Prohibition

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Une descente de police, en 1925, à Elk Lake (James (en)), dans la province de l'Ontario.

La Prohibition fait référence à plusieurs périodes de la première moitié du XXe siècle où la fabrication, le transport, l'importation, l'exportation et la vente de boissons alcoolisées étaient prohibés dans certains pays, comme :

Autres sens de « prohibition »

Lexicalement parlant, la prohibition de quelque chose signifie l'interdiction de sa présence ou de son usage. Ceci n'est pas toujours le fait des lois ou d'un gouvernement, comme les écoles qui, par exemple, peuvent prohiber le port d'objets de valeur.

En ce qui a trait à l'alcool, le terme « prohibition » en jargon juridique, fait aussi référence aux autres lois interdisant la vente et la consommation d'alcool, en particulier, des lois locales qui ont un effet identique. Le 21e amendement, qui annula la prohibition nationale aux États-Unis, donna explicitement à chacun des États le droit de limiter ou d'interdire l'achat et la vente d'alcool. Ceci a mené l'ensemble du pays à une mosaïque de lois par lesquelles l'alcool peut être légalement vendu dans la majorité des villes des États-Unis. Cependant, environ 200 villes des États-Unis exercent toujours un contrôle sévère ou, encore, ont aboli le droit d'acheter, de vendre ou de produire de l'alcool. En d'autre mots, la prohibition est encore appliquée, selon la loi municipale, dans ces villes. Comme par exemple la ville d'Ashley en Arkansas. Les villes qui imposent des restrictions ou ont aboli la vente d'alcool se retrouvent surtout sur la côte Est et au Sud-Est des États-Unis, ainsi qu'en Alaska.

Dans le monde

États-Unis

Le premier État à limiter les ventes de boissons alcoolisées fut le Maine en 1851. En 1855, 13 États américains, appelés dry states, adoptèrent des mesures établissant la prohibition. Dans les années 1920, un regain d'intérêt pour les États secs émerge parmi la population américaine. Ce regain d'intérêt est aussi marqué d'une forte période d'intolérance, laquelle dura environ 10 ans (de 1920 à 1930) et ramena à l'avant-scène certains mouvements civils radicaux tel le Ku-Klux-Klan prenant ouvertement parti en faveur de la prohibition[1].

La prohibition établie à l'échelle nationale par le 18e amendement de la Constitution des États-Unis fut ratifiée le 29 janvier 1919 puis entérinée par le Volstead Act du 28 octobre de la même année. Les mesures de prohibition proprement dites entrèrent en vigueur le 16 janvier 1920, alors que prenait effet le 18e amendement de la constitution. Le Volstead Act fut ensuite amendé le 17 février 1933 par l'adoption du Blaine Act autorisant la production et consommation de boissons peu alcoolisées telles les bières légères ne contenant pas plus de 3,2 % degré d'alcool ou 4 % en volume. Le 18e amendement fut finalement retiré au cours de la même année par la ratification du 21e amendement de la Constitution.

Genèse

Les mesures relatives à la prohibition furent alors promues et soutenues par plusieurs pasteurs désireux d'élever le niveau de moralité et d'améliorer la vie des citoyens parmi les plus pauvres, de même que par certaines femmes associant alcoolisme et violences conjugales. Avant d'être force de loi, les mesures de Prohibition furent revendiquées par une importante faction du « mouvement pour la tempérance » (temperance league), un mouvement social-religieux des plus actifs qui souhaitait aussi voir l'alcool rendu illégal au Canada. Les premières Ligues de tempérance firent d'abord leur apparition à la fin du XVIIIe siècle. Dès lors et à partir de 1825, Lyman Beecher, pasteur presbytérien du Connecticut, se mit à haranguer ses concitoyens sur les dangers de l'alcool. La Société américaine de tempérance fut ainsi fondée en 1826 et dès la première moitié du XIXe siècle, l'État du Maine instaura la prohibition. En 1855, 12 autres États avaient rejoint le Maine dans la prohibition totale et formèrent alors le groupe des États dits « secs » (Dry States) ; les autres États où les lois de prohibition ne s'appliquaient pas furent qualifiés d'« humides » (Wet States).

