Ar Redadeg
Sport | relais pédestre festif |
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Création | |
Organisateur(s) | Ar Redadeg a di da di |
Lieu(x) | Bretagne |
Distance | 1 800 km (2018) |
Site web officiel | www.ar-redadeg.bzh |
Ar Redadeg (« La Course » en breton) est une course à pied de relais à travers la Bretagne, destinée à populariser la pratique de la langue bretonne. La première édition a lieu en . Les éditions suivantes ont lieu tous les deux ans. Ar Redadeg est aussi le nom de l'association créée pour organiser cette course. Elle est basée à Mordelles (Ille-et-Vilaine).
Principe
En 2008, à l'occasion de l'anniversaire des 30 ans d'existence des écoles Diwan, divers événements festifs et culturels sont organisés[1]. La course bretonnante, qui s'est déroulée la première année pendant trois jours et trois nuits, est calquée sur la Korrika, organisée tous les deux ans depuis 1980 par l'association d'enseignement du basque Alfabetatze Euskalduntze Koordinakundea (AEK), sur 2 300 km, dans les pays bascophones d'Espagne et de France. La Catalogne court aussi depuis 1995 avec le Correlengua et en Galice, la Correlingua est organisée depuis 2005[2]. Depuis, est née en 2010 la Rith en Irlande et le Pays de Galles a créé en 2014 la Ras yr iaith[3]. Un réseau européen des course-relais en faveur des langues voit le jour en 2018 ; baptisée EuroKorrika, sa charte est ratifiée par huit délégations le jour du départ de la Redadeg à Quimper[4].
La « course pour la langue bretonne » est un acte sportif, mais ce n'est pas une compétition. C'est avant tout un événement destiné à promouvoir l'apprentissage et le développement du breton en lui donnant une visibilité dans un cadre sportif, festif et convivial. Le slogan est « Brezhoneg ha plijadur » (du breton et du plaisir). L'objectif de la course est présenté comme un moyen de « parcourir les cinq départements bretons en portant et en transmettant un témoin, symbole de la langue bretonne, de main en main tout comme la langue est transmise de génération en génération. »[5] Chaque année, les kilomètres courus sont préalablement vendus à des entreprises, associations et particuliers désireux de soutenir le breton. Les bénéfices obtenus sont utilisés pour soutenir plusieurs projets au profit de la langue bretonne. Un message en breton est enfermé dans un bâton-témoin, lu à l'arrivée, avant d’ouvrir une grande fête culturelle[6].
Historique
Redadeg 2008
En , la première Redadeg, longue de 600 km[7], part de Nantes pour arriver à Carhaix. Elle est au profit des écoles Diwan, à l'occasion de leur trentième anniversaire[8]. Les écoles, les parents, les élèves, les autres associations pour la promotion du breton (Div Yezh et Dihun) et les amis participent à l'organisation de cet événement culturel et populaire. La course s'effectue au rythme à peu près constant de 9 km/h et traverse des communes où existent des écoles en breton[9]. Un témoin passe de main en main tout au long du parcours et le message que ce témoin renferme, un poème de Nolwenn Korbell, est lu à l'arrivée, à Carhaix. Ce poème est devenu une chanson de Nolwenn Korbell sous le nom de Hir eo an hent. De plus, cent-vingt collégiens de Diwan Kemper jouent la pièce comique « Nominoé-Oé » de Jakez Riou mise en scène par Ar Vro Bagan et les collégiens proposent sur scène une suite de danses qui se terminent par un rap préparé par cinq jeunes rappeurs[10].
Les organisateurs estiment que 10 000 personnes ont participé à la Redadeg en 2008[7].
Redadeg 2010
La Redadeg 2010, longue de 1 200 km[7], part de Rennes le lundi . L'itinéraire est tracé de manière à passer dans les cinq départements bretons (région Bretagne et Loire-Atlantique). Les principales villes traversées sont Redon, Nantes, Vannes, Lorient, Quimper, Plougastel, Le Relecq-Kerhuon, Guipavas, Lesneven, Morlaix, Lannion et Guingamp. L'arrivée a lieu à Pontivy, le 15 mai. Les enfants y reprennent l'hymne écrit par les collégiens Diwan de Vannes avec les Ramoneurs de menhirs[11].
