Anglo-Québécois

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Anglo-Québécois

Populations importantes par région
Montréal 611 005
Montérégie 159 510
Laval 82 075
Outaouais 66 650
Laurentides 36 055
Estrie 23 435
Nord-du-Québec 20 645
Capitale-Nationale 13 355
Lanaudière 12 395
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 9 945
Abitibi-Témiscamingue 5 375
Côte-Nord 5 345
Chaudière-Appalaches 3 800
Mauricie 3 100
Centre-du-Québec 2 635
Saguenay–Lac-Saint-Jean 1 805
Bas-Saint-Laurent 1 135
Population totale 1 058 265 (2011)
Autres
Langues Anglais québécois

Les Anglo-Québécois sont la minorité de langue anglaise du Québec. Statistique Canada établissait leur nombre à 1 058 265, soit environ 13,5 % de la population du Québec. Arrivés au Québec après la Conquête de 1759-1760, les premiers québécois anglophones sont originaires des îles Britanniques. Leur statut privilégié au sein de l'empire britannique leur a permis de fonder et maintenir un grand nombre d'institutions publiques et privées de langue anglaise en marge des institutions francophones contrôlées par l'Église catholique jusqu'au XXe siècle. C'est par affiliation et assimilation à cette communauté anglophone que les nouveaux arrivants ont pu vivre en anglais au Québec depuis le XIXe siècle.

Définition

Communautés

Environ 80% des anglophones du Québec habitent la région métropolitaine de Montréal. La majeure partie de la population anglophone du Québec réside dans la région de Montréal, en particulier dans l'Ouest-de-l'Île (le West Island) où se trouve un réseau bien établi d'institutions sociales, économiques et culturelles de langue anglaise. Une autre communauté bien implantée se trouve dans la région de l'Outaouais, juste au nord de la région d'Ottawa dans la province voisine de l'Ontario.

Les premiers Anglo-Québécois sont arrivés à Montréal au début du régime britannique en deuxième moitié du XVIIIe siècle. Plusieurs villes du Québec ont été fondées par des anglophones, entre autres par les Loyalistes dans l'actuelle région de l'Estrie pendant et après la Guerre d'indépendance américaine. Bon nombre d'immigrants d'origine écossaise ont fondé un grand nombre d'institutions québécoises publiques et privées de langue anglaise et représentaient l'élite marchande et financière jusqu'aux années 1960. Certains quartiers, tels Westmount et le Mille carré doré témoignent toujours de ce patrimoine.

Dès leur arrivée au milieu du XIXe siècle, les Irlando-Québécois ont établi des écoles, des églises, et des hôpitaux dans des quartiers ouvriers tels Pointe Saint-Charles et Griffintown. Des réseaux d'écoles ont vu le jour et seront protégés par la loi constitutionnelle de 1867 grâce à l'acharnement de Thomas D'Arcy McGee.

Une communauté noire aurait vu le jour vers 1860 avec la venue de l'industrie du chemin de fer. Cette communauté serait concentrée dans les quartiers de Saint-Henri et de la Petite-Bourgogne.

Le début du XXe siècle a amené d'autres vagues d'immigrants en provenance de plusieurs pays d'Europe. Des juifs venus de Pologne, de Roumanie, et de Russie ont fondé une communauté juive importante, et s'intégrèrent à la communauté marchande anglophone. Des immigrants italiens s'intégrèrent autant aux institutions catholiques de la communauté irlando-québécoise (anglophone) que celles de la communauté francophone des Canadiens français de l'époque. Établis d'abord le long du boulevard Saint-Laurent, ces immigrants migreraient plus tard vers d'autres quartiers plus prospères, tels Côte-Saint-Luc et Saint-Léonard.

Donald Gordon, président du Canadien National entre 1950 et 1966, considère qu’aucun Canadien français n’a la compétence pour être vice-président à la direction de cette compagnie ferroviaire[1].

L'immigration européenne aura davantage changé la topographie ethnique de Montréal. Une immigration européenne accrue lors des années 1950 a augmenté la présence de plusieurs communautés culturelles déjà établies à Montréal, et en créerait plusieurs autres. Cette époque a vu l'épanouissement de la communauté grecque à Montréal.

