Complexe concentrationnaire de Kaufering

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Complexe concentrationnaire de Kaufering
Présentation
Type Camp satellite
Gestion
Date de création
Créé par Jägerstab
Dirigé par Drapeau de l'Allemagne nazie Heinrich Forster
(juin 1944 - décembre 1944)

Drapeau de l'Allemagne nazie Hans Aumeier
(décembre 1944 - avril 1945)

Date de fermeture
Victimes
Nombre de détenus Environ 30 000
Géographie
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Localité Landsberg am Lech et Kaufering

Le complexe concentrationnaire de Kaufering était un système de onze camp satellite lié au camp de concentration de Dachau situés autour des villes de Landsberg am Lech et Kaufering dans le land de Bavière. Le complexe concentrationnaire de Kaufering a fonctionné entre le et le .

Auparavant, l'Allemagne nazie avait déporté tous les Juifs du Reich, mais ayant épuisé les autres sources de main-d'œuvre, les Juifs furent déportés à Kaufering pour créer trois énormes bunkers souterrains, Weingut II, Diana II et Walnuss II, qui ne seraient pas vulnérables aux bombardements alliés qui avaient dévasté les usines d'aviation allemandes. Les bunkers étaient destinés à la production d'avions Messerschmitt Me 262 (Me 262), mais aucun n'a été produit dans les camps avant que l'armée américaine ne s'empare de la zone.

Le complexe concentrationnaire de Kaufering était le plus grand groupement de camps satellites du camp de concentration de Dachau et aussi celui où les conditions étaient les pires; environ la moitié des 30 000 prisonniers sont morts de faim, de maladie, lors d'exécutions ou lors des marches de la mort. La plupart des sites n'ont pas été préservés et ont été réaffectés à d'autres usages.

Établissement[modifier | modifier le code]

Vue intérieure de Weingut I, le bunker de Mühldorf

Au début de l'année 1944, les bombardements alliés réduisent la production d'avions de combat des usines allemandes jusqu'à deux tiers[1]. Afin de diminuer l'efficacité des bombardements alliés, le Jägerstab (état-major de la chasse, un groupe de travail du ministère de l'Armement et de la Production de guerre du Reich dont l'objectif est d'augmenter la production d'avions de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale) prévoit de déplacer la production sous terre. Les zones souterraines existantes, telles que les grottes et les mines, ne sont pas adaptées à la production industrielle ; ainsi de nouveaux bunkers en béton doivent être construits, en utilisant notamment les prisonniers des camps de concentration comme main d'œuvre[1].

La zone autour de Landsberg am Lech, où les camps satellites de Kaufering sont établis, est sélectionnée pour ce projet en raison de sa géologie favorable avec une couche de gravier allant jusqu'à 10 mètres d'épaisseur et la nappe phréatique se trouve en dessous de 13 mètres[2]. Sur 6 bunkers prévus, 3 sont construits au complexe concentrationnaire de Kaufering et un autre au complexe concentrationnaire de Mühldorf[1].

Auparavant, l'Allemagne nazie tente de rendre le Reich libre de Juifs (Judenfrei) en déportant les Juifs vers les régions orientales. Cependant, les autres sources de travailleurs forcés ayant été épuisées, les Juifs sont déportés vers le Reich pour travailler sur le nouveau projet Kaufering I, rebaptisé plus tard Kaufering III, créé par un convoi de 1 000 juifs hongrois du camp de concentration d'Auschwitz arrivé à Kaufering le . Des fonctionnaires prisonniers sont amenés de Dachau pour gérer le nouveau camp[3].

Travail forcé[modifier | modifier le code]

Le but du camp est de produire des avions Messerschmitt Me 262 A.

Exceptionnellement, la construction des camps, ainsi que la fourniture de nourriture et de soins médicaux, sont sous la responsabilité de l'Organisation Todt qui cherche à extraire le maximum de travail pour un minimum de dépenses, et non de la Schutzstaffel (SS). Les prisonniers déportés dans chaque camp doivent construire eux-mêmes leur logement[4], Les cabanes ainsi construite, partiellement enterrées pour se camoufler des reconnaissance aérienne, sont complètement inadaptées pour les conditions climatiques. La pluie et la neige s'infiltrent à travers les toits de terre et la vermine infeste les huttes[4]. Les prisonniers dorment dans de la paille étendue à même le sol[5]. Parmi les camps satellite de Dachau, le complexe concentrationnaire de Kaufering a les pires conditions[6].

