-Laurent[9].

En nationalisant la Shawinigan en 1963, l'entreprise publique Hydro-Québec devient l'employeur de Finlayson et hérite de ses études préliminaires sur le potentiel hydroélectrique des rivières de la baie James[10],[11]. Cependant, les projets de développement hydroélectrique des chutes Churchill, au Labrador, et de la rivière Manicouagan, sur la Côte-Nord, s’avérant plus faciles à réaliser à moyen terme, la société d'État ne consacre que peu de ressources au développement des rivières du Nord du Québec[12]. En 1965[13], Hydro-Québec reprend le programme d'exploration des rivières du nord et les relevés hydrographiques dans les régions situées entre les 52e et 55e parallèles. L'entreprise intensifie les travaux du côté de La Grande Rivière et de la rivière Eastmain à compter de 1967. Des dizaines, puis des centaines d'hommes se succèdent sur le terrain, déposés au milieu de la taïga en hydravions et en hélicoptères, pour effectuer des relevés géodésiques et des études géologiques qui détermineront les sites propices au développement de centrales hydroélectriques sur le territoire[14].

Mais vers la fin de l'année, Hydro-Québec doit réduire ses activités d'exploration en raison d'une réduction générale des budgets de l'entreprise. Malgré le caractère sporadique des campagnes d'exploration menées entre 1968 et 1970, Hydro-Québec poursuit le travail d'analyse, puisqu'elle dispose déjà d'un grand nombre de données montrant le potentiel de développement[15].

Le Projet du siècle

Contexte

Robert Bourassa

Le , le député Robert Bourassa rencontre le président d'Hydro-Québec, Roland Giroux. Au terme de long déjeuner au Café du Parlement[16], Bourassa devient convaincu que le projet est « une chose probable et souhaitable »[17] et utilise cet argument pour convaincre les militants du Parti libéral du Québec de l'élire comme chef de parti en . Il fait ensuite du développement hydroélectrique en général, et de la Baie-James en particulier, un des principaux thèmes de sa carrière politique. Arrivé au pouvoir à la faveur de l'élection générale de 1970, il place le développement de la Baie-James parmi ses priorités[18].

Pour Robert Bourassa, le développement du projet de la Baie James répond à deux priorités. Dans L'énergie du Nord, un essai publié en 1985, Bourassa soutient que « le développement économique du Québec repose sur la mise en valeur de ses richesses naturelles »[19]. Par ailleurs, Bourassa estimait en 1969 que la demande dépasserait l'offre par 11 000 mégawatts dès 1983, rejoignant les prévisions faites à l'époque par Hydro-Québec[20].

Six mois à peine après son élection, Bourassa commence à travailler les détails du projet avec son conseiller, le financier Paul Desrochers. Les deux hommes rencontrent secrètement Roland Giroux et Robert A. Boyd pour faire le point en . Au milieu de la crise d'Octobre, Bourassa quitte même le Québec pour se rendre à New York, pour convenir des modalités de financement d'un projet évalué à l'époque à entre 5 et 6 milliards de dollars[21].

Bourassa saisit le Conseil des ministres de son plan en mars 1971 et précise qu'il favorise l'engagement de la firme américaine d'ingénieurs Bechtel pour coordonner les travaux[21]. On choisit le , date du premier anniversaire du retour au pouvoir des libéraux, pour faire l'annonce devant un rassemblement 5 000 militants du Parti libéral du Québec au Petit Colisée de Québec[11]. Selon des journalistes témoins de la scène, son discours se termine dans un enthousiasme indescriptible, quand il lance : « Il ne sera pas dit que nous vivrons pauvrement sur une terre aussi riche »[22].

Dans une entrevue qu'il accordait au quotidien montréalais La Presse en 1979, Bourassa résume ses objectifs :

« Il faut se rappeler du contexte de l'époque. [...] Il ne s'agissait pas seulement de mettre le Québec à l'abri d'une pénurie d'énergie au début des années 80, mais aussi, de la mise en route d'un projet qui allait nous permettre de tenir la promesse que nous avions faite de créer 100 000 emplois. Et, surtout, d'offrir aux Québécois traumatisés par la crise d'octobre un nouveau sujet de fierté et d'enthousiasme collectif. Une nouvelle raison d'avoir confiance...[22] »

Lobby pro-nucléaire

Tout de suite après l'annonce, des voix s'élèvent contre le développement du projet. Depuis plusieurs années, un lobby favorisant le développement de l'énergie nucléaire est actif à l'intérieur d'Hydro-Québec, lobby qui s'était exprimé au moment de la décision d'investir dans le projet de la chute Churchill, au Labrador. Plusieurs porte-paroles du Parti québécois, notamment le député Guy Joron[23] et le conseiller économique Jacques Parizeau[24] prêtent leur voix à cette opposition. Dans une entrevue qu'il accorde au Devoir, l'économiste, qui sera plus tard premier ministre du Québec, se fait ironique. « Ce n'est pas parce qu'il y a une rivière canadienne-française et catholique qu'il faut absolument mettre un barrage dessus »[24].

Les grands patrons d'Hydro-Québec — dont le président Roland Giroux et les commissaires Yvon De Guise et Robert A. Boyd[25] — sont cependant solidement derrière le projet de développement d'un complexe hydroélectrique dans le Nord du Québec. Le financier Giroux soutient que les bailleurs de fonds internationaux « sont encore très méfiants vis-à-vis du nucléaire. Si on leur apporte un bon projet hydroélectrique, et celui de la Baie-James en est un, ils vont vite montrer où va leur préférence »[26]. L'ingénieur Boyd invoque l'incertitude qui plane déjà à cette époque sur l'énergie nucléaire, recommande de maintenir une certaine expertise dans ce domaine mais soutient qu'il faut « repousser cette échéance le plus loin possible »[26].

