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Emmanuel Todd

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Emmanuel Todd, né le à Saint-Germain-en-Laye, est un historien, essayiste et polémiste français travaillant principalement sur les thèmes de la parenté et de la famille, qu'il aborde comme des systèmes (ou structures) et de façon transdisciplinaire, selon la démarche de l'anthropologie historique. Formé au début des années 1970 dans ce courant historiographique qui promouvait une histoire de la famille d'ambition universelle croisant les méthodes de différentes sciences sociales, il continue de développer depuis selon cette optique holiste, en tant qu'ingénieur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (INED), une œuvre originale où l'analyse historique s'appuie sur la géographie, la statistique des populations et d'autres sources variées. Lui-même définit volontiers ses travaux comme relevant autant de la démographie, de l'anthropologie ou de la sociologie, que de l'histoire. Son hypothèse centrale est le rôle déterminant des systèmes familiaux dans la constitution et l'évolution des phénomènes et discours collectifs de grande échelle comme les idéologies politiques, les comportements électoraux, les religions.

Associant dans ses ouvrages technicité et hypothèses parfois controversées[1], dans un style souvent proche de l'essai, parfois polémique, politiquement engagé, Emmanuel Todd a connu dès ses débuts un parcours atypique, rapidement critiqué et peu suivi par les milieux universitaires, mais avec un important succès public. Dans des livres comme L'Invention de la France (1981), L'Invention de l'Europe (1990) ou L'Origine des systèmes familiaux (2011), il a largement popularisé certains concepts clés de l'anthropologie historique, comme les systèmes familiaux (ou structures familiales) ou les coutumes successorales (héritage égalitaire ou inégalitaire notamment).

Biographie, formation, filiation intellectuelle

L'historien Emmanuel Le Roy Ladurie, figure fondatrice de l'anthropologie historique, enseignant et inspirateur d'Emmanuel Todd.

Emmanuel Todd, né Emmanuel Guillaume Francis Robert Todd[2], est issu d'une famille comportant plusieurs figures intellectuelles[3] : son père est le journaliste Olivier Todd[4]), et sa mère la publicitaire Anne-Marie Nizan, fille du philosophe et journaliste Paul Nizan, cousin par alliance de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss[5],[6],[7]

L'historien Emmanuel Le Roy Ladurie, ami de sa famille, lui offre son premier livre d'histoire et, dès l'âge de dix ans il veut être archéologue[8]. Il fait ses études secondaires au lycée international de Saint-Germain-en-Laye en vue de préparer un baccalauréat scientifique. Il est alors membre des Jeunesses communistes. En juin 1968, alors qu'il prépare le baccalauréat, il adhère brièvement au Parti communiste français (trois de ses grands parents étant communistes et le dernier, social-démocrate[4]). Il poursuit ses études à l'Institut d'études politiques de Paris et à l’université Paris-Sorbonne où il obtient une maîtrise d'histoire en 1972, puis est envoyé par E. Le Roy Ladurie, devenu son professeur d'histoire moderne, pour étudier durant trois ans les structures familiales auprès de Peter Laslett au prestigieux Trinity college de l’université de Cambridge[9]. Fasciné par les mathématiques et les statistiques, il souhaite se spécialiser en histoire quantitative. Commençant par la démographie historique en plein essor à cette époque, il étudie les phénomènes de fécondité, mariage, mortalité, puis soutient une thèse de doctorat en anthropologie historique sur les communautés paysannes de l'Artois, de la Bretagne, de la Toscane et de la Suède[10]. La famille prise sous l'angle des systèmes familiaux devient alors le cœur de ses recherches[11]. Il entretient cependant des rapports exécrables avec son directeur de thèse Peter Lasslet, le soupçonnant de lui voler ses idées[4].

Élève d'Emmanuel Le Roy Ladurie au moment où celui-ci participe à la fondation de l'anthropologie historique, Emmanuel Todd est dès ses débuts universitaires plongé au cœur de ce courant essentiellement franco-anglais qui en quelques années renouvelle en profondeur la pensée et les méthodes des historiens[12],[13]. Caractérisée par son intérêt pour les formes les plus variées de la vie quotidienne et des phénomènes culturels (parenté, famille, enfance, alimentation, rituels et folklore, etc.) et par sa transdisciplinarité, l'anthropologie historique est une démarche d'ambition globalisante et universelle sur le plan thématique, mais aussi sur le plan méthodologique : portée en France par l'École des Annales et en Angleterre par l'université de Cambridge autour de Peter Laslett, elle s'appuie sur des sources historiques inédites ou oubliées, issues notamment de la démographie historique des années 1960 (registres paroissiaux, chartes successorales, documents fiscaux) et de la sociologie des systèmes familiaux de Frédéric Le Play (1806-1882).

C'est sous l'enseignement à Cambridge de Peter Laslett qu'Emmanuel Todd découvre la méthode leplaysienne[14], qui va durablement influencer ses travaux[9]. Plus largement, l'influence de l'histoire des Annales et la méthodologie novatrice de l'anthropologie et de la démographie historiques sont décisives dans l'orientation d'Emmanuel Todd, et vont se retrouver tout au long de son œuvre, notamment l'intérêt pour la cartographie et la statistique, et la conviction que sous les discours et comportement collectifs agissent des déterminismes de la longue durée historique, identifiables à travers les formes d'organisation familiale[15],[16].

Selon Pierre Chaunu, la démarche intellectuelle de Todd s'apparente à celle des « sciences dures »[17].

Divorcé et brièvement remarié, Emmanuel Todd a quatre enfants de trois femmes différentes, deux filles et deux garçons ; son fils aîné, David, né en 1978, a la même formation supérieure que lui[18]. Ses parents étant très liés à la famille Guetta, il se lie d'amitié dans sa jeunesse avec leur fils Bernard, au point qu'Olivier Todd les surnommait les « NSU », pour « nourrissons socialistes unifiés ». Avec les droits d'auteur de son livre Après l'empire (2001), il s'achète une maison en Bretagne[4].

