Guerre sino-indienne

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Guerre sino-indienne
Description de cette image, également commentée ci-après
L'Inde est en orange et la Chine en vert.
Informations générales
Date
(1 mois et 1 jour)
Lieu Aksai Chin et sud du Tibet
Issue Victoire militaire chinoise
Changements territoriaux L'Aksai Chin devient territoire chinois
Belligérants
Inde Chine
Forces en présence
10 000 80 000
Pertes
1 383 morts
3 968 prisonniers
1 696 disparus
722 morts
1 697 blessés

La guerre sino-indienne est un conflit ayant opposé la Chine et l'Inde en 1962, pour le contrôle de territoires himalayens.

Première avancée chinoise en 1959

Après l'annexion du Tibet en 1951, la Chine a repoussé sa frontière sud-ouest au détriment de l'Inde. L'armée populaire de libération pénétra au Ladakh le , dans l'Himalaya occidental, et y construisit une route reliant l'Aksai Chin à la province chinoise du Xinjiang[1].

Conflit de 1962

En raison d'une tension grandissante entre les deux pays, après l'exil du Dalaï-Lama en Inde, et pour des raisons de politique intérieure, le Premier ministre indien, Nehru, décide de se montrer plus ferme vis-à-vis de la Chine communiste. Les contestations territoriales entre les deux pays portent notamment sur la ligne Mac Mahon et l'Aksai Chin. Pékin propose des négociations pour régler le litige. New Delhi installe un poste militaire au-delà de la ligne Mac Mahon qui délimite la frontière depuis la colonisation britannique. Les Chinois protestent sans résultat. Leurs troupes passent alors à l'attaque et refoulent l'armée indienne. Une nouvelle proposition de négociations parvient à New Delhi qui répond en préparant une confrontation générale. La Chine reprend alors l'offensive. Les défenses indiennes sont enfoncées. La panique gagne l'Inde qui se voit à la merci de son puissant voisin. Mais, à la surprise générale, les Chinois se retirent.[réf. nécessaire]

Les faibles garnisons des forces armées indiennes le long des 2 500 km de la frontière dont l'altitude dépasse parfois les 5 000 mètres ne sont pas préparées à répondre à cette agression et battent rapidement en retraite, 80 % des soldats défendant les postes avancés périssent ou sont faits prisonniers[2].

L'armée chinoise occupe les territoires de l'Aksai Chin au Cachemire et du futur État indien de l'Arunachal Pradesh, dans l'Assam, des zones très montagneuses revendiquées par la Chine. Le cessez-le-feu est déclaré le , bien que l'armée chinoise ait les moyens de continuer sa progression. L'APL se retire des territoires occupés, sauf de l'Aksai Chin, qui est unilatéralement annexé et aujourd'hui toujours revendiqué par l'Inde, tandis que l'Arunachal Pradesh est revendiqué par la Chine.

Ce conflit a renforcé les tensions à la frontière sino-indienne et a causé la perte d'environ 3 000 Indiens et de 900 Chinois, essentiellement militaires[3].

Suites et conséquences

En octobre 1962, le Consulat général de l'Inde à Lhassa est fermé et n'a pas été rouvert depuis lors[4],[5].

Cette guerre eut une influence notable sur la rupture sino-soviétique, le gouvernement soviétique ayant pris ouvertement parti pour l'Inde, tout comme le gouvernement des États-Unis[6].

Des Lockheed U-2 de la CIA sont appelés à surveiller la frontière sino-indienne dès le 5 décembre 1962 depuis la Thaïlande puis à partir de la base aérienne de Charbatia (en), près de Cuttack en Inde, de fin mai 1964 jusqu'en juillet 1967[7].

En 1965, durant la deuxième guerre indo-pakistanaise, la Chine a menacé d'intervenir militairement au côté du Pakistan[8].