Bourassa reçoit un appui inattendu lors d'une rencontre avec le Président du conseil des ministres de l'URSS, Alexis Kossyguine. De passage à Montréal le , le leader soviétique donne raison au chef du gouvernement québécois :

« Tant que vous aurez des ressources électriques importantes potentiellement disponibles, efforcez-vous de les mettre en valeur plutôt que de construire des centrales nucléaires en lesquelles moi, pour ma part, je n'ai pas pleinement confiance et que nous construisons en URSS parce que nous n'avons vraiment plus de rivières valables à harnacher[27]. »

Les partisans de l'énergie nucléaire prêchaient toutefois dans le désert. « Il faut noter qu'en décembre 1969, des études avaient déjà confirmé sans l'ombre d'un doute que le développement hydroélectrique était plus économique que la filière nucléaire », dira Bourassa dans L'Énergie du Nord[25].

Rôle d'Hydro-Québec

Projet de loi 50

Le [28], le gouvernement dépose un projet de loi créant la Société de développement de la Baie James, dont le mandat initial est « de réaliser le développement intégré du territoire de la Baie ; pour se faire, elle devait se doter de filiales dans les secteurs hydraulique, minier, forestier, touristique, etc. »[29], inspiré du modèle de la Tennessee Valley Authority, créée par le président américain Franklin Delano Roosevelt durant la Grande Dépression. Dans un ouvrage qu'il publie lors de la campagne électorale de 1973, M. Bourassa écrit que la Baie James serait « pour le Québec le fer de lance de sa nouvelle économie et de la place qu'il doit occuper dans la Confédération canadienne et en Amérique du Nord »[30].

Robert Bourassa est fermement convaincu d'accorder la maîtrise d'œuvre à l'entreprise privée, réservant à Hydro-Québec un rôle minoritaire dans l'entreprise. Le premier ministre se méfie de la puissante société d'État, qui est devenue, dans les années 1960, la principale entreprise du Québec. L'historien Paul-André Linteau écrit qu'à cette époque, Hydro-Québec « prend l'allure d'un "État dans l'État" »[31].

Refusant d'être reléguée au second rang. la haute direction d'Hydro entreprend un lobby auprès des décideurs politiques et des éditorialistes. Giroux affirme que la présence de la société d'État est nécessaire pour obtenir la confiance des marchés financiers. Ses efforts portent fruit lorsque le chef de l'Union nationale, Jean-Jacques Bertrand, le péquiste Camille Laurin et le directeur du Devoir, Claude Ryan, questionnent le gouvernement sur la « nécessité de créer "une deuxième Hydro" pour développer les rivières du Nord »[32].

Au terme d'un débat houleux, l'Assemblée nationale du Québec adopte la loi 50 le , jour du 38e anniversaire de naissance du premier ministre[33]. La loi créée la Société de développement de la Baie-James (SDBJ), qui sera chargée du développement du territoire de 350 000 km2 situé entre les 49e et 55e parallèles[34]. Le premier ministre et ses conseillers, Paul Desrochers et le ministre de l'Éducation, l'ingénieur Guy Saint-Pierre, ont toutefois dû consentir à des amendements accordant une participation majoritaire d'Hydro-Québec au capital de ce qui devait être une filiale de la SDBJ chargée de développer le potentiel hydro-électrique de la Grande Rivière[32].

Bras de fer Giroux-Nadeau

Ce partage des tâches est cependant loin de satisfaire la direction d'Hydro-Québec. Dans une atmosphère d'intrigue, le premier ministre confie la présidence de la SDBJ à un administrateur du domaine de l'assurance, Pierre A. Nadeau, en septembre 1971. Roland Giroux représentera Hydro-Québec au sein du conseil d'administration de cinq membres, composé principalement de financiers[35]. Mais les choses avancement lentement. Le , la Société d'énergie de la Baie James (SEBJ) est créée et obtient la responsabilité de l'ingénierie et de la construction des ouvrages hydroélectriques eux-mêmes (centrales et barrages). Hydro-Québec sera l'actionnaire majoritaire de la société[36],[37]

La divergence entre Nadeau et Giroux porte notamment sur la gérance du projet : Nadeau souhaite confier la gérance à l'un des deux consortiums de firmes d'ingénieurs-conseils qui ont offert leurs services. Or, les offres de consortiums dirigés par Surveyer, Nenniger et Chênevert (SNC) et Asselin, Benoît, Boucher, Ducharme et Lapointe (ABBDL) laissent peu de place à Hydro-Québec. Par la voix de Boyd, Hydro-Québec soutient qu'elle doit conserver la maîtrise d'œuvre et qu'elle s'associera à des entreprises qui ont de l'expérience dans la gestion de chantiers majeurs[38], comme l'américaine Bechtel, dont le travail a été apprécié dans le cadre de la construction du projet des chutes Churchill.

La guerre larvée pour le contrôle du projet conduira au départ du président de la SDBJ et à l'arrivée de l'ingénieur Robert Boyd d'Hydro-Québec à la présidence de la SEBJ, au cours de l'été 1972[39]. La victoire d'Hydro-Québec sera totale : elle souscrit 700 millions de dollars au capital de la SEBJ et le gouvernement amende la loi constitutive de la société pour limiter le capital souscrit à ce montant, ce qui rend la SEBJ une filiale à propriété exclusive d'Hydro-Québec[40].

Configuration du complexe

Choix du site

Site du barrage La Grande-II. L'évacuateur de crue, vu de côté, est au centre de l'image. Le barrage est situé à droite.

Reste à prendre la décision de choisir la rivière qui sera développée en premier : NBR ou La Grande. En , Hydro-Québec confie à deux firmes d'ingénieurs, Rousseau, Sauvé, Warren (RSW) et Asselin, Benoît, Boucher, Ducharme et Lapointe (ABBDL) le mandat de proposer une solution. Six mois plus tard, c'est l'impasse. Bien que les deux rapports concurrents concluent à la faisabilité des deux projets, ils ne s'entendent pas sur lequel est préférable. Sous l'impulsion de l'ingénieur François Rousseau, RSW propose La Grande et ABBDL se prononce en faveur des rivières plus au sud. De nouvelles études réalisées en 1971 écarteront toutefois le projet NBR, en raison de la nature des sols argileux de cette région qui posaient des difficultés techniques[41].

