Donald Rumsfeld

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Donald Rumsfeld
Illustration.
Portrait officiel de Donald H. Rumsfeld, 2002
Fonctions
13e et 21e secrétaire à la Défense des États-Unis

(5 ans, 10 mois et 28 jours)
Président George W. Bush
Gouvernement Administration Bush
Prédécesseur William Cohen
Successeur Robert Gates

(1 an et 2 mois)
Président Gerald Ford
Gouvernement Administration Ford
Prédécesseur James Schlesinger
Successeur Harold Brown
6e chef de cabinet de la Maison-Blanche

(1 an)
Président Gerald Ford
Gouvernement Administration Ford
Prédécesseur Alexander Haig
Successeur Dick Cheney
Représentant du 13e district de l'Illinois

(6 ans)
Prédécesseur Marguerite S. Church
Successeur Phil Crane
Biographie
Nom de naissance Donald Henry Rumsfeld
Surnom Rumy
Date de naissance (91 ans)
Lieu de naissance Evanston, Illinois (États-Unis)
Nationalité Américaine
Parti politique Parti républicain
Conjoint Joyce H. Pierson
Enfants Valerie J. Rumsfeld Richard
Marcy K. Rumsfeld Walczak
Donald N. Rumsfeld, Jr
Diplômé de Université de Princeton
Profession pilote de l'aéronavale
homme d'affaires

Donald Rumsfeld Donald Rumsfeld
Chefs de cabinet de la Maison-Blanche
Secrétaires à la Défense des États-Unis

Donald Henry Rumsfeld, né à Evanston en banlieue nord de Chicago dans l'Illinois le , a été le 21e secrétaire à la Défense des États-Unis, de 2001 à décembre 2006, et le plus âgé à occuper ce poste. Il avait déjà occupé cette fonction par le passé entre 1975 et 1977, dans le gouvernement du président Gerald R. Ford, où il était alors le plus jeune ayant eu cette fonction.

Membre fondateur du think tank néoconservateur Project for the New American Century, ancien champion de lutte et pilote de l'US Navy, il est aussi un adepte du franc-parler et un important stratège militaire[réf. nécessaire].

Natif de la banlieue de Chicago

La famille paternelle de Donald Rumsfeld est originaire de Brême en Allemagne et c'est son arrière-grand-père Johann Heinrich Rumsfeld qui décide d'émigrer en Amérique du Nord en 1876.

Né à Evanston juste au nord de Chicago dans l'Illinois, dans un milieu modeste, il grandit en banlieue nord de Chicago, à Evanston. Adolescent, il dirige l'équipe de lutte de son lycée.

Boursier, il fait des études de sciences politiques à l'Université de Princeton puis s'engage dans l'United States Navy où il devient pilote, avant de devenir instructeur de l'aéronavale.

Le JFK républicain

Attiré par la politique, il est élu pour la première fois représentant de l'Illinois à la Chambre des représentants des États-Unis en 1962 alors qu'il n'a que 30 ans.

Le président Gerald Ford en compagnie de Donald Rumsfeld et Dick Cheney, le .
Donald Rumsfeld avec Saddam Hussein en 1983.
Donald Rumsfeld et le Premier ministre japonais Jun'ichirō Koizumi à Tōkyō, le .
Donald Rumsfeld et le ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre israelien Shimon Peres au Pentagone, le .

Surnommé à l'époque « le JFK républicain », il est constamment réélu jusqu'à son entrée dans l'administration de Richard Nixon en 1969 à la présidence d'un organisme chargé de la lutte contre la pauvreté.

En 1972, Nixon en fait son ambassadeur à l'OTAN à Bruxelles pendant deux années.

En 1974, le président Gerald Ford le nomme secrétaire général de la Maison-Blanche. Son adjoint est alors Dick Cheney.

En 1975, Rumsfeld est nommé secrétaire à la Défense alors que George H. W. Bush, son rival, est nommé directeur de la CIA.

Traversée du désert

En 1977, Rumsfeld rejoint le secteur privé comme dirigeant du groupe pharmaceutique Searle, basée à Skokie (Illinois). C'est alors qu'il était secrétaire général de la Maison-Blanche que Searle reçut l'agrément de la Food and Drug Administration pour l'exploitation commerciale de l'aspartame, un édulcorant fortement controversé. La commercialisation de ce produit sous le nom de NutraSweet permit à la société Searle d'engranger, sous la direction de Rumsfeld, de substantiels bénéfices. La vente de Searle à la compagnie Monsanto lui aurait rapporté la somme de 12 millions de dollars[1].

