Le ciel lui tombe sur la tête
Le ciel lui tombe sur la tête | ||||||||
33e album de la série Astérix | ||||||||
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Logo de l'album. Logo de l'album. | ||||||||
Scénario | Albert Uderzo | |||||||
Dessin | Albert Uderzo | |||||||
Couleurs | Thierry Mébarki | |||||||
Encrage | Frédéric Mébarki | |||||||
Lettrage | Michel Janvier | |||||||
Personnages principaux | Astérix Obélix |
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Éditeur | Albert René | |||||||
Première publication | ||||||||
ISBN | 2-8649-7170-4 | |||||||
Nombre de pages | 48 | |||||||
Albums de la série | ||||||||
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Le ciel lui tombe sur la tête est le trente-troisième album de la bande dessinée Astérix, publié le , scénarisé et dessiné par Albert Uderzo.
Résumé
Astérix et Obélix découvrent que tous les villageois ainsi que les animaux de la forêt ont été figés, excepté le druide Panoramix et Idéfix. Ils comprennent rapidement que c'est parce qu'ils ont bu de la potion magique, qui les a protégés de cet étrange phénomène.
Sidérés, ils découvrent alors qu'une gigantesque boule dorée métallique survole le village gaulois. Un petit extraterrestre violet, nommé Toune, débarque de la boule dans le village, accompagné de son armée de superclones volants. Après avoir éloigné son vaisseau du village pour défiger les habitants, Toune explique qu'il vient demander de l'aide aux villageois afin d'obtenir de la potion magique, afin de combattre son ennemi extraterrestre, un Nagma.
Or ce dernier débarque également, à bord de sa fusée, dans un camp romain voisin mené par le centurion Avantipopulus, qui lui indique le village gaulois pour obtenir la potion magique. Le Nagma arrive donc au village, où son vaisseau brûle accidentellement la maison d'Assurancetourix.
Une bataille opposant les superclones de Toune et les robots du Nagma, les Goelderas, se déroule bientôt au-dessus du village, durant laquelle Toune prend finalement l'ascendant sur le Nagma, avec l'aide des Gaulois. Moult péripéties s'ensuivent : Toune et le Nagma se mettent d'accord pour avoir de la potion magique, mais celle-ci se révèle être inefficace sur leurs organismes ; le Nagma tente de kidnapper Panoramix, brûle accidentellement le bateau des pirates, avant de repartir dans son monde ; les Romains croyant le village détruit par le Nagma attaquent les Gaulois, qui les assomment ; Toune subit des effets secondaires de la potion magique en devenant momentanément géant.
Avant de repartir chez lui, Toune décide de lancer une manœuvre pour effacer les souvenirs des Gaulois et des Romains ayant été témoins des événements. Dépossédés ainsi de leurs souvenirs récents du passage des extraterrestres, les Gaulois organisent ensuite un banquet final sans raison apparente, durant lequel Assurancetourix teste l'accoustique de sa nouvelle hutte reconstruite.
Personnages principaux
- Les habitants du village gaulois, dont :
- Astérix, guerrier,
- Obélix, livreur de menhir,
- Idéfix, chien d'Obélix,
- Cétautomatix, forgeron,
- Ordralphabétix, poissonnier,
- Iélosubmarine, poissonnière, épouse d'Ordralphabétix,
- Bonemine, épouse d'Abraracourcix,
- Abraracourcix, chef du village,
- Panoramix, druide,
- Assurancetourix, barde,
- Agecanonix, vieillard,
- épouse d'Agecanonix ;
- Toune, extraterrestre violet tadsylwien venant de la Tadsylwine ;
- un superclone tadsylwien ;
- deux légionnaires romains ;
- Avantipopulus, centurion romain ;
- un extraterrestre nagma venant de Gmana ;
- des robots-soldats nagmas appelés Goelderas ;
- autres superclones tadsylwiens ;
- Les pirates, dont :
- Barbe-Rouge (non nommé), chef des pirates,
- Triple-Patte, pirate unijambiste disant des citations latines,
- Baba, vigie des pirates.
Analyse
Comics contre mangas, États-Unis contre Japon
L'album parodie la (supposée) lutte entre deux styles de bandes dessinées : les comics américains et les mangas japonais.
Tadsylwiens de la Tadsylwine
L'extraterrestre tadsylwien Toune est une parodie de Mickey Mouse, ayant sa stature et son visage, mais sans la truffe ; le mot « Toune » lui-même est un homophone de Toon. À un moment, le costume violet de Toune (qui a deux boutons jaunes comme la culotte de Mickey Mouse) devient noir (Astérix lui dit même que cette couleur lui va bien), en référence aux couleurs originales de Mickey.
Les « superclones » qui l'accompagnent sont des parodies de super-héros américains sortant tous du même moule (principalement Superman), et ont la tête d'Arnold Schwarzenegger[1] rappelant Terminator. Ils portent même un anneau à pierre verte brillante, analogie à Green Lantern. Toune ajoute qu'on peut les cloner en chauve-souris ou en araignée, allusion à Batman et Spiderman.
