Bataille de Locminé (1799)
Date | |
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Lieu | Locminé |
Issue | Victoire des Chouans |
Républicains | Chouans |
• Capitaine Ferry • Lieutenant Valois † |
• Pierre Guillemot |
80 à 200 hommes[1],[2] | 2 000 à 3 000 hommes[1] |
6 à 20 morts[2],[1] ~ 55 à 100 prisonniers (dont ~ 10 à 60 fusillés et 47 relâchés)[2],[1] |
inconnues |
Coordonnées | 47° 53′ 15″ nord, 2° 50′ 04″ ouest | |
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La bataille de Locminé se déroula lors de la chouannerie.
La bataille
Le , la ville de Locminé est attaquée par les Chouans de la division de Bignan commandée par le colonel Pierre Guillemot. Selon François Cadic, la ville dispose pour se défendre d'une centaine de soldats de ligne, plus une brigade de Gendarmerie et quelques éléments de colonnes mobiles en voie de réorganisation. Guillemot a sous ses ordres les colonnes de Pluméliau et de Bignan, il attaque la ville sur trois côtés à la fois, le nord, l'ouest et le sud[2].
« Le 26 octobre (sic), la légion de Bignan se porte sur Locminé, gardé par un bataillon de troupes de lignes et une compagnie de colonnes mobiles; le 2e bataillon, dit de Pluméliau, commandé par M.Guillôme et Mathurin Le Sergent, de Guénin, arrive par les routes de Baud et de Pontivy; le 1er bataillon, dit de Bignan, conduit par mon père et Le Thieis, arrive par celle de Vannes[3]. »
Julien Guillemot rapporte dans ses mémoires qu'à ce moment du combat, un sous-officier républicain, mulâtre, sort des rangs et propose un duel à la baïonnette au plus vaillant des Chouans. Mathurin Le Sergent relève le défi et vainc son adversaire[2].
« Les Républicains avaient pris position dans les halles et dans les maisons environnantes; mais, mes chers neveux, il se passa dès le commencement du combat, un trait que je ne veux pas vous laisser ignorer. À peine le bataillon de Pluméliau eut-il commencé le feu, qu'un sous-officier, un mulâtre, se présente sur la place et porte un défi, à la baïonnette, au plus brave des Chouans. À l'instant, et comme par enchantement, le feu cesse et le silence règne; mais Mathurin Le Sergent ne fait pas attendre le provocateur; il croise la baïonnette, s'élance vers lui et, en moins de deux minutes, il l'étend à ses pieds, et crie en avant à son bataillon. Alors recommence le combat[3]. »
Mais pressés par le nombre, et ayant perdu le lieutenant Valois tué au combat, les Républicains se réfugient rapidement dans le centre-ville. Après avoir tenté un moment de résister dans le cimetière, les Républicains prennent la fuite en direction de Baud, les Chouans à leur poursuite[2].
« Le bataillon de Bignan s'empare des rues qui forment maintenant le champ de foire et attaque les halles de ce côté, tandis que celui de Pluméliau l'attaquait de front. Ce ne fut qu'après une demi-heure de combat que les Royalistes purent se croire maîtres de la ville.