Le choix de la rivière La Grande est annoncé en . Il comprend la construction de quatre centrales sur la Grande Rivière et la dérivation des rivières Caniapiscau, Opinaca et Eastmain vers le bassin versant de la Grande Rivière, doublant ainsi son débit à l’embouchure[42].

Des études d'optimisation précisent le schéma d'aménagement en janvier 1974. Le projet, tel que défini à l'époque, comprend un bassin versant total de 177 430 km2 et comprend quatre centrales d'une puissance totale de 10 190 MW et produira 67,8 TWh d'énergie à un facteur d'utilisation prévu de 80 %[43].

Configuration définitive

Au cours des années suivantes, certaines considérations modifieront la configuration du complexe. Ainsi, Hydro-Québec constate que les besoins en puissance croissent plus rapidement que les besoins en énergie, ce qui amènera le promoteur à modifier ses plans pour relever la cote de LG-3 et construire le suréquipement de LG-3 et LG-4 dès la phase initiale[44]. L'emplacement choisi pour la centrale La Grande 1 sera également déplacé du kilomètre 71 au kilomètre 37, en raison de contraintes environnementales et on envisage le développement ultérieur du potentiel du réservoir Caniapiscau, où pourraient être construites deux centrales supplémentaires[44].

La configuration du projet prend sa forme définitive à compter de 1978. C'est à cette date que le complexe est scindé en deux phases : une première phase avec trois centrales seulement. La construction d'une seconde phase, dont la réalisation dépendra des besoins futurs d'Hydro-Québec, comprend le suréquipement de LG-2, LG-1, deux centrales sur la rivière Laforge, une autre à l'embouchure du réservoir Caniapiscau et une dernière sur la rivière Eastmain, en amont du détournement[44].

Opposition des Cris

Tipi d'écorce de la Baie-James.

Bien que les Cris du Québec utilisaient la région pour la chasse, la pêche et le piégeage, aucune route d'accès permanente n’existait avant 1971 ; les voies d'accès existantes prenaient fin à Matagami et à Chibougamau. L’opposition initiale au projet était vive chez les 5 000 Cris de la Baie-James, les 3 500 Inuits du Nord du Québec et certains groupes de conservation de la nature[Qui ?] qui affirmaient que le gouvernement du Québec n’avait pas respecté son engagement de 1912 de s’entendre gré à gré avec les autochtones de la région et que le projet hydroélectrique détruirait leurs territoires traditionnels de chasse, de pêche et de piégeage. De plus, les Cris et les Inuits n’avaient pas été informés de la nature du projet avant le début des travaux de construction de la route de la Baie-James, à l'été de 1971[45].

Après des négociations difficiles, ponctuées de plusieurs requêtes devant les tribunaux, les gouvernements du Canada et du Québec et les représentants des Cris et des Inuits du Québec se sont entendus en sur la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. La Convention accordait aux Cris et aux Inuits des droits exclusifs de chasse et de pêche sur des territoires d’une superficie totale d’environ 170 000 km2 ainsi que des compensations financières à court et à moyen termes d’environ 225 millions CAD. En contrepartie, le gouvernement du Québec obtenait le droit de développer les ressources hydrauliques, minérales et forestières du Nord du Québec. La future centrale La Grande-1 devait aussi être construite plus loin que prévu du village cri de Fort George[46].

La Convention prévoyait aussi un suivi environnemental très serré de tous les aspects du projet, allant de la construction des réservoirs et des routes à l'installation des lignes de transmission à haute tension, et prévoyait la mise sur pied d’un processus d’évaluation environnementale pour tout futur projet dans la région. La convention précise, toutefois, que les Cris et les Inuits ne sauront s’opposer à un futur projet hydroélectrique en raison de ses impacts sociaux[46].

Prévisions des coûts

Changements à la prévision des coûts du Complexe La Grande, phase 1[47]
Estimation de 1972 Estimation de 1974 Estimation de base (1976) Estimation La Grande Phase 1 (1978) Estimation La Grande Phase 1 (1981) Coût Final (1987)
Puissance installée 8 330 MW 10 340 MW 10 190 MW 10 282 MW 10 282 MW 10 282 MW
Production annuelle 58,0 TWh 59,0 TWh 67,8 TWh 62,2 TWh 62,2 TWh 62,2 TWh
Mise en service 1980-1984 1980-1985 1980-1985 1979-1985 1979-1985 1979-1985
Aménagements hydroélectriques (en milliards CAD) 4,3 8,7 12,0 11,3 10,8 10,6
Réseau de transport (en milliards CAD) 1,5 3,2 4,1 3,8 3,8 3,1
Coûts totaux (en milliards CAD) 5,8 11,9 16,1 15,1 14,6 13,7
Paramètres des prévisions
Période 1972-1985 1974-1985 1977-1985 1978-1985 1982-1985 1982-1985
Taux d'inflation 4,0 % 7,0 % 8,0 % 8,4 % 9,7 %
Taux d'intérêt 8,0 % 10,0 % 10,0 % 10,0 % 13,0 % 13,0 %

Phase I

L'évacuateur de crues du barrage Robert-Bourassa (anciennement La Grande-II)
Transformateur du Complexe La Grande.

Étant donné que des évaluations environnementales n’étaient pas requises en droit québécois à cette époque, la construction d'une route de 620 km du sud vers les rivières de la baie James a débuté dès 1971. La route en gravier a été complétée en au coût total d’environ 400 millions de dollars canadiens. Elle a été asphaltée en 1975-1976. En 1973 et 1974, un chemin de glace temporaire a été employé pour transporter l’équipement lourd nécessaire à la construction des 13 ponts principaux traversant les rivières de la région.[48]

La construction de la première phase du complexe hydroélectrique comme tel couvre une période de 12 ans. Elle dure de mai 1973 à décembre 1985[1]. Cette phase comprend la construction de trois centrales et de deux séries de détournements de rivières, celui des rivières Eastmain et Opinaca au sud et celui de la rivière Caniapiscau à l'est. Le bassin aménagé couvre une superficie totale de 175 295 km2[1].