Travaux d'anthropologie historique

L'Invention de la France

Les analyses conjointes d'Emmanuel Todd avec le démographe Hervé Le Bras dans l'ouvrage L'Invention de la France paru en 1981 démontrent pour la première fois la diversité anthropologique au sein d'une France supposée jusque là homogène. La thèse de l'ouvrage est la suivante: la France est un pays où l'État a précédé la nation; les systèmes familiaux y sont très différents et divers, mais son modèle d'organisation permet d'assurer une cohérence dans une grande diversité; l'idéal français d'homme universel est le reflet de cette exigence.

Cette analyse eut un grand succès universitaire et fut un moment majeur pour la reconnaissance de l'anthropologie historique dans les milieux académiques français.

Liens entre les systèmes familiaux et les idéologies

A la suite de ces travaux initiaux, dans une approche holiste, Emmanuel Todd estime que de nombreux phénomènes socio-politiques et économiques sont déterminés par :

La théorie du lien entre les systèmes familiaux et la nature des superstructures idéologiques, mais aussi sociales et économiques est, selon Emmanuel Todd, un modèle d'une grande puissance prédictive. Elle permet ainsi de construire une interprétation cohérente de l'Histoire.

Cette approche peut avoir des applications explicatives et prospectives. Elle s'écarte de la perception universaliste radicale des modèles libéraux ou marxistes réduisant l'Homme à un « Homo œconomicus » ; un Homme « posé sur une flaque d'huile » seulement mû par l'intérêt individuel ou collectif. Au contraire, selon Todd, il existe des mouvements longs de l'Histoire qui ne dépendent pas de conjonctures ou de cycles. Cette théorie valorise donc tout particulièrement l'intérêt des sciences sociales et de la démographie.

L'essentiel des travaux d'Emmanuel Todd portent sur l'hypothèse d'une détermination des idéologies, des systèmes politiques ou religieux par les systèmes familiaux. Ces travaux donnent lieu à la publication de trois ouvrages : La Troisième Planète en 1983, L'Enfance du monde en 1984, L'Invention de l'Europe en 1990, qui souligne la grande diversité de l'Europe au sein du continent pour en conclure à l'absence de véritable culture commune.

Ces ouvrages furent dans l'ensemble froidement accueillis dans le monde universitaire qui leur reproche leur caractère réducteur à un unique facteur anthropologique.[19],[20],[21]. Selon Emmanuel Todd, ses travaux ont été rejetés par les universitaires a priori, sans analyse suffisamment précise des données exposées[22]. Selon E.Todd, des chercheurs qui avaient commencé à publier sur le sujet auraient été menacés: « J'ai passé ma vie dans le Moyen Age », conclut-il dans une conférence[23].

En revanche, Emmanuel Todd parvient à toucher un public non universitaire grâce aux maisons d'édition Le Seuil et Gallimard. Il est soutenu en particulier par Jean-Claude Guillebaud au Seuil.

Selon l'historien Pierre Chaunu, enthousiaste dès 1983, c'est une « bombe » : « Avec une pareille œuvre, Emmanuel Todd va troubler pour longtemps le domaine des sciences humaines. Plus rien ne sera désormais identique »[24],[25]. Chaunu « salue une des rares pensées totalement cohérentes et vraiment féconde de ce temps ».

Selon la même grille d'analyse, il présente en 1994 les modèles d'intégration des immigrés choisis par les différents systèmes nationaux du monde, dans Le Destin des immigrés. Puis L'Illusion économique, en 1998, applique l'influence des mêmes catégories familiales à la variété des systèmes capitalistes.

Origines et évolution des systèmes familiaux dans le monde

Ces recherches ont été élargies, au moyen d'un diffusionnisme méthodologique basé sur le principe du conservatisme des zones périphériques issu du domaine de la linguistique, de manière à expliquer l'origine des systèmes familiaux dans le monde et leur évolution dans l'Histoire[26],[27]. Ces derniers travaux ont permis d'affiner et d'étendre la définition des systèmes familiaux formulée initialement par Le Play.

En 2011, Emmanuel Todd livre le premier des deux volumes de L'Origine des systèmes familiaux, consacré à l'Eurasie. Il s'agit de la somme de quarante années de recherches et de milliers de fiches, d'une recension systématique des travaux des anthropologues du monde entier sur les organisations familiales. Un travail consistant en une mise en forme dans une perspective historique des travaux des anthropologues de terrain. L'ouvrage conduit à la présentation d'un véritable modèle d'interprétation de l'Histoire. Il prend à contre-pied le sens commun en soulignant que le modèle de la famille nucléaire est le modèle archaïque de la famille et que les modèles de famille souche et de famille communautaire sont des constructions de l'Histoire. Il donne une interprétation du déclin de certaines sociétés qui, pourtant, avaient tout créé : l'État, la monnaie, l'écriture. En effet, sur la longue durée, la complexification des structures familiales, conduisant à l'abaissement du rôle de la femme, finit par étouffer les sociétés. Au contraire, le modèle archaïque de la famille nucléaire produit des sociétés certes moins imaginatives sur le plan social, mais plus dynamiques, sans cesse capables de se ressourcer.