La plupart des prisonniers sont forcés de travailler à la construction de remblais ferroviaires et au transport de sacs de ciment pour les projets de construction des bunkers[4] Weingut II, Diana II et Walnuss II[7]. Ce dernier mesure 400 mètres de long et 28,4 mètres de haut (soit approximativement 5 étages), avec un toit en béton de 3 mètres d'épaisseur. Initialement, il est prévu un toit d'une épaisseur de 5 mètres d'épaisseur, mais il est réduit en raison du manque de matériaux.

La surface totale de plancher aurait dû être de 95 000 mètres carré ; l'usine d'Augsbourg que Walnuss II doit remplacer n'a que 12 700 mètres carré de surface de plancher répartis sur 3 emplacements. Pour se protéger des raids aériens, 40 pour cent du bunker est souterrain et son toit est recouvert de terre pour se camoufler. Au moins 10 000 prisonniers juifs travaille sur le bunker à un moment donné[8].

Vue extérieure du bunker Weingut II

Les bunkers devaient être utilisés pour produire différents composants de l'avion Me 262, le premier avion à réaction opérationnel, dont les Allemands espèrent qu'il renverse le cours de la guerre contre les Alliés[1] [7]. Messerschmitt AG espère aussi produire 900 avions Me 262 et des avions à moteur fusée Messerschmitt Me 163 Komet (Me 163 B) supplémentaires à Kaufering,[7] [9] en employant 10 000 travailleurs par quart de travail dans chaque bunker, 90 000 au total, dont un tiers devait être des prisonniers des camps de concentration.

Cependant, la construction de Diana II et Walnuss II n'a pas été achevée en raison du manque de béton et d'acier[7]. Lorsque l'armée américaine libère la région en , l'excavation de Weingut II n'est pas terminée, mais des machines de production sont déjà en place[8]. Aucun avion n'est cependant produit avant la libération[10].

En raison des conditions inhumaines (les membres de l'Organisation Todt et les ouvriers du bâtiment battent brutalement les prisonniers afin de leurs extorquer du travail), la plupart des victimes sont frappées d'incapacité en peu de temps. La majorité des prisonniers sont forcés de travailler à la construction de remblais ferroviaires et de transporter des sacs de ciment pour les projets de construction de bunkers[4].

Les travailleurs de l'Organisation Todt se plaignent qu'en raison d'une grave infestation de vermine, les prisonniers passent du temps à essayer de se débarrasser des puces alors qu'ils sont censés travailler[5]. En , un membre du personnel de l'Organisation Todt observe que sur 17 600 prisonniers, seuls 8 319 sont capables de travailler, ce nombre comprenant aussi ceux capables que de travaux légers. Les entreprises qui embauchent les ouvriers se plaignent de devoir payer le travail des prisonniers incapables de travailler, ayant pour conséquences des transports totalisant 1 322 [4] ou 1 451 personnes qui sont déportées à Auschwitz en et , où les victimes sont gazées[11].

Commandement et organisation[modifier | modifier le code]

Avant leur affectation au complexe concentrationnaire, la hiérarchie SS de Kaufering sert principalement dans les camps de la mort à l'Est, tels que le camp d'extermination de Majdanek et d'Auschwitz, qui sont libérés par l'Armée rouge. Le premier commandant, Heinrich Forster (en), a travaillé dans les camps de concentration de Sachsenhausen, de Dachau et de Kovno.

Forster est remplacé en par Hans Aumeier, ancien commandant adjoint d'Auschwitz et commandant du camp de concentration de Vaivara. En , Otto Förschner, ancien commandant du camp de concentration Dora-Mittelbau, prend le commandement du complexe concentrationnaire de Kaufering. Le médecin du camp est Max Blancke (de), qui travaille dans plusieurs camps de concentration[4]. L'architecte Hermann Giesler, un proche collaborateur d'Adolf Hitler, est chargé de la construction du bunker[1].

Liste des sous-camps de Kaufering[modifier | modifier le code]

Illustration graphique sur une carte OpenStreetMap de la localisation géographique des camps satellites composant le complexe concentrationnaire de Kaufering
Carte des camps satellites du complexe concentrationnaire de Kaufering
Voir le fichier
Porte de Kaufering I avec un soldat américain.
Kaufering IV le jour de la libération.
À l'intérieur d'une hutte en terre, où les prisonniers devaient dormir. Celui-ci, situé à Kaufering IVHurlach.