En 1986, la construction des principaux ouvrages était entièrement achevée, pour une capacité installée totale de 10 800 mégawatts fournis par cinq réservoirs d’une superficie totale de 11 300 km2. La dérivation des rivières Eastmain et Caniapiscau a ajouté environ 1 600 m3/s à parts égales à la Grande Rivière. Il a fallu construire environ 300 digues et barrages secondaires pour diriger la rivière augmentée.[49]

Les centrales de cette première phase du projet de la Baie-James produisent annuellement environ 65 TWh d’électricité et fonctionnent à environ 60% de leur capacité maximale. L’électricité est acheminée vers le Québec méridional par cinq lignes de transmission de 735 kilovolts et une ligne de 450 kilovolts en courant continu branchée directement au réseau de transmission américain. Pour ce faire, un réseau de 12 500 pylônes reliés par 60 000 km de fils conducteurs fut érigé. Ces pylônes, d'une hauteur moyenne de 60 mètres, furent modifiés à la fin des années 1990 suite à la Crise du verglas de l'hiver 1998. Prévus initialement pour une capacité d'accumulation de 45 mm de verglas, celle-ci aurait été augmentée à 65 mm. De plus, afin d'éviter les effondrements en cascade, un pylône plus résistant aurait été installé à chaque série de 10 pylônes[50]. Cependant, la société d'État demeure vague quant à l'application de ces améliorations[51].

Les centrales

La Centrale Robert-Bourassa, anciennement La Grande-2 (LG2), fut la première centrale achevée du complexe. Après six ans de travaux, elle a été inaugurée en , six mois avant l'échéance prévue. Les dimensions de sa centrale souterraine (483 mètres de long, 22 mètres de large et 45 mètres de haut) en font la plus grande du monde.[49].

L'inauguration de LG2 fut suivie par celle de LG3 en et celle de LG4 au début de 1984[52],[53].

La Centrale La Grande-4 a une puissance installée de 2 779 MW.

Le détournement EOL

Le détournement Eastmain-Opinaca-La Grande (EOL) désigne une série d'ouvrages nécessaires au détournement de la rivière Eastmain et de ses deux principaux affluents, les rivières Opinaca et Petite Opinaca et leur dérivation vers le bassin versant de La Grande Rivière. L'élément clé de ce complexe est la création d'un réservoir de 1 040 km2 à partir du lac Opinaca afin de l'élever pour qu'il se déverse naturellement dans le bassin de La Grande Rivière, dont la ligne de partage des eaux est adjacente[54].

La création du réservoir Opinaca a nécessité la construction de 11 barrages en enrochement, de deux évacuateurs de crue sur les rivières Eastmain et Opinaca et de l'ouvrage régulateur La Sarcelle. Cet aménagement sert de verrou contrôlant le dispositif de transfert des eaux d'un bassin versant à l'autre[54].

L'eau détournée du bassin hydrographique de l'Eastmain suit ensuite un réseau d'écoulement formé du lac Boyd, de la rivière Boyd, du lac Sakami et de la rivière Sakami, sur une distance de 135 km entre l'ouvrage régulateur de La Sarcelle et l'embouchure de la rivière Sakami, qui se jette dans le réservoir Robert-Bourassa, à 90 km en amont de la centrale du même nom[54].

Relations de travail

Les nombreux chantiers créés par le projet de la Baie-James furent fréquentés par près de 185 000 travailleurs dont 18 000 au plus fort des travaux. Les conditions de travail, au début précaires, furent grandement améliorées par les infrastructures construites par la SDBJ. Seulement à Radisson, on construisit une cafétéria pouvant servir 6 000 repas en 1 h 30[12].

Ayant appris à leur dépend les difficultés des relations de travail sur les grands chantiers et les risques de retards associés à des mouvements de grève coûteux, les dirigeants d'Hydro-Québec cherchent des moyens afin de pacifier la vie de chantier à la Baie James. Les dirigeants d'Hydro-Québec espèrent signer qu'un petit nombre de « conventions collectives de chantier » qui prévoient un mécanisme d'indexation des salaires sur une une durée de dix ans en échange d'une « paix syndicale ». Des pourparlers s'amorcent en 1972 entre des représentants du gouvernement, d'Hydro-Québec et de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), le syndicat qui représente la majorité des travailleurs du chantier[55].

Les négociations deviennent plus difficiles en 1973, lorsque la FTQ demande l'exclusivité de l'embauche par la création de bureaux de placement gérés par le syndicat. Hydro-Québec, qui embauche par le biais des bureaux de placement du gouvernement du Québec, ne peut accepter cette concession. Les deux parties se rencontrent une dernière fois le . Les pourparlers, auxquels assiste pour la première fois le président de la FTQ, Louis Laberge, marquent l'échec du processus, le syndicat informant le gouvernement qu'il refuse de signer un contrat à long terme ou de renoncer à son droit de grève[55].

Saccage de la Baie-James

Le , de fortes luttes entre travailleurs, engendrées par le maraudage syndical entre des membres de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), ont dégénéré en ce qui est désormais connu comme étant le « saccage de la Baie-James ». Des ouvriers saccagent et mettent à feu le campement de LG2 ainsi qu'un réservoir de carburant. Ils détruisent également une génératrice[56]. Les travailleurs sont évacués et réintègrent le chantier 55 jours plus tard, le 9 mai. Au total, les coûts directs et indirects du saccage de la Baie-James s'élèveraient à une trentaine de millions de dollars.[49]

Ces événements ont joué un rôle primordial dans la décision du gouvernement provincial de l'époque d'instituer, une semaine après les événements[57], une commission chargée d'enquêter sur la liberté syndicale dans les chantiers de construction. La commission Cliche[58] révélera au grand jour plusieurs pratiques syndicales indésirables, pointant particulièrement du doigt la FTQ et le Conseil des métiers de la construction dont le directeur général, André Desjardins, devra démissionner.[59].