Essais

Décomposition de l'URSS

Todd publie en 1976 La Chute finale, son premier livre. Todd y prédit « la décomposition de la sphère soviétique » au moyen d'une approche historique. Puisqu'il était impossible d'obtenir des données fiables provenant d'URSS, ou de visiter ce pays dans des conditions satisfaisantes, il fallait analyser ce pays en historien, comme on étudierait l'histoire des paysans du Moyen Âge, c'est-à-dire avec des sources très limitées. Il suffisait pour cela de construire un modèle sur la base de quelques données statistiques, surtout démographiques, mortalité infantile, taux de suicide, etc[28], de témoignages et de contes. Ce n'est peut-être pas tant le thème de ce travail qui surprend[29] que la méthodologie qui retient donc l'attention : la puissance de son analyse repose sur une interprétation anthropologique. À cette époque, dans un climat (particulièrement vif en France) de dénonciation du totalitarisme, la plupart des essayistes et historiens soviétologues, relayés par les nouveaux philosophes, laissent plutôt craindre un accroissement de la « menace soviétique » et n'imaginent pas la disparition de l'URSS. À un moment où le Parti communiste français est encore le parti dominant à gauche et où le climat international est à la Détente, l'ouvrage d'Emmanuel Todd a un faible retentissement en France, mais il est bien accueilli[30]. Les comptes-rendus dans les médias furent nombreux, mais l'information a été vite oubliée[31]. L'historien Marc Ferro considère rétrospectivement qu'il s'agit du « succès le plus mémorable de la clairvoyance dans l'analyse critique »[32].

Todd travaille de 1977 à 1983 au secteur Histoire du service littéraire du quotidien Le Monde pour lequel il produit des comptes-rendus d'ouvrages[33] mais il se brouille avec une partie du milieu intellectuel[4]. Parallèlement, dans le sillage de Jean-François Revel auquel il succède et qui avait publié La chute finale, il dirige de 1979 à 1981 avec Georges Liébert la collection Libertés 2000 aux Éditions Robert Laffont. C'est ainsi qu'il publie en 1980 une traduction de l'ouvrage de Christopher Lasch, Le complexe de Narcisse, la nouvelle sensibilité américaine[34], auquel il se référera souvent par la suite, par exemple dans l'ouvrage Après la démocratie.

En 1979, Le Fou et le Prolétaire, ouvrage au ton peu académique, dédié à Jean-François Revel, est une première tentative pour expliquer l'émergence des idéologies au XXe siècle, mais dans une approche purement psychologique. La problématique de la schizophrénie est au cœur de sa réflexion quand il conteste les analyses de type libéral ou marxiste qui réduisent l'Homme à une fonction d'homo œconomicus.

Déclin des États-Unis, émancipation de l'Europe

Todd publie Après l'empire en 2002. Ce livre est une réflexion prospective sur le déclin de la puissance des États-Unis, leur effondrement économique et stratégique, leur impuissance à s'affirmer comme seule superpuissance au monde. Cet essai est l'occasion pour Todd d'anticiper une crise financière majeure : « Qu'est-ce que c'est que cette économie dans laquelle les services financiers, l'assurance et l'immobilier ont progressé deux fois plus vite que l'industrie entre 1994 et 2000 ? » et d'en arriver à la conclusion suivante : « Nous ne savons pas encore comment, et à quel rythme, les investisseurs européens, japonais et autres seront plumés, mais ils le seront. Le plus vraisemblable est une panique boursière d'une ampleur jamais vue suivie d'un effondrement du dollar, enchaînement qui aurait pour effet de mettre un terme au statut économique « impérial » des États-Unis. » L'ouvrage est un best-seller international, traduit dans plus de vingt-cinq langues[35]. Le , dans une de ses rares interventions publiques, Oussama ben Laden appelle le peuple américain à étudier les idées de certains intellectuels, et selon Pierre-André Taguieff, il ferait référence, sans le nommer, à l'ouvrage d'Emmanuel Todd Après l'empire[36].

Renvoyant dos à dos les théoriciens du « Choc des civilisations », Emmanuel Todd édite avec le démographe d'origine libanaise Youssef Courbage[37] Le Rendez-vous des civilisations (2007). Basé sur une analyse démographique du monde musulman, cet ouvrage scientifique renverse la perspective commune en montrant en particulier que le monde arabe est en cours de modernisation, avec une hausse de l'alphabétisation et une baisse rapide de la fécondité. Les auteurs s'étonnent que cette évolution, comparable à celle de l'Europe à d'autres moments de l'Histoire, ne produise pas une crise de transition qui, au-delà de l'extrémisme religieux, se traduirait par un bouleversement politique, en particulier en Tunisie. Après le déclenchement des révolutions arabes, Todd précise dans l'ouvrage Allah n'y est pour rien ! (2011) que l'effondrement de l'endogamie caractéristique de l'organisation de la famille arabe était la variable qui avait permis le déblocage de ces sociétés.

Démographie et analyses politologiques

Todd collabore dès 1980 avec le démographe Hervé Le Bras. Ils éditent en 1981 L'Invention de la France, un atlas qui déroute les sociologues[38] en remodelant les représentations mentales de la France. C'est ainsi que la cartographie permet de dissocier vote communiste et monde ouvrier. Todd poursuit ses travaux sur la France et publie La Nouvelle France en 1988, dans lequel il souligne que la remontée en voix du Parti socialiste au début des années 1980 s'appuie sur un électorat catholique qui votait traditionnellement à droite. Dans L'Invention de la France, l'une des cartes de l'atlas évoque l'ouvrage-phare du journaliste et philosophe Jean-François Revel Ni Marx ni Jésus (1970), qui est un ami de la famille Todd[39].

En 2008, l'essai Après la démocratie s'appuie sur une contradiction entre ses analyses précédentes sur le système anthropologique français, l'élection de Nicolas Sarkozy et la candidature de Ségolène Royal à la présidence de la République en tant que candidate de la gauche. La France de 2008 se définirait par la stagnation éducative et par le vieillissement de sa population, dans un contexte de vide idéologique, mais dans un pays où, pourtant, les niveaux absolus d'éducation et de richesse n'ont jamais été aussi élevés, aux côtés d'un système de sécurité sociale toujours en place.

