Union démocratique du centre
L'Union démocratique du centre (en italien : Unione Democratica di Centro, UDC, en allemand : Schweizerische Volkspartei, SVP et en romanche : Partida Populara Svizra, PPS[26]) est un parti politique suisse conservateur et nationaliste, classé de la droite à l'extrême droite.
Il se positionne comme le plus à droite de tous les partis représentés au gouvernement. Il est le parti le plus représenté au Conseil national, avec près du tiers des sièges, et dispose également de six conseillers aux États sur quarante-six. Il possède un conseiller fédéral de 1971 à 2003 puis deux élus jusqu'en 2008, lorsque Eveline Widmer-Schlumpf[Note 1] et Samuel Schmid[Note 2] sont exclus dans le premier cas ou fassent sécession dans le second cas. Le , Ueli Maurer est élu pour remplacer Samuel Schmid, donnant ainsi à l'UDC à nouveau un siège au Conseil fédéral. Le , le Vaudois Guy Parmelin est élu à la place de la PBD Eveline Widmer-Schlumpf et entre en fonction le . L'UDC occupe dès lors deux sièges au Gouvernement.
Le parti est présidé par Albert Rösti, qui succède maintenant à Toni Brunner qui a annoncé sa démission le .
Courant 2008, l'aile modérée de plusieurs sections cantonales de l'UDC ont lancé un processus de scission vis-à-vis du parti suisse, les sections grisonne et bernoise ayant franchi le pas en en vue de fonder le Parti bourgeois-démocratique (PBD) ou Bürgerlich-Demokratische Partei Schweiz.
Histoire
L'Union démocratique du centre est née le à la suite de la fusion entre trois partis : d'une part, le Parti des paysans, artisans et bourgeois (PAB), qui fut fondé à Zurich en 1917 sous le nom de Parti des paysans, obtint un élu en 1929 et fut renommé PAB en 1937 lors de la constitution d'un parti suisse à partir des sections de Zurich et de Berne ; et d'autre part, deux partis de Suisse alémanique (basés à Glaris et aux Grisons). Du fait de cette filiation, l'UDC est toujours appelée « parti agrarien ». En Suisse romande, le parti s'appelait Parti des paysans, artisans et indépendants (PAI)[27].
L'UDC s'est renforcée au début des années 1990 sous l'impulsion de Christoph Blocher qui affirme vouloir en faire une « force réactive ». Sa victoire en 1992 dans le référendum contre l'adhésion de la Suisse à l'Espace économique européen, au taux de participation exceptionnellement élevé, a marqué la politique suisse.
L'UDC se développe depuis au détriment des partis de droite comme le Parti radical-démocratique (PRD), la plus ancienne formation politique de la Suisse moderne, et du Parti démocrate-chrétien (PDC)[28]. Le parti a obtenu 11,1 % des voix en 1991, 15 % en 1995 et 22,5 % en 1999. Jusqu'au début des années 2000, l'UDC s'est développée presque uniquement dans les cantons alémaniques alors que l'aile paysanne existante dans les cantons romands restait stable. Mais il a fortement progressé en Suisse romande lors des élections fédérales de 2003. À la suite de celles-ci, le , son chef Christoph Blocher est élu au Conseil fédéral au détriment de Ruth Metzler-Arnold du PDC, un parti de centre droit. En imposant Blocher contre la candidate officielle du PDC, l'UDC bouleverse la « formule magique » de mise depuis 1959, c'est-à-dire la règle mathématique régissant la composition du Conseil fédéral avec une logique proportionnelle. Toutefois, cette règle aurait pu être appliqué dès les élections législatives de 1999, année où l'UDC est devenue la première force politique suisse tout en ne disposant au Conseil fédéral que d'un seul siège, alors que le PDC, relégué à la quatrième place, y détenait deux sièges. Blocher prend la tête du Département fédéral de Justice et Police jusqu'au jusqu'à la fin de son mandat. Durant cette période, l'UDC dispose de deux conseillers fédéraux avec Blocher et Samuel Schmid élu en 2000.