De nos jours, les nouveaux arrivés au Québec viennent des quatre coins du monde et sont pour la plupart plus laïcs que ne l'étaient les générations d'immigration précédentes. Une plus grande proportion de ces immigrants est francophone qu'elle ne l'était avant l'adoption des lois linguistiques au Québec. D'autres immigrants provenant de pays tels le Royaume-Uni, les États-Unis, et de la Jamaïque et ont une connaissance de l'anglais. Plusieurs groupes d'asiatiques représentent le groupe ayant connu la plus forte croissance entre 1996 et 2001; bon nombre d'entre eux avaient une connaissance de l'anglais à leur arrivée, ce qui fait que plus du quart d'anglophones aujourd'hui sont issus de groupes minorités visibles. Certains peuples autochtones, tels les Mohawk, les Cris, et les Inuit se servent également de l'anglais comme langue d'échange commun.

Tous ces groupes se mêlent facilement à une communauté qui se définit de plus en plus comme étant multiculturelle et bilingue. Les anglophones ont montré une tendance à quitter le Québec pour les autres provinces canadiennes, particulièrement durant les années 1970 avec l'implantation de lois linguistiques et l'élection d'un parti souverainiste au Québec. Malgré cette diminution à leurs effectifs, la communauté revêt une grande diversité et une mobilité qui seraient attribuables à leur accès facile à la culture majoritaire anglophone d'Amérique du Nord. Ceci expliquerait du moins en partie pourquoi les Anglo-Québécois auraient une tendance à s'auto-identifier comme Canadiens ou même en tant qu'anglophones dans le contexte québécois malgré le fait d'être issus d'une communauté culturelle.

Éducation

En 2001, le Québec comptait 340 écoles primaires et secondaires de langue anglaise administrées par neuf commissions scolaires gérées par des membres de la communauté. Les commissions scolaires sont :

Le Québec compte aussi huit collèges et trois universités anglophones :

Collège Dawson, Montréal
Université McGill, Montréal

Culture

La communauté dispose de plusieurs institutions de théâtre, notamment le Centaur Theatre, ainsi que plusieurs troupes professionnelles et amateurs. Depuis 1989, le milieu du théâtre anglophone est représenté par la Quebec Drama Federation (Fédération de la dramatique québécoise).

Depuis 1998, la Quebec Writers' Federation (QWF) (Fédération des auteurs du Québec) représente les intérêts des auteurs québécois de langue anglaise. L'organisation, née de l'union de la Quebec Society for the Promotion of English Language Literature et de la Federation of English Writers of Quebec, distribue les prix QWF chaque année. Elle tient des conférences appelées Writers Out Loud dans différentes localités du Québec afin de faire connaître les auteurs anglo-québécois[2]. Au total, il y a 16 maisons d'édition de livres anglophones au Québec.

Dans la région de Montréal, les Québécois anglophones et anglophiles ont accès à un vaste éventail d'activités et de biens culturels en langue anglaise via des magasins, des librairies, des cinémas, des musées, des salles de spectacle, etc. Les ressources sont par contre très rares à l'extérieur de Montréal, en raison du faible poids démographique des anglophones ailleurs au Québec.

Bien que les Anglo-Québécois disent considérer important pour eux de bien connaître la culture québécoise, ils consomment très peu de produits culturels québécois[1].

Médias

Presque tous les médias de langue anglaise du Québec se trouvent dans la région de Montréal.

Télévision : Les stations de télévision anglophone sont CBMT (CBC), CFCF (CTV), CKMI (Global) et CJNT (Citytv/Omni). CKMI se situe en réalité à Québec, mais rediffuse à Montréal. Cela dit, toutes les opérations se font réellement à partir de Montréal. CJNT offre une programmation multilingue provenant de Omni Television en plus de la programmation principale provenant de Citytv. Ces stations sont disponibles par le câble dans toute la province. Les anglophones vivant dans la région de l'Outaouais captent les stations en provenance d'Ottawa en Ontario.