Les prisonniers[modifier | modifier le code]

Caserne de Kaufering VII

Environ 30 000 prisonniers passent par le complexe concentrationnaire de Kaufering,[4] [9] [7] dont 4 200 femmes et 850 enfants[4]. Cela éclipse la population des régions environnantes où seulement 10 000 personnes y vivent[12]. Parmi les prisonniers, presque tous sont juifs[13]. La majorité de ceux-ci viennent de Hongrie ou des régions annexées par la Hongrie[4]. 8 000 Juifs sont forcés de quitter le Ghetto de Kovno en , à l'approche de l'Armée rouge ; les prisonniers masculins séparés des femmes sont envoyés à Kaufering[14]. Des Juifs supplémentaires arrivent aussi cet été-là lors de la liquidation des camps de travail dans les pays baltes, sur le point d'être "libérés", "envahis" par l'Armée rouge[15].

Ces Juifs ont survécu à d'innombrables aktions[Lesquelles ?] au cours desquelles des victimes étaient emmenées pour être assassinées et à trois ans de travaux forcés, ainsi qu'à de longs transports dans des wagons à bestiaux. D'autres prisonniers de Kaufering ont survécu quatre ans dans le ghetto de Łódź et une sélection à Auschwitz [16]. Le , un transport d'hommes juifs qui sont emprisonnés au camp de concentration de Theresienstadt dans le protectorat de Bohême et de Moravie arrive via Auschwitz[17]. D'autres prisonniers juifs viennent des Pays-Bas, de France, d'Italie ou de Rhodes[4].

Interview de William Lowenberg (), à propos du complexe concentrationnaire de Kaufering du camp de concentration de Dachau, sur les huttes de terres, les bunkers, les fosses communes, suicides, pendaison, la famine, les mauvais traitements, la prostitution forcée et les marches de la mort.

Une partie de la nourriture allouée aux prisonniers est détournée par les gardes SS, réduisant encore l'apport nutritionnel des prisonniers. Ceux atteint de maladies telles que le typhus, la fièvre boutonneuse et la tuberculose, maladies répandues dans le complexe concentrationnaire de Kaufering, sont encore moins nourris[4] et les rations réduites à mesure que la guerre tire à sa fin et que des pénuries surviennent[18]. Les conditions sont trop dures pour qu'un mouvement de résistance se développe. Cependant, les survivants du ghetto de Kovno ont continué à publier un journal clandestin, Nitsots (Etincelle), manuscrit et distribué illégalement[19]. Elkhanan Elkes, chef du Judenrat à Kovno, était l'ainé du camp de Kaufering I, où il est mort[19] [20].

« Et - l'attrition était très très élevée. Et - mais là, les corps n'ont pas été brûlés. Ils ont été emmenés dans un site de fosses communes, d'énormes fosses communes. Je ne pense pas qu'ils aient jamais été retrouvés. Je ne serais pas capable de les trouver en dehors de Kaufering. D'énormes fosses communes. Ce n'est pas très loin de la prison de Landberg [...] Et - c'était si mauvais - que - nous avons eu beaucoup de suicides là-bas. Les gens se jetaient dans les fils électriques. Et je me souviens, c'est la seule fois où j'ai vu du cannibalisme. Il y avait si peu de nourriture en là-bas - en janvier, février, mars... »

— William J. Lowenberg, Interview, [21](see video below)

Marches de la mort[modifier | modifier le code]

Survivants libérés à Kaufering I

À l'approche des troupes alliées, des rumeurs circulent parmi les prisonniers selon lesquelles les Allemands les massacreront avant la libération. Mi-avril, le général SS Ernst Kaltenbrunner relaye les ordres d'Adolf Hitler pour que la Luftwaffe bombarde les camp de concentration de Dachau, Landsberg et Mühldorf, qui ont tous une forte population juive. Le Gauleiter de Munich, Paul Giesler, ordonne à Bertus Gerdes, administrateur de Haute-Bavière, de préparer des plans pour l'extermination des prisonniers survivants. Gerdes tergiverse, invoque le manque de carburant et de munitions pour les avions ainsi que le mauvais temps.

En réponse, Kaltenbrunner ordonne que les prisonniers du complexe concentrationnaire de Kaufering soient emmenés au camp de concentration (principal) de Dachau, où ils doivent être empoisonnés. Gerdes ordonne à un médecin local de préparer du poison, mais ce plan n'est pas non plus mis en œuvre. Le troisième plan est d'emmener les prisonniers dans la vallée d'Ötz dans les Alpes, où ils doivent être assassinés "d'une manière ou d'une autre"[22].

