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Version du 17 octobre 2007 à 17:50

Projet:Traduction/Hannibal Barca

Modèle:Infobox biographie

Hannibal Barca, généralement appelé Hannibal, né en 247 à Carthage et mort suicidé en 183[1],[2],[3],[4],[5] en Bithynie (près de l’actuelle Bursa), est un général et homme politique carthaginois généralement considéré comme l’un des plus grands tacticiens militaires de l’Histoire.

Il grandit durant une période de tension dans le bassin méditerranéen alors que Rome tente d’établir sa suprématie sur d’autres puissances comme Carthage, la Macédoine, Syracuse et l’empire séleucide. Le principal exploit qu’on lui reconnaît a lieu durant la Deuxième Guerre punique : il quitte alors l’Ibérie avec son armée et traverse les Pyrénées puis les Alpes pour gagner le nord de l’Italie. Durant son invasion de l’Italie, il défait les armées romaines dans une série de batailles restées célèbres. Pourtant, il ne parvient pas à prendre Rome. Selon certains historiens, Hannibal ne possédait pas le matériel nécessaire à l’attaque et au siège de la ville[6]. Pour J. F. Lazenby, ce ne serait pas le manque d'équipement mais le manque de ravitaillement et son propre agenda politique qui empêchèrent Hannibal d’attaquer la cité[7]. Il réussit néanmoins à maintenir une armée en Italie durant plus d’une décennie sans parvenir à faire accepter ses conditions aux Romains. Une contre-attaque de ces derniers le force à retourner à Carthage où il est finalement défait à la bataille de Zama. Après la guerre, il accède au poste de suffète mais ses réformes politiques et financières – nécessaires pour le paiement de l’indemnité de guerre imposée par Rome – sont impopulaires parmi les membres de la classe dirigeante qui le contraignent, avec l’appui des Romains, à l’exil. Durant celui-ci, il vit à la cour de l’empire séleucide où il est conseiller militaire du roi Antiochos III dans sa guerre contre Rome. Après la défaite séleucide, Hannibal fuit à nouveau en Arménie où il planifie la construction de la nouvelle capitale. Sa fuite se termine à la cour de Bithynie où il est finalement dénoncé aux Romains.

Hannibal est universellement classé parmi les plus grands commandants et tacticiens militaires de l’Histoire. L’historien militaire Theodore Ayrault Dodge lui donna le surnom de « père de la stratégie[8] » car son plus grand ennemi, Rome, adopta par la suite des éléments de sa tactique militaire dans son propre arsenal stratégique. Cet héritage lui a conféré une forte réputation dans le monde contemporain et il fut regardé comme un grand stratège par des hommes comme Napoléon Ier et le duc de Wellington. Sa vie a ensuite servi de trame à de nombreux films et documentaires.

Hanni-baal signifie en phénicien « qui a la faveur de Baal » et Barca « foudre ».

Contexte historique

Modèle:Rome antique

Au milieu du IIIe siècle av. J.-C., la ville de Carthage, où naît Hannibal, est fortement imprégnée de la culture hellénistique issue des vestiges de l’empire d’Alexandre le Grand. Carthage occupe alors une place prépondérante dans les échanges commerciaux du bassin méditerranéen et possède notamment des comptoirs en Sicile, en Sardaigne, sur les côtes de l’Hispanie et en Afrique du Nord. Elle possède également une importante flotte de guerre qui assure la sécurité des routes maritimes vers l’or du golfe de Guinée et l’étain des côtes britanniques.

L’autre grande force méditerranéenne de l’époque est Rome avec laquelle se déclenche une guerre qui dure une vingtaine d'années, la Première Guerre punique (« punique » est le terme péjoratif utilisé par les Romains pour désigner les « Carthaginois »). C’est le premier conflit d’envergure dont Rome sort victorieuse. Un conflit secondaire à Syracuse entraîne ce conflit entre la République romaine et Carthage. Cette guerre est marquée par trois phases sur deux terrains d’opérations terrestres, ainsi que maritimes : en Sicile (264-256), en Afrique (256-250) et à nouveau en Sicile (250-241). C’est lors de cette dernière phase, puis surtout après la guerre que Hamilcar Barca, père de Hannibal, qui dirige la guerre contre Rome depuis 247, se fait connaître. Après une lourde défaite navale aux îles Aegates, il doit, en 241, signer un traité avec le consul romain Lutatius qui impose à Carthage de quitter la Sicile mais lui permet de conserver sa flotte.

Au lendemain de la Première Guerre punique, malgré les précautions prises par Hamilcar Barca, Carthage se trouve en difficulté pour disperser ses mercenaires qui ne tardent pas à assiéger la ville. C’est alors qu’éclate la Guerre des Mercenaires. Hamilcar parvient à réprimer cette révolte dans le sang au Défilé de la Scie (ou de la Hache) en 237. Mais Rome, n’ayant plus d’opposition, s’est emparée de la Sardaigne qui appartenait aux Carthaginois. Aussi Hamilcar passe-t-il en Hispanie où il s’empare d’un vaste territoire au sud-est du pays. Pendant une dizaine d’années, Hamilcar conquiert le sud de l’Hispanie assisté de son gendre Hasdrubal. Cette conquête rétablit la situation financière de Carthage grâce à l’exploitation des mines d’argent et d’étain.

Ascension

Jeunesse

Depuis son jeune âge, Hannibal voua une haine féroce aux Romains.

Hannibal Barca est le fils du général Hamilcar Barca et de sa femme d’origine ibérique. « Barca » n'est pas un nom de famille mais il est néanmoins porté par son fils[9]. Les historiens désignent la famille de Hamilcar sous le nom de Barcides pour éviter la confusion avec d'autres familles carthaginoises où les mêmes prénoms (Hannibal, Hasdrubal, Hamilcar, Magon, etc.) sont fréquemment portés.