Le rapport de la Commission Cliche n'a pas pour autant fait cesser les relations de travail houleuses qui ont caractérisé le chantier de la phase I, qui a été marqué par cinq autres conflits de travail, entre 1975 et 1980[60] :

  •  : Grève de 90 policiers de la municipalité de la Baie-James — 31 jours
  •  : Grève de 3 000 travailleurs de la construction — 20 jours
  •  : Grève des 180 gardiens de la municipalité de la Baie-James — 103 jours
  •  : Grève de 700 inspecteurs — 70 jours
  •  : Grève de 1 100 employés de cuisine et de cafétéria — 30 jours

Phase II

Projet La Grande I

La deuxième phase du projet s’étend jusqu’en 1996 et comprend la construction de cinq centrales additionnelles sur la Grande Rivière et ses affluents (La Grande-1, La Grande-2 A, Laforge-1, Laforge-2 et Brisay) d’une capacité installée de 5 200 mégawatts. Trois nouveaux réservoirs d’une superficie totale de 1 600 km2 sont aussi créés, dont le réservoir Laforge-1 d'une superficie de 1 288 km2.[2]

Les centrales de cette deuxième phase du projet produisent environ 18,3 TWh d’électricité annuellement et fonctionnent à 60% ou 70% de leur capacité maximale. À la fin de cette deuxième phase du projet de la Baie-James, la capacité installée de l'ensemble du Complexe La Grande est portée à 16 021 mégawatts et la production annuelle moyenne à environ 83 TWh.[2]

Le projet Grande-Baleine

Pendant la construction de la deuxième phase du projet de la Baie-James, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec ont annoncé leur intention de procéder avec la construction du Complexe Grande-Baleine, centré sur la Grande rivière de la Baleine, la Petite rivière de la Baleine et la rivière Coast, dans le Nunavik, au nord de la région de la Baie-James. Prévu nommément dans la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975, le Complexe Grande-Baleine comprend l’aménagement de trois centrales sur la Grande rivière de la Baleine, qui a une dénivellation de 400 m sur une distance de 370 km, la dérivation des eaux de la Petite rivière de la Baleine et de la rivière Coast vers le bassin versant de la Grande rivière de la Baleine et la création de quatre réservoirs hydrauliques. Les deux bassins versants ont une superficie totale de 59 000 km2, dont 20 % est couverte d'eau douce. La création des réservoirs, y compris le rehaussement du niveau du lac Bienville, aurait inondé environ 1 667 km2 de territoire, soit 3 % de la superficie des deux bassins versants[46].

Les chasseurs et pêcheurs cris et inuits des villages jumelés de Whapmagoostui et de Kuujjuarapik, à l'embouchure de la Grande rivière de la Baleine, auraient perdus certains territoires de chasse limitrophes, mais l’ouverture de nouvelles routes aurait facilité l’accès aux zones de chasse de l’intérieur et leur aurait permis de mieux répartir leurs activités de chasse et de pêche sur l’ensemble du territoire. En 1993, environ 30 % de l’approvisionnement en nourriture des habitants de la région provenaient encore de la chasse et de la pêche.

Avec une puissance installée de 3 210 mégawatts, les trois centrales du Complexe Grande-Baleine auraient produit 16,2 TWh d’énergie annuellement, dont 11,1 TWh à la centrale Grande-Baleine-1 à quelque 40 km des villages de Whapmagoostui et de Kuujjuarapik. Le coût total des études préliminaires et des études d’impact environnemental réalisées par Hydro-Québec et ses filiales s’élevait à plus de 250 millions de dollars canadiens.

Nouveau conflit avec les Cris

Les Cris de la Baie-James, qui étaient toujours en train d’assimiler les changements culturels et économiques massifs associés à l’ouverture de la route de la Baie-James en 1974, s'inquiétaient de l’impact du prolongement de la route de Radisson vers le village de Whapmagoostui et de la reprise des grands chantiers de construction dans la région. Dès le début des années 1980, le débit naturel de la Grande Rivière et des rivières Eastmain, Opinica et Caniapiscau avait subi des changements importants et environ 4 % des territoires traditionnels de chasse des Cris avaient été inondés par les réservoirs, dont 10 % des territoires des chasseurs du village de Chisasibi. Au même moment, l’accès aux territoires éloignés de la région du réservoir Caniapiscau et de la frontière du Labrador, était grandement facilité par l'ouverture de la route de la Baie-James, la création des grands réservoirs, et l'utilisation de plus en plus intensive de motoneiges et d'avions de brousse par les chasseurs cris.

Les Cris de la Baie-James, dont les Cris de Whapmagoostui, et les Inuits du village de Kuujjuarapik se sont opposés avec fermeté à ce nouveau projet, craignant l'impact sur leurs communautés et sur l'environnement. Le Grand Conseil des Cris, dirigé par Matthew Coon Come, a intenté plusieurs recours contre Hydro-Québec, au Québec, au Canada et dans plusieurs états américains, afin d'arrêter le projet ou de faire stopper les exportations d'électricité québécoise vers les États-Unis. Ces poursuites devant l'Office national de l'énergie, la Cour supérieure du Québec et la Cour suprême du Vermont ont été déboutées[61],[62].

Parallèlement à l'action judiciaire, les dirigeants cris lancent une campagne de relations publiques agressive, attaquant le projet Grande-Baleine, Hydro-Québec et le Québec en général. Ils trouvent des alliés parmi les grands groupes écologistes américains dont Greenpeace, Audubon et le Natural Resources Defense Council (NRDC), auquel participe le fils de l'ancien ministre de la Justice américain Robert F. Kennedy Jr.

Particulièrement actif, le NRDC utilise le projet de Grande-Baleine pour lever des fonds auprès de ses membres et sympathisants en accusant Hydro-Québec, et par extension le gouvernement du Québec, de xénophobie, d'« armageddon écologique »[63] et d'empoisonnement délibéré des Cris au mercure[64].

De son côté, l'organisme canadien Probe international a été accusé par le Tribunal international de l'eau d'Amsterdam d'avoir déformé un jugement en date du qui émettait des réserves par rapport au projet Grande-Baleine, dans le but de noircir la réputation d'Hydro-Québec[65].

