Nazareth
Nazareth (he) נצרת – (ar) الناصرة | |
Souk de Nazareth. | |
Administration | |
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Pays | Israël |
District | District nord |
Région historique | Galilée |
Maire | Ramiz Jaraisy |
Démographie | |
Population | 66 300 hab. (2008) |
Densité | 4 694 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 32° 42′ 07″ nord, 35° 18′ 12″ est |
Altitude | 300 m |
Superficie | 1 412,3 ha = 14,123 km2 |
Divers | |
Date de création | 1000 av. J.-C. |
Localisation | |
Liens | |
Site web | http://www.nazareth.muni.il |
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Nazareth (en arabe : الناصرة (an-Nāṣira) et en hébreu : נצרת (Nāṣereth)) est une ville du nord d'Israël, en Galilée. C'est la plus grande ville arabe du pays avec 66 000 habitants en 2008 (estimations[1]), dont 69 % sont musulmans et 30,9 % chrétiens. La population des banlieues est en majorité musulmane. Un faubourg, Nazareth Illit (Haute Nazareth), est majoritairement juif. La région métropolitaine compte 210 000 habitants, dont 85 000 juifs.
La tradition chrétienne fait de Nazareth la ville de Joseph et de Marie.
À Nazareth, la Basilique de l'Annonciation (catholique) est la plus grande des églises du Moyen-Orient. Elle a été inaugurée en 1964 par le Pape Paul VI et consacrée en 1969 sur le site d'églises plus anciennes, elles-mêmes édifiées sur une grotte identifiée comme celle de l'Annonciation.
Éléments d'histoire
Archéologie
Aux alentours du village, on note la présence de restes humains du Paléolithique (entre 750 000 et 350 000 av. J.-C.). À l'emplacement du village, restes de la fin du IIIe millénaire av. J.-C.. Matériel abondant du IIe millénaire av. J.-C. (vases d'argile, scarabées, albâtre).
Le site est occupé au Bronze moyen II puis à l'âge du Fer, jusqu'au VIIe siècle av. J.-C.[2]. À l'âge du fer, des sépultures sont déplacées en dehors de la zone de la colline, preuve que le flanc méridional de la colline, réservé jusqu'à cette époque aux sépultures, sert désormais de lieu d'habitation. Dans les limites du village, la céramique de l'âge du fer a été trouvée dans des zones diverses.
Il faut arriver à la période hellénistique, au plus tôt au IIe siècle av. J.-C.[2], pour retrouver des restes archéologiques[3]. Les fouilles, même incomplètes, montrent un village assez étroit.
De l'époque évangélique demeurent les substructures des habitations, en fait des grottes spacieuses que surmontaient des éléments construits. Le caractère partiellement troglodyte des habitats épars (puisque les grottes servaient d'entrepôts) pourrait expliquer son nom : nazareth, c'est-à-dire « caché »[3].
Période romaine
Au tournant de l'ère commune, on a la trace de grottes que surmontaient des éléments construits. Les grottes semblent avoir servi d'entrepôts ou d'étables, les éléments construits qui les surmontaient servant peut-être d'habitat[4]. On ignore le nom du lieu à ce moment.
Le village se développe surtout pendant la période romaine aux Ier - IIe siècle[2]. Situé à 5 km de Sepphoris, le village de cette époque est modeste, centré sur une activité agricole, et s'étendant sur environ 4 hectares[5]. Les tombes des périodes romaines et byzantines respectivement à l'ouest et à l'est de l'actuelle église de l'Annonciation délimitent ce territoire et laissent penser à la présence d'une population d'environ 400 habitants. Il n'y a aucune trace de bâtiment public, de route pavée ni d'inscription datant de cette époque. C'est après la conversion de l'Empire, au IVe siècle et du développement consécutif de pèlerinages que l'on voit apparaitre les premières constructions d'églises.
La première mention en hébreu de Nazareth se trouve dans une liste gravée à la fin du IIIe siècle et retrouvée à Césarée maritime[6].
Jésus et Nazareth
On compte une seule mention de « Jésus de Nazareth » dans les manuscrits les plus anciens du Nouveau Testament (IVe siècle) (dans les Actes des Apôtres en 10,38 : Jésus Christ o apo Nazareth). Dans les évangiles, Jésus est appelé « Jésus le Nazôréen » ou « Jésus le Nazarénien », mais pas « Jésus de Nazareth »[7], et l’Évangile selon Marc dit que Jésus vient de « Nazara », sans que l'on sache si cette Nazara est une localité et a fortiori si c'est Nazareth.