En 2010, le nombre de participants est estimé à 15 000 avec une progression de 30%. Les 92 000 euros de bénéfices sont répartis pour moitié à Diwan, l'autre moitié étant versée au profit de projets qui participent à l'usage et à la transmission de la langue bretonne au quotidien.
Redadeg 2012
La Redadeg 2012 se court du 13 au , sur 1 548 km. Elle part de Brest, passe par Saint-Malo, Rennes et Nantes, et arrive à Douarnenez. Au total, la course réalise 146 000 euros de bénéfices[12].
Redadeg 2014
La Redadeg 2014 a eu lieu de Morlaix le à Glomel le où elle a été accueillie au cœur du Festival international de la clarinette populaire[13]. La lecture du poème d'une jeune néo-bretonnante Galloise, Lleuwen Steffan, devant les deux mille coureurs, a été vécue par les participants comme un moment fort[3]. Les recettes ont permis de redistribuer 125 000 €.
Redadeg 2016
L'édition de 2016 relie Saint-Herblain à Locoal-Mendon et se déroule du au [14]. Le parcours total est de 1 700 km et passe notamment par Nantes, Rennes, Vitré, Dinan, Saint-Brieuc, Lannion, Guingamp, Carhaix-Plouguer, Morlaix, l'île de Batz, Landerneau, Châteaulin, Quimper, Lorient, Hennebont et Vannes[15]. Ce parcours a rassemblé 10 à 15 000 coureurs sur les routes bretonnes[16] et la vente de kilomètres a rapporté 215 068 €, ce qui a permis de financer des projets à hauteur de 124 000 €[17].
Des célébrités apportent leurs messages de soutiens dans un clip réunissant Alan Stivell, Yann Tiersen, Armel Le Cléac'h, Yvan Le Bolloc'h, Gustave Kervern[18]... L'arrivée ayant lieu le même jour que les 30 ans du trophée Roñsed-Mor, le défi des bagadoù a été de rassembler 1 700 sonneurs pour le dernier kilomètre[19].
Redadeg 2018
L'édition de 2018 relie Quimper à Plouguerneau du 4 au [20]. Le parcours total est de 1 800 km et traverse 300 communes. Le thème Brezhoneg liesliv ("breton multicolore") a pour objectif de mettre en avant la richesse des parlers bretons sur le territoire, en soutenant divers projets et initiatives[21].
Dans deux clips vidéo, des personnalités, bretonnes ou non, appellent à soutenir cette course, parmi eux : Dan Ar Braz, Miossec, Gilles Servat, Gérard Jugnot, Antoine de Caunes, Warren Barguil, Christian Gourcuff, François Morel, Nolwenn Leroy, François-Xavier Demaison, Cali, Irène Frain, Romain Danzé[22]...
Le départ est marqué par la présence du jeune Fañch dont la famille se bat contre l'état civil depuis pour faire accepter le « ñ tilde » de son prénom (affaire Fañch)[23].
Le message contenu dans le bâton-témoin était écrit par Yann-Fañch Kemener (décédé du cancer quelques mois après), et a été lu à l'arrivée par des bénévoles de la Redadeg aux parlers bretons différents.
Redadeg 2020-2021
La course prévoit de partir de Carhaix-Plouguer le 15 mai et de rallier Guingamp le 23 mai 2020[24]. En raison de l'épidémie du coronavirus, la décision est prise le 21 mars d'annuler l'organisation de l'événement tel qu'il était prévu[25]. Cette course a été reportée en 2021[26].
Chansons
La Redadeg a suscité la création de nombreuses chansons à danser et à courir. Les chansons officielles de la Redadeg :
- Gweltaz Adeux (ex-EV), a composé la chanson officielle de la Redadeg 2008, chantée par les élèves de Diwan Roazhon ;
- Redadeg 2010 écrite et interprétée par les élèves du Collège Diwan de Vannes, accompagnés par les Ramoneurs de menhirs ;
- Dom Duff a écrit et composé Foeter Breizh, la chanson de la Redadeg 2012 ;
- Alambig Elektrik a composé la chanson de la Redadeg 2014, An Alambadeg ;
- Le collège Diwan de Vannes est choisi par les internautes pour la Redadeg 2016, avec Huch ’ta Redadeg ;
- Trois jeunes chanteuses (Marine Lavigne, Aude Moalic et Sterenn Le Guillou) du trio Penn Salsardin interprètent la chanson officielle de la Redadeg 2018, Betek an trec’h ("Jusqu'à la victoire") composée par Brendan De Roeck, du duo Bobby & Sue[27] ;
- Le groupe Liès écrit une chanson sur le thème 2020 « Deus’ta mignon » (viens mon ami), Dait ’ta ma mignoned[28].