Radio :

Montréal : Les stations de radio anglophones à Montréal incluent les antennes AM CKGM (The Team 990), CJAD et CINW (AM 940), de même que les antennes FM CBME-FM (CBC Radio One), CKUT-FM (radio du campus de l'université McGill), CFQR-FM (Q92), CJFM-FM (Virgin Radio), CBM-FM (CBC Radio Two) et CHOM-FM.

Québec : Les auditeurs de la ville de Québec peuvent capter CBVE-FM (CBC Radio One) et CBM-FM (CBC Radio Two).

Sherbrooke : Les auditeurs de Sherbrooke en Estrie peuvent capter CBMB-FM (CBC Radio One), CBM-FM (CBC Radio Two) et CJMQ-FM (en), la station communautaire anglophone.

Outaouais : Les anglophones vivant dans la région de l'Outaouais captent les stations en provenance d'Ottawa en Ontario.

CBC Radio One est également disponible dans plusieurs autres communautés du Québec, notamment à Trois-Rivières et à Saguenay. Certaines parties de la province reçoivent également les signaux de langue anglaise de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, New York ou de Nouvelle-Angleterre. Cependant, aucune communauté dans la province, sans compter Montréal, n'a de station commerciale anglaise.

Bureaux de The Gazette, au 1010 rue Sainte-Catherine ouest à Montréal

Presse : Le Québec a deux quotidiens de langue anglaise : The Gazette à Montréal, et The Record (Sherbrooke). Plusieurs petites communautés ont également des journaux hebdomadaires de langue anglaise, comme The Equity à Shawville, le Stanstead Journal à Stanstead, The First Informer aux Îles de la Madeleine, The Gleaner à Huntington, le The Quebec Chronicle-Telegraph à Québec, le SPEC dans la région de Gaspé, le West Quebec Post à Buckingham, Aylmer Bulletin à Aylmer et le Townships Sun de Lennoxville. Montréal a également deux hebdomadaires gratuits, le Hour et le Mirror.

Histoire

Langue

Dans l'ensemble, l'anglais parlé au Québec est le même que l'anglais canadien. Cependant, l'anglais du Québec a quelques particularités lexicales uniques, lesquelles existent en raison de la proximité de la grande communauté francophone du Québec. Par exemple un dépanneur est souvent appelé un « dépanneur » (ou un « dep ») comme en français québécois. Les emprunts sont directement dérivés d'équivalents français. Un autre exemple évident est le mot français « terrasse » qui est utilisé au lieu du mot anglais « terrace ».

La communauté anglo-québécoise est une des plus bilingues au Canada avec un taux de bilinguisme de 66,1 %. Cependant, les jeunes anglophones ont un taux de bilinguisme plus élevé que la moyenne de leur communauté. Selon les données du recensement de 2001, 79,5 % de la population anglo-québécoise entre 15 et 39 ans est bilingue.

Certains Anglo-Québécois reconnaissent la légitimité de la majorité francophone d'assurer les conditions pour l'essor de la langue française au Québec; d'autres y voient un nationalisme ethnocentrique et une tactique pour favoriser l'exode des Anglo-Québécois et l'accession du Québec à l'indépendance[3].

Droit

Ordre fédéral

  • Depuis 1867, l'article 133 de l'Acte constitutionnel de 1867, donne le droit à toute personne d'utiliser le français ou l'anglais dans les chambres législatives du Parlement du Canada et du Parlement du Québec et rend obligatoire l'usage de l'anglais et du français dans le journal des débats des dites chambres. Elle donne également à toute personne le droit de plaider en sa faveur en anglais ou en français dans toutes les cours du Québec. Finalement, les actes du Parlement du Canada et du Parlement du Québec doivent être imprimés et publiés en anglais et en français. (La même chose n'est pas vraie pour toutes les autres provinces.)
  • Depuis 1982, l'article 23 de la constitution canadienne définit des droits ayant trait à la langue d'éducation de la minorité linguistique officielle de chaque province. Par exemple, certains citoyens du Canada dont la langue maternelle est l'anglais ont le droit d'instruire leurs enfants à l'école primaire et secondaire en anglais au Québec. (Les francophones ont des droits correspondants dans les autres provinces.)