Ainsi, tout au long de l'année 1870, des femmes/ménagères organisèrent maintes manifestations à l'entrée des bars et saloons de leur région. La WCTU, créée en 1873 à Evanston, en Illinois, s'intéressa alors aux grandes préoccupations sociales de l'époque : travail, prostitution, santé publique et suffrage des femmes. Frances Willard, alors deuxième présidente de la WCTU, milita pour l'émancipation et le droit de vote des femmes de même que pour la prohibition de l'alcool ; ses talents d'organisatrice et d'oratrice firent alors progresser la cause de la prohibition et dès la fin des années 1880 cette association comptait de nombreux lobbyistes à Washington. Les choses évoluèrent à un point tel, qu'en 1918, la WCTU comptait quelque 250 000 membres.

De plus, l'ASLA (Anti-Saloon League of America) ou la Ligue américaine anti-saloon, fondée en 1893 sous la direction de Wayne Wheeler, mobilisa la coalition religieuse chrétienne aux fins de promouvoir et d'adopter, à cet effet, des lois aux niveaux local et étatique. En 1905, trois États américains avaient déjà interdit l'alcool et, en 1912, le nombre de ces États passa à neuf puis, en 1916, la prohibition faisait partie de la législation de 26 des 48 États constituant les États-Unis.

Alors que la plupart des brasseries américaines étaient aux mains d'intérêts dirigées par des Germano-Américains ou leurs descendants, le mouvement prohibitionniste fut encouragé par le sentiment germanophobe prévalant lors de la Première Guerre mondiale et l'alcool ne devait, en aucun cas, détourner les Américains de leur but essentiel : la victoire. Le 22 décembre 1917, le 18e amendement à la Constitution fut proposé à la chambre des représentants et adopté, en 1919, par 36 des États américains. Le Volstead Act interdira alors la fabrication, la vente et le transport de toutes boissons contenant plus de 0,5 % d'alcool, exception faite pour les breuvages médicaux, du vin pour la messe ou pour les boissons concoctées à la maison. La consommation d'alcool n'étant plus désormais interdite, cet amendement à la loi était tout de même loin de faire l'unanimité, surtout au sein de l'Église catholique. En effet, le clergé de ces Églises ayant pour habitude de consommer du vin lors de ses cérémonies et rites, ce débat aura eu quelques conséquences sur les relations entre l'Église et l'État. Ainsi, lors de son mandat de 1921 à 1923, le Président Harding se vit dans l'obligation d'écrire un communiqué pour rassurer l'Église ainsi que le Vatican, stipulant qu'un quota d'alcool serait attribué à chaque État pour les rituels religieux (la majorité des catholiques américains étaient alors contre la prohibition).

À partir du Volstead Act, la forte demande en alcool des consommateurs américains ne resta pas sans réponse. L'existence d'un grand marché potentiel suscita l'intérêt du pays voisin, le Canada, ainsi que de l'Europe. Le commerce d'importation, désormais parfaitement légal, s'organisa à partir des « têtes de pont » qu'étaient les grandes distilleries canadiennes, celles des possessions britanniques telles que les Bermudes, les Bahamas et du Belize, mais incluant aussi les îles Saint-Pierre et Miquelon, archipel et territoire français où convergeaient les alcools canadiens, français et britanniques ensuite chargés sur les rhum runners pour y être introduits sur le continent américain.

Conséquences

Face à cette situation, les forces de l'ordre furent donc chargées de détruire le matériel des distilleries et des brasseries afin de mieux contrôler l'entrée des marchandises aux frontières américaines.

Les effets et conséquences de cette prohibition furent souvent inattendus... Ainsi, certains bars se reconvertirent dans les sodas ou les bières sans alcool. Les populations urbaines d'Amérique, en particulier celles du Nord-Est du pays, résistèrent tant bien que mal à cet interdit : à New York, par exemple, on comptait plusieurs dizaines de milliers de speakeasies ou bars clandestins. Les night-clubs, symboles des roaring twenties avec leurs fêtes et l'épanouissement du jazz se multiplièrent, de même que les caves et leurs passages souterrains secrets comme ceux du « 21 Club » de la 52e rue à New York furent aménagés. Les alcools de contrebande (moonshines) que l'on y vendait provenaient d'alambics clandestins qui produisaient de l'alcool souvent frelaté. En outre, on pouvait légalement obtenir de l'alcool sur ordonnance médicale (whisky médicinal).

On notera également qu'au cours des années 1890, l'éthanol était souvent le premier carburant utilisé par les automobiles et servait de carburant pour les engins agricoles et les locomotives, soit en Europe ou aux États-Unis. En 1919, des escouades de la police spécialement mandatées détruisirent plusieurs distillateurs d'alcool de maïs, qui servaient aux fermiers à produire de l'éthanol à faible coût. Les dépenses supplémentaires alors encourues pour se procurer de l'éthanol, forcèrent les agriculteurs à se tourner vers le pétrole, bon marché à l'époque.