En 1981, en dépit du retour des républicains au pouvoir, l'hostilité du vice-président Bush l'empêche de retrouver des fonctions gouvernementales.

En 1983, il est l'envoyé spécial du président Ronald Reagan au Moyen-Orient. Il se rend à Bagdad et sa rencontre avec Saddam Hussein débouche en 1984 sur le rétablissement des relations diplomatiques, rompues par l'Irak lors de la guerre israélo-arabe de 1967.

En mai 1984, Donald Rumsfeld renonce à sa mission au Moyen-Orient pour se consacrer à ses activités de chef d'entreprise.

En 1988, il renonce à participer aux primaires républicaines pour la succession de Ronald Reagan et laisse le champ libre à George H. W. Bush.

Sa traversée du désert commence alors et continue sous Bill Clinton, qui lui confie pourtant, en 1998, la présidence d'une commission chargée d'étudier les projets de défense antimissile. Il dirige également une commission du Congrès sur les « États voyous » qui conclut que la CIA était incapable d'obtenir des informations sur ces nouvelles menaces.

Le secrétaire à la Défense de George W. Bush

Donald Rumsfeld

En 2001, c'est sous les conseils de Dick Cheney, nouveau vice-président et ami que Rumsfeld est nommé à la tête du Département de la Défense au Pentagone.

Selon Nicole Bacharan et Dominique Simonnet cette nomination de Donald Rumsfeld au poste de secrétaire à la défense par George Bush fils pourrait d’ailleurs passer pour une révolte de ce dernier contre son père[2].

Il arrive avec un projet de modernisation des forces armées en misant sur les technologies de pointe mais en peu de temps il déclenche l'hostilité d'une bonne partie des états-majors et de leurs alliés au Congrès.

Attentats du 11 septembre 2001

Les attentats du 11 septembre 2001 font du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld l'homme de la guerre en Afghanistan, chargé d'organiser l'offensive générale contre le terrorisme.

Son nouveau rôle, sa forte popularité et l'augmentation impressionnante des crédits militaires lui permettent de procéder à la modernisation de l'outil de défense.

Guerre d'Irak de 2003

Qualifié d'arrogant, il est avec son adjoint Paul Wolfowitz, un des stratèges de la guerre d'Irak en 2003.

Donald Rumsfeld et le maire de New York, Rudolph Giuliani sur le site du World Trade Center à Manhattan, le .

C'est également dans le cadre de l'après-11 septembre mais également de la guerre interne menée par le vice-président, Dick Cheney, contre la CIA, l'Agence centrale de renseignement, que Rumsfeld procède à la création du Bureau des projets spéciaux (Office of Special Plans), placé sous l'autorité directe de Paul Wolfowitz, son secrétaire adjoint et géré par le sous-secrétaire à la Défense, Douglas Feith. Le travail de cette officine fut de falsifier le matériel fourni par la CIA et les renseignements militaires et d'apporter ses propres conclusions à la Maison-Blanche. C'est à ce bureau qu’a été par la suite reproché d'avoir gonflé la menace des armes de destruction massive irakiennes et d'avoir sciemment fourni de fausses informations. Il a été fermé depuis.

Démission

George W. Bush et Donald Rumsfeld le , jour de l'annonce de sa démission.

Selon Jeremy Scahill, « le mandat de Donald Rumsfeld comme secrétaire à la Défense connaîtra une fin peu glorieuse. Depuis quelques mois, huit généraux à la retraite, ... mènent avec des parlementaires ... une campagne pour obtenir sa démission ». Certains lui reprochent la détérioration de la situation en Irak, d'autres, les mauvais traitements aux détenus d'Abou Ghraib[3].

Le , le président des États-Unis George W. Bush accepte et annonce la démission de Donald Rumsfeld au lendemain de la victoire des démocrates lors des élections de mi-mandat. Le président a proposé au Sénat l'ancien directeur de la CIA, Robert Gates, pour lui succéder.

Après une tournée d'adieu auprès des soldats américains en Irak, la passation de pouvoir avec son successeur a lieu le .

Polémiques

Tamiflu

De janvier 1997 jusqu'à ce qu'il devienne le 21e secrétaire à la Défense en janvier 2001, Donald Rumsfeld était président du conseil d'administration de Gilead Sciences qui a développé le Tamiflu, utilisé dans le traitement de la grippe aviaire. D'après le numéro du 31 octobre 2005 du magazine Fortune, M. Rumsfeld aurait possédé à cette époque entre 5 et 25 millions de dollars d'actions dans la société[4]. À la suite à cette révélation, le journal Libération rapporte qu'il a indiqué avoir déjà pensé vendre ses actions en début d'année, lorsque la question d'une pandémie possible commençait à se poser. Puis, après avoir consulté le Comité d'éthique du Sénat, les services juridiques de la Maison-Blanche et le département de la Justice, il avait décidé de ne pas vendre et, mardi, de s'abstenir de toute participation aux décisions concernant la grippe aviaire. La moindre des prudences quand on sait que le Pentagone a déjà commandé pour 58 millions de dollars de Tamiflu pour les soldats US dans le monde[5].

