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Engin de débarquement amphibie rapide

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Engin de débarquement amphibie rapide
illustration de Engin de débarquement amphibie rapide

Type Embarcation de débarquement
Histoire
A servi dans  Marine nationale
Commanditaire Délégation générale pour l'Armement
Chantier naval Socarenam (Saint-Malo)
Lancement juin 2011
Équipage
Équipage 7 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 30 mètres
Maître-bau 12,8 mètres
Tirant d'eau 2,5 mètres (transit)
0,6 mètre (débarquement)
Propulsion 4 x moteurs Diesel MTU 12V2000 M92, 1220 kW
4 x hydrojets Wärtsilä[1]
Puissance MW
Vitesse 30 nœuds ; 20 nœuds à pleine charge
Caractéristiques militaires
Rayon d'action 1 000 milles à 15 nœuds

L'engin de débarquement amphibie rapide ou EDA-R (anciennement Landing catamaran ou L-Cat) est une embarcation de débarquement à haute vitesse de type catamaran conçue par les Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM). Réalisé par la Socarenam à Saint-Malo, il est commandé à quatre exemplaires le [2] pour la Marine française, et en deux exemplaires pour la Marine russe, qui ont été ensuite rachetés par la marine égyptienne à la suite de l'affaire des Mistral.

L'engin de débarquement amphibie rapide est le résultat d'un concours lancé en 2000 par la Délégation générale pour l'Armement (DGA), visant réfléchir à un nouveau chaland de débarquement, mais abandonné en 2003. C'est alors que les Constructions navales et industrielles de la Méditerranée décident de le réaliser sur fonds propres. Labellisé par le pôle régional Mer PACA, il n'a cependant pas bénéficié de financement public[3]. Le prototype, construit par les chantiers navals Gamelin, rejoint par ses propres moyens le port militaire de Toulon le , après avoir contourné l'Espagne et franchi le détroit de Gibraltar, où il effectue des manœuvres de plageage.

Le premier modèle est livré à la DGA le [4]

Caractéristiques

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L'engin de débarquement amphibie rapide se compose de deux coques et d'une plateforme de chargement centrale de 23 mètres de long sur 6,9 mètres de large. Quatre vérins hydrauliques[5] permettent à cette plateforme de type Roll on-Roll off (chargeant et déchargeant sa cargaison par l'avant ou l'arrière, contrairement aux CTM et CDIC) de monter (en transit) ou descendre (en débarquement). Opérable depuis les 3 BPC de classe Mistral, il peut embarquer une charge de 80 tonnes[6], soit 1 char de combat Leclerc, ou 2 véhicules blindés de combat d'infanterie ou encore 6 véhicules de transport de troupes VAB.

La combinaison catamaran et fond plat permet à la fois de bonnes performances, sans sur-motorisation, une bonne tenue à la mer (sans dépasser mer de force 5 : bonne brise) en navigation courante et un tirant d'eau très réduit en mode plageage. La construction en aluminium permet une importante réduction de poids et une maintenance facilitée par l'absence de corrosion.

Les portes rampes permettent de débarquer sur des plages d'un gradient supérieur à 2 %[7] ou des quais d'une hauteur inférieure à 1 m, elles permettent ainsi des transferts Roll on-Roll off de porte à porte identiques à ceux pratiqués avec le chaland Pythéas 2 par les marins-pompiers de Marseille pour intervenir sur les jetées. Les conditions de transport des véhicules sont compatibles avec les standards OTAN même par mer agitée, comme l'a prouvé sa traversée du détroit de Gibraltar.

Le prototype, équipé de quatre moteurs MTU de 1 200 kW, effectue le à Saint-Mandrier-sur-Mer des essais de plageage par petit fond et mer formée et d'entraînement de l'équipage à pleine charge (110 tonnes). D'autres essais de manœuvrabilité, de vitesse et de plageage ont lieu à la mi-décembre 2008 en rade de Toulon au profit de la Marine nationale et de la DGA. Des essais de débarquement de véhicules (un camion militaire et deux 4x4, soit 34 tonnes de fret) ont lieu le 28 janvier 2009.

Des tests d'enradiage ont eu lieu sur le Mistral le . L'enradiage et le dériadage ont été effectués.

La version du L-Cat acceptée par la DGA dans le cadre de l'appel d'offres EDA, désormais appelé EDA-R, est équipée des moteurs du prototype, elle dispose de divers aménagements spécifiques à la Marine nationale française qui grèvent la charge utile de fret, désormais fixée autour de 80 t. Le transit s'effectuera à 18 nœuds à pleine charge et 25 nœuds à vide. Elle dispose de plus d'espace pour l'équipage et l'équipement, d'un blindage, d'affûts pour les armes de bord — deux 12,7 mm et deux 7,62 mm —, et de systèmes de transmission militaires. La charge utile restante est de 80 t en mode catamaran et de 100 t en mode chaland[8]. Rebaptisé Engin de Débarquement Amphibie Rapide, le L-Cat est commandé à huit exemplaires (dont quatre fermes) par la Marine nationale pour un montant de 125 millions d'euros dans le cadre du Plan de relance de l'économie française[2].

