Conférence de Bandung

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Conférence de Bandung
Carte des États participants.
Carte des États participants.

Type Conférence diplomatique
Pays Drapeau de l'Indonésie Indonésie
Localisation Bandung
Date Du 18 au
Participant(s) Drapeau de l'Afghanistan Afghanistan

Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite
Drapeau de la Birmanie Birmanie
Drapeau du Cambodge Cambodge
Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Drapeau de l'Égypte Égypte
Empire d'Éthiopie
Drapeau de la Côte-de-l'Or britannique Côte-de-l'Or britannique
Drapeau de l'Inde Inde
Drapeau de l'Indonésie Indonésie
Drapeau de l'Iran Iran
Drapeau de l'Irak Irak
Drapeau du Japon Japon
Drapeau de la Jordanie Jordanie
Royaume du Laos Royaume du Laos
Drapeau du Liban Liban
Drapeau du Libéria Liberia
Drapeau de la Libye Royaume de Libye
Royaume du Népal
Drapeau du Pakistan Pakistan
Drapeau des Philippines Philippines
Drapeau du Sri Lanka Sri Lanka
Drapeau de la Syrie Syrie
Drapeau du Soudan Soudan
Drapeau de la Thaïlande Thaïlande
Drapeau de la République démocratique du Viêt Nam République démocratique du Viêt Nam
Drapeau de la Turquie Turquie
Drapeau de la République du Sud-Viêt Nam République du Viêt Nam
Drapeau du Yémen Yémen
29 pays

La conférence de Bandung (ou conférence de Bandoeng) s'est tenue du 18 au à Bandung, en Indonésie, réunissant pour la première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques dont Gamal Abdel Nasser (Égypte), Jawaharlal Nehru (Inde), Soekarno (Indonésie) et Zhou Enlai (Chine). Cette conférence marqua l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés du « tiers monde ». Ceux-ci ne souhaitant pas intégrer les deux blocs qui se font face, menés par les États-Unis et l'URSS, choisissent le non-alignement.

Contexte

Le Gedung Merdeka où s'est tenue la conférence (photo de 1955).
Le Gedung Merdeka en 2002.
Situation des colonies en 1945, au sortir de la Seconde guerre mondiale : la décolonisation s'opère avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux superpuissances de la guerre froide en devenir (États-Unis et URSS), qui transfèrent leur opposition via leur influence sur ces nouveaux pays indépendants, nonobstant l'affirmation ultérieure d'un « troisième bloc » des non-alignés.

Dès les années 1930, on assiste au développement de mouvements nationalistes revendiquant l'indépendance de leur pays ; ils se renforcent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de la conférence de Genève qui, en 1954, met fin à la guerre d'Indochine, les nouvelles puissances asiatiques veulent accélérer le processus d'indépendance.

En 1955, une trentaine de pays asiatiques et africains ont acquis leur indépendance. Le monde est alors dans un contexte de guerre froide opposant le bloc soviétique au bloc occidental. Conscients de leur force, ces pays nouvellement indépendants décident alors de tout mettre en œuvre pour aider les autres colonies à acquérir elles aussi leur indépendance. L'Asie a été le premier continent à voir se multiplier de nouveaux États ayant accédé à leur souveraineté aux dépens des puissances coloniales occidentales, ce qui explique la localisation de la conférence à Bandung. Les grands acteurs de cette rencontre sont l'Indien Nehru, l'Égyptien Gamal Abdel Nasser, et le Chinois Zhou Enlai.

Conférence de Bandung

Sukarno, celui-ci accueillit la conférence.

« Une Conférence des Nations afro-asiatiques convoquée par les gouvernements de Birmanie, de Ceylan, de l'Inde, d'Indonésie et du Pakistan s'est réunie à Bandung du 18 au 24 avril 1955 »[1].

Les cinq puissances invitantes de Bandung (avril 1955) – l'Inde, Ceylan (l'actuel Sri Lanka), le Pakistan, la Birmanie et l'Indonésie – s'étaient réunies à Colombo, du 5 avril au , pour chercher les moyens d'accélérer la conclusion de la paix en Indochine. Les cinq prennent alors position contre les essais nucléaires, la politique des blocs et le colonialisme et se prononcent pour l'admission de la République populaire de Chine aux Nations unies.

Quelques mois plus tard, en décembre 1954, les cinq de Colombo se retrouvent à Bogor, localité proche de la capitale indonésienne, pour décider des derniers préparatifs de la conférence, et, notamment, pour établir la liste des pays à inviter à prendre part à la création d'une zone de paix fondée sur les principes de la coexistence pacifique. Vingt-cinq pays, dont la Chine et la République démocratique du Viêt Nam, sont invités, et, parmi eux, seule la Fédération d'Afrique centrale décline l'invitation.