L’Évangile selon Luc évoque Jésus prêchant dans une synagogue[8] à Nazareth tandis que le même épisode raconté dans les évangiles selon Marc[9] et selon Matthieu[10], le nom de la ville n'est pas mentionné : il y est seulement indiqué que Jésus est « dans sa patrie ». L'auteur de selon Luc semble reproduire dans son texte la réalité qu'il a rencontrée à travers ses expériences dans les communautés de la diaspora car, pour cette époque en Galilée[11], il n'existe aucune attestation archéologique de la présence de « synagogue-bâtiment »[12], vraisemblablement avant le IIIe siècle[13].
Si on ignore le nom du site à cette époque, la plupart des spécialistes estiment que le nom de Nazôréen attribué à Jésus est une appellation qui fait référence à un lieu-dit « Nazareth ». Il s'agit peut-être d'une appellation péjorative de ses détracteurs juifs, qui soulignaient que Jésus ne serait pas né à Bethléem et donc ne pouvait être le Messie selon les prophéties juives.
Le Midrash Qolet (Qohelet Rabba 2, 8), un écrit du VIe siècle, mentionne qu'au IIe siècle, des familles sacerdotales juives s'installent dans la ville[6]. Ce mouvement a peut-être eu lieu à cause de la destruction de Jérusalem en 135 et l'interdiction à tout juif d'y pénétrer après le défaite de la Révolte de Bar Kokhba.
Pèlerinages
Au IVe siècle, s'il faut en croire Eusèbe de Césarée[14] et Épiphane de Salamine, c'est un centre essentiellement juif qui n'abrite « ni hellènes (polythéistes), ni Samaritains, ni Chrétiens[15] » et ne possède pas d'église[16] avant la moitié du IVe siècle[6]. La littérature rabbinique n'en parle pas, soit intentionnellement, soit simplement parce qu'il n'y a rien à dire[6].
Malgré son importance dans les traditions se rapportant à Jésus « de Nazareth », le village de Nazareth n'est pas devenu immédiatement un lieu de pèlerinage chrétien. Le premier lieu de dévotions y fut construit aux alentours du IVe siècle par Hélène, la mère de l'empereur Constantin Ier. Au VIe siècle, un pèlerin anonyme de la ville de Plaisance décrit la visite qu'il a faite à la synagogue de Nazareth[17] où se trouve un banc miraculeux sur lequel Jésus se serait assis ainsi qu'un tome de la Loi qui lui aurait servi de livre de lecture[18]. Celle-ci est identifiée par certains spécialistes comme un lieu de culte judéo-chrétien ou « nazaréen »[19] et, à tout le moins, semble en tout cas témoigner de la coopération entre juifs et chrétiens locaux au profit de l'« industrie touristique » engendrée par les pèlerins[20].
Sanctuaires
En l'an 570, une première église y a été bâtie dont on a trouvé trace grâce à des restes de mosaïques portant des inscriptions en grec. C'est probablement à cette époque que la localité devint un évêché[réf. nécessaire].
Lors de la première croisade, Nazareth est la proie d'âpres combats avant d'être conquise par les croisés en 1099[21]. Les lieux de culte chrétiens y sont alors en ruines et et le chevalier sicilo-normand Tancrède, devenu Prince de Galilée, en fait sa capitale[21]. Il ordonne la construction d'une cathédrale en amont de la grotte située au centre de la ville. Ce qui constitue le plus grand bâtiment construit par les croisés est endommagé par le tremblement de terre de 1102.
La protection des lieux est confiée à l'ordre du Temple durant les XIIe et XIIIe siècles. Si les pèlerins ont la possibilité de se rendre dans ces lieux durant de longues années, la chute de Saint-Jean-d'Acre (Akko) et l'expulsion des croisés de Palestine (1291) met fin aux pèlerinages[21] : la ville est alors détruite par les Mamelouks. Quand les Ottomans dominent la région au début du XVIe siècle, ils en expulsent les chrétiens et il faut attendre le règne de l'émir du Liban Fakhr-al-Din II (1590–1635) pour que les chrétiens puissent à nouveau s'y rendre[21] : suite aux accords plus généraux entre Henry IV et le monde ottoman, les chrétiens sont encouragés à s'installer dans la ville qui devient une cité importante de la région[22]. Des moines franciscains s'y installent en 1620 et sont autorisés à bâtir un monastère et une église à proximité de la grotte de l'Annonciation. Soumis aux raids de bédouins qui rendent difficile cet établissement, les moines font appels au patriarche maronite du Liban pour trouver des ouvriers qui vont constituer la nouvelle population chrétienne du site, avec des chrétiens arabes grec-orthodoxes, encouragés à y implanter leur propres lieux de culte[22].