En 2012 et en 2013, dans une nouvelle édition de L'Invention de la France puis dans Le mystère français, Emmanuel Todd et Hervé Le Bras présentent un approfondissement du travail entamé lors des années 1980. Grâce à de nouveaux outils statistiques, ils détaillent leur grille d'analyse à l'échelle communale et interprètent le vote Front national comme la caractéristique d'une France vivant en habitat groupé (notamment dans la partie est de la France) mais où la sociabilité de voisinage a disparu (par exemple du fait de la rurbanisation). Ils montrent également par la cartographie qu'il n'existe aucune corrélation entre les départements où on votait communiste et ceux où on vote Front national. Les deux chercheurs, à la lumière des études les plus récentes, brossent le portrait d'une France d'une grande diversité, où l'homogénéité n'a jamais existé, pays d'ordre et de désordre qui est à la fois tolérant et fortement assimilateur, sur des territoires qui constituent autant de « provinces culturelles ».

Qui est Charlie ?

En mai 2015, Todd publie Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, ouvrage consacré aux manifestations des 10 et 11 janvier 2015, qui réagissaient aux attentats commis quelques jours plus tôt. Selon l'écrivain Alain Mabanckou, Emmanuel Todd fait preuve dans ce livre d'une conception « à l'américaine », en promouvant l'idée que la satire ne doit pas s'exercer à l'encontre des plus faibles, en l'occurrence ici les musulmans[40]. Le livre génère un débat très important dans la presse et les médias et s'écoule à plus de 60 000 exemplaires au 5 juin 2015[41].

Dans cet ouvrage, l'auteur entend démontrer à partir d'une cartographie des manifestations, « l'hégémonie du bloc MAZ » (c'est-à-dire des classes moyennes, des personnes âgées et des « catholiques zombies ») sur la politique française. Pour Todd, la France géographiquement périphérique, de tradition autoritaire et inégalitaire, a pris le dessus sur la France centrale, libérale et égalitaire, à travers sa conquête du Parti socialiste, ce qui rappelle les tensions de l'affaire Dreyfus et de Vichy entre une France égalitaire et une France inégalitaire[42]. Le livre est particulièrement controversé, et le Premier ministre Manuel Valls signe dans Le Monde une tribune dénonçant un ouvrage dont les thèses « participent d’un cynisme ambiant, d’un renoncement en règle, d’un abandon en rase campagne de la part d’intellectuels qui ne croient plus en la France »[43].

Le livre est critiqué du point de vue méthodologique. L'erreur écologique, dont il serait coutumier selon l'enseignant chercheur Thierry Joliveau, l'amènerait en effet à conclure à des corrélations individuelles "sur la seule base de corrélations à des niveaux géographiques supérieurs"[1]. Ainsi, selon les sociologues Vincent Tiberj et Nonna Mayer, « que les régions qui ont compté le plus grand nombre de manifestants soient d’anciens bastions du catholicisme ne permet pas de conclure que les catholiques ont été les plus nombreux à manifester[44] ». Cependant, cette affirmation d'Emmanuel Todd qui associerait les "catholiques" aux manifestations n'apparaît pas dans l'ouvrage. En effet, le groupe "catholique zombie" n'est pas constitué de "catholiques" et il est de surcroît associé au "bloc MAZ". Les approximations de certaines critiques conduisent ainsi Anne Verjeu, politiste, chercheure au CNRS, membre du laboratoire Triangle à Lyon, à produire leur déconstruction méthodique dans une série de trois articles[45].

Dans sa chronique matinale humoristique sur France Inter, Sophia Aram moque la démarche de Todd qui s’efforce « de prendre la défense des musulmans de France juste par gentillesse ». Elle voit une condescendance de sa part à l'égard des immigrés et évoque une impression que peuvent ressentir les musulmans d’être « pris pour des demeurés[46] ».

Prises de position

Emmanuel Todd ne cache pas les rapports qui existent entre ses opinions politiques et la nature de son travail scientifique. Ses travaux sur les liens entre système familial et idéologie politique découlent d'une interrogation initiale sur les causes de l'implantation disparate du communisme dans le monde. Dans cette logique, ses travaux font souvent écho à des problématiques qui traversent les sociétés en profondeur : effondrement du communisme, montée du Front national, intégration des immigrés, stagnation des sociétés développées, affaiblissement de la puissance américaine, révolutions dans le monde arabe, crise structurelle de l'Union européenne.

Emmanuel Todd se prête ainsi fréquemment aux sollicitations des médias, de personnalités politiques (Dominique de Villepin), de partis (Parti socialiste, Debout la République, Modem), de clubs de réflexion politique (Res Publica), de syndicats, écoles de sciences politiques, écoles de commerce et institutions culturelles ouvertes au public, au sujet de la vie politique française ou internationale ou pour exposer ses travaux scientifiques, dans le cadre de conférences et de débats.

Décrivant la différence qualitative existante entre les productions universitaires et les prises de position militantes d'Emmanuel Todd, Élisabeth Lévy évoque un « savant brillant » doublé d'un « idéologue énervé » qui confondrait les niveaux, l'idéologue puisant une « assurance inébranlable » éloignée de tout doute méthodique dans le mélange des genres[47]. Éric Zemmour note également ce mélange entre production scientifique et engagements politiques, combinaison utilisée selon lui avec « une mauvaise foi teintée d'arrogance »[48].

« Non » au traité de Maastricht

Todd se déclare favorable au « non » au référendum de 1992 sur le traité de Maastricht.

Dans le sillage des opposants au Traité de Maastricht, Todd rejoint en 1994 le club Phares et Balises de Jean-Claude Guillebaud et Régis Debray[49]. Dans la même logique, il rejoint brièvement, en 1999, la Fondation du 2-Mars ex-"Fondation Marc-Bloch" qu'il quitte sur un désaccord de principe[4].

