Vignette automobile en France
La vignette automobile en France, était un ancien impôt annuel sur les véhicules en circulation, qui se traduit par l'obligation d'acheter et d'apposer une figurine fiscale spéciale, ou « vignette », sur le pare-brise de chaque véhicule assujetti.
Origine
En 1956, les finances publiques françaises sont à sec, mais Guy Mollet veut trouver une nouvelle source de financement pour garantir un revenu minimum à toutes les personnes âgées de plus de 65 ans, via un nouveau « Fonds national de solidarité ». Le choix se porte sur l'automobile, produit considéré comme luxueux à l'époque. Le montant de la vignette est assis sur la « puissance fiscale » (les véhicules d'importation étant d'une puissance fiscale légèrement supérieure, l'État incite par la même occasion à la consommation nationale). Les plus de 65 ans en sont exonérés. Adopté par le Parlement, le , le texte entre en application en septembre et les premières vignettes arborant la mention « Fonds national de solidarité » sont apposées sur les pare-brise en décembre[1].
Cette année-là, ce nouvel impôt a un effet contestable sur les finances publiques : la consommation d'automobile baisse et la perte de TVA dépasse à elle-seule le produit du nouvel impôt (270 millions de francs de l'époque[réf. nécessaire]), sans compter les effets indirects sur l'industrie automobile française et ses salariés. Les années suivantes, cet effet est masqué par la croissance continue du secteur, et l'État ne renonce pas à cet impôt.
La constitution de 1958 réaffirme le principe d'unité du budget de l'État, et interdit d'affecter une recette à une politique. En 1959, l'État prend acte de ce principe et récupère directement le produit de la vignette, mais le gouvernement en 1973 promet de verser un montant rigoureusement équivalent au Fonds national de solidarité[2]. Rapidement, on constate que les montants perçus et les montants versés diffèrent : à partir de là, les dénonciations se succèdent, et persistent encore aujourd'hui, parce qu'elle ne finançait plus ce pour quoi elle avait été créée et l'État n'avait pas tenu l'engagement pris devant le parlement en 1973[réf. nécessaire].
En 1979, le nombre d'accident impliquant des deux-roues augmenta, la sécurité routière en patit. Valéry Giscard d'Estaing créa la « vignette moto », l'imposant et la taxant pour les cylindrés de plus de 750 cm3. Le tout est accompagné d'une réforme du permis de conduire. La mesure est impopulaire, la Fédération française des motards en colère, nouvellement crée lutta contre cette décision. François Mitterrand supprima la vignette en , sous l'influence de Ségolène Royal, un mois après avoir battu Giscard d'Estaing[3],[4].
En 1984, avec la décentralisation, l'État se met à l'abri de la critique récurrente : il transfère aux départements la prise en charge sociale des « anciens » et leur concède la recette de la vignette ainsi que la responsabilité d'en fixer le montant. Son prix est donc très variable d'un département à l'autre (ce qui a été un autre motif de critique de cette taxe, accusée de ne pas être équitable). Certains conseils généraux ont recours à des politiques tarifaires « agressives » pour inciter les sociétés qui immatriculent beaucoup de véhicules (en particulier les sociétés de location) à le faire dans leur département. La Marne, de 1996 à 1999 environ, fixe un prix de la vignette de moitié inférieur à la moyenne des autres départements, attirant de très nombreuses sociétés, au point que le nombre d'immatriculations dans ce département fut multiplié par cinq, et les recettes de la vignette y furent donc plus que doublées (sans compter l'augmentation des recettes perçues pour l'établissement des certificats d'immatriculation, qui sont perçues non par le département, mais par la région).
Suppression progressive
En 2000, elle est supprimée par Laurent Fabius, ministre de l'Économie du gouvernement Jospin, pour tous les véhicules particuliers (l'État versant à la place une nouvelle dotation aux départements), mais continue d'exister pour les véhicules professionnels. Elle s'appelle ensuite la taxe différentielle sur les véhicules à moteur.
La Seine-Maritime, en 2002, et l'Oise, en 2003, rendent la vignette gratuite pour tous les véhicules, et un grand nombre de véhicules de société sont alors immatriculés dans ces départements.
En 2006, la taxe différentielle sur les véhicules à moteur est supprimée pour les professionnels[5].
En 2008, il est envisagé de reprendre le principe d'une taxe annuelle sur les véhicules par l'extension du bonus-malus lié à la vente des véhicules neufs. Les véhicules considérés comme les plus polluants doivent être taxés annuellement en plus du malus lié à l'achat du véhicule neuf, afin de financer la pérennité du système mis en place à la suite du Grenelle de l'environnement[6].