Annulation du projet

La campagne des Cris et de ses alliés canadiens et américains, menée tambour battant aux États-Unis et en Europe, exaspère même les groupes écologistes québécois plus nuancés à l'égard du projet. Ils dénoncent les « grossièretés » du NRDC[63], les considérant comme de l'« impérialisme environnemental », selon l'environnementaliste David Cliche[66].

Matthew Coon-Come a admis au cours d'une conférence publique en mars 1994 qu'Hydro-Québec constituait un « problème mineur » et que sa véritable inquiétude était plutôt liée au statut politique des communautés autochtones. « Je veux un véritable partenariat, pas juste un contrat avec Hydro-Québec. Nous voulons vivre de nos ressources naturelles et pas de la charité des gouvernements », une opinion partagée par le président d'Hydro-Québec, Armand Couture[67].

Les Cris et leurs alliés américains réussiront à forcer la New York Power Authority à annuler un contrat de 5 milliards $ US qu'elle avait signé en 1990 avec Hydro-Québec. Le contrat prévoyait la livraison ferme de 800 mégawatts d'électricité à cet état américain entre 1999 et 2018[68].

Deux mois après l'élection de 1994, le nouveau premier ministre, Jacques Parizeau, annonce, le que son gouvernement suspend le projet de Grande-Baleine, affirmant qu'il n'est pas nécessaire pour répondre aux besoins énergétiques du Québec[69].

Rivières Eastmain et Rupert

La rivière Eastmain, en décembre 2005.

Eastmain-1

Le , le premier ministre du Québec, Bernard Landry, et le Grand Conseil des Cris, alors dirigé par le Grand Chef Ted Moses, ont signé un accord historique, la « Paix des Braves », afin de jeter les bases d’une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris de la Baie-James. L’accord prévoit la construction du dernier volet du projet original de la Baie-James, à savoir la construction d’une centrale hydroélectrique sur le cours supérieur de la rivière Eastmain, avec une capacité installée de 480 mégawatts, et d’un réservoir d’une superficie de 600 km2 (centrale Eastmain-1 et réservoir Eastmain)[70].

Le projet Eastmain-1, faisant partie intégrale du projet de la Baie-James de 1975, n'est assujetti à aucune évaluation environnementale supplémentaire. Lancée en 2003, la centrale est en service complet depuis avril 2007 et produit 2,7 TWh d'énergie annuellement[71].

Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert

Le , les travaux de construction des centrales hydroélectriques Eastmain-1-A et Sarcelle ainsi que les ouvrages nécessaires à la dérivation du cours supérieur de la rivière Rupert ont été officiellement lancés lors d'une annonce à laquelle participaient le premier ministre du Québec, Jean Charest, le Président-directeur général d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, et le Grand chef des Cris du Québec, Matthew Muskash. Le projet nécessitera un investissement d'environ 5 milliards de dollars canadiens entre 2007 et 2012. Ce projet prévoit la dérivation d'environ 50 % du débit de la rivière Rupert (et 70 % au point de la dérivation) vers le nouveau réservoir Eastmain et le Complexe La Grande, ainsi que la construction de deux nouvelles centrales, Eastmain-1 A et Sarcelle, avec une capacité installée de 888 mégawatts. Des terres d'une superficie de 346 km2 seront inondées par le nouveau bief reliant le bassin versant de la rivière Rupert au réservoir Eastmain. Ces deux centrales produiront environ 3,2 TWh d'énergie annuellement et les centrales existantes de la Grande Rivière (Robert-Bourassa, La Grande-2 A et La Grande-1) augmenteront leur production d'environ 5,3 TWh, pour un gain net de 8,5 TWh.[72]

La dérivation de la rivière Rupert a été autorisée par les gouvernements du Québec et du Canada à la fin de 2006 malgré l'opposition de certains Cris des communautés affectées (Waskaganish, Nemaska et Chisasibi) et de plusieurs groupes écologistes du sud du Québec. Les évaluations environnementales du projet de dérivation de la rivière Rupert, menées conjointement par les gouvernements du Québec et du Canada et des représentants du Grand Conseil des Cris du Québec, furent complétées en 2006. Les deux rapports d'évaluation étaient favorables au projet de dérivation. Les gouvernements du Québec et du Canada ont aussitôt donné leur aval à la réalisation du projet de dérivation de la rivière Rupert vers le Complexe La Grande.

Le projet hydroélectrique a été rendu possible en 2004 a mis fin à tous les litiges qui opposaient le Grand Conseil des Cris et le gouvernement du Québec au sujet du développement du territoire de la Baie-James et a ouvert la voie à une évaluation environnementale conjointe du projet de la rivière Rupert. Le Grand Chef des Cris du Québec, Matthew Muskash, élu en 2005, s'est opposé par le passé au projet de dérivation de la rivière Rupert[73].

Le projet de la dérivation de la rivière Rupert est le troisième projet proposé par Hydro-Québec pour la rivière Rupert. Le Complexe NBR envisagé au début des années 1970 par les ingénieurs d'Hydro-Québec pour les rivières Nottaway, Broadback et Rupert, et prévu à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975, comprenait la construction d'une dizaine de centrales hydroélectriques d'une puissance installée d'environ 8 000 mégawatts et une production annuelle de 53 TWh. Neuf barrages étaient alors prévus sur la rivière Rupert, dont la première à moins de 5 km du village de Waskaganish, ainsi que la dérivation des eaux de la rivière Eastmain vers la rivière Rupert, au sud. Même le lac Mistassini, le plus grand lac naturel du Québec et la source de la rivière Rupert, aurait été transformé en réservoir avec un marnage d'environ 11 mètres. Bien que cette zone était plus facile d'accès que celle de la Grande Rivière, le projet avait été reporté suite aux études géologiques du terrain qui révélaient un sol d'argile sensible, type de matériau difficile à manipuler lors de constructions de l'envergure des barrages hydroélectriques.[49] En 1990, Hydro-Québec a proposé une variante du Complexe NBR axée sur la construction d'une série de sept barrages sur la rivière Broadback et de deux barrages sur le cours supérieur du Rupert, avec une production annuelle de 45 TWh d'électricité; entre-temps, le cours supérieur de la rivière Eastmain avait été détourné vers la Grande Rivière). Chacun des projets de 1975 et 1990 prévoyait la création de nouveaux réservoirs qui aurait entraîné l'inondation d'environ 4 500 km2 de terres. La réalisation du « Complexe NBR » sera donc écartée définitivement par la dérivation du cours supérieur de la rivière Rupert vers le Complexe La Grande.

