Coming out

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Un coming out, raccourci de l'expression coming out of the closet, sortir du placard au Québec et au Nouveau-Brunswick est l'annonce volontaire d'une orientation sexuelle[note 1], d'une identité de genre ou d’une variation naturelle du corps.

Le coming out peut se faire dans un ou plusieurs milieux : les membres de la famille (proche/éloignée), les amis, les collègues, les voisins, etc.

Par extension, le terme coming out peut désigner l'annonce publique de toute caractéristique personnelle, jusque-là tenue secrète par peur du rejet ou par discrétion : l'appartenance à une religion, des opinions politiques, l'appartenance à une organisation comme la franc-maçonnerie, l'appartenance à une association ou un parti, une profession jugée honteuse ou au sujet de laquelle le secret est exigé, etc.

Être in désigne des personnes qui se définissent par exemple asexuelles, homosexuelles (gays ou lesbiennes), pansexuelles, bisexuelles, intersexes, non binaires ou transgenres, mais qui ne l'annoncent pas, par peur du rejet ou de la discrimination que cela peut engendrer, ou simplement par discrétion. Être out, à l'inverse, signifie ne pas dissimuler son orientation sexuelle ou son identité de genre. Être outé, c'est voir ces caractéristiques rendues publiques sans son consentement, voire contre sa volonté.

L'outing est un procédé, contesté, de déclaration publique de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre d'une personne qui souhaite la garder secrète, souvent dans un but politique (par exemple, dénoncer une divergence entre style de vie privée et propos publics). En France, Act Up a notamment menacé en 1999 d'« outer » un député, homosexuel et présent à la manifestation antiPacs du où ont été entendus des slogans homophobes, mais ne l'a pas fait.

Origine du terme

Selon Rostom Mesli, l'expression se forme en deux temps[1]. Avant les années 1970, on distingue d'une part l'expression to come out ("sortir, se présenter"), utilisée pour désigner l'entrée d'une personne dans le monde homosexuel ; et d'autre part les expressions be in the closet ("être au placard") ou closet queen ("folle placardisée") désignant le secret entourant l'orientation sexuelle d'une personne, et probablement issue de l'expression idiomatique anglophone to have a skeleton in the closet ("avoir un squelette au placard") signifiant cacher un secret honteux.

C'est au cours des années 1970 que se forme l'expression complète to come out of the closet ("sortir du placard") qui désigne le fait d'annoncer son orientation sexuelle au monde hétérosexuel (famille, amis ou environnement social plus large).

Histoire

Le coming-out a été imaginé, comme un moyen d’émancipation, en 1869 par l’Allemand Karl Heinrich Ulrichs, défenseur des droits des homosexuels. Réalisant que l’invisibilité était un obstacle majeur pour changer l’opinion publique, il recommanda aux homosexuels de faire leur coming-out.

Iwan Bloch, médecin juif allemand, dans l’ouvrage fondateur de la sexologie[2], La Vie sexuelle de notre temps (Das Sexualleben unserer Zeit in seinen Beziehungen zur modernen Kultur) (1906) invite les homosexuels âgés à se déclarer à leurs familles et amis hétérosexuels.

Magnus Hirschfeld aborde à nouveau le sujet dans sa principale œuvre L'Homosexualité chez les hommes et les femmes (1914) dissertant sur l’impact social et légal qu’aurait le coming-out de centaines d’hommes et de femmes de rang auprès de la police, afin d’influencer le législateur et l’opinion publique.

Dans les années 1920, deux écrivains français passent par des livres pour déclarer leur homosexualité : André Gide publie en 1924 Corydon[3], Jean Cocteau écrit en 1928 Le Livre blanc, anonymement mais en laissant facilement deviner l'identité de son auteur[4].

Le premier Américain important à déclarer publiquement son homosexualité est le poète Robert Duncan. En 1944, il signe de son propre nom, un article du magazine anarchiste Politics, dans lequel il affirme que les homosexuels sont une minorité persécutée.

En 1951, Donald Webster Cory, dans son étude L’Homosexualité en Amérique – une approche subjective écrit : « La société m’oblige à porter un masque… Partout où je vais, en tout temps et dans toutes les couches de la société, je feins. » Cory est un pseudonyme, mais sa description franche et ouvertement subjective a stimulé l’émergence d’une conscience homosexuelle et le mouvement homophile naissant.

Mattachine Society, société clandestine et très déterminée, fondée à Los Angeles en 1950, par Harry Hay et d’autres vétérans de la campagne de Henry Wallace aux primaires présidentielles, a également manifesté publiquement avec de nombreux gays après que Hal Call a pris la tête du groupe à San Francisco en 1953.