Ordre québécois

  • Depuis 1993, les articles 73 et 76 de la Charte de la langue française protègent et augmentent les droits constitutionnels de la minorité anglophone du Québec. La version originale de la charte de 1977 n'attribuait ces droits qu'aux anglophones du Québec. C'est-à-dire, les citoyens canadiens de l'extérieur du Québec devaient par exemple envoyer leurs enfants à l'école française comme tous les autres Québécois. L'introduction des droits des minorités linguistiques dans la constitution canadienne de 1982 vint infirmer tout le chapitre VIII de la charte. Le gouvernement d'alors invoqua la « clause nonobstant » de la constitution pour continuer à appliquer la charte de façon intégrale. En 1993, la charte a finalement été modifiée afin de la rendre conforme aux divers jugements de la Cour suprême du Canada en matière de langue.
  • En plus des droits garantis par la constitution du Canada, divers règlements passés dans le cadre de la charte établissent d'autres droits linguistiques de la minorité anglophone. Les anglophones ont le droit de recevoir des services en anglais de tous les établissements de services sociaux et de soins de santé au Québec. La charte permet également aux villes dont une majorité de la population est anglophone d'obtenir le statut de ville bilingue. Cela permet à un gouvernement municipal d'offrir des services en français et en anglais à tous. Quatre-vingt-treize municipalités offrent des services bilingues au Québec.

Relations avec la nation québécoise

Certains Anglo-Québécois refusent de s'identifier comme Québécois et considèrent que les nationalistes québécois sont ethnocentriques et n'ont de cesse de tenter d'élargir le fossé entre le Québec et le reste du Canada. Le Parti québécois, ne pouvant réaliser l'indépendance du Québec, viserait la marginalisation des citoyens non francophones. Pour eux, les Québécois, notamment des régions rurales, sont des francophones d'arrière-garde assimilables à des groupes comme des suprématistes ou des néo-nazis. Ces Anglo-Québécois doutent que la nation québécoise soit foncièrement respectueuse des droits, libertés et minorités. De plus, ils considèrent que les nationalistes canadiens n'ont pas à respecter la loi québécoise sur les référendums lorsque la communauté anglo-québécoise est menacée par le nationalisme québécois[4]. S'ils reconnaissent dans certains cas que l'histoire du Québec est celle d'une survie culturelle dans un contexte colonialiste, ils n'acceptent pas que la nation québécoise puisse se définir sans la fédération canadienne, rejettent tout grief qu'elle puisse exprimer ou encore associent volontiers toute manifestation nationaliste québécoise à de l'endoctrinement et au terrorisme[5].

Personnalités

Notes et références

  1. a et b Luc Hétu, « Le pays », Gazette Vaudreuil-Soulanges, vol. 63, no 6,‎ , p. 37 (lire en ligne) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « hudson130327 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  2. (en) James Armstrong, « Mystery thriller writers coming to Rigaud », Your Local Journal, vol. 11, no 60,‎ , p. 14.
  3. (en) Mel Lefebvre, « CRITIQ conference defends Anglo and Francophone rights but gives a thumbs down for Bill 14 », Your Local Journal, vol. 11, no 60,‎ , p. 10 (lire en ligne).
  4. a. (en) Howard Galganov, « I am Canadian », Gazette Vaudreuil-Soulanges, vol. 63, no 22,‎ (lire en ligne).
    b. (en) Jim Duff, « Déja Vu », Gazette Vaudreuil-Soulanges, vol. 63, no 24,‎ , p. 9.
  5. (en) The Editor, « L'histoire nationale », Gazette Vaudreuil-Soulanges, vol. 63, no 25,‎ , p. 8 (lire en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

  • Ronald Rudin. The Forgotten Quebecers: A History of English-Speaking Quebec, 1759-1980, Montréal : Institut Québécois de Recherche sur la Culture, 1984 ISBN 2-89224-068-9
  • Josée Legault. L’invention d’une minorité : Les Anglo-Québécois, Montréal : Éditions du Boréal, 1992 ISBN 2-89052-464-7.

Articles connexes

-réseau d’organismes et de ressources communautaires, et d’institutions publiques qui s’efforcent d’assurer l’accès aux services de santé et aux services sociaux destinés aux collectivités anglophones du Québec (CHSSN)