Bataille de Jabal al-Zawiya (2014)

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Bataille de Jabal al-Zawiya

Informations générales
Date
Lieu Jabal al-Zawiya, au sud d'Idleb
Issue Victoire des djihadistes
Belligérants
Front al-Nosra Armée syrienne libre
Commandants
Abou Mohammed al-Joulani Jamal Maarouf
Forces en présence
inconnues inconnues
Pertes
inconnues inconnues

Guerre civile syrienne

Batailles

Coordonnées 35° 29′ 56″ nord, 36° 26′ 51″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Bataille de Jabal al-Zawiya

La bataille de Jabal al-Zawiya a lieu du au lors de la guerre civile syrienne.

Prélude[modifier | modifier le code]

En janvier 2014, l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) est chassé du gouvernorat d'Idleb par une offensive menée notamment par une coalition rebelle de formation récente : le Front révolutionnaire syrien (FRS), dirigé par Jamal Maarouf et soutenu par les États-Unis et l'Arabie saoudite[1]. Mais au cours de l'été 2014, le Front al-Nosra est également chassé du gouvernorat de Deir ez-Zor par l'EIIL et se réimplante dans le gouvernorat d'Idleb[1],[2]. Rapidement, des tensions commencent à opposer le FRS et Front al-Nosra en raison de leur rivalité pour le contrôle de la contrebande de pétrole avec la Turquie et à cause du soutien apporté par les États-Unis au FRS[1]. Les djihadistes d'al-Nosra qualifient alors les hommes de Maarouf de « Sahwa »[1].

En juillet 2014, des combats éclatent pour la première fois entre les deux groupes[2]. Après des heurts et des assassinats commis des deux côtés au début du mois, les combats s'intensifient à la mi-juillet près de Jisr al-Choghour ; ils s'étendent ensuite sur d'autres points du gouvernorat d'Idleb, puis dans l'ouest du gouvernorat d'Alep et dans le gouvernorat de Deraa, faisant au moins plusieurs dizaines de morts[2]. Le , Abou Mohammed al-Joulani, le chef du Front al-Nosra, annonce son intention de créer un « émirat au Levant » qui aurait des frontières avec « le régime, les ultras (l'État islamique), les corrompus (les rebelles) et le PKK (les kurdes) »[2]. Pour justifier ses opérations, le Front al-Nosra dénonce les pillages et la corruption — parfois réels — de certains groupes rebelles[2]. Le Front révolutionnaire syrien et le Mouvement Hazm appellent alors les autres groupes à ne plus coopérer avec le Front al-Nosra[2].

Mais en septembre 2014, la coalition menée par les États-Unis commence sa campagne de frappes aériennes et bombarde des positions du Front al-Nosra[1],[3]. Dans le même temps, les Américains commencent également à livrer des lance-missiles BGM-71 TOW au Front révolutionnaire syrien et au Mouvement Hazm et annoncent vouloir entraîner leurs combattants pour former une nouvelle « armée nationale »[1],[3],[4]. Les djihadistes redoutent alors une offensive et décident d'attaquer les premiers[1],[3].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Carte des combats dans le gouvernorat d'Idleb.
  • Territoire du Front al-Nosra avant l'offensive
  • Territoires gagnés par le Front al-Nosra après l'offensive

Les combats débutent le 28 octobre dans le Jabal al-Zawiya, une région montagneuse au sud-ouest d'Idleb[5]. En quelques jours, les djihadistes s'emparent de plusieurs postes tenus par le Front révolutionnaire syrien[6]. Une trêve est conclue le 30 octobre, mais elle n'est pas appliquée[6].

Le 31 octobre, le Front al-Nosra attaque le quartier-général du Front révolutionnaire syrien à Deir Sounboul — ou Deir Sinbel — à l'ouest de Khan Cheikhoun, et mène parallèlement une autre offensive contre le Mouvement Hazm à Khan al-Sibel, au sud-est d'Idleb[6]. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) indique même que quelques combattants de l'État islamique auraient rejoint le Front al-Nosra pour combattre les FRS malgré les affrontements qui les ont opposés dans d'autres régions[7].

Au cours des combats, des militants publient une vidéo dans laquelle Jamal Maarouf s'adresse par talkie-walkie à Abou Mohammed al-Joulani, le chef du Front al-Nosra : « Tu as terni le nom de l'islam, tu as terni la religion. Pourquoi tu nous attaques? Tu n'es rien, tu es identique à Baghdadi, espèce de salaud »[6]. Le Front al-Nosra réplique en accusant Maarouf de « corruption » et de « s'éloigner de la révolution »[6].

Le 1er novembre, les djihadistes s'emparent de Deir Sounboul, le quartier-général souterrain de Jamal Maarouf, creusé dans la roche pour résister aux frappes aériennes[1],[3],[7],[5]. La majorité des villes et villages du Jabal al-Zawiya sont alors aux mains du Front al-Nosra[5],[7]. Le Mouvement Hazm est également chassé de Khan al-Sibel dans la nuit du 1er au 2 novembre et son arsenal tombe aux mains des assaillants[3],[4].

Après la déroute de ses troupes, Jamal Maarouf trouve refuge en Turquie, imité par un grand nombre de ses combattants, tandis que d'autres rejoignent les rangs du Front al-Nosra[1],[8],[7]. Les troupes du Front révolutionnaire syrien sont évincées du nord de la Syrie et ne sont plus actives que dans le gouvernorat de Deraa, au sein du Front du Sud[8],[7].

L'ensemble des autres groupes rebelles de la région est resté neutre lors du conflit ; certains ont de mauvaises relations aussi bien avec le Front al-Nosra qu'avec le FRS, mais ils estiment non justifié de mener le combat sur un troisième front, après le régime et l'État islamique[1].

Les pertes[modifier | modifier le code]

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) ne donne pas de bilan, mais indique que les combats ont causé de « lourdes pertes des deux côtés »[6]. Le Front al-Nosra prend également au FRS des chars et des armes lourdes[7],[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j Benjamin Barthe, « La chute de Jamal Maarouf, symbole de la dislocation de la rébellion syrienne modérée », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e et f AFP, « Syrie: les ambitions jihadistes disloquent les rangs des opposants à Assad », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  3. a b c d et e Armin Arefi, « En Syrie, la déroute des modérés », sur Le Point, (consulté le )
  4. a et b « Syrie: Offensive d'el-Qaëda contre les rebelles modérés dans le nord-ouest », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  5. a b et c (en) « Jabhat al-Nusra take control on the main stronghold of SRF », The Syrian Observatory for Human Rights,
  6. a b c d e et f AGENCE FRANCE-PRESSE, « Les rebelles syriens et Al-Nosra s'affrontent sur le champ de bataille et sur le web », sur La Presse, (consulté le )
  7. a b c d e et f « Syrie : Al-Nosra chasse les rebelles modérés de leur bastion dans le nord-ouest », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  8. a et b Benjamin Barthe, « Jamal Maarouf : «l’Armée syrienne libre est sous la coupe d’Al-Nosra » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Syrie: le Front al-Nosra gagne du terrain dans le nord-ouest », RFI,