Charles François Dumouriez

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Charles-François Dumouriez
Charles François Dumouriez
Le général Dumouriez par Jean-Sébastien Rouillard (1834).

Naissance
Cambrai
Décès (à 84 ans)
Turville-Park
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de la Grande-Bretagne. Grande-Bretagne
Drapeau du Royaume du Portugal Royaume de Portugal
Grade Général de division
Années de service 1758
Commandement Armée des Ardennes
Armée du Nord
Conflits Guerre de Sept Ans
Guerres de la Révolution
Faits d'armes Bataille de Valmy
Bataille de Jemmapes
Bataille de Neerwinden
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile (3e colonne)
Autres fonctions Ministre des Affaires étrangères
Ministre de la guerre
Famille Fils d'Anne-François Duperrier-Dumouriez

Charles-François du Perrier du Mouriez, dit Dumouriez est né le à Cambrai et mort le à Turville-Park, près de Londres. Général français, petit-fils de comédiens[1] et fils d’un militaire de carrière, Anne-François Duperrier-Dumouriez.

Biographie

Sous l'Ancien Régime

Il fit sa première campagne à 19 ans, comme cornette de cavalerie dans le régiment d'Escars, et il était parvenu au grade de capitaine. Officier de l’Ancien Régime, il sert comme capitaine pendant la guerre de Sept Ans durant laquelle il reçoit vingt-deux blessures.

À la paix de 1763, il se trouva compris dans une réforme nombreuse, n’ayant recueilli de sept années de service qu’un brevet de pension de 600 livres qui ne lui fut jamais payé et la croix de Saint-Louis. Il est fait chevalier de Saint-Louis le 1er février 1763.

Dans cette situation précaire, il alla offrir ses services à la République de Gênes qui faisait la guerre en Corse. Il fut refusé. Il alla trouver Paoli, qui le repoussa également. Il tenta alors de révolutionner la Corse au profit de la démocratie sans plus de succès. Enfin, n’ayant été agréé ni par les uns ni par les autres, il alla présenter au duc de Choiseul un plan pour la conquête de l’île : le ministre le repoussa durement.

Mais le beau-frère de la comtesse du Barry le fit rentrer en grâce. Le duc de Choiseul accorda à Dumouriez une gratification de 18 000 livres, et lui confia un emploi d’agent secret pour une mission à la cour de Madrid.

Au retour de cette mission, il reçut un brevet d’aide-major général pour aller faire la guerre en Corse, sous MM. de Chauvelin et Devaux[Lequel ?]. En 1768, on l’envoie participer à l'occupation de la Corse qui vient d’être achetée par Louis XV, roi de France, à la République de Gênes.

En 1770, on le chargea d’une autre mission secrète en Pologne pour soutenir militairement la confédération de Bar. Auprès des chefs du parti de l’indépendance, réunis à Eperies en Hongrie. Sur ces entrefaites, le duc de Choiseul tomba en disgrâce et il se trouva sans instructions. Il se plaça alors à la tête d’un parti de confédérés, attaqua 5 000 Russes commandés par Souvorov, qui le battit et dispersa sa troupe à la bataille de Lanckorona. D'Aiguillon, successeur du duc de Choiseul, le rappela en 1772.

Il alla alors aider Gustave III de Suède dans sa lutte contre l’aristocratie suédoise. Cette mission lui avait été donnée par le duc de Broglie, ministre de la correspondance secrète de Louis XV. D’Aiguillon, qu’on n’avait point informé, le fit arrêter à Hambourg et enfermer à la Bastille, puis au château de Caen, d’où il ne sortit qu’à la mort du roi, sans doute pour avoir détourné une partie des fonds destinés à ses missions d’agent secret. En 1774, il rencontre sa cousine, mademoiselle de Broissy, qui s’était retirée au couvent de la Charité ; il l’épouse peu après[2].

Louis XVI lui rendit son grade de colonel et l’envoya à Lille enseigner l’exercice à la prussienne, puis, peu après, le fit gouverneur de Cherbourg, où il dirigea pendant onze ans, avec talent et activité, les travaux du nouveau port.

On l’avait nommé pendant ce temps brigadier en 1787, maréchal de camp le , et commandant de la garde nationale de Cherbourg. Il devint ensuite en 1789 gouverneur du Château de Caen où il avait été enfermé quinze ans plus tôt.