En avril 2005, un accord sino-indien est intervenu afin de régler leur différend frontalier, accord fixant les « grands principes » pour un règlement « définitif » du contentieux frontalier qui les oppose le long de l'Himalaya depuis la guerre de 1962.

Les violations de frontière par les forces chinoises restent malgré cela fréquentes avec, en 2008, 270 cas recensés entraînant une augmentation de la présence militaire indienne sur la zone[9]. En 2010, le différend frontalier n'est toujours pas réglé[10].

En 2011, la Chine renforce ses troupes le long de la ligne de démarcation, déploie des missiles balistiques et multiplie les incursions en territoire indien, provoquant ainsi un regain de tension. En réponse, l'armée indienne a prévu de recruter 100 000 soldats sur cinq ans pour les déployer aux abords de la ligne de contrôle et d'y installer des missiles de croisière[11].

Quelques années plus tard, en 2017, la Chine a entrepris la construction d'une route à usage militaire dans le Doklam, une région montagneuse frontalière du Bhoutan, de la Chine et de l'Inde. La construction de cette route stratégique, permettant à la Chine d'acheminer rapidement hommes et matériels à sa frontière avec l'Inde, a provoqué pendant plusieurs mois un face à face extrêmement tendu entre les deux nations, avant qu'un accord ne soit finalement signé le 29 août 2017[12]. Au mois de janvier 2018, des images satellites fuitant dans la presse indienne ont toutefois révélé un déploiement massif des forces chinoises et une fortification de la région frontalière, en totale contradiction avec les termes de l'accord de désengagement signé le 29 aout 2017[13]. Le gouvernement indien s'étant révélé incapable de justifier une telle présence militaire, tout porte à croire que le conflit frontalier n'a pas encore été réglé[14].

Notes et références

  1. (fr) Serge-André Lemaire, « L'Himalaya indien », sur http://www.zonehimalaya.net/, Zone Himalaya, (consulté le ) .
  2. (fr) Claude Arpi, « LA GUERRE DE 1962 : LA POSITION DE LA FRANCE ENTREVUE DE GAULLE-NEHRU DE SEPTEMBRE 1962 », sur http://www.jaia-bharati.org/, La Revue d'Auroville, (consulté le ).
  3. (en) This tallies.
  4. Claude Arpi, An Indian Consulate in Lhasa?.
  5. India can reopen consulate in Lhasa : Chinese foreign ministry official, 25 août 2009.
  6. (fr) « Le conflit sino-indien », sur http://www.cartage.org.lb, Le Monde, (consulté le ).
  7. « la CIA aidait New Delhi à surveiller les entrées chinoises en Inde », sur RTL, (consulté le ).
  8. (fr) Christiane Tirimagni-Hurthig, « La fin de la guerre indo-pakistanaise de 1965, épuisement ou impasse », Revue française de science politique, (consulté le ).
  9. (en) Indrani Bagchi, « Chinese incursions into Indian territory rose sharply in 2008 », sur http://timesofindia.indiatimes.com/, Times of India, (consulté le ) .
  10. (fr) Antoine Guinard, « La Chine et l’Inde continuent d’entretenir le flou frontalier au Ladakh », sur http://www.aujourdhuilinde.com/, Aujourd'hui l’Inde, (consulté le ).
  11. Le Nouvel Observateur, no 2454, 17 au 23/11/2011.
  12. (fr) « Après des mois de tensions, l’Inde et la Chine évitent l’affrontement armé », sur http://letemps.ch/, Le Temps, (consulté le ) .
  13. (en) Vishnu Som, « Full-Fledged Chinese Military Complex In Doklam, Show Satellite Pics », sur http://ndtv.com/, NDTV 24x7, (consulté le )
  14. (en) The Wire Staff, « Chinese Infrastructure in Doklam? MEA Says No Even as Army Chief Bipin Rawat Says Yes », sur http://thewire.in/, The Wire, (consulté le ) .

Articles connexes