Selon les archives allemandes, 10 114 prisonniers, dont 1 093 femmes, se trouvent dans le complexe concentrationnaire de Kaufering au cours de la dernière semaine d'avril. La plupart d'entre eux sont évacués vers le camp de concentration de Dachau ou des lieux plus au sud, à pied ou en train[9]. Les prisonniers sont confrontés à un choix difficile : rejoindre les marches de la mort ou essayer de rester sur place, sachant qu'ils risquent d'être massacrés.

Lors des marches de la mort, durant lesquelles quiconque ne peut pas suivre est battu ou abattu, entraînant de nombreux décès[23]. L'évacuation est désordonnée et de nombreux prisonniers réussissent à s'échapper lors des rafles au camp ou plus tard, lorsque les colonnes sont attaquées par l'aviation américaine[24].

Le , 1 200 prisonniers quittent Kaufering VI (Türkheim) à pied et rejoignent les prisonniers contraint à une marche de la mort depuis le camp principal de Dachau. Le lendemain, 1 500 autres prisonniers quittent le complexe concentrationnaire de Kaufering, d'abord à pied puis en train. À plusieurs reprises, les prisonniers sont attaqués par des avions alliés. Dans l'une de ces attaques, qui touche un train transportant des munitions ainsi que des prisonniers, des centaines de victimes sont à déplorer. Certains des prisonniers évacués de Kaufering se sont retrouvés au Camp de concentration d'Allach[9].

Des centaines de personnes évacuées du complexe concentrationnaire de Kaufering sont arrivés au Camp de travail de Buchberg (au sud de Wolfratshausen) le . Otto Moll, un fonctionnaire du complexe concentrationnaire de Kaufering, tente de massacrer ces prisonniers mais est déjoué par le commandant du camp. Au lieu de cela, Moll tue 120 ou 150 prisonniers russes du Camp de travail de Buchberg[25]. Beaucoup de ceux qui ont quitté complexe concentrationnaire de Kaufering sont libérés au camp principal de Dachau le , mais d'autres sont forcés de marcher vers le sud en Haute-Bavière et ne sont libérés qu'en mai. Kaufering IV, où étaient détenus ceux en incapacité de marcher, fut incendié sur ordre du médecin SS, Max Blancke[19]. Des centaines de prisonniers malades et émaciés ont été piégés à l'intérieur et tués. Peu de temps après, Blancke se suicide[26].

Libération et conséquences[modifier | modifier le code]

Kaufering IV (Hurlach) liberation and burials

Les sous-camps du complexe concentrationnaire de Kaufering sont libérés entre le et le par la Septième Armée américaine[23].

La 12e division blindée atteint Kaufering IV le et la 101e division aéroportée arrive le lendemain. Le 522e bataillon d'artillerie de campagne, entièrement composé d'américains d'origine japonaise, participe également à la libération[27], tout comme la 36e Division d'infanterie à partir du [28]. Les libérateurs trouvent 500 cadavres calcinés, dont beaucoup nus, qu'ils ont forcé les résidents allemands locaux à enterrer[26]. Les structures restantes étaient « indescriptiblement sales » parce que des prisonniers mourants y avaient été laissés. Les soldats américains ont documentés les camps dans des photographies et des actualités[26]. L'un des libérateurs rapporte :

« Notre première vue du camp était effroyable. À l'intérieur de l'enceinte, nous pouvions voir trois rangées de corps, environ 200, pour la plupart nus. Nous sommes entrés dans le camp pour l'inspecter. Les corps étaient dans toutes les formes et conditions. Certains étaient à moitié brûlés, d'autres gravement carbonisés. Leurs poings étaient serrés dans les affres de leur mort. Leurs yeux étaient exorbités et dilatés, comme s'ils voyaient et enduraient les horreurs de leur vie en prison, même dans la mort. Aucun d'entre eux n'était plus qu'une peau et des os. Le camp avait été partiellement détruit par le feu, ceux-ci étaient les victimes[29]. »

Neuf des quarante accusés du « Procès de Dachau » sont accusés de crimes commis à Kaufering. En outre, trois personnes sont jugées individuellement devant des tribunaux allemands pour leurs actions à Kaufering, dont deux anciens prisonniers-fonctionnaires du camp[19]. Aumeier est extradé vers la Pologne, où il est condamné et exécuté[4]. Un grand camp de personnes déplacées était situé à Landsberg dans l'après-guerre, dirigé par des Juifs lituaniens qui avaient survécu à Kaufering[19].