Il n’existe que peu de sources à propos de l’éducation de Hannibal. On sait toutefois qu’il apprend d’un précepteur spartiate, nommé Sosylos, les lettres grecques, l’histoire d’Alexandre le Grand et l’art de la guerre. Il acquiert ainsi ce mode de raisonnement et d’action que les Grecs nomment « métis » et qui est fondé sur l’intelligence et la ruse.

Après la défaite de Carthage lors de la Première Guerre punique, Hamilcar se met à améliorer la prospérité de sa famille et de Carthage. Poursuivant ce but en s'appuyant sur la cité de Gadès, Hamilcar commence à assujettir les tribus de la péninsule ibérique. Carthage, à ce moment, est dans un tel état que sa marine est incapable de transporter son armée en Hispanie. Hamilcar est donc obligé de marcher vers les colonnes d'Hercule puis de la faire traverser en bac par le détroit de Gibraltar. Selon l’historien romain Tite-Live, Hannibal déclare beaucoup plus tard que quand il alla voir son père et le pria de l'autoriser à l'accompagner, Hamilcar accepta et lui demanda de jurer que, aussi longtemps qu'il vivrait, il ne serait jamais un ami de Rome[10]. D'autres sources rapportent que Hannibal déclare à son père :

« Je jure que dès que l’âge me le permettra [...] j’emploierai le feu et le fer pour briser le destin de Rome[8],[11]. »

Quant à la pratique de l’action militaire, elle intervient rapidement sur le terrain avec l’aide de son père puis de son beau-frère Hasdrubal le Beau[2] qui succède à Hamilcar tué sur le champ de bataille en 229. Dans ce domaine, Hannibal montre très tôt de grandes qualités d’endurance et de sang-froid[12], sachant aussi se faire apprécier et admirer de ses soldats :

« Jamais esprit ne se plia avec plus de souplesse aux deux choses les plus opposées : savoir obéir et savoir commander[13]. »

Hasdrubal poursuit quant à lui une politique de consolidation des intérêts ibériques de Carthage, allant jusqu’à signer en 226 un traité avec Rome partageant la péninsule ibérique en deux zones d’influence : le fleuve Èbre en constitue la frontière, Carthage ne devant pas s’étendre au-delà de l’Èbre dans la mesure où Rome ne s'étendrait pas non plus au sud de la rivière. En 221, Hasdrubal le Beau fonde Carthagène mais il est assassiné en 220 par un esclave gaulois dont il avait fait mourir le maître.

Commandant en chef

Après l'assassinat de Hasdrubal, Hannibal est proclamé commandant en chef par l’armée carthaginoise et confirmé dans cette fonction par le gouvernement[12],[14]. Tite-Live donne à cette époque cette description du jeune général carthaginois :

« Dès son arrivée [...] les vieux soldats eurent l'impression de voir Hamilcar jeune revenu parmi eux : le même regard lumineux, le même feu dans ses yeux, la même astuce dans sa contenance et les traits de son visage. »

Après avoir assumé le commandement, Hannibal passe deux ans à consolider les possessions hispaniques et à terminer la conquête des territoires au sud de l'Èbre[15]. Cependant, Rome, craignant la puissance grandissante de Hannibal en Ibérie, conclut une alliance avec la ville de Sagonte, pourtant située à une distance considérable au sud de l'Èbre dans la zone reconnue à l’influence carthaginoise[5], et déclare la cité comme son protectorat. L’argumentation romaine s’appuie sur le traité de 241 qui interdit à Carthage de s’attaquer à un allié de Rome tandis que Hannibal met en avant le traité signé par Hasdrubal qui lui reconnaît la souveraineté carthaginoise au sud de l’Èbre. Hannibal mène le siège de la ville qui tombe en 219 après huit mois[14],[16]. Rome réagit à cette violation apparente du traité et réclame justice au gouvernement carthaginois[2]. En raison de la grande popularité de Hannibal, le gouvernement carthaginois ne renie pas ses actions et la guerre à laquelle il avait pensé, la Deuxième Guerre punique, est déclarée à la fin de l'année[12]. Hannibal est maintenant déterminé à porter la guerre au cœur de l'Italie par une marche rapide au travers de l'Hispanie et du sud de la Gaule.

Représentation de Hannibal en guerrier

Les Romains décident alors d’attaquer Carthage sur deux fronts, en Afrique du Nord et en Hispanie, à partir de la Sicile qui leur servira de base opérationnelle. Mais Hannibal met en place une stratégie pour le moins inattendue : une expédition qui, partant de l’Hispanie, porterait la guerre en Italie même. Sachant que sa flotte est largement inférieure à celle des Romains, il ne les attaque pas par la mer : il choisit un trajet terrestre beaucoup plus long mais plus intéressant car il lui permet de recruter en chemin bon nombre de mercenaires ou de s’allier aux peuples celtes désireux d'en découdre avec les Romains. Avant son départ, il joue habilement avec ses effectifs et envoie en Afrique du Nord des contingents d'Ibères tandis que des Libyens viennent assurer la sécurité des possessions de Carthage en Hispanie.

Jusqu’au printemps 218, période à laquelle il quitte Carthagène[17], Hannibal met sur pied une large armée et envoie des représentants négocier son passage et des alliances le long de son trajet. Il est toutefois difficile d’évaluer ses effectifs réels. Certaines estimations vont jusqu’à 80 000 hommes. À son arrivée en Italie, il semble diriger 20 000 fantassins et 6 000 cavaliers[18]. Mais des renforts sont envoyés à plusieurs reprises par Carthage — du moins au début de la guerre — et plusieurs peuplades vont se rallier, même provisoirement, à Hannibal. De plus, il possède quelques éléphants dont le rôle est important dans les armées de l’époque mais que les Romains connaissent bien pour en avoir rencontré dans les troupes de Pyrrhus. En réalité la plupart des 40 éléphants de Hannibal, ce qui est un chiffre assez faible si on le compare à celui d’autres armées de l’époque hellénistique, vont mourir dans la traversée des Alpes ou dans l’humidité des marais étrusques. Le seul survivant sera utilisé comme monture par Hannibal qui, souffrant d’une ophtalmie qui le rend borgne[12], utilise ce moyen de transport pour ne pas entrer au contact de l’eau.