Dans les années 1960, Franklin E. Kameny monte au créneau. Licencié de son poste d’astronome de l’armée pour comportement homosexuel, il refuse de partir aussi gentiment. Il attaque ouvertement le renvoi, usant de tous les recours possibles jusqu’à la Cour suprême des États-Unis. Porte-parole d’un mouvement grandissant, il défend les actions publiques mais non-apologiques. Sa conviction première est : « nous devons inspirer à la communauté homosexuelle un sens des valeurs de l’homosexualité individuelle » et qui ne peut être atteint qu’au travers de campagnes ouvertement conduites par les homosexuels eux-mêmes. Sa devise est Gay is good.

En France, le premier coming-out « grand public » a lieu le 10 janvier 1972, dans un entretien publié par le Nouvel Observateur intitulé La Révolution des homosexuels. Son auteur y parle à la première personne et le commence par un très sobre mais retentissant « Je m'appelle Guy Hocquenghem. J'ai 25 ans… ». Sa mère lui répond par une lettre ouverte dans le même magazine le . En Argentine, la journaliste Ilse Fuskova est la première femme à déclarer ouvertement être lesbienne à la télévision en 1991[5].

Même si les orientations non-hétérosexuelles et les identités non-cisgenres sont progressivement mieux acceptées dans la société, notamment dans les médias occidentaux, les célébrités peinent à lever les tabous dans certains domaines. Quand il révèle son homosexualité en 1990, parmi les premiers, le footballeur anglais Justin Fashanu est exclu de l'entraînement, hué par les supporters et désavoué par son frère, ce qui le poussera à changer plusieurs fois de club[6]. Notamment à cause du machisme et des contrats publicitaires sportifs, beaucoup préfèrent attendre leur fin de carrière pour révéler leur homosexualité, comme le rugbyman gallois Gareth Thomas en 2009, le footballeur américain Robbie Rogers et le footballeur allemand Thomas Hitzlsperger. C'est le cas également du plongeur américain Greg Louganis en participant aux Gay Games de 1994, de même que le footballeur américain David Kopay (en). Malgré un outing en 1976, le patineur John Curry ne parle publiquement de son homosexualité qu'en 1994, peu avant de mourir du SIDA, alors que le patinage artistique demeure au début des années 2010 un milieu homophobe. En revanche, en 2013 le plongeur britannique Tom Daley annonce sa bisexualité en pleine carrière[7], et en 2014, le footballeur américain Michael Sam se déclare gay avant de passer professionnel[6]. Ce tabou[Lequel ?] est moins fort dans le sport féminin, à l'image des joueuses de tennis Billie Jean King, Martina Navrátilová ou Amélie Mauresmo en 1999, ou encore la skieuse Anja Pärson[6].

Dans le milieu culturel, le coming out peut parfois être vu comme un coup médiatique permettant de gagner en visibilité. Ainsi, à l'été 2012, le rappeur Frank Ocean s'est retrouvé mis en avant par de nombreux médias pour avoir brisé un tabou dans le hip-hop, ayant annoncé sa bisexualité[8], ayant permis de faire évoluer un milieu musical traditionnellement homophobe[9]. Dans un entretien, Nicki Minaj avoue avoir menti en disant être bisexuelle, afin d'attirer l'attention[10].

Concernant le monde politique, Bertrand Delanoë fait son coming out en 1998, avant d'être élu maire de Paris[11]. Roger Karoutchi parle publiquement de son homosexualité en 2009[12], mais précise en 2015 que ce coming-out a nui à sa carrière (« Peut-être qu'à gauche, c'était plus facile ou plus fréquent. Pas à droite »)[13]. Barney Frank marque l'histoire politique américaine en faisant volontairement son coming out en tant qu'homosexuel, en 1987. Il avait craint, durant des années de le faire, estimant que cela aurait pu mettre en danger sa carrière parlementaire[14].

De nombreuses œuvres de fiction LGBT+, littéraires ou cinématographiques, ont une intrigue qui repose sur le coming out, par exemple le film Love, Simon (2018).

Journée internationale

Le 11 octobre est devenu la journée internationale du coming-out depuis 1988 (Coming out day), une année après une marche ayant rassemblé plus de 500 000 manifestants à Washington, DC. Elle a été organisée pour la première fois en Suisse en 1991[15].

Personnalités ayant fait leur coming out

Cette liste chronologique (qui n'a pas vocation à être exhaustive) accueille les personnalités ayant fait un coming out public, volontaire et sans équivoque, étayé par des sources fiables. Ces personnalités ne sont pas nécessairement engagées pour les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.

Années 1960

Années 1970

Années 1980

Années 1990

Années 2000


Années 2010

Autres emplois du terme

Le terme de « coming out » est parfois utilisé dans le vocabulaire journalistique pour faire une révélation n'ayant aucun rapport avec une orientation sexuelle, mais plutôt envers une politique ou une idéologie[37]. Il en est de même en anglais, cette acception est correcte.