La production d'alcool, tombant aux mains de bandes criminelles ou de fabricants clandestins, échappait alors à tout contrôle et la qualité finale du produit pouvait ainsi varier. Dès lors, de nombreux cas de buveurs atteints de cécité ou de graves et multiples lésions cérébrales, furent répertoriés suivant l'ingestion d'un bathtub gin concocté à partir d'alcools industriels et autres poisons chimiques. Un incident resté dans les mémoires est lié au fameux brevet médical patent medicine du gingembre de Jamaïque Jamaica ginger, plus connu sous le nom de « Jake » par ses consommateurs. Ce « médicament » de triste mémoire possédait un taux d'alcool particulièrement élevé tout en permettant, à ceux qui le consommaient, de contourner la loi interdisant la consommation d'alcool. Alerté, le département du Trésor des États-Unis exigea que l'on en modifie la formule de manière à le rendre tout à fait imbuvable. Certains revendeurs peu scrupuleux, altéraient leur produit en y ajoutant un peu de plastifiant industriel afin de tromper et contourner les résultats des tests gouvernementaux. En conséquence, des dizaines de milliers de victimes furent atteintes de paralysie des mains et des pieds, souvent de manière permanente. La production et distillation amateur de telles liqueurs n'étant pas sans danger pour le producteur lui-même : le matériel par trop souvent primitif utilisé explosait et provoquait parfois des incendies aux ravages considérables.

L'on fit appel aussi à la distillation sauvage d'écorce de bois entraînant la synthèse du méthanol qui, comme l'éthanol, provoque l'ivresse mais détruit progressivement le nerf optique puis tout le système nerveux. Ces incidents furent provoqués par l'ignorance des propriétés de ce composé, mais certains affirment que le gouvernement américain serait impliqué dans l'empoisonnement d'alcools industriels, empoisonnant souvent les buveurs volant les produits frelatés de la contrebande. Avec le recul des années, on estime le bilan de la consommation de méthanol à plus d'un millier de morts.

Beaucoup de notables et politiciens américains ont reconnu posséder et consommer de l'alcool durant la prohibition : le 21 Club de New York était, entre autres, fréquenté par Jimmy Walker, le maire de l'époque. L'antinomie subsistant entre la législation et les pratiques couramment admises de l'époque, aura fait naître et entretenu au sein de la population un mépris de taille à l'égard des autorités de l'État, alors vues et considérées comme hypocrites. La satire cinématographique de l'époque prit de multiples formes, incluant des films célèbres tels les Keystone Cops, et alors que certaines personnalités d'exception trouvaient grâce aux yeux de la population américaine[pas clair]. Ainsi en alla-t-il des activités et interventions d'Eliot Ness et de son équipe de choc composée d'agents du Trésor, surnommés « Les Incorruptibles » (The Untouchables, en anglais). Une autre exception du même acabit fut celui réunissant le duo Izzy Einstein et Moe Smith, agents de la prohibition à New York, simplement désigné « Izzy and Moe ». La presse américaine se faisant dithyrambique, décrivit inlassablement les qualités de ces rares exemples de probité : l'honnêteté proverbiale de Ness alliée à son talent pour les relations publiques et aux méthodes plus excentriques et dissimulées d'Izzy et Moe, mais cependant tout aussi efficaces.

La Prohibition fournit maintes opportunités alléchantes pour les ténors du crime organisé qui mirent alors sur pied des filières d'importation, des fabriques ou encore un réseau élaboré de distribution illégale de boissons alcoolisées aux États-Unis, notamment par le biais des célèbres Speakeasies. À Chicago, les Genna, famille d'origine sicilienne et Al Capone prirent la tête de ces trafics d'alcool et renforcèrent grandement leur empire criminel grâce aux immenses profits générés par les ventes illégales d'alcool. Eliot Ness s'opposa alors à Al Capone dans un combat épique devenu légendaire mais ne réussit pas cependant à faire tomber le criminel pour méfaits graves (vente d'alcool ou meurtre), mais invoqua alors les « privilèges indissociables au droit de la personne » pour finalement l'inculper sous le coup d'une loi fédérale, contournant les juridictions législatives (les juges corrompus protégeant Capone au niveau local). Celui-ci se vit alors condamné à la peine maximale prévue (11 ans) pour fraude fiscale. Au total et en définitive, les lois sur la Prohibition furent peu appliquées ou inefficaces. Bien qu'il y eût plusieurs arrestations, peu de condamnations s'ensuivirent. Plusieurs facteurs expliquent une telle incurie : les policiers et les juges étaient, pour la plupart, soudoyés et corrompus et l'État fédéral manquait de moyens pour contrôler et appliquer les lois sur la prohibition, les frontières des États-Unis étant par trop immenses.