Les élections fédérales d'octobre 2007 voient le parti faire le choix d'une personnalisation de la campagne autour de son conseiller fédéral controversé. Le parti gagne sept sièges au Conseil national (où il détient alors 62 sièges sur 200), avec 29 % des voix, un résultat jamais atteint par un parti depuis celui des radicaux des années 1920. Il en perd cependant un au Conseil des États. À l'issue de ces élections, Ueli Maurer, alors président du parti et l'un des représentants de la tendance zurichoise (lui-même étant Zurichois), manque son entrée au Conseil des États ; il conservera toutefois facilement son siège au Conseil national[29]. Lors de l'élection du Conseil fédéral, survenue le , l'UDC grisonne Eveline Widmer-Schlumpf, qui n'était pas officiellement candidate pour ce poste, est élue en lieu et place de Christoph Blocher grâce à une alliance entre le Parti socialiste, des Verts et du PDC[30]. Le lendemain, Widmer-Schlumpf confirme qu'elle accepte d'intégrer le Conseil fédéral[31]. Le parti annonce le jour même qu'il entre alors dans une stratégie d'opposition au niveau fédéral[32] même si celle-ci ne fait pas l'unanimité dans ses rangs[33]. C'est pourquoi le groupe parlementaire UDC décide d'exclure la section grisonne après que celle-ci a confirmé son soutien à son ancienne conseillère d'État ; Samuel Schmid était déjà exclu pour sa part de toutes les commissions du parti depuis sa propre élection[réf. nécessaire].
Par la suite, deux partis sont créés aux Grisons : le Bürgerliche Partei Schweiz, formé le en tant que première section de ce qui devrait devenir le Parti bourgeois-démocratique (Bürgerlich-Demokratische Partei Schweiz) et auquel Widmer-Schlumpf se rallie[34], et la nouvelle section de l'UDC grisonne soutenant la ligne du parti national. Le , un autre parti dissident de l'UDC est créé dans le canton de Berne : le Bürgerlich-Demokratische Partei Bern auquel Samuel Schmid annonce se rallier[35]. L'UDC se retrouve ainsi privé de facto de ses deux sièges au Conseil fédéral jusqu'à l'élection, le , d'Ueli Maurer en remplacement de Samuel Schmid.
Positionnement
L'UDC possède une aile conservatrice, dont les conseillers fédéraux Samuel Schmid et Eveline Widmer-Schlumpf faisaient partie jusqu'à leur départ[36], et une aile souverainiste. L'aile conservatrice, aussi appelée « aile paysanne », est notamment représentée par la puissante section cantonale de Berne ainsi que par celles des Grisons, de Thurgovie et par certaines sections romandes. L'aile souverainiste, aussi appelée « aile zurichoise » — son leader Christoph Blocher et Ueli Maurer de Zurich en font partie — occupe une grande partie du débat politique et tend à supplanter l'aile modérée. L'UDC est fréquemment qualifiée de xénophobe[37],[38],[39],[40] mais aussi de « droite dure » ou parfois de « nationaliste » en Suisse ainsi que par une partie de la classe politique européenne et des médias étrangers[40],[41],[42], de populiste[43] ou d'extrême droite[3],[4],[5],[6].
Parmi les thèmes souvent mis en avant par l'UDC, on trouve l'immigration, l'indépendance nationale, la neutralité suisse et la réduction du poids de l'État.
Dans le domaine de l'immigration, la stratégie de l'UDC passe par le lancement ou le soutien régulier à des objets référendaires ayant pour thèmes l'immigration[44],[45], les naturalisations[46], le droit d'asile[47],[48], la limitation des aides sociales, etc. Ses positions et parfois ses méthodes de campagne lui valent de fréquentes accusations de xénophobie[37],[40]. Ainsi, le ministère public du canton du Valais a demandé le au juge d'instruction cantonal d'ouvrir une enquête pour incitation à la haine raciale contre l'UDC valaisanne qui a publié une affiche affublée du slogan : « Utilisez vos têtes ! » sur fond de musulmans prosternés devant le Palais fédéral[49],[50],[51]. Toutefois, l'affiche a été considérée comme non discriminatoire par la plus haute juridiction suisse, le Tribunal fédéral[52]. De manière générale, alors que les cercles libéraux étaient d'emblée opposés à la norme anti-raciste[53], l'UDC comme son leader Christoph Blocher (convaincu en son temps par Sigi Feigel (en), président de la communauté israélite de Zurich[54]) se sont d'abord prononcé en faveur de la norme anti-raciste[55], l'article 261 bis du Code pénal suisse, qui punit la discrimination raciale comme la négation du crime de génocide. Puis à la lumière de son application, le parti a demandé son abrogation ou sa révision au nom de la liberté d'expression[56],[57].