« Oui » à la constitution européenne de 2005

En 2005, Todd se déclare favorable à la constitution européenne. Dans une interview au Monde[50], il revient sur son opposition à Maastricht, il explique qu’avec le recul, il valait mieux finalement avoir l’euro. « Nous sommes dans une crise mondiale majeure et l'on voit bien qu'au moment de la guerre en Irak la France qui s'y opposait a démultiplié sa puissance et sa capacité d'influence parce qu'elle était encastrée dans l'euro ».

Il explique aussi être en opposition stratégique avec le non de gauche. « Dans l'univers qui s'annonce, on ne peut confondre l'ultralibéralisme avec l'économie de marché. L'ultralibéralisme est en train de mourir avec l'économie qui le porte, cette économie américaine qui est maintenant attachée à un Etat devenu fou. L'Europe est en train de lui faire la peau, grâce à l'euro. Bientôt, dans un monde qui étouffe de ce libre-échangisme asymétrique, le centre de gravité réel de l'économie repassera l'Atlantique et c'est dans le cadre d'une Europe organisée que l'on pourra définir de nouvelles règles. »

Todd défend l’idée d’un protectionnisme qui permettra d'éviter la pression extérieure sur les salaires ouvriers. Mais selon lui, ce protectionnisme n'a de sens qu'à l'échelle européenne. D’où sa défense d’une préférence communautaire au sein de l’UE.

La fracture sociale et l'ère post-démocratique

En 1995, il écrit, pour la fondation Saint-Simon, une note intitulée Aux origines du malaise politique français[51]. Cette analyse le fait connaître des médias, qui lui attribuent alors par erreur la paternité de l'expression « fracture sociale ». Mais Todd n'a jamais utilisé cette expression, bien qu'il ait décrit dans son texte un concept assez proche. Cette expression provient en réalité d'un texte de Marcel Gauchet que Todd avoue n'avoir jamais lu[52], et que Jacques Chirac réutilisera lors de sa campagne présidentielle[6]. Il s'est toujours défendu d'être le père de cette formule[5],[53],[54].

Selon lui, le monde politico-médiatique est entré à la fin du XXe siècle en phase post-démocratique, en se détachant des préoccupations des classes populaires et moyennes qui auraient « décroché des élites », comme le démontreraient les campagnes du camp du « oui » lors du référendum sur le Traité de Maastricht, en 1992, du référendum sur la Constitution européenne, en 2005, ou la réforme des retraites de 2010[55].

Les émeutes de 2005

Emmanuel Todd prend à contre-pied l'opinion commune en soulignant les spécificités des émeutes de l'automne 2005, qu'il insère dans la tradition française :

« Je ne vois rien dans les événements eux-mêmes qui sépare radicalement les enfants d'immigrés du reste de la société française. J'y vois exactement le contraire. J'interprète les événements comme un refus de marginalisation. Tout ça n'aurait pas pu se produire si ces enfants d'immigrés n'avaient pas intériorisé quelques-unes des valeurs fondamentales de la société française, dont, par exemple, le couple liberté-égalité. Je lis leur révolte comme une aspiration à l'égalité. Je trouve d'une insigne stupidité de la part de Nicolas Sarkozy d'insister sur le caractère étranger des jeunes impliqués dans les violences. Je suis convaincu au contraire que le phénomène est typique de la société française. Leur violence traduit aussi la désintégration de la famille maghrébine et africaine au contact des valeurs d'égalité françaises. Notamment l'égalité des femmes. »[56]

Emmanuel Todd souligne également que les émeutes ne sont pas le seul fait de jeunes issus de l'immigration, contrairement à l'image qui était donnée en général par le système d'information[57].

L'euro : un point de vue changeant

Ses recherches l'amènent à s'opposer au projet de monnaie unique européenne. Il émet en 1995, dans un avant-propos à une réédition de L'Invention de l'Europe, l'hypothèse suivante : « Soit la monnaie unique ne se fait pas, et L'Invention de l'Europe apparaîtra comme une contribution à la compréhension de certaines impossibilités historiques. Soit la monnaie unique est réalisée, et ce livre permettra de comprendre, dans vingt ans, pourquoi une unification étatique imposée en l'absence de conscience collective a produit une jungle plutôt qu'une société. »

Au début des années 2000, après le lancement de l'euro, Todd se dit favorable à la monnaie unique[réf. nécessaire]. Dans Après l'empire, il y voit même une des facettes de l'émancipation de l'Europe[réf. nécessaire]. Cela l'amène à soutenir le projet de constitution européenne.

Quelques années plus tard, Todd change encore d'avis au sujet de l'euro. Il déclare le 4 janvier 2011 au quotidien belge Le Soir que l'euro va disparaître si l'Europe ne réoriente pas radicalement sa politique : « S’il survit, ce sera dans un contexte de réorientation générale des politiques économiques européennes[58]. »

Le protectionnisme européen

Todd défend l'idée protectionniste depuis les années 1990 en s'appuyant sur les travaux de Friedrich List, dont il initie la réédition de l'ouvrage Système national d'économie politique en 1998[59]. Todd affirme qu'un protectionnisme à l'échelle de l'Union européenne permettrait de compenser les dysfonctionnements de la monnaie unique, de combattre la montée des inégalités et la pression sur les salaires exercées sur l'Europe du fait du libre-échange intégral. Il milite pour cette option aux côtés des économistes Jean-Luc Gréau et Jacques Sapir, proposant un Manifeste pour un débat sur le libre-échange. Le 16 juin 2011, ils présentent un sondage de l'IFOP financé par ce groupe : « Les Français, le protectionnisme et le libre-échange »[60].