Les Nations participantes

Vingt-neuf pays se rendent à la conférence : quinze pays d'Asie (Afghanistan, Birmanie, Royaume du Cambodge, Ceylan, République populaire de Chine, Inde, Indonésie, Japon, Royaume du Laos, Népal, Pakistan, Philippines, Thaïlande, République démocratique du Viêt Nam, État du Viêt Nam), neuf du Moyen-Orient (Arabie saoudite, Égypte, Iran, Royaume d'Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie et Yémen) et six pays africains (Côte-de-l'Or (l'actuel Ghana), Éthiopie, Liberia, Soudan, Somalie et Libye) ce qui reflète le fait que la plus grande partie de ce continent est encore colonisée. Le Japon est le seul pays industrialisé à assister à la conférence. Pour l'Afrique, une délégation du FLN algérien est aussi présente ainsi que le Destour tunisien.

Vu le pluralisme des langues et des pays, la langue choisie pour les travaux, et la résolution finale, est l'anglais. Les dirigeants et les délégations s'expriment le plus souvent dans les langues nationales, mais déjà certains dirigeants comme Nasser ou Soekarno savent parler anglais. Les documents sont traduits et des interprètes sont présents.

Les personnalités participantes

Résolution finale

Nehru en 1954.

Le communiqué final[2] de la conférence de Bandung, inspiré par le Premier ministre Indien Nehru, est marqué par le neutralisme et les principes de la coexistence pacifique mais peine à déterminer une ligne commune face aux « Grands » : aux non-engagés (Inde et Égypte), s'opposent, d'un côté, les pro-occidentaux, les pays du pacte de Bagdad, de l'OTAN ou de l'OTASE (Irak, Iran, Japon, Pakistan, Philippines et Turquie), et de l'autre, les pays ayant adopté le régime communiste (la Chine communiste et République populaire du Viêt Nam).

Outre le fait que la conférence de Bandung marque l'entrée du Tiers monde sur la scène internationale, la conférence condamne la colonisation et l'impérialisme en général, et en particulier l'apartheid en Afrique du Sud. Les pays signataires appellent les pays encore colonisés à lutter pour leur indépendance mais la solution pacifique et la recherche de la négociation doivent être préférées. Le gouvernement français est notamment pressé de trouver une solution aux problèmes de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Ils rappellent également volonté de ne pas appartenir à l'un ou l'autre des deux blocs en pleine guerre froide opposant les États-Unis et le bloc soviétique. En outre, la conférence déclare appuyer les droits du « peuple arabe de Palestine ».

Conséquences

Nasser au côté de Khrouchtchev.

La conférence contribue à l'accélération du processus de décolonisation et à l'émergence d'un nouveau groupe de pays qui forment le « tiers monde » entre le bloc communiste et le bloc occidental. Dans la continuité, la conférence de Belgrade réunit certains de ces pays en 1961 et pose les bases du mouvement des non-alignés. Cependant, la conférence a mis en lumière les divisions existantes entre les pays plutôt proches d'un des deux blocs ou préférant le non-alignement. Le « non-alignement » est la position de certains États qui refusent de se ranger dans l'un ou l'autre des deux blocs, celui de l'Ouest ou celui de l'Est.

Chronologie de la conférence de Bandung

  • 28 avril 1954 : conférence de Colombo, Sri Lanka ;
  • 28 décembre 1954 : le groupe de Colombo se retrouve à Bogor, en Indonésie ;
  • 18 au 24 avril 1955 : la conférence dite de Bandung se tient dans la ville du même nom, en Indonésie[3] ;
  • 24 avril 1955 : journée de clôture de la conférence de Bandung.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • 1965 : Conte Arthur, Bandung, tournant de l'Histoire, Robert Laffont, Paris, 1965.
  • 1976 : Guitard Odette, Bandung et le réveil des peuples colonisés, PUF, coll. « Que sais-je ? », Paris, 1976.
  • 2008 : Tan See Seng, Bandung Revisited : The Legacy of the 1955 Asian-African Conference for International Order, Singapore University Press, Singapour, 2008.
  • 2009 : Amady Aly Dieng, Les Grands Combats de la Fédération des étudiants d'Afrique noire : de Bandung aux indépendances 1955-1960, L'Harmattan, Paris, 2009.
  • 2005 : Jean Lacouture, Bandung ou la fin de l’ère coloniale. Archives Le Monde diplomatique, édition imprimée, avril 2005, p. 22-23. Consulté le mardi 7 avril 2009.
  • 2017: Chloé Maurel, "La conférence de Bandung", in Alain Ruscio (dir.), Encyclopédie de la colonisation française, vol. I, Les Indes Savantes.

Articles connexes

Liens externes

  • L'Internaute Histoire.- Dossier histoire de la conférence de Bandung. Consulté le mardi 7 avril 2009
  • Hugo Ruiz Diaz et Mireille Mendès-France, L’actualité de Bandung : quelles alternatives à l’ordre mondial libéral ? : XXe siècle : 1955-2005, Web, cadtm, (lire en ligne). Consulté le jeudi 16 avril 2009.
  • Film du musée de la Conférence afro-asiatique, Bandung, Indonésie [lire en ligne].