En , la traversée Continent-Corse a été effectuée dans le cadre d'un exercice et pour vérifier la capacité de transit de l'embarcation[9].

Les Constructions navales et industrielles de la Méditerranée entendent séduire dès 2009 les marines soucieuses de modifier leur batellerie, sans pour autant s'engager dans l'achat d'aéroglisseurs coûteux à l'achat et à entretien, tels le LCAC américain ou le Zoubr russe. La marine royale australienne est intéressée pour équiper ses LHD de classe Canberra[10].

Le prospect le plus intéressant concernait bien entendu la batellerie des BPC qui devaient être exportés en Russie[11]. La Russie avait en effet acheté 2 EDA-R, dont l'achèvement était prévu pour le début de 2015[12]. Cet achat aurait complété les 4 chalands de transport de matériel (CTM-NG) pour équiper le BPC Vladivostok (la commande des 4 engins suivants, destinés au Sebastopol, n'étant pas acquise en octobre 2014, à cause des tensions dues à la crise ukrainienne)[13].

L'affaire des Mistral abouti à la revente des deux navires à la Marine égyptienne. La batellerie des Mistral fait partie de la transaction. Ainsi, depuis 2016, la marine égyptienne met en œuvre deux EDA-R[14].

Variantes et dérivés de la technologie

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Le travail de développement du L-cat a permis de concevoir d'autres bateaux basés sur le même concept[15],[1].

  • le L-Cat 2, similaire au L-Cat, est plus large (15 m) et plus long (42 m) avec une charge utile en fret ou véhicules de 200 tonnes, mais est toujours enradiable ;
  • le Multipurpose Patrol Craft (MPC), d'une longueur de 30 m, large de 14 m, est similaire au L-Cat mais dispose d'une passerelle couverte barrant l'arrière et d'un pont supplémentaire sur les demi-coques. Il n'est plus enradiable mais permet d'héberger 12 marins et 14 passagers, en plus des 60 tonnes de charge utile, fret ou véhicules, ainsi que de deux conteneurs EVP sur l'emplacement prévu au centre de chaque demi-coque. Le MPC est ballastable permettant d'immerger tout ou partie de la plateforme en position basse et ainsi de mettre à l'eau des embarcations légères ou véhicule amphibie. Un modèle similaire mais de 60 m de long et 17 m de large, permet d'accueillir en plus, organiquement, un hélicoptère léger sous hangar, 20 marins et 40 passagers ;
  • le Multipurpose Projection Vessel (MPV), d'une longueur de 90 m, est une unité hauturière entièrement pontée reprenant la plateforme mobile pour stocker des véhicules ou du fret sur 500 m2 sous 5 m de plafond, mais aussi de grands hébergements pour l'équipage, les passagers, une plateforme hélicoptère et un grand hangar pour NH90 et les commodités qu'on trouve sur un patrouilleur. D'une autonomie de 12 000 milles en transit et naviguant dans des mers force 7, il est destiné autant au transport militaire lourd sur de longues distances qu'à l'aide humanitaire.

Liste des navires construits

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Pays Mise sur cales Mise à l'eau Mise en service Base navale
 Marine nationale L9092 Toulon
L9093 Toulon
L9094 Toulon
L9095 Toulon
 Marine égyptienne GN011 Alexandrie
AS021 Alexandrie

Développement similaire

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Articles connexes

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Notes et références

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  1. a et b (fr) « CNIM : Vif intérêt autour du catamaran de débarquement L-CAT », sur meretmarine.com, Mer et Marine, (consulté le )
  2. a et b (fr) Bruno Daffix, « La DGA notifie l’acquisition d’engins de débarquement amphibie rapides », sur varmatin.com, Ministère de la Défense français, (consulté le )
  3. (fr) Philippe Issalis, « CNIM renoue avec la construction navale », sur varmatin.com, Var-Matin, (consulté le )
  4. site de la DGA
  5. Le L-Cat peut fonctionner avec un vérin hydraulique endommagé. Si le système est inopérant, un dispositif de secours permet de positionner la plateforme en position basse, comme sur un chaland de débarquement classique
  6. « pmm-lyon.fr/index.php?post/201… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  7. En conséquence, 95 % des plages mondiales lui sont accessibles,comme pour le c.t.m mais à l'instar du LCAC
  8. « Mer et Marine / Toute l'actualité maritime nationale », sur Mer et Marine (consulté le ).
  9. « 404 », sur colsbleus.fr (consulté le ).
  10. (en) Richard Scott, « Novel L-Cat bridges the gap », sur janes.com, Jane's Information Group, (consulté le )
  11. « La Russie va acquérir des EDAR pour ses futurs BPC », Mer et Marine,
  12. « BPC russes : La batellerie comprend aussi des EDAR… », Mer et Marine,
  13. « Interrogations sur l’avenir du chantier STX de Lanester », Mer et Marine,
  14. « Le premier catamaran de débarquement égyptien rejoint Saint-Nazaire », Mer et Marine,
  15. « CNIM : Vif intérêt autour du catamaran de débarquement L-CAT », (consulté le )

Bibliographie

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Liens externes

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