Guy Rosolato

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Guy Rosolato, né à Istanbul (encore Constantinople) en 1924 et mort à Paris en 2012[1], est un médecin psychiatre et un psychanalyste français.

Il occupe une place de premier plan dans l'histoire de la psychanalyse en France. « Formé dans le cadre de l'éphémère Société française de psychanalyse, élève très proche de Lacan, qu'il avait suivi lors de l' École Freudienne [il] a été l'un de ceux qui se sont dégagés de l'influence directe du "Maître". Il a rejoint l'Association psychanalytique de France »[2], dont il est devenu une figure marquante (il en sera le président de 1977 à 1979).

Il est créateur de concepts comme « le signifiant de démarcation », « l'objet de perspective », « la relation d'inconnu ».

Guy Rosolato est connu aussi pour ses travaux novateurs en pratique et en théorie d'une « psychanalyse en extension » ou « exploratrice », une manière originale de concevoir également la « psychanalyse hors cure » [assez décriée aujourd'hui sous l'ancienne appellation de « psychanalyse appliquée » au sens restrictif d'un malentendu plus français que freudien de ce type d'application non centrée sur la seule clinique]. Guy Rosolato s'est ainsi beaucoup intéressé aux mythes religieux.

Lors de sa disparition, l'historienne lacanienne Elisabeth Roudinesco écrit de lui qu'il était un « freudien original et parfois déroutant[1]. » Dans le journal Libération, Jean-Michel Hirt rend hommage à la « perspective Rosolato »[3].

Repères biographiques

Guy Rosolato est né le 29 janvier 1924 et a passé son enfance à Istanbul dans une famille française, originaire de la région lyonnaise venue faire de la sériciculture en Turquie.

Il a commencé ses études de médecine à Beyrouth et s'est engagé, pour répondre à l'appel du général de Gaulle en juin 1944, dans les Forces françaises libres comme infirmier dans un bataillon de tirailleurs sénégalais.

Après sa démobilisation, tout en pratiquant la peinture et la musique, il poursuit ses études de médecine. En 1953, il se tourne vers la psychiatrie. Il devient chef de clinique du professeur Jean Delay à l'hôpital Sainte-Anne, qui est « alors une pépinière, fréquentée par tout ce qui compte, ou comptera, dans le domaine de la psychiatrie et celui de la psychanalyse ». Henri Ey, rapporte J.-C. Arfouilloux, est, à ce moment-là, « un maître incontesté pour les jeunes psychiatres de la génération de Rosolato » et règne sur « la bibliothèque de Sainte-Anne, l'une des plus riches de Paris »[4]. Son enseignement est très suivi et il dirige l'excellente revue L'évolution psychiatrique, dont Guy Rosolato recevra le prix, décerné chaque année, en 1956 pour sa conférence intitulée « Sémantique et altérations du langage ». En 1957, Guy Rosolato soutient sa thèse de médecine sur le sujet suivant : « Références psychopathologiques du surréalisme ». C'est pendant son internat à Sainte-Anne qu'il noue des liens d'amitié notamment avec André Green, Roger Misès, Conrad Stein, et Serge Leclaire qui lui fait connaître Lacan. En 1954, il entreprend une analyse avec Lacan, qui durera dix ans.

Le mouvement psychanalytique français est en plein essor à l'orée des années 1960. Le colloque de Bonneval (organisé par Henri Ey), sur « L'inconscient », fait date en 1960 et réunit notamment René Diatkine, André Green, Jean Hyppolite, Jacques Lacan, Jean Laplanche et Serge Leclaire (qui présentent le « rapport » intitulé « L'inconscient, une étude psychanalytique »), Henri Lefebvre, Maurice Merleau-Ponty, Eugène Minkowski, Paul Ricoeur.

Le mouvement psychanalytique français connaît deux scissions qui affectent le tissu associatif institutionnel en 1953 et 1963, par rapport à l'I.P.A. (l'Association Psychanalytique Internationale) et autour de la figure devenue centrale de Lacan. Élève de Lacan, Guy Rosolato participe en 1964 à la fondation de l'École Freudienne de Paris dont il se sépare en 1967 pour rejoindre l'Association Psychanalytique de France. À l'APF, dont il devient membre titulaire en 1968, il compte déjà des amis comme Jean Laplanche, Daniel Widlöcher et J.-B. Pontalis. Il s'y impose bientôt comme l'une des personnalités les plus marquantes, et en assure la présidence de 1977 à 1979.

Les travaux de Guy Rosolato sont traduits et connus à l'étranger, où il s'est souvent déplacé pour donner des conférences.

Guy Rosolato est mort à Paris le .

Publications

Livres

Autres textes

  • « Sémantique et altérations du langage », dans Évolution psychiatrique, 20, no 4, p. 867-899.
  • « Références psychopathologiques du surréalisme », thèse de médecine, Paris, 1957.
  • « Étude des perversions sexuelles à partir du fétichisme » dans Le désir et la perversion (avec Piera Aulagnier-Spairani, Jean Clavreul, François Perrier et Jean-Paul Valabrega),Paris, Seuil, 1967. (ISBN 978-2020057738)
  • « L'hystérie, névrose d'inconnu », Topique, no  41, 1988, p. 19-47.
  • « Schibboleth », Psychanalyse à l'université, no 65, 1992, p. 145-150.
  • « Comment s'isolent les signifiants de démarcation », Topique, no 49, 1992, p. 65-79.
  • « Mystères chrétiens et "Nuit obscure" » dans Topique, no 85 Les spiritualités, L'Esprit du temps, 2004, p. 13-34. (ISBN 2-84795-018-4)
  • L'inconnu, dialogue avec Guy Rosolato, PUF, « Petite Bibliothèque de Psychanalyse », 2009. (ISBN 978-2-13-057472-9)

Notes et références

  1. a et b Élisabeth Roudinesco « Guy Rosolato, psychiatre et psychanalyste » Le Monde daté du 13 mars 2012, [lire en ligne]
  2. Jean-Claude Arfouilloux, Guy Rosolato, Paris, PUF Collection "Psychanalystes d'aujourd'hui", 2000 ISBN 2 13 050689 5 [Quatrième de couverture].
  3. Jean-Michel Hirt, « Un hommage au psychanalyste Guy Rosolato », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. J.-C. Arfouilloux, Guy Rosolato, Paris, PUF, 2000, p. 8.

Liens externes