Deuxième Guerre punique

Objectif

Une fois Sagonte conquise et détruite[10], Hannibal pénètre en Gaule en évitant soigneusement de s’attaquer aux villes grecques de Catalogne. On pense que, après avoir franchi les Pyrénées au col du Perthus et établi son campement près de la ville d’Illibéris (actuelle Elne), il se dirige sans encombres jusqu’au Rhône à la surprise des Romains qui se décident alors à lui interdire le passage en Italie. Les Romains viennent en effet de conquérir la Gaule cisalpine et, si Hannibal parvient à traverser les Alpes, il espère trouver un renfort chez les Gaulois.

Traversée des Alpes

Hypothèses du tracé


L’itinéraire emprunté par Hannibal reste toujours sujet à polémiques[12]. En octobre 218, les Alpes ont pu être franchies par le col du Petit-Saint-Bernard[10], par celui du Mont-Cenis ou encore par celui de Montgenèvre[14],[12]. Certains auteurs indiquent qu’il a emprunté le col du Clapier ou, plus au sud, le col de Larche.

Les détails fournis par Polybe et Tite-Live[19] sont très imprécis. Par ailleurs, aucune trace archéologique n’apporte de preuves irréfutables d’un quelconque itinéraire. Toutes les hypothèses avancées, souvent par des spécialistes mais aussi par des auteurs plus imaginatifs, le sont sur l’interprétation des textes de Tite-Live et de Polype. Près d’un millier d’ouvrages ont déjà été écrits sur le sujet[20].

L’une des caractéristiques majeures du col par lequel Hannibal aurait franchi les Alpes est la vue du sommet du col sur la plaine du . Hannibal a pu montrer la plaine du Pô à ses soldats affamés et découragés. Dans les Alpes septentrionales, du Montgenèvre au Grand-Saint-Bernard, seul le col du Clapier et sa dépression voisine, le col de Savine-Coche, préconisé par le docteur Marc-Antoine de Lavis-Trafford, ont une vue sur la plaine du Pô[réf. nécessaire] mais les partisans du Petit-Saint-Bernard conteste le sens de la phrase de Polybe (III, II, 54) qui écrit :

« Il réunit donc les hommes et s’efforça de ranimer leur ardeur en faisant valoir le seul argument qui pût les impressionner : le fait que l’on pouvait maintenant apercevoir clairement l’Italie [...] Hannibal put donc montrer du geste à ces soldats la plaine du Pô. »

Cette scène a été représentée par de nombreux tableaux et dessins dont l’un de Francisco Goya. Les partisans du Petit-Saint-Bernard affirment que les brouillards qui s'élèvent souvent de la plaine du Pô empêchent de voir celle-ci. Pourtant, cette plaine a été vue et photographiée par de nombreux auteurs dont la dernière photographie peut être vue sur le site Web de Patrick Hunt, professeur d’archéologie à Stanford, consacré à ses recherches du col par lequel Hannibal est passé en Italie. Ce dernier considère lui aussi le col du Clapier comme le seul col qui réponde parfaitement aux textes antiques. Polybe (III, II, 60) donne également une autre caractéristique majeure :

« Il commença par établir son camp au pied des Alpes pour laisser à ses troupes le temps de se refaire [...] Puis, ses troupes étant rétablies, il eut d’abord affaire aux Taurini, peuple habitant au pied même des Alpes. »

Dans les Alpes septentrionales, un seul col satisferait à ces deux conditions (vue sur la plaine du Pô et peuplement des Taurins) : le col du Clapier. Ainsi, depuis le colonel Perrin en 1883, de nombreux auteurs se rallient à cette thèse[21]. La seule exception notable est la thèse de Sir Gavin de Beer (1955) qui propose le col de la Traversette dans les Alpes méridionaux (près du mont Viso). Le tracé de son hypothèse ne traverse pas le pays des Allobroges et son hypothèse a été violemment contestée, y compris en Angleterre.

Choix décisif

Après avoir passé les Alpes et être parvenu dans la région de Turin, Hannibal bat coup sur coup les premières troupes romaines qui lui sont opposées sur le Tessin et la Trébie[2]. La bataille du Tessin, qui est plus qu’une simple escarmouche entre la cavalerie romaine du consul Publius Cornelius Scipio et la cavalerie carthaginoise, démontre d’entrée les qualités militaires de Hannibal. Il utilise au mieux sa cavalerie numide, profitant du moindre avantage topographique et réussissant une manœuvre d’encerclement. La bataille de la Trébie, en décembre 218, amènera les Gaulois à se rallier à Hannibal contre leurs récents vainqueurs romains[14].

Bataille de la Trébie

Tactiques pendant la bataille de la Trébie

La difficile marche de Hannibal le conduit en territoire romain et contrecarre les tentatives de ses ennemis de résoudre le conflit en territoire étranger. Son apparition soudaine après la traversée de la Gaule et de la vallée du lui permet de rompre l’allégeance récente des tribus locales à Rome avant que cette dernière ne puisse réagir contre la rébellion[12].

Publius Cornelius Scipio, consul dirigeant les forces romaines destinées à intercepter Hannibal, ne s’attend pas à e que Hannibal tente de traverser les Alpes, les Romains s’étant préparés à l’affronter dans la péninsule ibérique. Disposant d’un faible détachement positionné en Gaule, Scipion tente d’intercepter Hannibal. De promptes décisions et des mouvements rapides lui permettent, en transportant son armée par la mer, d’arriver à temps pour rattraper Hannibal.