Mais la chute de Fakhr ad-Din et les raids bédouins ont raison de cette nouvelle implantation et il faut attendre le règne du sultan Dahir al-Omar (1730-1775) pour que la ville, qui a décliné entre temps, soit à nouveau sécurisée[22]. En 1730, l'ordre des Franciscains obtient du sultan ottoman un firman afin de reconstruire un nouveau lieu de culte, qui survit jusqu'en 1955. À cette date, il est détruit pour permettre la construction de la présente basilique.
Les travaux sont confiés à l'architecte Giovanni Muzio qui édifie un ensemble sur deux niveaux. Le premier contenant la grotte et le second, une nef centrale inspirée des plans de la cathédrale croisée du XIIe siècle. Aujourd'hui, Nazareth est l'un des sanctuaires chrétiens les plus importants du Moyen-Orient. La première mosquée y est édifiée en 1804[22].
À côté de cette basilique se trouve l'église Saint-Joseph, sur le site traditionnellement connu comme la « maison de la Sainte Famille » et l'atelier de charpenterie de Joseph. Non loin de là, une église (grecque-catholique) est censée correspondre à la synagogue où se rendait la Sainte Famille et où le Christ aurait commencé à prêcher, suscitant le rejet de la foule (« Nul n'est prophète en son pays »).
L'église de l'effroi (du temps des Croisés : « Sault du Seigneur ») commémore l'endroit d'où la foule voulait précipiter le Christ afin de le tuer[23]. Le « Puits de Marie »[24],[25] est un des monuments publics qui symbolise le plus la ville de Nazareth. Sa source est abritée par une église orthodoxe.
Personnalités liées à Nazareth
- Naissances
- Michel Sabbah (1933), patriarche latin de Jérusalem de 1987 à 2008
- Hatem Joubran (1944), père des trois frères oudistes du Trio Joubran
- Tarik Kopty (1944), acteur
- Emile Shoufani (1947), prêtre, directeur du collège Saint Joseph, y vit
- Michel Khleifi (1950), réalisateur
- Azmi Bishara (1956), homme politique
- Azmi Nassar (1957-2007), joueur et entraîneur de football
- Juliano Mer-Khamis (1958-2011), acteur, réalisateur, directeur de théâtre et militant politique
- Elia Suleiman (1960), réalisateur, scénariste et acteur
- Hany Abu-Assad (1961), réalisateur
- Rim Banna (1966), chanteuse, compositrice et arrangeuse
- Ula Tabari (1970), actrice et réalisatrice
- Samir (1973), Wissam (1983) et Adnan Joubran (1985), les trois frères oudistes du Trio Joubran
- Saleem Abboud Ashkar (1976), pianiste et son frère Nabeel (1978), violoniste, membre du West-Eastern Divan Orchestra et directeur du conservatoire de musique Polyphony
- Ali Suliman (1977), acteur
- Doraid Liddawi (1984), acteur
- Loai Nofi (1985), acteur
- Autres
- Hiam Abbass (1960), actrice et réalisatrice, est née dans le village voisin de Deir Hanna, d'une famille originaire de Nazareth
- Karimeh Abbud (1896-1955), photographe, y a exercé son métier et y est morte
Notes et références
- Bureau de statistique d'Israël.
- (en) James F. Strange, « Nazareth », dans Eric M. Meyers (dir.), Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Near East, vol. 4, Oxford et New York, Oxford University Press, (ISBN 0-19-506512-3), p. 113
- Jacques Brien (dir.), Terre sainte, cinquante ans d'archéologie, éd. Bayard, 2003, p. 845 à 855
- « En Palestine, hier comme aujourd'hui, nombre d'habitations adossées à la colline sont partiellement troglodytes et dans la campagne les grottes constituent un lieu de refuge habituel des animaux tant contre les grosses chaleurs que contre les frimas nocturnes. » cf François Blanchetière, op. cit., p. 117.