Notes et références

Notes

  1. On utilise habituellement cette expression pour la révélation publique d'une orientation non hétérosexuelle (cf par exemple Charles Picavet, Jo Reinders, L’orientation sexuelle et les jeunes, Rutgers WPF, 2006).

Références

  1. Juliette Rennes et Rostom Mesli, Encyclopédie critique du genre : corps, sexualité, rapports sociaux, La Découverte, dl 2016, cop. 2016, 750 p. (ISBN 978-2-7071-9048-2 et 2707190489, OCLC 962555730, lire en ligne), pp.449-451
  2. D'après l'historique de l'institut de sexologie
  3. Benjamin Berton, « L'Effet Corydon : et Gide inventa le coming-out », Fluctuat, 29 mars 2007
  4. Baptiste Liger, « Le coming-out de Jean Cocteau », L'Express, 17 juillet 2008
  5. Emilie L. Bergmann, Entiendes? : Queer Readings, Hispanic Writings, Duke University Press, (ISBN 0-8223-1615-3, lire en ligne), p. 281
  6. a b et c Melinda Davan-Soulas, « De la difficulté du coming-out chez les sportifs », MyTF1News, 24 février 2014 (lire en ligne)
  7. « Bisexualité : le grand plongeon de Tom Daley », Paris Match, 2 décembre 2013
  8. (en) Frank Ocean records another first as Channel Orange is named album of the year, The Independant
  9. (en) Jennifer Michalski, The Most Memorable Celebrity 'Coming Out' Moments, Business Insider, 11 octobre 2013
  10. (en) Diane Anderson-Minshall, Nicki Minaj Admits She Lied About Being Bisexual, The Advocate, 5 septembre 2012
  11. Quand les hommes politiques font leur coming out, Le Nouvel Observateur, 23 janvier 2009
  12. A.A., « Roger Karoutchi fait son coming out » sur Libération, 23 janvier 2009
  13. « Roger Karoutchi : Nicolas Sarkoy m’appelle « Droopy » et François Fillon « Snoopy » »
  14. (en) Claudia Dreifus, And Then There Was Frank, The New York Times, 4 février 1996
  15. MOZA//K - François Brutsch | Palimpseste - Coming out : une journée pour "en" parler
  16. Hervé Vilard : Il aurait dû être papa !, France Dimanche, 28 décembre 2014
  17. (en) Cameron Crowe, Playboy Interview: David Bowie, 1976, Playboy, 11 janvier 2016
  18. « TIL Marlon Brando was outspokenly bisexual. • /r/todayilearned », sur reddit (consulté le ).
  19. (en) « Elton John Comes Out Of The Closet », in « The 25 boldest career moves in rock history », Rolling Stone
  20. « Billie Jean King et la véritable histoire de « Battle of the Sexes » », parismatch.be,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. http://www.ritmic.com/fotos/musicos-que-salieron-del-armario/freddie-mercury.html
  22. « Abdellah Taïa brise le tabou de l'homosexualité » (consulté le ).
  23. (en) « Angelina Jolie », Wikipedia,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. « Sia's Coming Out - AfterEllen » (consulté le ).
  25. http://www.ritmic.com/fotos/musicos-que-salieron-del-armario/lindsay-lohan.html
  26. « Megan Fox talks about being bisexual », sur PinkNews, (consulté le ).
  27. « Photos : Pink, Lady Gaga... : toutes bisexuelles ! » (consulté le ).
  28. « Orlando Cruz, gay boxer, wins first fight since coming out » (consulté le ).
  29. Rétro: elles ont fait leur coming out en 2012
  30. http://www.voici.fr/news-people/actu-people/mika-fait-son-coming-out-461360
  31. http://www.advocate.com/sports/2013/04/29/nba-star-becomes-first-openly-gay-player-major-league-sports
  32. (en) « Apple CEO Tim Cook: I'm proud to be gay », sur Bloomberg BusinessWeek, .
  33. Modèle {{Lien web}} : paramètre « titre » manquant. [1]
  34. Par Bastien Bluzet-29 décembre, « Rétrospective : les coming out de 2015 », sur TÊTU (consulté le ).
  35. « Comment Caitlyn Jenner est devenue la femme transgenre la plus célèbre du monde », sur Purepeople, (consulté le ).
  36. « Coming out de Kevin Spacey: pourquoi son timing est "irresponsable" », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  37. Se référer par exemple aux articles suivants : * Marc de Boni, « Le discours de Valls au Medef, un coming-out « néolibéral » pour la gauche du PS », Le Figaro, 27 août 2014 ;
    * Benjamin Sportouch, « Hollande à droite, Sarkozy à gauche ? », L'Express, 7 janvier 2014

Voir aussi

Liens internes

Liens externes