Beaucoup de problèmes sociaux furent engendrés par l'ère de la prohibition. Un marché noir extrêmement rentable et souvent violent de l'alcool se développa. Le trafic illicite d'alcool s'étendit lorsque de puissants gangs réussirent à infiltrer et corrompre les agences dont la mission était justement de veiller à l'application de la prohibition. Les boissons les plus fortement alcoolisées gagnèrent en popularité car leur pouvoir enivrant élevé rendait leur contrebande plus rentable. Enfin, faire respecter la prohibition eut un coût élevé qui, ajouté à l'absence de revenu provenant des taxes légales sur l'alcool (soit environ 500 millions de dollars américains annuellement pour l'ensemble du pays), greva durement les réserves financières de l'État américain.

La Prohibition eut un impact notable sur l'industrie légale de l'alcool au sein des États-Unis. Au moment où fut abrogée la loi, seule la moitié des brasseries d'avant la prohibition étaient encore ouvertes et la plupart des petites brasseries artisanales furent alors définitivement éliminées. Ainsi, seules les grandes brasseries industrielles survécurent à la prohibition et la bière américaine en vint, dès lors, à être méprisée car elle ne présentait aucun caractère distinctif hormis celui de n'être qu'un produit de consommation de masse. Les connaisseurs de cette boisson se plaignirent alors de sa mauvaise qualité ainsi que du manque de variété de la production. Certains jugent qu'il fallut attendre les années 1980 pour en arriver à considérer qu'un minimum de savoir-faire fut alors récupéré par les brasseurs américains. Le maître-brasseur Fred Maytag sera alors crédité pour le retour et renouveau de la tradition du brassage de la bière aux États-Unis et la révolution provoquée par le retour des microbrasseries sortit l'industrie brassicole américaine de son impasse et état de décadence antérieur.

En guise de comparaison, les partisans actuels de la légalisation pour la consommation de drogue et la lutte actuelle menée par les autorités publiques contre les drogues illicites en circulation est apparemment semblable aux effets et aux buts recherchés par les tenants de la prohibition des années 1920-1930.

La fin de la prohibition

Les opposants à la prohibition tels l'Association Against the Prohibition Act Amendment (AAPAA) (Association contre l'amendement de la prohibition), avancèrent plusieurs arguments justifiant leur requête : la limitation des libertés individuelles, l'inefficacité de la loi, le manque à gagner sur les taxes et l'augmentation du chômage débouchant sur la crise économique des années 1930.

En avril 1933, le président Franklin Delano Roosevelt abrogea finalement le Volstead Act qui jusqu'alors justifiait et définissait la prohibition. Ce qui permit alors à l’État de lever de nouvelles taxes.

Malgré tout, durant les 10 années que dura la prohibition et au gré des nombreux changements de présidence, la prohibition demeura populaire auprès de ces derniers. En effet, dans les années 1929, soit environ 10 ans après le dix-huitième amendement, le Congrès américain vota et adopta le Jones Act qui se proposait d'augmenter les sentences de ceux qui violaient la loi fédérale en transportant ou fabriquant de l'alcool de contrebande. Précisons que cette ratification de la Constitution n'était pas le simple fait d'un changement idéologique de la part du président Roosevelt mais, bien plutôt, dû à l'échec de la loi fédérale antérieure sur la prohibition de l'alcool. En fait, trois causes majeures expliquent l'échec de la prohibition : la première, la difficile tâche de coordonner les autorités de chaque État (police, gouvernement, etc.) avec ceux du Gouvernement fédéral. Ce manque évident de coordination a rendu plus ardue l'application de la loi. La deuxième est le montant d'argent perdu par l'État au profit de gangsters tels qu'Al Capone durant les années de la prohibition car, dans les faits, ce trafic valait au-delà de plusieurs dizaines de millions de dollars. Des enquêtes furent menées et des révisions suggérées pour le dix-huitième amendement mais rien ne bougea avant 1933 soit l'année de la mise en place du vingt-et-unième amendement. Finalement la troisième raison, et non la moindre, fut la crise économique qui frappa les États-Unis en 1929. Cette crise força le gouvernement fédéral à imposer et percevoir des taxes là où il le pouvait, c'est-à-dire au chapitre du commerce de l'alcool, lequel constituait une grande source de revenu pour l'État. De plus, depuis l'avènement du dix-huitième amendement, le taux de chômage étant en hausse constante, l'État ainsi que la population perdirent des sommes considérables d'argent lors de la fermeture de distilleries. Lorsque cessa la prohibition, le crime organisé perdit une part importante de ses revenus liés au marché noir de l'alcool, conséquence directe de la concurrence des boissons alcoolisées en vente libre et à des prix modérés. Il se recycla alors dans la vente d'autres drogues illicites, les jeux de hasard, le racket de protection et la prostitution.