Néanmoins, depuis 2012, Emmanuel Todd ne milite plus en faveur de l'option protectionniste européenne, ne croyant plus en la possibilité de sauver l'euro qu'il considère comme irrémédiablement condamné, étant le facteur de divergences croissantes entre les pays de la zone euro. Il souligne que l'Europe est devenue un système hiérarchique et autoritaire, sous domination allemande[61], qui conduit à la désindustrialisation en particulier des pays membres de la zone euro[62]. Du point de vue de l'histoire de longue durée, Emmanuel Todd considère que cet échec montre que les nations européennes ne peuvent surmonter de trop grandes différences entre elles et que l'Europe retrouve le cours ordinaire de son histoire, avec ses vieilles contradictions, alors qu'elle avait été mise au pas par les grandes puissances de l'époque de l'Après-guerre[63].

Le hollandisme révolutionnaire

Lors de l'élection présidentielle de 2012, Todd soutient François Hollande, dans le prolongement des conclusions de son ouvrage Après la démocratie. Il voit dans la candidature de Hollande un retour aux fondamentaux de la France, avec ses principes d'égalité, en opposition à Nicolas Sarkozy qu'il perçoit comme l'antithèse de ces principes. Face à une crise d'une intensité aussi violente que celle des années 1930, il parie sur une réaction « de gauche » de la France. Il pense qu'Hollande peut devenir un « Roosevelt » français, qui pourrait tirer les conséquences de l'impasse des politiques antérieures. Engagée à l'issue d'une politique menée dans l'échec jusqu'à son terme, cette nouvelle politique serait un « 1983 à l'envers », allusion au revirement néo-libéral des socialistes cette année-là. Un tel processus serait proprement « révolutionnaire », Todd allant jusqu'à utiliser l'expression « hollandisme révolutionnaire »[64]. Mais un an après l'élection de François Hollande, Todd fait un bilan extrêmement critique de l'action gouvernementale[65]. En 2016 alors que la fin du mandat de François Hollande approche, il parle de « fascisme rose »[66].

Controverses sur l'Union européenne

En 2012, Emmanuel Todd, évoquant l'Union européenne, dénonce un « complot des élites » :

« C’était une association de démocraties, c’est devenu un système de prélèvement du surplus de manière autoritaire par la Banque centrale ; ça s’est transformé en système hiérarchique avec l’Allemagne à la tête et son brillant second, la France ; et, en vérité, ça devient un système qui détruit la démocratie ! Je veux dire : ce qui se passe actuellement en Grèce, c’est la destruction de la démocratie par l’Europe. Et comme le mécanisme est très général, comme le processus de destruction se fait – comme dans la naissance du fascisme et du nazisme en fait, au-delà de l’agitation populaire, etc. – par en haut… Je veux dire : c’est un complot des élites ! – je dois être un complotiste dans un sens –, un complot des élites. Je pense qu’on peut commencer à spéculer sur l’intérêt du concept d’‹ eurofascisme » [67] ».

Selon Conspiracy Watch, cette déclaration « accrédite une vision conspirationniste de la crise financière, présentée comme une étape d’un plan concerté visant à renverser la démocratie »[68],[69]. En 2015, Philippe Corcuff reprend l'analyse de Conspiracy Watch à son compte[70].

En 2013, Fabien Cazenave, journaliste à L'Express, l'accuse de développer un propos « germanophobe » et « conspirationniste » selon lequel « la France ne serait plus libre, au même titre que « les plus faibles », face à l'Allemagne[71].

Élection présidentielle française de 2017

Dans plusieurs interviews[réf. nécessaire], il dit avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour.

En vue du second tour de l'élection présidentielle française qui oppose Emmanuel Macron à Marine Le Pen, il déclare qu'il s'abstiendra : « Voter FN, c'est voter xénophobe. Pour moi, ça ne fait aucun doute. Quand je dis xénophobe, je suis poli parce que le mot qui me vient à l'esprit, c'est raciste. Mais, pour moi, voter Macron, c'est l'acceptation de la servitude[72],[73] ».

Islam

Il considère que « blasphémer de manière répétitive, systématique, sur Mahomet, personnage central de la religion d'un groupe faible et discriminé, devrait être, quoi qu'en disent les tribunaux, qualifié d'incitation à la haine religieuse, ethnique ou raciale »[74].

Œuvres

Ouvrages

Contribution à des ouvrages

  • Emmanuel Matteudi, Structures familiales et développement local, préface d'Emmanuel Todd, Paris, Montréal, l'Harmattan, 1997, 334 p.
  • Friedrich List, Système national d'économie politique, préface d'Emmanuel Todd, collection Tel, Gallimard, 1998 (ISBN 2-07-075340-9).
  • Anatol Lieven, Le nouveau nationalisme américain, préface d'Emmanuel Todd, Paris, J. C. Lattès, 2005, 488 p.
  • Arnaud Montebourg, Votez pour la démondialisation ! : la République plus forte que la mondialisation, préface d'Emmanuel Todd, Paris, Flammarion, 2011, 86 p.
  • Jacques Baguenard, Hervé Thouément, René Pérez, Erwann Charles, L'automne des bonnets rouges : de la colère au renouveau, préface d'Emmanuel Todd, Brest, Dialogues (Regards croisés), 2013, 225 p. (ISBN 978-2-91813591-3) [4].
  • Thomas Guénolé, Les Jeunes De Banlieue Mangent-ils Les Enfants ? , préface d'Emmanuel Todd, Le Bord de l’eau, 2015, 224p.