Les forces de Hannibal traversent quant à elles la vallée du Pô et se trouvent engagées dans une confrontation mineure : la bataille du Tessin. À ce moment, Hannibal oblige les Romains à évacuer la plaine de Lombardie du fait de la supériorité de sa cavalerie[8]. Bien que cela constitue une victoire mineure, cela incite les Gaulois et les Liguriens à se joindre aux Carthaginois, ce qui augmente la taille de leur armée de 40 000 hommes. Scipion l'Africain, fils de Scipio, se trouve gravement blessé et se retire au-delà de la rivière Trébie pour établir un camp à Plaisance en sauvegardant son armée[8]. L’autre armée consulaire est envoyée en urgence dans la vallée du Pô. Avant que la nouvelle de la défaite du Tessin ait atteint Rome, le Sénat romain ordonne au consul Tiberius Sempronius Longus de ramener son armée de Sicile pour se joindre à Scipio et affronter Hannibal.

Ce dernier, par d’habiles manœuvres, est en position de le contrer vu qu’il contrôle la route reliant Plaisance à Arminum que Sempronius doit emprunter pour renforcer Scipio. Il prend ensuite Clastidium où il s'approvisionne de grandes quantités de rations pour ses hommes. Mais ce succès n'est pas complet car Sempronius, profitant du manque de vigilance de Hannibal, se glisse sur son flanc et rejoint le camp de Scipio à côté de la rivière Trébie près de Plaisance. En décembre 218, Hannibal a l'occasion de démontrer ses capacités militaires supérieures durant la bataille de la Trébie. Après avoir épuisé la résistance de l’infanterie romaine, il la taille en pièces par une attaque surprise débutant par une embuscade sur ses flancs[12].

Cannes et ses conséquences

Hannibal comptant les anneaux des chevaliers romains tombés à la bataille de Cannes en 216. Marbre de 1704 par Sébastien Slodtz actuellement exposée au musée du Louvre

Après les victoires du Tessin et de la Trébie, les Carthaginois se reposent à Bologne puis continuent leur descente vers Rome et remportent le 21 juin 217, la bataille de Trasimène sur les troupes de Caius Flaminius Nepos[22]. Mais Hannibal n’a pas l’intention d’attaquer Rome dans un premier temps. Son prochain objectif est l’Apulie et notamment la ville de Capoue. C’est alors que les Romains nomment Fabius Cunctator au poste de dictateur. Celui-ci adopte une stratégie d’escarmouches et de harcèlement de l’armée punique sans jamais chercher la bataille rangée. Il s’en faut de peu qu’il obtienne la capitulation de l’armée punique près de Casilinum. Mais cette conception de la guerre est jugée humiliante par les Romains qui le forcent à partager son commandement avec son maître de cavalerie Marcus Minucius Rufus.

En 216, les Romains lassés renoncent à cette tactique efficace mais lente pour un choc frontal. Celui-ci a lieu à Cannes au cours d’une bataille considérée comme un chef-d’œuvre tactique. C’est un désastre pour les Romains dont les pertes sont estimées entre 50 000 et 70 000 morts[2],[8] auxquels s’ajoutent environ 20 000 prisonniers. Pourtant, Rome refuse de s’incliner et lève de nouvelles troupes. Cette victoire s’explique bien sûr par la tactique utilisée lors des combats mais aussi par l’habileté politique de Hannibal qui utilise les erreurs de ses adversaires. Il pousse ainsi plusieurs fois les consuls, pressés de remporter une victoire avant leur fin de mandat, à la faute comme à Trasimène et Cannes. Cela suppose une fine connaissance des institutions romaines et des acteurs politiques. Les espions puniques, souvent des commerçants, jouent également un grand rôle dans cette guerre.

En réalité, ce que souhaite Hannibal, outre reprendre la Sicile, est moins la destruction de Rome en tant que ville qu’en tant qu’entité politique. D’où son refus de tenter de prendre la ville après la bataille de Cannes — ce qui était d’ailleurs loin d’être à sa portée vu qu’il n’avait aucune machine de siège[2] — et la fameuse phrase attribuée à son chef de cavalerie Maharbal :

« Tu sais vaincre, Hannibal mais tu ne sais pas profiter de ta victoire. »

En fait, Hannibal utilise ses victoires pour essayer de faire basculer dans son camp les cités soumises à Rome[12]. Les prisonniers, par exemple, sont divisés en deux groupes. Les citoyens romains — qui sont réduits à l’esclavage ou proposés au rachat — et les citoyens latins ou alliés qui sont renvoyés chez eux.

« Délices de Capoue »

Peu après la bataille de Trasimène, il libère trois chevaliers de Capoue qui, quelques temps après, lui proposent de prendre possession de la ville. Hannibal attend plus d’un an afin d’avoir l’appui des notables de la ville[2], ce qui est le cas après la bataille de Cannes. La ville — aujourd’hui connue sous le nom de Santa Maria Capua Vetere — aurait offert aux soldats carthaginois de nombreux plaisirs amollissant leurs forces. C’est en tout cas le sens des fameux « délices de Capoue », une expression dont on ne sait trop si elle correspond à la réalité. En fait, si Hannibal temporise à Capoue c’est qu’il espère une désagrégation totale de la confédération italienne ainsi que de nouvelles alliances qui lui permettraient enfin d'obtenir la domination sur mer. Les peuples et les cités d’Italie centrale et méridionale sont ainsi nombreux à s’allier au Carthaginois. En 216, le Bruttium bascule tout comme Locres et Crotone en 215. En 212, c’est aussi le cas de Métaponte, Thourioi et Tarente[12]. Ces cités s’ajoutent aux Gaulois de Cisalpine et à Capoue. Pourtant, Rome tient bon et Latins, Étrusques et Ombriens lui demeurent fidèles.