Afin de préserver ce qu'il considère l'indépendance nationale, l'UDC lutte contre les rapprochements avec des organisations internationales, notamment l'Union européenne[58]. Elle lutte également pour promouvoir sa vision de la neutralité suisse, refusant notamment l'envoi de soldats suisses à l'étranger. L'UDC a lutté avec succès contre l'adhésion de la Suisse à l'Espace économique européen, refusée par référendum le . Depuis, la mise en place de multiples accords bilatéraux ont su largement contourner cet isolationnisme : le parti s'est d'abord opposé à cette voie avant de se raviser en abandonnant le lancement d'un référendum contre l'extension de ces accords en 2008. Malgré tout, la victoire électorale de 1992 a donné au parti une place importante dans le débat politique national. En 2002, sa lutte contre l'adhésion de la Suisse à l'Organisation des Nations unies a également échoué. Cette position isolationniste est appelée Alleingang (de), soit la « voie solitaire ».
L'UDC s'oppose radicalement à un État socialement fort. Elle s'oppose aux hausses d'impôts et aux nouvelles taxes.
Lignes politiques
Les lignes directrices de l'UDC sont les suivantes[59]:
- conservation de la neutralité
- contre l'adhésion et la collaboration de la Suisse à l'OTAN
- contre l'adhésion de la Suisse à l'Union européenne
- contre la collaboration avec l'ONU (dont la Suisse est membre)
- pour une politique d'asile restrictive
- contre une naturalisation automatique des étrangers de la troisième génération
- contre les abus en matière d'asile
- pour la sauvegarde de la famille traditionnelle
- contre des subventions versées aux familles pour les frais de crèches
- contre l'égalité de traitement des partenaires enregistrés par rapport aux couples mariés en matière d'impôt sur les successions et donations (votation du dans le canton de Genève)[60]
- pour une amélioration du réseau autoroutier dans le pays
- contre une restriction des transports individuels au profit des transports publics
- conservation de l'armée suisse sous sa forme traditionnelle (armée de milice)
- contre les missions à l'étranger (maintien de la paix, au Kosovo par exemple)
- pour une sécurité intérieure accrue (police)
- pour une baisse des impôts et des dépenses de l'État
- contre les critiques à l'égard de la politique suisse durant la Seconde Guerre mondiale
Résultats électoraux
Élections au Conseil national
Année | Députés | Votes | Rang | |
---|---|---|---|---|
Voix | % | |||
1971 | 23 / 200 |
220 487 | 11,1 | 4e |
1975 | 21 / 200 |
192,053 | 9,9 | 4e |
1979 | 23 / 200 |
212,705 | 11,6 | 4e |
1983 | 23 / 200 |
217,166 | 11,1 | 4e |
1987 | 25 / 200 |
213,253 | 11,0 | 4e |
1991 | 25 / 200 |
243,268 | 11,9 | 4e |
1995 | 29 / 200 |
283,902 | 14,9 | 4e |
1999 | 44 / 200 |
440 159 | 22,6 | 1er |
2003 | 55 / 200 |
560,750 | 26,7 | 1er |
2007 | 62 / 200 |
672,562 | 28,9 | 1er |
2011 | 54 / 200 |
648,675 | 26,6 | 1er |
2015 | 65 / 200 |
740 954 | 29,4 | 1er |
2019 | 53 / 200 |
620 343 | 25,6 | 1er |
Élections au Conseil des États
Année | Sièges | Rang |
---|---|---|
1971 | 5 / 44 |
3e |
1975 | 5 / 44 |
3e |
1979 | 5 / 46 |
4e |
1983 | 5 / 46 |
4e |
1987 | 4 / 46 |
4e |
1991 | 4 / 46 |
3e |
1995 | 5 / 46 |
3e |
1999 | 7 / 46 |
3e |
2003 | 8 / 46 |
4e |
2007 | 8 / 46 |
4e |
2011 | 5 / 46 |
4e |
2015 | 5 / 46 |
4e |
2019 | 6 / 46 |
4e |
Initiatives populaires lancées par l'UDC
- Ayant fait l'objet d'une votation
- L'initiative populaire « contre les abus dans le droit d'asile », rejetée le [61].
- L'initiative populaire « pour des naturalisations démocratiques », rejetée le [62].
- L'initiative populaire « Pour le renvoi des étrangers criminels », acceptée le [63].
- L'initiative populaire « Élection du Conseil fédéral par le peuple », rejetée le [64].
- L'initiative populaire « pour les familles », rejetée le [65].
- L'initiative populaire « Contre l'immigration de masse », acceptée le [66].
- L'initiative populaire « Il faut sauver l’or suisse », rejetée le [67].
- L’initiative populaire « Pour le renvoi effectif des étrangers criminels (initiative de mise en œuvre) », rejetée le [68].