Articles

  • Mobilité géographique et cycle de vie en Artois et en Toscane au XVIIIe siècle, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 30e année, n° 4, 1975, pp. 726-744 [75].
  • Un communisme biodégradable, L'Express, 17 janvier 1977.
  • URSS : la crise au présent. Description par une analyse des phénomènes de la mortalité, Économie et humanisme, mars-avril 1980, n° 252, pp. 67-73.
  • L'URSS en Afghanistan : la chute finale ?, Politique Internationale, été 1980, n° 8. Communication présentée dans le cadre d'une rencontre d'experts internationaux organisée par la revue Futuribles en 1978.
  • La vie intellectuelle française, du Néant à l'Être, Le Débat, 1980/4 (n° 4).
  • La pensée de Le Play et l'avenir des sciences sociales, Les Études Sociales, n° 114-115-116, 1985-1986-1987, pp. 2-15. Conférence donnée pour la Société d'Économie et de Sciences sociales le 19 mars 1984, dans la Salle Médicis, au Palais du Sénat[76].
  • Une hypothèse sur l'origine du système familial communautaire. Avec Laurent Sagart, Diogène, 1992 (n° 160), pp. 145-175.
  • Malaise français, malaise ouvrier ? Sur le malaise français, Le Débat, 1992/3 (n° 70).
  • Aux origines du malaise politique français. Les classes sociales et leur représentation, Le Débat, 1995/1 (n° 83).
  • Impérialisme ou isolement ?, Le Débat, 2001/3 (n° 115), pp. 69-71 (ISBN 9782070761746).
  • Les États-Unis, l'Europe et le capitalisme, Le Débat, 2003 (n° 123), pp. 66-69 (ISSN 0246-2346).
  • La guerre économique contre la guerre tout court, Le Débat, 2010/5 (n° 162), pp. 189-191 (ISBN 9782070131990).