L'invasion de l'Irak

Les lourdes difficultés de l'occupation militaire qui s'ensuivirent sont beaucoup reprochées à Donald Rumsfeld, notamment le fait de ne pas avoir engagé suffisamment de moyens en termes de soldats et de matériel militaire. Et ceci en dépit des estimations des besoins effectuées par les militaires comme le général Eric Shinseki, chef d'état-major de l'armée de terre[réf. nécessaire].

Utilisation de la torture

Le scandale de la torture à la prison d'Abou Ghraib le met sur la sellette. Plusieurs élus républicains ou démocrates exigent sa démission, mais le président Bush lui maintient sa confiance et il conserve son poste après la réélection de George W. Bush en novembre 2004.

Dans ce cadre, cinq plaintes pour mauvais traitements et tortures ont été déposées contre lui. Deux l'ont été en Allemagne et n'ont pas abouti, ni celles déposées en Argentine et en Suède. Une autre, déposée aux États-Unis par un groupe de prisonniers ou d'anciens prisonniers des centres de détention d'Abou Ghraib et de Guantanamo n'a pas abouti au motif que les plaignants n'étaient pas de nationalité américaine.

Le , la dernière plainte a été déposée contre lui auprès du Parquet de Paris par quatre associations de défense des droits de l'homme (la Fédération internationale des droits de l'homme, la Ligue française pour les droits de l'homme et du citoyen, le Center for constitutional rights, le European center for constitutional and human rights) alors qu'il était à Paris, invité d'honneur de la revue Foreign Policy, au Cercle de l'union interalliée. Les plaintes invoquent la compétence universelle de la justice française (prévue par l'article 5.2 de la Convention contre la torture, que la France a ratifiée et l'article 689-1 du Code de procédure pénale) pour le crime de torture, dès lors que l'auteur présumé des faits se trouve sur le territoire de la République. L’article 221-1 du Code pénal prévoit que de tels actes sont punissables de 15 années de réclusion criminelle[6]. Le Parquet de Paris a alors confirmé que la plainte était en cours d'examen et devait vérifier si elle était recevable[7].

Plus largement, il apparaît que Donald Rumsfeld a en fait modifié plusieurs règlements afin de légaliser la torture par des agents américains, quand elle est pratiquée sur des suspects de terrorisme[8], sans pour autant que cette notion soit définie légalement.

Rumsfeld est assurément l'un des principaux architectes de la bureaucratie de la torture mise en place dans la foulée du 11 septembre, mais son départ n'aura pas grand effet sur les pratiques et les programmes qu'il a contribué à définir [3] et qui continueront à fonctionner en l'état sous l'administration Obama.

Lettres de condoléances

En décembre 2004, Donald Rumsfeld a été lourdement critiqué du fait qu'il n'avait pas signé personnellement plus de 1 000 lettres de condoléances aux familles des soldats morts en Irak et en Afghanistan. Il avait alors promis de signer personnellement toutes les lettres dans le futur[9],[10].

Dans la culture populaire

Dans le film W. : L'Improbable Président (2008) d'Oliver Stone, son rôle est joué par Scott Glenn.

Bibliographie

  • Andrew Cockburn, Caligula au Pentagone : Rumsfeld, les néoconservateurs et le désastre irakien (traduit de l'anglais par Fred Hissim), Xenia éditions, Vevey, 2007, 288 p. (ISBN 978-2-88892-046-5) – Titre anglais : Rumsfeld: His Rise, Fall, and Catastrophic Legacy, paru en 2007 chez Scribner.