Fichier:Hannibal.gif
Pièce à l’effigie de Hannibal datant de 230 exposée au British Museum

Parallèlement, Hannibal pose des jalons en Sicile qui constitue son objectif premier. Le jeune roi de Syracuse, Hiéronyme, abandonne l’alliance romaine et permet à des troupes carthaginoises de débarquer. Les cités d’Héracléa Minoa et d’Agrigente acceptent également l’alliance avec les Carthaginois. Il faut préciser que Hannibal a l’habileté de proposer un système d’alliance moins contraignant que le modèle romain de sujétion basé sur un ensemble de droits plutôt réduits et des charges humaines et financières lourdes.

Au contraire, Hannibal s’inspire du modèle grec, à savoir une cité hégémonique qui assure la sécurité de ses alliés auxquels est rendue la liberté. Hannibal reprend ainsi le discours sur la liberté des Grecs. Cette idée défendue en son temps par Antigone le Borgne, dont le descendant Philippe V de Macédoine conclut une alliance avec Hannibal en 215[5], est ainsi reprise par le conquérant carthaginois et lui permet de repousser, aux yeux de certains Grecs de Sicile et du sud de l’Italie, les Romains dans le monde barbare.

Retournement de situation

À partir de 212, Hannibal connaît des difficultés de plus en plus grandes. Depuis 215, les Romains reprennent la stratégie de Fabius Cunctator et évitent d’affronter Hannibal en bataille rangée[5]. Ils augmentent leurs effectifs par une politique d’enrôlement d’esclaves et de jeunes hommes de moins de 17 ans. Mais surtout, ils comprennent à quel point il est nécessaire de reprendre l’offensive sur le terrain politique et idéologique. Sous la direction d'un sénateur féru de lettres grecques, Fabius Pictor, une histoire de Rome à la tournure anti-punique est écrite. Hannibal et les Carthaginois y sont présentés comme indignes de confiance, impies et cruels[12]. En contrepoint, les Romains sont présentés comme respectueux des accords, pieux et pratiquant la tempérance. C’est ainsi que se met en place la définition de la coutume des anciens (mos maiorum) qui devient la norme morale de référence de la fin de la République romaine.

Fichier:Scipio Africanus the Elder.png
Buste de Scipion l’Africain

Sur le terrain, les Romains prennent Syracuse[5] sous la direction de Marcellus, en 212, puis Capoue en 211[14]. Une contre-offensive de Hannibal en 211 pour reprendre Capoue échoue ainsi qu’un raid de cavalerie sur Rome même[12]. Les Romains tentent aussi de contre-attaquer en Hispanie, sous le commandement de Publius Cornelius Scipio et de son frère Gnaeus Cornelius Scipio Calvus (217-212), mais sans grands succès si l’on excepte la prise de Sagonte en 212. Tués tous les deux en 212, ils sont remplacés par Scipion l’Africain qui prend Carthagène en 209[5]. Le frère de Hannibal, Hasdrubal, parvient cependant à quitter l’Hispanie avec une armée de secours et gagne lui aussi l’Italie par voie terrestre mais il est vaincu et tué sur les rives du Métaure[14], en 207, grâce à une audacieuse manœuvre stratégique du consul romain qui, chargé de surveiller Hannibal, vient rejoindre son collègue avec ses troupes pour faire face à Hasdrubal.

En Italie même, Hannibal se replie vers le sud et essuie une série d’échecs à Salapia, en 208, et à Grumentum en 207. Quant à Tarente, elle est reprise dès 209 par Fabius Cunctator et traitée avec dureté. Dès 206, les hostilités sont terminées en Hispanie et en Sicile au bénéfice des Romains. La même année, un second frère de Hannibal, Magon, vaincu en Hispanie, parvient à porter la guerre en Ligurie[5] mais est vaincu par Quintilius Varus. Il tente cependant à rejoindre son frère avec les débris de ses troupes. En 205, les Romains reprennent le port de Locres où Hannibal attendait en vain une flotte de son allié Philippe V puis, après la défaite de ce dernier contre les Étoliens en 208, de Carthage.

Bataille de Zama

Les Romains, dirigés par Scipion l’Africain, lancent en 204 une invasion de la région de Carthage pour forcer Hannibal à quitter l’Italie et mener le combat en Afrique du Nord[14]. Il obtient un important succès diplomatique en s’alliant avec l’un des princes numides, Massinissa[5], puis il bat l’armée carthaginoise. Aussi, les dirigeants carthaginois rappellent-ils en 203 Hannibal et son frère Magon, ce dernier mourrant au cours de la traversée du retour. Les navires débarquent à Leptis Minor et Hannibal prend ses quartiers d'hiver près de Hadrumète[5].

Gravure de la bataille de Zama de Cornelis Cort (1567)

La rencontre décisive a lieu à Zama à l’automne 202. Hannibal a la supériorité numérique et dispose de 15 000 vétérans des guerres d’Italie mais le reste de son armée est composé de mercenaires celtes à la motivation relative ou de citoyens carthaginois peu aguerris. En outre, la cavalerie numide est bien représentée dans l’armée romaine. Dans un premier temps, la cavalerie romaine et numide l’emporte sur les ailes et poursuit la cavalerie carthaginoise. Puis, elle revient dans un second temps pour se rabattre sur les vétérans carthaginois. Hannibal perd près de 40 000[10] hommes contre 1 500 pour les Romains. La cité punique signe alors la paix avec Rome et Scipion[23] et se trouve contrainte de renoncer à sa flotte de guerre et à son armée et soumise à un lourd tribut de guerre payable en cinquante annuités[5].

Après Zama

Carrière politique

Obligé de signer la paix avec Rome, Hannibal prend part à la vie politique carthaginoise et dirige le parti démocratique. La cité est en effet divisée en deux grandes tendances : le groupe démocrate — dont les Barcides sont les principaux dirigeants — qui est très attaché à un ancrage foncier en Afrique — et donc à des conquêtes de terres aux dépens des Numides — et l’oligarchie conservatrice regroupée autour de Hannon le Grand dont la prospérité repose sur le commerce, les taxes portuaires et les tributs imposés aux cités soumises. Élu suffète en 196[14], Hannibal représente une menace pour cette faction[5].