Ministre de Louis XVI

Dès 1789, il adopte les principes de la Révolution française et écrit en leur faveur. Mais ce militaire qui joue d'importantes sommes, échoue à se faire élire aux états généraux de 1789. Quand le 18 juillet 1789, le Château de Caen est pris d'assaut par les bourgeois et le peuple de la ville, le commandant arbore la cocarde tricolore ramenant ainsi sans incident majeur le calme dans la ville[3]. Il quitte alors Caen pour s'établir à Paris, où il se lie avec Armand Gensonné, La Fayette ou Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, et se faire connaître au Club des Jacobins en 1790.

Il obtient un commandement en Vendée en 1791 et est nommé lieutenant général le 6 février 1792 puis général d'armée le 17 août suivant et commandant de la garde nationale de Cherbourg en août 1792.

Avec l’appui des Girondins, il est ministre des Affaires étrangères le , pousse à la guerre contre l’Autriche, fait licencier la Garde constitutionnelle du Roi Louis XVI et opère au renvoi des ministres Roland, Servan et Clavière.

Il est chargé un moment du ministère de la guerre, mais disgracié, il se retire du ministère en démissionnant le , et reprend du service.

Général des armées de la République

Buste de Dumouriez par Houdon, 1792 - Musée des Beaux-Arts d'Angers

Il alla commander à l’armée du Nord, sous les ordres de Luckner, la division du camp de Maulde; enfin, après le 10 août, par l’influence de Danton, son ami, il prit le commandement de l'armée des Ardennes, que La Fayette venait de quitter.

Dumouriez avait seulement quelque 28 000 hommes à opposer aux 60 000 du duc Charles-Guillaume-Ferdinand de Brunswick-Wolfenbüttel. Les ennemis menaçaient Verdun : il fait la campagne de l'Argonne et s’empare des défilés de l’Argonne, seul moyen d'arrêter leur marche[4].

L’armée prussienne, retardée par plusieurs causes, donna le temps à Kellermann de rejoindre Dumouriez, le 19 septembre, avec 27 000 hommes, et à Beurnonville de lui amener 10 000 hommes. Le , il arrête les progrès de l’ennemi : les Prussiens furent attaqués et la bataille de Valmy les força à la retraite. Dumouriez ne harcela pas cette armée en retraite, il ne fit que la suivre sans l’inquiéter, ne voulant pas enlever à Louis XVI, dont il n’avait jamais été l’ennemi, tout espoir d’être protégé à l’extérieur.

Il fit même prévenir secrètement le roi de Prusse que Custine allait envahir ses États. Au reste, son intérêt personnel était dans la balance : la Prusse lui abandonnait la Belgique, qu’il devait posséder avec le titre de duc de Brabant.

Dumouriez se rendit à Paris, se fit donner le commandement de l’armée du Nord, fit paraître le 26 octobre, à Valenciennes, une proclamation qui excitait les Belges à se soulever contre l’Autriche. Il entre en Belgique le 27 octobre.

Il se disposa, le 3 novembre, à attaquer l’armée autrichienne sur les hauteurs fortifiées de Jemappes ; mais ce sont les Autrichiens eux-mêmes qui l’attaquent. Avec l'aide du général Ferrand qui commande l'aile gauche de l’armée du Nord, il bat les Autrichiens sous les ordres du duc Albert de Saxe-Teschen à Jemappes le 6 novembre, et la Belgique est conquise. Soutenant l’idée d'une République indépendante en Belgique, Dumouriez s’oppose à la Convention.

Le putsch manqué

Dumouriez repartit fin décembre 1792 pour Paris, pour essayer de sauver Louis XVI dont le procès, jugeait-il, avait été précipité. Impuissant à sauver le monarque, il voulut s’assurer de faire ratifier certains marchés avec les Belges. Mal reçu des Montagnards et notamment du ministre de la guerre Pache qu'il accusa de désorganiser l'approvisionnement des troupes, il s’attacha aux Girondins. Eux comptaient sur lui, lui espérait d’eux.

Le , il quitta Paris.

Arrivé à Amiens, il y apprit la rupture de la France avec l’Angleterre, et conséquemment avec la Hollande.

Pour prendre de vitesse les armées de la coalition, il entreprit l’invasion de cette république avec 13 500 hommes mal équipés et mal nourris la faute en incombant à l'administration de Pache.