Commémoration[modifier | modifier le code]

Entrée de la Welfenkaserne (de), dépôt de réparation de l'armée de l'air allemande situé dans l'ancien bunker Weingut II.

Il existe des dizaines de " KZ-Friedhof (de) " (fosses communes) avec les restes de milliers de personnes décédées à Kaufering. Les plus importants d'entre eux se trouvent à Kaufering II et III, avec environ 2 000 et 1 500 victimes respectivement. De nombreuses pierres tombales sont envahies par la végétation et difficiles à trouver[30]. Près des voies ferrées à l'extérieur du village de Schwabhausen, il y a trois charniers à côté de la voie ferrée, victimes du mitraillage allié, qui sont marqués par des plaques[31]. À Sankt Ottilien il y a un petit cimetière avec les restes d'environ 40 prisonniers qui sont morts peu après la libération[32].

Au début des années 1980, une association privée appelée Landsberg im 20. Jahrhundert (de) (Landsberg au XXe siècle) a été formé pour commémorer Kaufering. Le site de Kaufering VII a été acheté après qu'un survivant juif a fait don de l'argent à la condition qu'un mémorial soit érigé, ce qui n'a pas été accompli. En 2014, le gouvernement fédéral a donné 700 000 euros au Mémorial européen de l'Holocauste à Landsberg (Landsberg Holocaust Memorial Association) et la ville de Landsberg a fait don d'un terrain avec des vestiges architecturaux. Des travaux de restauration ont été effectués entre 2009 et 2016 sur trois cabanes en terre intactes et trois en ruine et le logement des gardes SS, par l'Europäische Holocaustgedenkstätte, remportant le prix d'or de la conservation historique bavaroise[33]. Le site est clôturé et non accessible aux visiteurs, mais il y a des plaques d'information et commémoratives à proximité[34]. Selon l'historienne Edith Raim, le Landsberg im 20. L'association Jahrhundert et son directeur, Anton Posset, ont refusé l'accès au site aux survivants et à leurs familles, à l'ambassadeur israélien Shimon Stein, et aux inspecteurs de la Liste bavaroise des monuments.

Outre Kaufering VII, il ne reste pratiquement aucun vestige des sous-camps de Kaufering, dont les emplacements n'ont été définitivement établis que grâce au travail de Raim[35]. La plupart des sites sont maintenant utilisés pour les jardins, les forêts, l'agriculture ou le logement. Landsberg am Lech a une plaque proéminente au centre de la ville commémorant les soldats allemands morts pendant les deux guerres mondiales, mais aucun mémorial aux victimes de l'Holocauste. Il y a un modeste mémorial à Kaufering III, [36] tandis qu'un projet étudiant d'établir un panneau d'information n'a pas été maintenu et est tombé en ruine[37]. Seules les pierres tombales restent à Kaufering II et VI[34]. Un court de tennis fonctionne sur l'ancien site de Kaufering I, [20] tandis que Kaufering VI a été construit et il y a un McDonald's à proximité. Les traces de l'incendie allumé par les SS à Kaufering IV ont été détruites par l'extraction de gravier dans les années 1980; [38] une tour de chasse ressemblant aux tours de garde des camps de concentration a été érigée par un résident local, qu'un visiteur a trouvé "plutôt dérangeant".

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

La libération de Kaufering IV a été représentée dans la seconde moitié[39] de l'épisode 9 « Why We Fight » de la mini-série télévisée Band of Brothers, une dramatisation de la Compagnie E, 506th Infantry Regiment, 101st Airborne Division[40],[41]. Bien qu'il ait été tourné dans le Hertfordshire, en Angleterre, l'épisode est une recréation réaliste d'événements réels dépeints dans des photos historiques et des actualités. Par exemple, les soldats doivent confiner les prisonniers au camp parce qu'il n'y a pas assez de soins médicaux disponibles, et les civils allemands sont obligés d'enterrer les morts. Les soldats américains, qui avaient déjà combattu depuis un atterrissage en parachute le jour J à travers la France et l'Allemagne, ont perdu leurs illusions, mais affronter les horreurs du régime nazi leur rappelle pourquoi ils font la guerre. Les commentateurs classent l'épisode comme l'un des meilleurs de la série[40],[39]. L'écrivain américain JD Salinger, l'auteur de Catcher in the Rye, fut l'un des libérateurs de Kaufering IV[42].