C’est alors qu’il prend une mesure qui lui aliène l’oligarchie : Hannibal décide en effet que l’indemnité de guerre annuelle que Carthage doit à Rome soit directement versée au trésor plutôt que d’être collectée par les oligarques[12]. Ceux-ci ne prennent pas le risque d’intervenir directement contre le suffète mais, quatorze ans après la victoire de Zama, font intervenir les Romains[5], alarmés par la prospérité retrouvée de Carthage, qui exigent la réédition de Hannibal[24]. Ce dernier choisit alors volontairement l’exil.

Exil en Asie

Il commence par voyager vers Tyr (actuel Liban), la ville mère de Carthage, puis se dirige vers Éphèse où il est reçu avec les honneurs par le roi Antiochos III de Syrie[14],[10] qui se prépare à la guerre avec Rome. Hannibal s'aperçoit rapidement que l’armée royale ne peut rivaliser avec l’armée romaine. Il conseille alors au roi d’équiper une flotte et un corps de troupes terrestres dans le sud de l’Italie et offre d’en prendre le commandement. Mais il ne peut faire suffisamment impression sur le souverain, à l’écoute de ses courtisans, pour qu'il lui confie quelque poste important que ce soit.

Selon Cicéron, alors qu’il se trouve à la cour d’Antiochos III, Hannibal assiste à une lecture du philosophe Phormion qui traite d’un grand nombre de sujets. Au moment où celui-ci conclut une dissertation sur les attributions d’un général, on demande son avis à Hannibal qui répond : « J’ai vu durant ma vie les pires des vieux fous mais celui-là les bat tous. » Une autre histoire à propos de Hannibal en exil donne un point de vue étrange sur sa prétendue perfidie punique[12] : Antiochos III dévoile à Hannibal une formation militaire grande et bien armée et lui demande si elle paraîtrait honorable pour la République romaine, ce à quoi Hannibal répond : « Oui, suffisant pour les Romains, aussi cupides qu’ils puissent être. » On peut noter qu'à cette occasion, Hannibal n’en a pas reçu le commandement et qu’Antiochos III, qui a lui-même conçu le plan de bataille, sera plus tard défait[5].

En 190, Hannibal dirige une flotte phénicienne mais, peu à l’aise en combat naval, se trouve battu au large de la rivière Eurymedon par les Romains[12],[10]. Pour éviter d’être livré à ces derniers, Hannibal s’enfuit de la cour d’Antiochos III qui semblait prêt à le livrer aux Romains. Son parcours est alors assez incertain.

On sait toutefois qu’il se rend en Crète puis rencontre Scipion l’Africain à Éphèse même si l’on ignore la date exacte de leur entrevue qui est mentionnée par Plutarque. Cette rencontre est presque amicale, ce qui n’est pas sans étonner : les deux hommes devisent sur celui qui est le meilleur stratège de l’Antiquité, Hannibal se classant en troisième position derrière Alexandre le Grand et Pyrrhus[25]. Plutarque et Strabon laissent également à penser qu’il se rend en Arménie, auprès du roi Artaxias Ier, et lui attribuent la planification et la supervision de la construction de la capitale Artaxata.

Bientôt de retour en Asie mineure, Hannibal cherche refuge chez Prusias Ier de Bithynie qui est en guerre avec un allié de Rome, le roi Eumène II de Pergame.

« Souverain » hellénistique

Caricature illustrant la mort par empoisonnement de Hannibal

Hannibal se met alors au service de Prusias pendant cette guerre. L’une de ses victoires se fait au dépend de Eumène II sur mer. On dit que ce serait l’un des premiers exemples de guerre biologique : il aurait jeté des chaudrons remplis de serpents dans les vaisseaux ennemis.

Outre ses talents militaires, il fonde probablement la cité de Prusa à la demande du roi Prusias II. Cette fondation, surtout si l’on y ajoute celle d’Artaxata, élève Hannibal au rang de « souverain » hellénistique. Une prophétie qui se répand dans le monde grec entre 185 et 180 évoque un roi venu d’Asie pour faire payer aux Romains la soumission qu’ils imposent aux Grecs et aux Macédoniens. Beaucoup s'accordent à penser que ce texte désigne Hannibal. C’est en ce sens que le Carthaginois, pourtant d’origine barbare aux yeux des Grecs, s’intègre parfaitement au monde hellénistique[18]. Les Romains ne peuvent négliger cette menace et une ambassade est envoyée auprès de Prusias.

Pour celui-ci, Hannibal devient gênant et le roi va trahir son hôte qui réside à Libyssa sur la côte orientale de la mer de Marmara. Menacé d’être livré à Titus Quinctius Flamininus, l’ambassadeur romain, Hannibal choisit de se donner la mort en 183 en avalant un poison[14] que, dit-on, il portait sur lui depuis longtemps dans une bague[5],[10]. L’année précise de sa mort reste toutefois l’objet de polémiques. Si, comme Tite-Live le suggère[12], elle a lieu en 183, la même année que Scipion l'Africain, il serait alors âgé de 64 ans.

Inhumation

Son corps est déposé près du bourg de Libyssa dans un cercueil en pierre sur lequel serait visible l’inscription : Ici est renfermé Annibal[10].

Parmi les sites évoqués pour situer la tombe figure une petite colline coiffée de quelques cyprès et située aujourd'hui dans une zone industrielle près de la petite ville turque de Diliskelesi (60 kilomètres à l'est d'Istanbul). Considérée comme la tombe du général, elle est restaurée vers 200 par l'empereur romain Septime Sévère, originaire de Leptis Magna (actuelle Libye), qui prend l'initiative de recouvrir la tombe avec une plaque de marbre blanc. Le site est aujourd'hui à l'état de ruines. Des excavations ont été effectuées en 1906 par des archéologues britanniques mais ces derniers se montrèrent sceptiques quant à la réalité de la localisation du site[26].