Impact environnemental

Réservoir de la Centrale Robert-Bourassa (LG2).

La construction du Complexe hydroélectrique La Grande comprenait la dérivation des rivières Caniapiscau, Opinica et Eastmain vers le bassin versant de la Grande Rivière et l’inondation d’environ 11 000 km2 de forêt boréale. Le débit de la rivière Eastmain à son embouchure a été réduit de 90 %, près du village cri d'Eastmain, celui de la Caniapiscau de 45 % à sa confluence avec le fleuve Koksoak, et celui du Koksoak de 35 % à son embouchure près du village nordique de Kuujjuaq. Le débit de la Grande Rivière, par contre, a été doublé, passant de 1 700 m³/s à 3 400 m³/s sur une base annuelle (et de 500 m³/s à 5 000 m³/s pendant l’hiver), près du village cri de Chisasibi, à l’embouchure de la Grande Rivière.

L'activité bactérienne intense dans les années suivant la création des nouveaux réservoirs, qui dure habituellement de 20 à 30 ans en région boréale[74], convertit une partie du mercure présent dans la terre et les matières organiques submergées en méthylmercure (CH3Hg). Sous cette forme, le mercure est neurotoxique et s'accumule dans la chaîne alimentaire aquatique, notamment dans des espèces de poissons piscivores, tels que le grand brochet, le touladi et le doré jaune. Une partie du mercure qui se trouve dans tous les lacs, rivières et réservoirs du Nord québécois provient des émissions polluantes des centrales thermiques fonctionnant au charbon des pays industrialisés, notamment les États-Unis et le Canada.

Après la découverte de la présence de mercure à des niveaux élevés dans le sang des Cris de la région de la Baie-James, avant même la création des réservoirs sur la Grande Rivière, les autorités de santé locales ont dressé des consignes particulières concernant la consommation du poisson. Bien que la consommation du poisson sauvage est encore fortement recommandée par les autorités sanitaires, en raison de sa grande valeur nutritive, la capture de poissons à certains endroits spécifiques des nouveaux réservoirs est, pour l'instant, déconseillée et la consommation du poisson prédateur (ou piscivore) devrait être restreinte, surtout chez les femmes enceintes. Lors de certaines études de suivi, seuls quelques habitants du village cri de Whapmagoostui – qui mangent du poisson provenant des rivières vierges du Nunavik – affichaient encore un taux élevé de mercure. En 2005, le milieu aquatique des réservoirs du Complexe La Grande, dont l’âge moyen atteint 18 ans en 2005, ressemble de plus en plus à celui des lacs naturels de la région.

Les environnementalistes craignaient à l’origine que le projet de la Baie-James aurait un impact important sur les oiseaux migratoires; or, les réservoirs hydrauliques n’ont submergé que 1 % des zones utilisées par les oiseaux et leur population est demeurée stable depuis plus de 30 ans. De plus, le panache d’eau douce au large de l’embouchure de la Grande Rivière, qui est nettement plus grand en période hivernale, semble ne pas avoir d’impact significatif sur la vie aquatique et faunique de la région. De toute évidence, le réchauffement planétaire semble avoir un impact plus important dans cet environnement nordique que le changement du régime hydraulique de la Grande Rivière, empêchant par exemple la formation des banquises au large des côtes dont dépend les phoques, près des villages de Whapmagoostui et de Kuujjuarapik à l'embouchure de la Grande rivière de la Baleine.

Faune

Caribou

Lors de la construction et le remplissage du réservoir Caniapiscau de 1981 à 1984, des variations importantes du débit de la Caniapiscau auraient contribué à la noyade de 10 000 caribous, soit environ 1,5 % du troupeau de la rivière George, en septembre 1984[49]. L'événement a été fortement médiatisé et a soulevé plusieurs questions sur l'impact du projet de la Baie-James sur les populations animales.

La SEBJ, Hydro-Québec et le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ont réalisé, à partir des années 1970, des inventaires et des études de comportement du caribou sur le territoire concerné par le projet[75]. Selon ces études, dont les résultats ont été présentés en avril 1992 lors d'un colloque tenu à Sherbrooke dans le cadre du 59e congrès de l'Association francophone pour le savoir, les effets de la construction du complexe La Grande sur les populations de caribous sont négligeables.

En 2008-2009, le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF) a enregistré une prise de 16 830 caribous pour la province[76].

Gaz à effet de serre

Réservoir de LG2.

Dans le sillage de la conférence de Kyoto sur les changements climatiques de 1997, s’est élevé un débat sur les émissions de gaz à effet de serre produites par les grands réservoirs hydrauliques, notamment à cause de la production de méthane par l’activité biotique du milieu aquatique. Toutefois, les émissions de gaz à effet de serre des grands réservoirs en région boréale représentent de 1 à 4 pour cent des émissions associées aux centrales thermiques fonctionnant au charbon et de 2 à 8 pour cent des émissions d'une centrale à cycle combiné fonctionnant au gaz naturel.

Finalement, les exportations d'électricité québécoise de 1989 à 1996, pendant la période où le Québec avait d'importants surplus d'électricité, ont eu pour effet d'éviter des émissions de gaz à effet de serre dans les centrales au charbon et au pétrole en Ontario, dans l'État de New York et dans les États de la Nouvelle-Angleterre, soit quelque 87 millions de tonnes équivalents de CO2.