La garnison voulut se retirer par la route de Vannes, mais la trouvant gardée par les 3e et 4e bataillons, sous les ordres de Gomez, les soldats se débandèrent à travers les champs, à droite de la route, et gagnèrent, en grand nombre, la direction de Baud[3]. »
Pertes
Pierre Guillemot relâche les soldats de ligne en échange du serment de ne plus porter les armes contre les Royalistes, en revanche selon Julien Guillemot, les hommes de la colonne mobile sont fusillés en représailles d'exactions commises par ces troupes[2] :
« Il fut fait près de cent prisonniers, dont plusieurs appartenaient à la colonne mobile, auxquels il était impossible de faire grâce, tant le peuple était exaspéré contre ces scélérats, qui s'étaient livrés à tous les crimes dans les campagnes. Les soldats appartenant à la ligne furent renvoyés après avoir juré de ne plus porter les armes contre les Royalistes[3]. »
Cependant les rapports républicains ne font aucune mention de ces exécutions, selon ces rapports les défenseurs de Locminé étaient au nombre de 80 à 100, parmi lesquels seulement 25 environ parviennent à échapper aux Chouans, toujours selon les chasseurs, une vingtaine républicains sont tués au combat et les prisonniers relâchés sont au nombre de 47, dont 13 chasseurs à cheval et 34 fantassins, parmi ceux-ci 7 sont blessés. Concernant les tués, le premier rapport mentionne la perte de 8 hommes, celui des chasseurs à une vingtaine. Selon François Cadic, les pertes des Bleus sont de 6 tués et une vingtaine de blessés, tandis que les jeunes de la colonne mobile fait prisonniers sont au nombre de 60, il rapporte que selon Guillemot ils sont fusillés mais estime que comme les rapports républicains ne mentionne d'exécutions, ils sont plus probablement enrôlés par les Chouans[2].
Le premier rapport:
« Le 7 brumaire, vers sept heures du matin, une troupe d'environ 3 000 brigands se porta à l'improviste sur Locminé et s'en empara, malgré la résistance de la garnison. 8 militaires de la 58e ont perdu la vie, dont un lieutenant, qui fut percé d'une balle, après avoir renversé un brigand sous ses coups. La garnison était de 100 hommes; il ne s'en sauva qu'environ 25 avec la brigade de gendarmerie. Les brigands emmenèrent le reste comme prisonniers, ainsi que 7 chasseurs à cheval et tous les jeunes gens de Locminé. Ils emmenèrent aussi les chevaux des chasseurs tout équipés après avoir attaché à la queue de ces chevaux les écharpes des officiers municipaux. Les brigands, avant de quitter Locminé, se sont livrés à différents excès, ont fait contribuer plusieurs particuliers et on pillé la caisse du contrôleur. Ils sont revenus la nuit chercher l'officier de santé pour soigner leurs blessés, qu'on dit nombreux[1]. »
Les chasseurs du 2e régiment, rescapés de la bataille, renvoyèrent le rapport suivant le 3 novembre:
« Locminé fut attaquée ledit jour, sur les 7 heures du matin, par environ 2 000 brigands commandés par Guillemot dit le Roi de Bignan. La garnison, composée d'environ 80 hommes, était casernée. Un garde de 20 hommes était distribuée dans les différents postes. Le premier coup de fusil fut tiré, sur la route de Josselin, sur le factionnaire. Au même instant, on était attaqué sur la route de Vannes et le bourg était cerné. Malgré la résistance qu'opposa le corps de garde de la place, l'infanterie fut en partie surprise dans ses lits et, au bout de trois quarts d'heure, tout était fini à l'avantage des brigands. Quelques chouans et une vingtaine de républicains ont été tués ou blessés mortellement. 13 chasseurs à cheval avec leurs chevaux et 34 hommes d'infanterie ont été faits prisonniers. Du nombre de ces derniers, sept, qui étaient blessés, ont été renvoyés le jour même ; le surlendemain, deux. Les autres ont été renvoyés le même jour que les chasseurs. Il n'est point de moyens de séduction que (les brigands) n'aient employés pour déterminer les prisonniers à servir avec eux. Les habitants de la campagne, dans les communes ci-dessus désignées, sont tous de leur parti... Tous paraissent bien armés, forts contents de leur métier, dansent, boivent et semblent braver la misère qui les accable[1]. »
Bibliographie
- (en) François Cadic (préf. Roger Dupuy), Histoire populaire de la chouannerie, t. I, Rennes, éditions Terre de Brume, coll. « Les œuvres de François Cadic », , 601 p. (ISBN 978-2-843-62206-9 et 978-2-868-47907-5), p. 245-246.
- Julien Guillemot, Lettres à mes neveux sur la Chouannerie, , p. 150-151. lire en ligne sur google livres
- Charles-Louis Chassin, Les pacifications dans l'Ouest, t. III, éditions Paul Dupont, , p. 411-412.