Héritage

Bilan paradoxal

Avec le Carthaginois disparaît sans aucun doute la plus grande menace que la République romaine ait affronté. Pourtant, son bilan personnel est un échec. La Méditerranée occidentale est devenue un « lac romain » et Carthage est en sursis. Rome étend par ailleurs son emprise sur le monde grec et sur l’Asie.

Mais en même temps, et c’est le paradoxe de son bilan, en tentant de détourner par son discours sur la liberté des cités les cités grecques de l’alliance avec Rome, il a forcé cette dernière à légitimiser ses actions et à se comporter en grande puissance impérialiste. C’est en cela que Hannibal est au cœur de l’histoire romaine et grecque.

Monde moderne

Tempête de neige : Hannibal et son armée traversant les Alpes : Joseph Mallord William Turner enveloppe la traversée des Alpes d'une atmosphère romantique

Le nom « Hannibal » est commun dans le monde moderne et la culture populaire. Comme pour d'autres chefs militaires, les victoires de Hannibal sur des forces supérieures, pour une cause finalement perdue, lui ont conféré une renommée qui lui a survécu bien au-delà des frontières de son pays d'origine en Afrique du Nord.

Sa traversée des Alpes demeure ainsi un fait militaire parmi les plus spectaculaires des guerres de l'Antiquité[14] et a depuis mobilisé l'imagination du monde, romancée au travers de multiples productions artistiques.

Divers

Certaines qualités lui sont reconnues depuis l’Antiquité : l’audace, le courage, la pugnacité. Elles sont notamment mises en œuvre au cours d’un raid nature partant de Lyon et menant à Turin à travers les Alpes et qui porte son nom : le raid Hannibal.

Hannibal avait couvert de plantations d’oliviers la plus grande partie de l’Afrique du Nord grâce au travail de ses soldats dont il considérait le repos préjudiciable à l’État et à leurs généraux.

Œuvres inspirées du personnage

Filmographie

Année Film Notes
2008 Hannibal the Conqueror Film américain réalisé et produit par Vin Diesel dans le rôle de Hannibal
2006 Hannibal - Le pire cauchemar de Rome Téléfilm réalisé par la BBC avec Alexander Siddig dans le rôle de Hannibal
2005 Hannibal vs. Rome (Hannibal contre Rome) Téléfilm réalisé par la National Geographic Channel[27]
2005 The True Story of Hannibal
(La vraie histoire de Hannibal)
Documentaire télévisé avec Benjamin Maccabee dans le rôle de Hannibal[28]
2001 Hannibal: The Man Who Hated Rome
(Hannibal : l’homme qui a défié Rome)
Téléfilm britannique[29]
1997 The Great Battles of Hannibal
(La fantastique bataille de Hannibal)
Documentaire britannique[30]
1959 Annibale Film italien co-réalisé par Edgar George Ulmer et Carlo Ludovico Bragaglia avec Victor Mature dans le rôle de Hannibal
1955 Jupiter's Darling (La chérie de Jupiter) Réalisé par George Sidney avec Howard Keel dans le rôle de Hannibal[31]
1939 Scipione l'africano
(Scipion l’Africain - la défaite de Hannibal)
Film italien[32]
1914 Cabiria Film muet réalisé par Giovanni Pastrone avec Emilio Vardannes dans le rôle de Hannibal[33]

Littérature

Année Livre Auteur Notes
2006 Forged By Lightning: A Novel of Hannibal and Scipio Angela Render Roman anglophone édité par Lulu Press (ISBN 1411680022)[34]
2006 Pride of Carthage
(Prise de Carthage)
David Anthony Durham Roman anglophone édité par Anchor (ISBN 0385722494)[35]
2005 The Sword of Hannibal Terry McCarthy Roman anglophone édité par Hachette Book Group USA (ISBN 044661517X)[36]
1998 Scipio Africanus: The Man Who Defeated Hannibal
(Scipion l’Africain : l’homme qui a fait perdre Hannibal)
Ross Leckie Roman anglophone édité par Regnery Pub (ISBN 0895264129)[37]
1996 A Spy for Hannibal: A Novel of Carthage Elisabeth Craft Roman anglophone édité par Bartleby Press (ISBN 091015533X)[38]
1996 Hannibal: A Novel Ross Leckie Cet ouvrage (ISBN 0-89526-443-9) est la source principale du film Hannibal the Conqueror qui sortira en 2008. De plus, l’ouvrage reste controversé puisqu’il est peu fidèle à la réalité historique[39]. Il est également le premier tome de la trilogie qui se continue par Scipio, a Novel en 1999 (ISBN 034911434X)[40] et par Carthage en 2001 (ISBN 034911434X)[41].
1862 Salammbô Gustave Flaubert Roman historique dont le cadre est la ville de Carthage. Hannibal y est encore jeune.
1721 Les Voyages de Gulliver Jonathan Swift Roman satirique
c. 1300 La Divine Comédie Dante Alighieri Poésie épique et religieuse[42]