Bréda et Berg-op-Zoom tombèrent en son pouvoir. Il repoussa le prince Frédéric Josias de Saxe-Cobourg, et livra la Bataille de Neerwinden (), où les troupes françaises, tout en restant maîtresses du champ de bataille, éprouvèrent un véritable échec. Cette bataille qui eut pour lui toutes les conséquences de la défaite la plus complète, renversa tous ses projets.

À partir de ce revers, il se vit en butte à de virulentes attaques de ceux-là même qui avaient favorisé la défaite. La Convention, au sein de laquelle une foule d’accusations s’étaient élevées contre lui, décréta qu’il serait traduit à sa barre.

Se voyant menacé d’être injustement traduit à la barre de l'Assemblée, décrété d'arrestation puis traduit au Tribunal révolutionnaire nouvellement établi, il accepta les ouvertures à lui faites par le prince de Cobourg qui lui proposa de se joindre à lui pour rétablir la constitution donnée par l'Assemblée nationale constituante, sortir Marie-Antoinette et ses enfants de la prison du Temple, dissoudre la Convention et rétablir une monarchie constitutionnelle.

Mais ses projets ayant transpiré, la Convention envoya (2 avril) à son quartier général au bourg de Saint-Amand-les-Eaux, le ministre Beurnonville et les députés Armand-Gaston Camus, Jean Henri Bancal des Issarts, François Lamarque et Nicolas-Marie Quinette, pour le suspendre et lui ordonner de venir rendre compte de sa conduite[5].

Le 4 avril, le général Dumouriez, qui avait promis aux autrichiens de livrer la place-forte de Condé fut contraint de rebrousser chemin les troupes de la garnison ayant eu vent de la trahison, tout en envoyant un aide-de-camp avec ordre au général Neuilly de faire sortir le 18e régiment de cavalerie. Se dirigeant alors vers Valenciennes, il croise 3 bataillons de volontaires de l'Yonne dont l'un était commandé par le chef de bataillon adjoint Louis-Nicolas Davout, et leur enjoint de rebrousser chemin. Une partie de la colonne s'avance alors vers lui d'un air menaçant. Effrayé, il s'enfuit à travers champs, avec son escorte vers Bruille, sous les coups de feu des volontaires, qui connaissaient la trahison de leur général en chef.

Dumouriez, abandonné par une grande partie de ses soldats, poursuivi comme traître, n’échappa qu’avec peine à la mousqueterie très-vive qui l'accompagna presque jusqu’aux retranchements de l’armée autrichienne, et fut rejoint peu de jours après par environ 1 500 hommes, que le prince Frédéric Josias de Saxe-Cobourg prit à la solde de l’Autriche. Dumouriez fit arrêter les commissaires. Il passe alors à l’ennemi, entraînant avec lui son état-major. Il fait arrêter, livrer aux Autrichiens et jeter dans les prisons d’Olmütz le ministre de la guerre Beurnonville et ses quatre commissaires, où ils restent trente mois. Il veut marcher sur Paris ; mais il est abandonné de ses soldats, et contraint de gagner en fugitif le camp ennemi.

Dumouriez quitta le camp autrichien. À partir de cette époque, il mena une vie errante : mal vu de l'émigration ultra qui le rejetait comme « constitutionnel », il voyagea à travers l’Europe. Il se rendit en Franconie, d’où il fut durement éconduit par l’Électeur de Cologne, puis à Stuttgart, où il ne fut pas mieux accueilli, puis, sous un nom supposé, en Suisse, en Italie, en Angleterre ; mais tout séjour lui était interdit dès qu’il était reconnu. Enfin, il se fixa à Nériss, près de Hambourg, sur le territoire danois.

Sous le Consulat et le Premier Empire

En 1800, il alla en Russie offrir à Paul Ier de Russie ses services contre la France, mais Paul se prononça tout à coup pour la France contre l'Angleterre.

En 1800, il finit par se fixer au Royaume-Uni, dont le gouvernement lui fit une pension pour prix des conseils qu’il lui donnait. En 1803, à l’époque du camp de Boulogne, il alla habiter l’Angleterre pour laquelle il fait de l’espionnage. En 1805, il fit un voyage en Prusse. En 1807, il s’était lié avec Gustave de Suède, et il était question de lui donner le commandement de l’armée suédoise, lorsque la paix de Tilsitt le força de retourner en Angleterre.