- L'initiative populaire « Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodétermination) », rejetée le 25 novembre 2018.
L'initiative populaire « Contre la construction de minarets », acceptée par le peuple et les cantons le , n'a pas été lancée par l'UDC, mais par le Comité d'Egerkingen composé essentiellement de personnalités membres de l'UDC.
Publications
Franc-parler | |
Pays | Suisse |
---|---|
Langue | français |
Périodicité | mensuel |
Genre | Politique |
Diffusion | 10 000 ex. (novembre 2011) |
Éditeur | Michèle Berger, Kevin Grangier, Patrice Piquerez |
Ville d’édition | Berne |
Propriétaire | Stiftung SVP-Parteizeitung |
Site web | https://www.udc.ch/parti/publikationen/journal-du-parti/ |
modifier |
L'UDC publie le mensuel Franc-parler (en français), ainsi que le pendant alémanique Klartext. Elle publie également le mensuel des Jeunes UDC L'Idée et son pendant alémanique Die Idee.
Personnalités contemporaines
- Martin Baltisser, secrétaire général de l'UDC (2009- )
- Christoph Blocher, ancien conseiller fédéral (2004-2007)
- Toni Brunner, conseiller national et ancien président de l'UDC suisse
- Ueli Maurer, président de la Confédération en 2013 et en 2019, ancien président de l'UDC
- Yvan Perrin, ancien conseiller national et ancien vice-président de l'UDC
- Oskar Freysinger, ancien conseiller national, ancien conseiller d'État du canton du Valais et vice-président de l'UDC
- Christoph Mörgeli, ancien conseiller national
- Jean-François Rime, conseiller national et candidat au Conseil fédéral en 2010 et 2011
- Albert Rösti, conseiller national et président de l'UDC
- Samuel Schmid, ancien conseiller fédéral élu sous les couleurs de l'UDC le (membre du PBD à partir de )
- Eveline Widmer-Schlumpf, conseillère fédérale élue sous les couleurs de l'UDC le (membre du PBD à partir de )
- Adolf Ogi, ancien conseiller fédéral (1988-2000) et président de la Confédération en 1993 et 2000
Notes et références
Notes
- Le , la section grisonne de l'UDC, dont Eveline Widmer-Schlumpf est membre, est exclue de l'UDC suisse. Le , les délégués de la section décident de changer de nom pour prendre celui de Bürgerliche Partei Schweiz, formant ainsi la première section de ce qui devrait devenir le Bürgerlich-Demokratische Partei Schweiz.
« Un nouveau parti bourgeois sur la scène politique », sur .swissinfo.ch, - Le , 225 délégués de la section bernoise de l'UDC, dont Monsieur Schmid est membre, décident de faire scission pour former le Bürgerlich-Demokratische Partei, formant ainsi la seconde section après celle des Grisons de ce qui devrait devenir le Bürgerlich-Demokratische Partei Schweiz. Samuel Schmid confirme dans une déclaration vouloir adhérer au nouveau parti. « Article Swissinfo »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) consulté le 29 juin 2008.
Références
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- « La presse étrangère souligne la force de la droite populiste », sur Le Matin, .
- Initiative no 432 « Contre l'immigration clandestine » (1996)
- Initiative populaire fédérale no 467 « pour une réglementation de l'immigration » (2000)
- Initiative no 532 « Pour des naturalisations démocratiques » (2008)
- Initiative populaire no 491 « contre les abus dans le droit d'asile » (2002)
- « Pour le renvoi des étrangers criminels (initiative sur le renvoi) » (2008, déposée mais non votée)
- « Le Matin, l'actualité en direct: Suisse, sports, people, faits divers, politique, économie, techno, auto », sur www.lematin.ch.
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- Brochure de votation officielle « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), p. 7 et suivantes (contenu du projet soumis au vote) et p. 32 pour la position de l'UDC Genève. Les affiches de ce parti, faisant référence aux « pacsés inféconds et aisés » ont fait scandale et suscité une large réprobation.
- « Votation n° 491 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le ).
- « Votation n° 532 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le ).
- « Votation n° 552 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le ).
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- « La Suisse n'a pas eu peur pour son or », sur swissinfo.ch, (consulté le ).
- « Votation no 597 - Résultats finaux officiels provisoires », sur www.admin.ch (consulté le ).
Liens externes
- Union démocratique du centre
- Parti politique en Suisse
- Parti politique conservateur en Europe
- Nationalisme suisse
- Libéral-conservatisme
- Parti politique fondé en 1971
- Parti politique libéral en Europe
- Parti politique nationaliste en Europe
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