Divers

Voir aussi

Notes et références

  1. (fr) Cornélius Népos, « Annibal » Les Vies des grands capitaines, 34 av. J.-C., traduit par M. Kermoysan, éd. Nisard, Paris, 1841
  2. a b c d e f et g (en) Biographie de Hannibal (Microsoft Encarta Online Encyclopedia)
  3. La date de la mort de Hannibal est généralement située en 183 mais, selon certains auteurs, elle pourrait dater de 182.
  4. Alfred J. Church et Arthur Gilman, The Story of Carthage, éd. Kessinger Publishing, Whitefish, 2007, p. 269
  5. a b c d e f g h i j k l m et n (fr) Biographie de Hannibal (Insecula)
  6. (en) Christopher S. Mackay, Ancient Rome. A Military and Political History, éd. Cambridge University Press, Cambridge, 2004, p. 68
  7. J. F. Lazenby, Hannibal's War. A Military History of the Second Punic War, University of Oklahoma Press, Norman, 1998
  8. a b c d et e Theodore Ayrault Dodge, Hannibal. A History of the Art of War Among the Carthaginians and Romans Down to the Battle of Pydna. 168 BC, éd. Da Capo Press, New York, 1995.
  9. Will Durant, Caesar and Christ, éd. Simon and Schuster, New York, 1944, p. 45
  10. a b c d e f g et h (fr) Aurelius Victor, De Viris illustribus, chap. XLIII
  11. (en) Patton, the Second Coming of Hannibal (Reverse Spins)
  12. a b c d e f g h i j k l m n o et p (en) Biographie de Hannibal (onzième édition de l’Encyclopædia Britannica)
  13. (fr)[PDF] Tite-Live, Histoire de Rome, livre XXI, p. 3 (La Deuxième Guerre punique ou Guerre de Hannibal)
  14. a b c d e f g h i j et k (en) Biographie de Hannibal (The Columbia Encyclopedia)
  15. Theodore Ayrault Dodge, Hannibal. A History of the Art of War Among the Carthaginians and Romans Down to the Battle of Pydna. 168 B.C, p. 143
  16. La plupart des habitants se suicident par le feu dans un épisode resté célèbre.
  17. (en) Serge Lancel, Hannibal, éd. Fayard, Paris, 1995, p. 225
  18. a et b Sandrine Crouzet, « Hannibal. L’homme qui a fait trembler Rome », L’Histoire, n°308, avril 2006, pp. 76-80
  19. (fr) Tite-Live, Histoire romaine (Ab Urbe Condita), XXI, XXXI-XXXV
  20. Aujourd’hui, Internet a pris le relais dans la quête d’une hypothétique réponse avec de nombreux sites dédiés : [1], [2] ou [3]
  21. Ce sont notamment le colonel Paul Azan (1902), le capitaine Colin (1904), H. Ferrand (1908), Spenser Wilkinson (1911), Marc-Antoine de Lavis-Trafford (1956), l'historien savoyard Jean Prieur (1968), Serge Lancel (1996), le savant suisse E. Meyer, Guy Barruol (1996), Denis Proctor (1971), Wallbank (1977) ou J. F. Lazenby (1998).
  22. Les Romains laissent environ 15 000 hommes sur le terrain.
  23. Pour honorer sa victoire, les Romains ajoutent le surnom Africanus au nom de Scipion devenu dès lors Scipion l’Africain.
  24. Le prétexte est une relation épistolaire entre Hannibal et Antiochos III évoquée par le clan conservateur. Alertés, les Romains envoient une ambassade afin de vérifier si l’information est exacte.
  25. Plutarque, Vie de Flamininus, 21 :

    « Ils [Scipion et Hannibal] eurent depuis une seconde entrevue à Éphèse où, en se promenant ensemble, Annibal prit la place la plus honorable : Scipion le souffrit et, sans donner aucun signe de mécontentement, il continua sa promenade. La conversation étant tombée sur les généraux et Annibal ayant dit qu’Alexandre était le premier de tous, Pyrrhus le second et lui le troisième ; Scipion lui dit en souriant : « Que diriez-vous donc si je ne vous avais pas vaincu ? — Alors Scipion, repartit Annibal, je ne me serais pas nommé le troisième mais le premier. » »

  26. (en) Localisation présumée de la tombe de Hannibal (Wikimapia)
  27. (en) Fiche du film Hannibal vs. Rome (National Geographic Channel)
  28. (en) Fiche IMDB du film The True Story of Hannibal
  29. (en) Fiche IMDB du film Hannibal: The Man Who Hated Rome
  30. (en) Fiche IMDB du film The Great Battles of Hannibal
  31. Cependant le personnage de Hannibal a un rapport assez lointain avec celui du film.
  32. (en) Fiche du film Scipione l'africano (IHFFilm)
  33. (en) Fiche IMDB du film Cabiria
  34. (en) Fiche Amazon du livre Forged By Lightning
  35. (en) Fiche Amazon du livre Prise de Carthage
  36. (en) Fiche Amazon du livre The Sword of Hannibal
  37. (en) Fiche Amazon du livre Scipion l’Africain
  38. (en) Fiche du livre A Spy for Hannibal (Barnes & Noble)
  39. (fr) « Scott dans la course à « Hannibal » ? », AlloCiné, 25 juillet 2002
  40. (en) Fiche Amazon du livre Scipio, a Novel
  41. (en) Fiche Amazon du livre Carthage
  42. (fr) Chant XXXI de « l'Enfer » et chant VI du « Paradis » (Wikisource) où est cité Hannibal

Bibliographie

Français

Anglais

  • Elias J. Bickerman, « Hannibal's Covenant », American Journal of Philology, vol. 73, n°1, 1952, pp. 1–23
  • Leonard Cottrell, Hannibal. Enemy of Rome, éd. Da Capo Press, New York, 1992 (ISBN 0306804980)
  • Theodore Ayrault Dodge, Hannibal, éd. De Capo Press, New York, 1891 (ISBN 0306813629)
  • Mark Healy, Cannae. Hannibal Smashes Rome's Army, éd. Osprey Publishing, Oxford, 1994
  • Dexter Hoyos, Hannibal's Dynasty. Power and Politics in the Western Mediterranean. 247–183 B.C., éd. Routledge, London et New York, 2003 (ISBN 041529911X)
  • Dexter Hoyos, Hannibal. Rome's Greatest Enemy, éd. Bristol Phoenix Press, Exeter, 2005 (ISBN 1904675468)
  • John Prevas, Hannibal Crosses the Alps. The Invasion of Italy and the Second Punic War, éd. Da Capo Press, New York, 2001 (ISBN 0306810700)

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