Citations

  • « Les bonnes nouvelles ne font jamais la une des journaux ! (à propos de la stabilisation de l'Irak). »
  • « Il y a ce qu'on sait et ce que l'on ne sait pas. Et il y a ce qu'on sait ignorer et ce que l'on ne sait pas qu'on ignore. »
  • « L'absence de preuve ne signifie pas la preuve de l'absence. » (à propos de l'absence de preuve d'armes de destruction massive en Irak)
  • « Vous partez en guerre avec l'armée que vous avez, pas l'armée que vous voulez. »
  • « Le cagoulage, l’exploitation des phobies, les positions stressantes, la privation de lumière et les stimuli auditifs, le retrait des vêtements, l’usage de chiens, [ou encore] l’usage de contacts physiques modérés et non préjudiciables tels que l’empoignade, le pointage du doigt dans le torse, et la légère poussée, [ainsi que] d’autres tactiques coercitives habituellement interdites par le « Army Field Manual ». » Cette phrase est tirée de la réponse, datée du 2 décembre 2002 de Donald Rumsfeld, alors Secrétaire à la Défense des États-Unis, à la requête des autorités militaires en charge de Guantanamo demandent l’autorisation d’utiliser des méthodes d’interrogatoire plus musclées afin de contrer certaines résistances au sein des détenus.[réf. nécessaire]
  • « Je reste debout entre huit et dix heures par jour. Pourquoi le maintien en position debout est-il limité à quatre heures ? » Cette phrase a été ajoutée dans une note manuscrite par Donald Rumsfeld, alors Secrétaire à la Défense des États-Unis, en première page du mémorandum du 2 décembre 2002, se référant à la technique du maintien en position debout prolongé comme technique d’interrogatoire.[réf. nécessaire]
  • « Comme les musulmans sont trop souvent contre l'effort physique, ils font venir des Coréens et des Pakistanais tandis que leurs jeunes restent au chômage. »[11]
  • « Le monde doit avoir des attentes réalistes. Cette campagne sera un marathon, pas un sprint. Il ne sera pas possible de régler le sort des réseaux terroristes comme Al-Qaida avec des missiles de croisière ou des bombardiers. Nous reconnaissons que cela prendra du temps, qu'il faudra une pression sur les pays qui leur donnent asile pour obtenir des succès. Nos sommes patients et déterminés. La légitimité de nos actions ne dépend pas du nombre de pays qui nous soutiennent. Ce serait plutôt l'inverse qui est vrai : la légitimité des opinions des autres pays doit être jugée sur la base de leur attitude vis-à-vis de cette attaque barbare envers une façon de vivre libre. Les coalitions qui seront créées ne seront pas figées ; au contraire, elles changeront et évolueront. La plupart des pays se sentent concernées par le terrorisme [...]. Il ne sera donc pas surprenant de voir certains pays soutenir certaines actions engagées par les USA tandis que d'autres ne nous soutiendront pas. Le groupe dans lequel viendront se ranger les pays dépendra de la nature et de la localisation de nos actions. Nous reconnaissons que certains pays devront garder secret ou minimiser leur coopération avec nous. Cela doit être compris et accepté. [...] Nous sommes en guerre contre les terroristes et les régimes qui les soutiennent. Ceci n'est pas une guerre contre les peuples de quelque pays que ce soit. [...] Ceci n'est pas une guerre contre l'Islam ou n'importe quelle autre religion. Les terroristes d'Al-Qaida sont des extrémistes dont les buts sont à l'opposé de ceux des musulmans. [...] Il y aura des effets secondaires. Nous savons qu'au fur et à mesure que nous lutterons contre le terrorisme, nos actions auront un certain nombre d'effets dans certains pays. Nous devons accepter cela en raison de l'importance de notre cause. Il en résultera des modifications des relations et des alliances dans les années à venir. »[12],[13]

Références

  1. « Winter comes for a Beltway lion; Rumsfeld rose and fell with his conviction intact », Chicago Tribune, 12-11-2006, p. 17.
  2. 11 septembre, le jour du chaos, page 159
  3. a et b Jeremy Scahill, Le nouvel art de la guerre - Dirty Wars, Lux éditeur, coll. "Futur proche", 2014, p. 255 (ISBN 978-2-89596-179-6)
  4. CNN Money
  5. Libération - Bienvenue sur Libération.fr
  6. http://www.fidh.org/IMG/pdf/plainteFINALE25oct07.pdf
  7. De passage à Paris, Rumsfeld est attaqué pour tortures | Rue89
  8. Naomi Klein (trad. Lori Saint-Martin et Paul Gagné), La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre [« The Shock doctrine. The rise of disaster capitalism »], Paris, Léméac/Actes Sud, , 669 p. (ISBN 978-2-7427-7544-6), p. 59
  9. After Outcry, Rumsfeld Says He Will Sign Condolence Letters (washingtonpost.com)
  10. Rumsfeld sympathy signed by machine - Telegraph
  11. Washington Post, 31/10/2007
  12. [1]
  13. http://www.ideasinactiontv.com/tcs_daily/2001/09/thoughts-on-terrorism.html

Liens externes

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