- Jonathan Reed, Archaeology and the Galilean Jesus : A Re-examination of the Evidence, Bloomsbury, (ISBN 978-1563383946), p. 132
- François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 118.
- François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 134.
- Lc 4. 16-20
- Mc 6. 1-16
- Mt 13. 54-58
- voir Odette Mainville (dir.), Écrits et milieu du Nouveau Testament : une introduction, éd. Médiaspaul, 1999, p. 39
- Dans son usage premier, la synagogue désigne une communauté de prière, de lecture, de méditation ou d'enseignement et c'est d'abord dans la diaspora que des édifices dédiés à ces activités apparaissent. En Palestine, on ignore quand l'usage s'en est répandu ; cf. notamment Hugues Cousin (dir.), Le monde où vivait Jésus, éd. Cerf, 1998, p. 287-292, cité par Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd. Bayard, 2011, p. 114
- Odette Mainville (dir.), Écrits et milieu du Nouveau Testament : une introduction, éd. Médiaspaul, 1999, p. 39
- Onomaticon 138
- Panarion, 30, 11, 10
- Panarion, 30, 1
- Plus précisément entre 560 et 570. cf. François Blanchetière, op. cit., p. 264.
- Frédéric Manns, Le Judéo-christianisme. Mémoire ou prophétie ?, Beauchesne, , p. 143
- cf. par exemple Simon Claude Mimouni ou François Blanchetière: « Cette « Synagogue » n'est pas juive, mais « nazaréenne » puisque les « juifs » ne peuvent déplacer la poutre (sur laquelle Jésus est censé s'être assis lors de son enfance), opération que seuls les chrétiens peuvent accomplir », Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Cerf, Paris, 2001, p. 264.
- (en) Paula Fredriksen, « What Parting of the Ways ? : Jews, Gentiles, and the Ancient Mediterranean City », dans Adam H. Becker et Annette Yoshiko Reed, The Ways That Never Parted : Jews and Christians in Late Antiquity and the Early Middle Ages, Minneapolis, Fortress Press, , p. 61
- « Nazareth », dans Encyclopædia Britannica : Encyclopædia Britannica Ultimate Reference Suite,
- (en) Marshall J. Breger et Yitzhak Reiter, Holy Places in the Israeli-Palestinian Conflict : Confrontation and Co-existence, Routledge, (ISBN 9780203867457), p. 193
- Aucun nom de localité n'est pas mentionné dans les évangiles concernant cet épisode
- cf.Yardenna Alexandre (dir.), « Mary's Well, Nazareth : The Late Hellenistic to the Ottoman periods », Israel Antiquities Authority Reports, no 49, (ISBN 978-965-406-283-1)
- Shacham, Tzvi. 2012. Bathhouse from the Crusader Period in Nazareth in Kreiner, R & W. Letzner (eds.). SPA. SANITAS PER AQUAM. Tagungsband des Internationalen Frontinus-Symposums zur Technik und Kulturgeschichte der antike Thermen. Aachen, 18-22. Marz 2009 : 319-326. BABESCH SUPPL. 21
Bibliographie
- Jonathan Reed, Archaeology and the Galilean Jesus : A Re-examination of the Evidence, Bloomsbury, (ISBN 978-1563383946)
- R & W. Letzner (eds.), « Bathhouse from the Crusader Period in Nazareth in Kreiner », dans Spa Sanitas Per Aquam, Peeters, (ISBN 978-90-429-2661-5), pp.319-326
- Yardenna Alexandre (dir.), « Mary's Well, Nazareth : The Late Hellenistic to the Ottoman periods », Israel Antiquities Authority Reports, no 49, (ISBN 978-965-406-283-1)
Voir aussi
Articles connexes
- Histoire du christianisme
- Église de la Mensa Christi
- Église Saint-Joseph de Nazareth
- Basilique de Jésus-Adolescent en haut du Mont du Commencement
- Basilique de l’Annonciation (Nazareth)
Liens externes
- Site officiel de la ville de Nazareth
- Site officiel du Sanctuaire de Nazareth (établi par la custodie de Terre Sainte)
- Histoire, Lieux saints, Tourisme
- Nazareth sur WikiMapia