De nombreuses autres chansons ont été créées pour l'occasion lors des différentes éditions[29]. Une compilation est éditée pour les 10 ans regroupant de nombreux artistes parmi lesquels Nolwenn Korbell, Dom Duff, Arvest, Clarisse Lavanant, Yann Tiersen ou les Ramoneurs de menhirs.
Notes et références
- Anna Matoušková, Enseignement de la langue bretonne par immersion dans les écoles Diwan, Prague, Université Charles de Prague, (lire en ligne), p. 28-29
- Åshild Kolås et Pedro Ibarra Güell, Sovereignty Revisited : The Basque Case, , 180 p. (ISBN 978-1-138-06804-9) : « Correlingua in Galicia (est. 1997), Ar Redadeg running through Brittany's five departements »
- Chauffin 2015, p. 444
- « Quimper. "La Redadeg donne la pêche ! Elle fédère ..." », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
- Gaëlle Violo, Héritage, patrimonialisation, revitalisation ? : approche ethnologique des transmissions de la langue bretonne en Bretagne (France) éclairées par celles de la langue française en Saskatchewan (Canada), dans les filiations, Brest, Université de Bretagne occidentale, , 467 p. (lire en ligne), p. 323.
- Ar Redadeg, courir 1800 kms dans 300 communes de Bretagne : pourquoi ?
- « Ar Redadeg evit Brezhoneg : étape à Bégard le 14 mai », sur letelegramme.com, 18 février 2010.
- La course pour le breton partira de Nantes, Ouest-France, 14 mars 2008
- « Langue bretonne. Prenez le relais de la Redadeg » dans Le Télégramme, 3 mars 2008
- Chauffin 2015, p. 252
- Chauffin 2015, p. 262
- « Bilañs REDADEG 2012 », sur ar-redadeg.bzh
- « Redadeg 2014. De Morlaix à Glomel », Le Telegramme, (lire en ligne, consulté le )
- (br) « 2016 : Eus Sant-Ervlan da Lokoal-Mendon », sur le site de la Redadeg.
- « Redadeg. L'édition 2016 passe à 1.700 km », Le Télégramme, 23 juin 2015.
- « Bretagne: Avec la Redadeg, la langue bretonne court pour sa sauvegarde », sur 20minutes.fr, (consulté le )
- « Sur l’eau et sur terre, les ambitions de la Redadeg du 4 au 12 mai », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le )
- « Bretagne. Langue bretonne », Aujourd'hui en France, (lire en ligne)
- « Le 30e trophée Ronsed-Mor accueille la 5e Redadeg », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le )
- (br) « [1] », sur le site de la Redadeg.
- « Redadeg. Les mots bretons à connaître pour la course », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le )
- « Redadeg. Les vidéos cartonnent », Le Télégramme, (lire en ligne)
- « VIDÉO. Redadeg. Le bâton relais a quitté Quimper », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Redadeg 2020. Départ de Carhaix le 15 mai », sur Le Telegramme, (consulté le )
- « Redadeg 2020 annulée en raison du Coronavirus », sur France Bleu, (consulté le )
- « Une redadeg en 2021 et une autre en 2022 qui partira de Vitré et finira à Vannes », sur ABP,
- « Douarnenez. L’hymne de la Redadeg 2018, de la salsa 100 % penn-sardin », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le )
- « Morbihan. La chanson de Lies devient l’hymne officiel de la Redadeg », sur lorient.maville.com (consulté le )
- Toutes les chansons des Redadeg, www.ar-redadeg.bzh
Voir aussi
Bibliographie
- Fanny Chauffin, Diwan, pédagogie et créativité : approche critique des relations entre pédagogie, créativité et revitalisation de la langue bretonne dans les écoles associatives immersives Diwan, Université de Rennes 2, Centre de recherche bretonne et celtique, , 509 p. (lire en ligne)
- Hervé Bellec, « Le souffle de la Redadeg au service de la langue », ArMen, , p. 42-47
Articles connexes
- Diwan - Div Yezh - Dihun
- Korrika - Correllengua
Liens externes
- (fr)(br) Site officiel
- Chaîne Youtube