En 1808, il alla offrir ses services au Portugal menacé par la France. Il parcourut l’Espagne, donna aux Espagnols le système des guérillas, et composa pour eux un ouvrage qui, traduit sous le titre de Pardidas de guerillas, fut longtemps leur manuel.

De 1812 à 1814, il fut le conseiller du ministère Castlereagh et de Wellington. On l’accuse d'avoir fourni des plans aux Britanniques dans la guerre d'Espagne et aux Alliés lors de l’invasion de la France en 1814.

Sous la Restauration

Pour ses conseils donnés à Arthur Wellesley de Wellington, il se voit refuser son autorisation de revenir en France par les Bourbons. Il resta en Angleterre et continua à recevoir une pension de 1 200 livres sterling et une somme annuelle de 40 000 francs, qu’un de ses anciens amis lui fit remettre jusqu’à sa mort.

Au mois de mars 1822, il quitta sa résidence de Little-Ealing et alla demeurer à Turville-Park, dans le comté de Buckingham. On lui acheta un troupeau, des vaches. Il avait 84 ans.

Il mourut le . Ses restes sont déposés dans l’église de Henley-on-Thames.

Son nom figure sur l’arc de triomphe de l'Étoile à Paris.

Publications

Dumouriez a beaucoup écrit sur la Révolution. Il a publié ses Mémoires sous ce titre : Vie et ouvrages du général Dumouriez, Hambourg, 1795. Il existe également 2 tomes reliés en un seul volume publié à Londres en 1794 sous le titre : Mémoires du général Dumouriez, écrits par lui-même.
Et aussi : État présent du Royaume de Portugal en l'année MDCCLXVI Lausanne chez François Grasset et Comp., 1775.

Notes et références

  1. Pour C. Mullié, né d’une ancienne famille parlementaire de Provence qui portait le nom de Duperrier. Dumouriez vient, par corruption, de Mouriez, nom de la femme de sa bisaïeule. Le père de Dumouriez était commissaire des guerres.
  2. Louis Gosselin, « L'ile Saint-Jean » dans Le mois à Caen, octobre 1967, no 58, p. 16
  3. Son successeur, Henri de Belzunce, fut moins habile et fut massacré par la foule le 12 août 1789.
  4. Le , il écrit à Paris la dépêche suivante :
    « Verdun est pris, j’attends les Prussiens. Les défilés de l’Argonne sont les Thermopyles de la France ; mais je serai plus heureux que Léonidas. »
    II s’y maintint en effet.
  5. Dumouriez, qu’ils trouvèrent entouré de son état-major, leur demanda quelle était leur mission. Les députés refusèrent de s’expliquer devant un aussi grand nombre d'officiers et demandèrent à passer dans une pièce voisine. Dumouriez y consentit, mais les officiers exigèrent que la porte restât ouverte. Camus lui lut alors le décret de la Convention. Dumouriez répondit qu'il ne pouvait quitter son armée dans l’état de désorganisation où elle se trouvait. Camus déclara que l’ordre était impératif ; Dumouriez répondit qu’il ne serait pas assez sot pour se livrer lui-même aux tigres qui brûlaient de l’immoler à Paris. Puis il engagea les commissaires à prendre un arrêté par lequel ils déclareraient que, obéissant à une impérieuse nécessité, ils avaient jugé qu’il était dangereux d’enlever un général en chef à une armée battue et en retraite. Il les quitta ensuite, passa avec Beurnonville dans la salle où étaient les officiers de son état-major.— Les commissaires s'y présentèrent un instant après.
    « Voulez-vous obéir à la Convention? dit Camus.— Non. — Eh bien ! vous êtes suspendu de vos fonctions, vos papiers vont être saisis et votre personne est arrêtée. —C’est trop fort, s'écria Dumouriez ; à moi ! hussards ! »
    Les hussards de Berchiny se présentèrent : « Arrêtez ces hommes-là,  » leur dit-il en allemand. Beurnonville demanda à partager le sort des députés. — « Oui, répondit-il, je vous rends un service ; je vous sauve du tribunal révolutionnaire. » Puis après avoir offert quelques aliments à ses prisonniers, il les envoya à Tournai, au quartier général des Autrichiens. Le lendemain, il harangua ses troupes qui restèrent muettes.

Sources

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Lien externe