Le psychologue autrichien Viktor Frankl a été déporté de Theresienstadt à Kaufering via Auschwitz en octobre 1944 ; il a passé cinq mois à Kaufering III et a été transféré à Kaufering VI en mars 1945[43] [44]. Ses mémoires de 1946, Man's Search for Meaning, se sont vendus à plus de dix millions d'exemplaires et ont été traduits en 24 langues[45]. De grandes parties du livre sont censées se dérouler à Auschwitz, où Frankl n'a passé que trois jours, mais décrivent en fait son expérience à Kaufering[46]. Dans le livre, Frankl développe sa théorie de la logothérapie et soutient que les prisonniers qui maintenaient une attitude positive étaient plus susceptibles de survivre. Son travail n'a cependant pas été accueilli positivement par les historiens de l'Holocauste, qui soutiennent que les théories de Frankl n'expliquent pas pourquoi certains prisonniers ont survécu et d'autres non[47].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Raim 2009, p. 488.
  2. Fenner 2012, p. 133.
  3. Raim 2009, p. 488–489.
  4. a b c d e f g h i j k et l Raim 2009, p. 489.
  5. a et b Fenner 2012, p. 145.
  6. Bazyler et Tuerkheimer 2015, p. 83.
  7. a b c d et e Uziel 2011, p. 136.
  8. a et b Uziel 2011, p. 137.
  9. a b c et d Schwartz 2011, p. 138.
  10. Morgan 1994, p. 48.
  11. Fenner 2012, p. 135.
  12. Fenner 2012, p. 135, 142.
  13. Wachsmann 2015, p. 845.
  14. Blatman 2011, p. 60–61.
  15. Blatman 2011, p. 201.
  16. Blatman 2011, p. 203.
  17. Kárný 1995, p. 15, 28, 34.
  18. Fenner 2012, p. 148.
  19. a b c d et e Raim 2009, p. 490.
  20. a et b Fenner 2012, p. 157.
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  22. Schwartz 2011, p. 133.
  23. a et b Fenner 2012, p. 152.
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  25. Schwartz 2011, p. 146.
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  27. (en) « FDR's Views on Japanese Offer a Window Into Why He Wouldn't Save Jews », Tablet Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
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  29. Blatman 2011.
  30. Fenner 2012, p. 157–160.
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  33. Rehm, Maus et Jagfeld 2017, abstract.
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  38. Fenner 2012, p. 157–158.
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  44. Pytell 2015, p. 104–106.
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  47. Middleton-Kaplan 2014, p. 9–10.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • Barbara Fenner, Emotionen, Geschichtsbewusstsein und die Themenzentrierte Interaktion (TZI) am Beispiel des Unterrichtsprojekts zum Außenlagerkomplex Kaufering / Landsberg "Wir machen ein KZ sichtbar" (thèse), (lire en ligne)
  • Jörg Rehm, Helmut Maus et Matthias Jagfeld, « Die Instandsetzung der Tonröhrenunterkünfte der Holocaustgedenkstätte in Landsberg am Lech », Bautechnik, vol. 94, no 6,‎ , p. 404–411 (DOI 10.1002/bate.201700021, S2CID 113487772)
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  • (en) Richard Middleton-Kaplan, « The Myth of Jewish Passivity », dans Patrick Henry (éd.), Jewish Resistance Against the Nazis, Washington, D.C., Catholic University of America Press, , 3–26 p. (ISBN 9780813225890)
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  • (en) Timothy Pytell, Viktor Frankl's Search for Meaning: An Emblematic 20th-Century Life, New York, Berghahn Books, (ISBN 9781782388319)
  • (en) Edith Raim (trad. Stephen Pallavicini), « Early Camps, Youth Camps, and Concentration Camps and Subcamps under the SS-Business Administration Main Office (WVHA) », dans Geoffrey P. Megargee, Encyclopedia of Camps and Ghettos, 1933–1945, vol. 1 : Kaufering I–XI, Bloomington, United States Holocaust Memorial Museum, (ISBN 978-0-253-35328-3), p. 488–490
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  • (en) Daniel Uziel, Arming the Luftwaffe: The German Aviation Industry in World War II, Jefferson, McFarland, (ISBN 9780786488797)
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Liens externes[modifier | modifier le code]