Depuis 2016, une nouvelle série de vignettes nommées "critair" ont été émises. Elles font référence au taux de pollution du véhicule en fonction de son âge et peuvent restreindre la circulation des plus polluants lors des pics de pollution. Ces vignettes, à apposer sur le pare-brise, se présentent sous une forme ronde de 6 valeurs et couleurs différentes (0 pour le moins polluant à 5 pour le plus polluant). Leur achat et apposition sur le pare-brise ne sont pas obligatoires mais le conducteur peut s'exposer à une amende en cas d'absence de vignette s'il circule dans une zone lors d'un pic de pollution déclaré, et ce même si son véhicule ne fait pas partie de ceux interdits.
Formes de la vignette
La vignette automobile fut, au cours de son existence, de différentes formes. Avant 1973, il ne s'agissait que d'un reçu de forme carrée et de couleurs différentes selon les années que l'automobiliste devait présenter en cas de contrôle. En 1972, cette vignette de forme carrée doit, pour la première fois être apposée sur le pare-brise glissée dans une pochette en plastique. Cette mesure a pour but de faciliter les vérifications et de pouvoir verbaliser les automobilistes qui ne se seraient pas acquittés de la taxe même lorsqu'ils sont en stationnement. À partir de 1973 elle devient auto-collante. Elle fut ronde en 1973 et 1974 avec l'année inscrite en petit. Entre 1975 et 1985, elle devient hexagonale avec l'année inscrite en gros. Elle redevient ronde en 1986 en conservant l'année écrite en gros et jusqu'en 1999. En 2000, la vignette était rectangulaire avec les coins arrondi et un seul chiffre le "0". En 2001, la vignette est maintenue dans ce format à coller (chiffre 1) mais supprimée pour les particuliers puis dans les années suivantes, la vignette, désormais réservée aux professionnels, conserve ce même dessin mais redevient un simple reçu sans contrepartie à coller sur la pare-brise et de couleur changeante. De 1993 à 2001, pour éviter les vols, la vignette se décolle en trois parties si on essaie de l'arracher.
Couleurs
Pour faciliter les contrôles de loin et éviter les fraudes, les vignettes étaient d'une couleur différente chaque année : blanche avec motifs verts en 1973, blanche avec motifs orange en 1974, marron clair avec chiffres marron en 1975, jaune clair avec chiffres rouges en 1976, vert clair avec chiffres bleus en 1977, gris avec chiffres jaunes en 1978, verte avec chiffres blancs en 1979, bleu clair avec chiffres bleu foncé en 1980, orange clair avec chiffres marron en 1981, rose clair avec chiffres rouges en 1982, bleu clair avec chiffres turquoise en 1983, violette avec chiffres vert foncé en 1984, vert clair avec chiffres bleu foncé en 1985.
À partir de 1986, les chiffres étaient sur chaque vignette noirs avec des rayures horizontales et les vignettes étaient toujours d'une couleur différente chaque année : bleu clair en 1986, marron clair en 1987, vert foncé en 1988, jaune en 1989, bleue en 1990, rose en 1991, verte en 1992, jaune en 1993, saumon en 1994, turquoise en 1995, rose en 1996, verte en 1997, jaune en 1998, bleu foncé en 1999.
À partir de 2000, le nouveau format comporte un seul numéro toujours blanc sur un fond : rouge en 2000, vert en 2001, jaune en 2002, bleu en 2003 et violet en 2004. Il n'est pas certain que des modèles 2005 et 2006 aient été émis.
En 2006, la vignette automobile est définitivement supprimée après 50 ans d'existence.
Notes et références
- « L'apparition de la vignette », sur Caradisiac
- Jean-François Paillard, « Les ouvriers imposent la retraite », Ça m'intéresse, n° 356, octobre 2010, p. 94
- « Journal de France : Les motards contre la vignette et le nouveau permis », sur Larousse,
- « Les années rebelles », sur FFMC,
- Suppression totale de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur à compter de la période d'imposition s'ouvrant le 1er décembre 2006, Légifrance
- « Bonus-malus : la cruelle simplification de la toise », sur Le Figaro,
Voir aussi
Vidéos (Ina)
- ORTF et France Télévisions, « La saga de la vignette automobile », Articles éditoriaux, Ina, . 12 vidéos.