Après le retrait de la loi fédérale, certains États toujours considérés « secs » comme l'Oklahoma, le Kansas et le Mississippi continuèrent à imposer la prohibition jusqu'en 1948. Le Mississippi, pour qui l'alcool devint illégal dès 1907, fut le dernier État à procéder au retrait définitif de la prohibition, en 1966[2].

Pour autant, certains États ont délégué aux comtés la possibilité de légiférer sur le commerce et la fabrication de l'alcool[réf. nécessaire].

Canada

En 1864, la province du Canada-Uni adopte le Dunkin Act, une loi qui permet à une municipalité d'interdire la vente d'alcool sur son territoire. Les dispositions de la loi sont étendues à l'ensemble du Dominion du Canada en 1878 par la Loi de tempérance du Canada. En 1898, le gouvernement du Canada tint un plébiscite sur la mise en œuvre de la prohibition sur l'ensemble du territoire du pays. La majorité en faveur de la prohibition dépassant à peine 13 000 voix de majorité, le premier ministre Wilfrid Laurier ne se sentit pas obligé de la mettre en œuvre, d'autant plus que les électeurs du Québec s'y étaient fortement opposés (plus de 80%[3]) et qu'une partie importante du territoire était déjà « sec » en vertu des interdictions municipales et provinciales existantes[4].

L'écart séparant un Québec très majoritairement anti-prohibition et le reste du Canada qui y était majoritairement favorable peut s'expliquer entre autres par le fait que la tempérance était vécue différemment au sein du protestantisme et du catholicisme. Alors que les protestants estimaient que les hommes étaient littéralement à la merci du péché (notamment celui d'abus d'alcool) et ne pouvaient en être protégés que par la puissance publique, les catholiques croyaient plutôt en la capacité de l'Homme d'atteindre librement son Salut, ce qui implique qu'il peut de sa propre volonté se prémunir de la tentation de l'alcool. Par conséquent, l'implication de l'État est non seulement non nécessaire mais également indésirable. En outre, le mouvement de tempérance était parfois perçu par les Québécois comme un complot pour infiltrer secrètement des idées et des mœurs protestantes au sein de la communauté catholique[3].

C'est la province de l'Île-du-Prince-Édouard qui fut la première à voter une loi en 1900 prohibant l'alcool et la dernière fut le Québec, en 1919, et ce, pour à peine quelques semaines.

Les provinces abrogèrent ensuite ces lois au cours des années 1920. Le Québec fut la première province à retirer sa loi, n'imposant la prohibition que sur une courte période 1919-1920, tandis que l'Île-du-Prince-Édouard fut la dernière à abroger cette loi en 1948.

La prohibition aujourd'hui

En 2004, plus de 500 villes aux États-Unis exerçaient toujours un contrôle sévère ou une interdiction totale sur l'achat, la vente ou la production d'alcool. Malgré leur côté plus conventionnel, plusieurs de ces villes tiennent périodiquement des référendums sur la question de l'alcool dans les lieux publics (tels les restaurants). En effet, certaines villes (comme Williamsburg au Kentucky, par exemple) considèrent la vente d'alcool comme une importante source de revenus pour la ville dans le contexte actuel de crise économique. En outre, la population de ces villes reste toujours profondément divisée sur cette question morale.

Dans la culture populaire

La prohibition a inspiré un certain nombre d'œuvres de fiction, parmi lesquelles :

Notes et références

  1. Yves Bourdon et Jean Lamarre, Histoire des États-Unis : mythes ou réalités (Montréal: Beauchemin, 2006), 174
  2. (en) http://www.liquorlaws.net/prohibition.html
  3. a et b MaTV. «L'alcool». Au tour de l'Histoire. Émission diffusée les 7 et 10 mai 2013.
  4. Gerald Hallowell. Prohibition, L'Encyclopédie canadienne, 2012.

Annexes

Articles connexes

Liens externes