Impact social

Populations amérindiennes

Territoire visé par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975

Le projet de la Baie-James a entraîné des changements importants dans le mode de vie des Cris de la Baie-James, surtout chez les habitants des villages de Chisasibi et d'Eastmain, qui se trouvent en aval des aménagements hydroélectriques.

En novembre 1975, la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois représente un point tournant dans l’histoire des relations entre les Québécois d’origine européenne, établis dans la vallée du fleuve Saint-Laurent, et les Nations autochtones du Québec[46]. Au moment où la chasse, la pêche et le piégeage étaient en déclin dans les villages cris de la région, à la fin des années 1960, le projet de la Baie-James a fourni aux Cris les ressources financières et matérielles pour affronter les conséquences environnementales et sociales du projet et pour prendre en main le développement économique futur de leurs communautés en créant, par exemple, des entreprises de construction et de transport (Air Creebec). De 1975 à 1999, les Cris ont reçu des indemnités totalisant 450 millions de dollars (canadiens courants) et des contrats d'une valeur de 215 millions de dollars, tandis que les Inuits ont reçu des indemnités de 140 millions de dollars et des contrats d'une valeur de 120 millions de dollars.

Le projet de la Baie-James a aussi permis aux Cris de forger une identité collective et de créer des institutions politiques et sociales collectives, dont le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) en 1974. La Convention de 1975 a aussi créé des structures administratives et politiques pour les affaires locales, le développement économique, les écoles et les services de la santé, pour la plupart sous le contrôle de nouvelles institutions politiques régionales, l'Administration régionale crie dans la région de la Baie-James et l’Administration régionale Kativik au Nunavik[46].

Cris de Chisasibi.

L’impact social du projet de la Baie-James lui-même demeure modeste par rapport à l'impact des contacts de plus en plus fréquents entre les communautés cries du Nord et les forces sociales et économiques du Québec francophone. L'impact principal découle de l’ouverture en 1974 de la route liant la ville de Matagami au nouveau centre administratif de Radisson, près de la centrale Robert-Bourassa (La Grande-2) et du village cri de Chisasibi. Pendant la période de pointe de la construction de la première phase du Complexe La Grande, vers la fin des années 1970, Radisson avait une population de 2 500 habitants[12], soit plusieurs fois supérieure[Combien ?] à celle de Chisasibi.

Néanmoins, les communautés cries encore isolées de la région de Baie-James ont milité en faveur de la construction de nouvelles routes afin de lier les villages de Wemindji, d’Eastmain et de Waskaganish à la route de la Baie-James, à environ 200 km à l’est. Ces dernières routes d’accès, ouvertes entre 1995 et 2001, ont facilité l’accès aux territoires de chasse et encouragé les échanges commerciaux et sociaux avec les villes du sud (Matagami et les villes d’Abitibi-Témiscamingue). Une route distincte relie aussi la route de la Baie-James à Chibougamau, via le village de Nemaska. La construction de ces nouvelles routes était généralement confiée aux entreprises cries de la région.

Le projet de la Baie-James a entraîné la construction de 2 000 km de route, 6 aéroports et 7 villages[12]. Ces infrastructures ont entraîné une réduction subite des coûts associés au transport et ont ainsi ouvert la région de la Baie-James à l’exploration minérale et à l’exploitation de sa forêt boréale. Ces activités exercent des pressions supplémentaires sur les activités traditionnelles de chasse, de pêche et de piégeage dans la région, notamment dans les villages de Waskaganish et de Nemaska. Ces activités, qui représentaient plus de la moitié de l’activité économique des villages à la fin des années 1960, ne représentent plus que moins de 20 % de l’activité économique à la fin du siècle. La chasse et le piégeage sont pratiqués surtout par les jeunes adultes et les adultes âgés qui n’ont pas de qualifications professionnelles. Ces activités sont aussi renforcées par un régime de soutien du revenu, financé par le gouvernement du Québec (15 millions de dollars par année), qui offre l’équivalent d’un modeste salaire aux chasseurs et à leurs familles qui vivent de la chasse pendant au moins quatre mois chaque année.

Exportations d'électricité

Les exportations nettes d'électricité vers l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, le Vermont et l'État de New York s'élevaient en moyenne à 14 TWh entre 1981 et 2005 et avaient atteint un sommet de 28,8 TWh en 1987 lors de la mise en service des plus grandes centrales du complexe hydroélectrique. En 2004 et 2005, cependant, les exportations nettes d'électricité ne s'élevaient qu'à 1,5 TWh et à 6,7 TWh respectivement, soit l'équivalent de 0,8 à 3,5 pour-cent de la consommation totale d'électricité au Québec, toute production confondue[2].

Notes et références

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  13. Bolduc
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  15. Bourassa 1985, p. 26-27
  16. Lacasse 1983, p. 97
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  20. Bourassa 1985, p. 28-29
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  22. a et b Pierre Gravel et Pierre Vennat, « Robert Bourassa : "Il ne sera pas dit que nous vivrons pauvrement sur une terre aussi riche" », dans Roger Leroux (coord.), {{Chapitre}} : paramètre titre ouvrage manquant, La Baie James : projet du siècle, Montréal, La Presse, , 101 p., p. 5-6
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Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages
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  • Pierre Turgeon, La Radissonie, le pays de la baie James, Montréal, Libre expression, , 191 p. (ISBN 2-89111-502-3).
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Articles
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Publications d'Hydro-Québec
  • Gaëtan Hayeur, Synthèse des connaissances environnementales acquises en milieu nordique 1970-2000, Montréal, Hydro-Québec, , 110 p., PDF (ISBN 2-550-36963-7, présentation en ligne, lire en ligne)
  • Hydro-Québec, Baie-James, Nottaway-Broadback-Rupert et Eastmain, description sommaire, Montréal, Hydro-Québec,
  • Hydro-Québec, Complexe NBR,, Montréal, Hydro-Québec,
  • Société d'énergie de la Baie James, Complexe hydroélectrique de la Grande-Rivière. Réalisation de la première phase, Montréal, Société d'énergie de la Baie James /Éditions de la Chenelière, , 496 p. (ISBN 2-89310-010-4).
Publications officielles

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