Sources audiovisuelles

Bibliographie

Liens externes

  • CET Cercle d'Etudes toddiennes

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Notes et références

  1. a et b Thierry Joliveau, « Où était Charlie ? Ce que montrent les cartes d'Emmanuel Todd », http://www.slate.fr/ /, 22 mai 2015.
  2. BNF 11926745
  3. « Emmanuel Todd, homme de tumulte », Le Monde du 07.05.2015: http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/05/07/emmanuel-todd-homme-de-tumulte_4629267_823448.html#FYiibdWK5iWLuEHW.99
  4. a b c d e et f Marie-Laure Delorme, « Les Todd, guerre et paix », Vanity Fair n°51, octobre 2017, pages 126-133.
  5. a et b http://www.franceinfo.fr/societe/tout-et-son-contraire/emmanuel-todd-explique-les-mysteres-francais-956721-2013-04-18
  6. a et b Judith Perrignon, « Le chercheur que Chirac a tant chéri », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Herodote.net Emmanuel Todd Histoire de familles
  8. « Emmanuel Todd : l’inhumanité des bien-pensants », entretien avec un journaliste du quotidien L'Humanité, 27 octobre 1995.
  9. a et b todd 2011, p. 48.
  10. (en) Seven peasant communities in pre-industrial Europe. A comparative study of French, Italian and Swedish rural parishes (18th and early 19th century), University of Cambridge, 29 juillet 1976 : [1].
  11. Todd 1999, p. 14 « J'étais, par métier, technicien de l'analyse des structures familiales [avec] ma propre thèse d'anthropologie historique, soutenue à Cambridge en 1976  ».
  12. Delacroix, Dosse, Imbert 2007, p. 434 à 448 L'anthropologie historique.
  13. Burguière (dir.) 1985.
  14. Laslett est le principal artisan de la redécouverte de Le Play par les historiens de la famille dans les années 1960 et 1970, cf. Burguière 1986, p. 640.
  15. todd 1999, p. 7 à 18 Préface de l'auteur.
  16. Todd, Le Bras 2012, Anthropologie historique de la France, p. 17 ; La carte, mode d'emploi, p. 91.
  17. Émission de Patrice Galbeau, « Rencontre avec Emmanuel Todd », France Culture, 27 février 1983.
  18. David Todd est lui aussi diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et docteur en histoire de l'université de Cambridge. Il a été lecturer en histoire au King's College de Londres en 2010-2011. Ses recherches portent sur les origines du libre-échange et du protectionnisme en France et sur l'impérialisme français au XIXe siècle. Voir la présentation de David Todd sur le site de France inter Voir par exemple La naissance du « patriotisme économique » : sentiment national et échanges commerciaux en France, 1814-1851.
  19. Henri Mendras, « Todd Emmanuel, La troisième planète : structures familiales et systèmes idéologiques ». Revue française de sociologie 1984, (25) 3. p. 484-489, lien: http://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1984_num_25_3_3830
  20. Hugues Lagrange, Sebastian Roche, « Types familiaux et géographie politique en France », Revue française de science politique, 1988 (38) n°6, p.941-964. Lien: http://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1988_num_38_6_411179
  21. Jean-René Tréanton, « Faut-il exhumer Le Play ? Ou les héritiers abusifs », Revue française de sociologie, 1984 (25) n°3. p.458-483. Lien: http://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1984_num_25_3_3828
  22. todd 1999, p. 7, 8, 10 Préface de l'auteur.
  23. Emmanuel Todd, Origine et avenir des systèmes familiaux, conférence donnée le 30 janvier 2013 à Montpellier : http://www.msh-m.tv/spip.php?article507
  24. Pierre Chaunu, à propos de La troisième planète, Le Figaro, janvier 1983
  25. Rencontre avec Emmanuel Todd - Émission de Patrice Galbeau diffusée sur France Culture le 27 février 1983 en présence de l'auteur, de Pierre Chaunu et de Jean-Marie Gouesse, maître de conférences en histoire moderne à l'Université de Caen. Rediffusée le 27 janvier 2013 Version audio.
  26. L'origine des systèmes familiaux - Présentation du projet sur le site de l'INED
  27. L'origine des systèmes familiaux Volume 1, L'Eurasie
  28. « Qu'est-il arrivé à Emmanuel Todd? », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. Andrej Amalʹrik, L'Union soviétique survivra-t-elle en 1984 ?..., Paris, Fayard, (OCLC 462991990) avait posé le premier la question de la viabilité du système, en notant les débuts de libéralisation en Europe de l'Est. Dans l'Empire éclaté, Hélène Carrère d'Encausse formule deux ans plus tard, en 1978, une prédiction reposant sur une hypothèse démographique qui s'avéra fausse : http://www.herodote.net/Histoire_de_familles-article-82.php.
  30. Radioscopie de Jacques Chancel, France Inter - 12 novembre1976, YouTube Version audio.
  31. Commentaire en annexe de la réédition de La chute finale, 1990, p. 348
  32. Marc Ferro, L'Aveuglement : Une autre histoire de notre monde, éditions de Noyelles, 2015, p. 91.
  33. On pourra, par exemple, consulter une reproduction de sa critique de L'Histoire de la dissidence de Jean Chiama et Jean-François Soulet (1982), sur le site de l'auteur [2].
  34. http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb366045624/PUBLIC
  35. Émission Esprits libres, animée par Guillaume Durand et diffusée le 14 septembre 2007 sur France 2
  36. Pierre-André Taguieff, La nouvelle propagande antijuive, PUF, mai 2010, p. 362
  37. CV de Youssef Courbage [PDF]
  38. Le Mouv', émission Le Plan B de Frédéric Bonnaud du 20 février 2012 consacrée à la réédition de L'Invention de la France.
  39. L'invention de la France, op. cit., 2012, pp. 346-347 ; Histoire de familles, 17 avril 2015
  40. « Pourquoi tout le monde s'écharpe autour du livre d'Emmanuel Todd », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  41. « Les Inrocks - Emmanuel Todd, Bondy Blog : la rencontre », sur Les Inrocks (consulté le ).
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  43. http://www.lexpress.fr/actualite/politique/manuel-valls-denonce-les-impostures-du-livre-d-emmanuel-todd_1678166.html Manuel Valls : « Non, la France du 11 janvier n'est pas une imposture », Le Monde, 7 mai 2015
  44. Vincent Tiberj (Sociologue, Centre d’études européennes) et Nonna Mayer (Politiste et directrice de recherche émérite au CNRS), « Le simplisme d’Emmanuel Todd démonté par la sociologie des « Je suis Charlie » », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  45. « De la fragilité des reproches adressés à Emmanuel Todd » (consulté le )
  46. YouTube – Le billet de Sophia Aram : Chkoune Charlie ?.
  47. Identité nationale : qui hait qui ? Réponse à Emmanuel Todd, Elisabeth Lévy, lemonde.fr, 11 janvier 2010
  48. Éric Zemmour : Emmanuel Todd, le terminus du prétentieux, Eric Zemmour, lefigaro.fr, 13 mai 2015
  49. club ""Phares et Balises"" et Fondation Saint-Simon: Ces dîners qui ont brisé la glace entre Chirac et des intellectuels de gauche - Éric Favereau, Libération, 14 mars 1995
  50. « Emmanuel Todd : « Il faut une préférence communautaire » », Le Monde,
  51. Aux origines du malaise politique français, Paris, Notes de la Fondation Saint-Simon 67, 1994, 39 p., cartes
  52. https://www.youtube.com/watch?v=JKsHPiLkeFE#t=1986
  53. Mélenchon et Todd, la rencontre ArrêtSurImages.net - une vidéo Actu et Politique - Dailymotion 15 avril 2011 [vidéo]
  54. Après la démocratie, chapitre 7 « Luttes de classes ? », paragraphe 4
  55. Emmanuel Todd : « Le débat n’a aucun sens » - Interview par Francis Brochet, Gaullisme.fr, 28 mai 2010
  56. « Emmanuel Todd : « Rien ne sépare les enfants d'immigrés du reste de la société » », Le Monde,
  57. « Rien ne sépare les enfants d’immigrés du reste de la société », Le Monde, 13-14 novembre 2005) [3]
  58. « Je serais très étonné que l’euro survive à 2011 » - William Bourton, Le Soir, 4 janvier 2011
  59. Friedrich List, Système national d'économie politique, préface d'Emmanuel Todd, collection Tel, Gallimard, 1998 (ISBN 2-07-075340-9)
  60. Sondage IFOP : Les vidéos intégrales de la conférences de presse - manifestepourundebatsurlelibreechange.eu, 17 juin 2011.
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  63. CHAIRE STEWARDSHIP OF FINANCE – Conférence d’Emmanuel Todd, le 5 décembre 2012 - Blog de Paul Jorion Version audio.
  64. « Emmanuel Todd : « Je parie sur l'hollandisme révolutionnaire ! », Le Nouvel Observateur, 5 mars 2012.
  65. Entretien avec Aude Lancelin et Laurent Neumann, « Goodbye Hollande ! », Marianne, (consulté le ).
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  68. « Emmanuel Todd, l’« eurofascisme » et le « complot des élites » », sur Conspiracy Watch, (consulté le ).
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  70. Philippe Corcuff, « C’est confirmé, Val et Todd ont écrit de la merde », sur tempsreel.nouvelobs.com, (consulté le ).
  71. Fabien Cazenave, « Emmanuel Todd, un intellectuel nationaliste et germanophobe à Mots Croisés », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  72. « Todd : "Je prends le risque. Je vais m'abstenir. Dans la joie », arretsurimages.net, 28 avril 2017.
  73. Maurice Szafran, « Présidentielle 2017: Onfray et Todd, le naufrage de "grands" intellectuels », challenges.fr, 3 mai 2017.
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  76. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6288699k/f4.image
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  81. « Le Monde selon Todd », sur lahuit.com (consulté le ).