Toune et les superclones viennent d'une étoile appelée la « Tadsylwine », anagramme de « Walt Disney ». Toune dit « la Tadsylwine » et « en Tadsylwine », manière plutôt rare de désigner une planète et une étoile en science-fiction, et plus habituelle pour parler d'un pays ou d'une région.
Le nom du chef des Tadsylwiens, cité par Toune, est « Hubs », anagramme de « Bush », président des États-Unis. De plus, leur galaxie est constituée de cinquante étoiles, référence aux cinquante États des États-Unis d'Amérique.
Les Tadsylwiniens se nourrissent de « chiens-chauds », qui ont l'apparence de hot-dogs (« chien-chaud » est une traduction littérale qui s'utilise parfois au Canada). Ce jeu de mot a déjà été utilisé dans La Grande Traversée.
Lorsque le vaisseau des Tadsylwiniens ordonne au Nagma de partir après avoir cassé son vaisseau, le chef nagma dit : « Oui, mais elle beaucoup moins bien marcher maintenant ! » : c'est un hommage au film Le Corniaud (1965).
Toune veut confisquer la potion magique des Gaulois car elle représente un danger pour l'univers si elle reste aux mains d'un peuple « primitif ». Son entreprise est une analogie avec l'affaire des armes de destruction massive en Irak en 2003. Toune, bien qu'amical et gentil, se montre aussi arrogant et enclin à la force lorsqu'il est en colère.
Nagmas de Gmana
Les Nagmas représentent les Japonais. Leur nom est une anagramme de « manga », tout comme leur planète nommée « Gmana ».
On ne rencontre que le chef de l'invasion, dont on ignore le nom. Il est jaune aux yeux bridés, ce qui semble être une caricature d'Asiatique, mais il ressemble aussi beaucoup à Acidenitrix de l'album Le Grand Fossé. Il porte une armure dorée ressemblant à celle portée par Les Chevaliers du Zodiaque. Son masque a de gros yeux bigarrés qui rappellent les yeux des personnages de manga. Il attaque Obélix avec des prises d'arts martiaux, et il parle avec une syntaxe simplifiée (« Moi vouloir faire paix avec petits hommes de Terre ! »), allusion caricaturale à la manière de parler des Orientaux (Japonais, Chinois) ayant des difficultés à parler les langues européennes.
Son vaisseau-mère et ses robots-soldats volants ressemble au robot Goldorak dans le manga du même nom (ils ont notamment des cornes). Les robots volants s'appellent les « Goelderas » (jeu de mots entre « Goldorak » et « gueule de rat »). L'aspect du vaisseau-mère tranche radicalement avec celui de Toune, qui n'est qu'une simple boule volante dorée métallique.
Toune raconte aux Gaulois les raisons de leur belligérance : « Les Nagmas sont envieux et vindicatifs ! Ils nous copient, mais ils sont moins avancés que nous sur les connaissances scientifiques ! », ce qui est une référence à un vieux cliché selon lequel les Japonais copieraient les produits industriels des autres pays, par le biais d'espions se faisant passer pour des touristes.
Personnages
Obélix dit qu'il n'aurait pas de problème pour grimper sur la fusée nagma, en rappelant comment il avait grimpé sur le Sphinx de Gizeh dans Astérix et Cléopâtre. Il est cependant étrange qu'il parle ouvertement de cet incident qui a été très embarrassant pour lui à l'époque.
Le centurion Avantipopulus a les traits de Benito Mussolini. Son nom fait référence à Avanti popolo (« En avant le peuple »), paroles de la chanson Bandiera rossa, chant révolutionnaire italien.
Conception
Album à part dans la série des aventures d'Astérix, Le ciel lui tombe sur la tête ne reprend pas la plupart des codes habituels des histoires du petit Gaulois, allant jusqu'à mettre en scène des ovnis et des super-héros américains dans le contexte pourtant antique de la Gaule des années -50.
Albert Uderzo explique ses intentions sur l'album, contre l'impérialisme culturel : « L'idée m'en est venue par le fait de la déconsidération que je porte à certains pays dans le monde qui ferment leurs frontières à tout ce qui vient frapper à leur porte, et par contre qui nous inondent de leurs produits. Je veux parler principalement des USA et du Japon. L'un avec ses Superman et l'autre avec ses mangas. C'est ce que j'ai voulu traduire dans ce nouvel et dernier épisode d'Astérix en imaginant des personnages venus d'un monde interstellaire par des moyens de fusées qui débarquent inopinément en Gaule. C'était mon seul moyen de parler des Américains et des Japonais en jouant sur leur anagramme. ». Il reproche aux critiques de ne pas avoir compris le message[2]. Uderzo explique d'ailleurs qu'il voulait parodier les États-Unis en partie à cause de la direction que prend le pays avec son président George W. Bush[3].
La couverture de l'album est une représentation inversée de celui du premier album de la série, Astérix le Gaulois, le Romain étant remplacé par un éclair qui se transforme en boule de feu après avoir été frappé par le poing d'Astérix.
Uderzo a fait à la première page de l'album un hommage à son frère Bruno Uderzo (1920-2004), et a écrit à la dernière page que cet album est un hommage à Walt Disney.
Uderzo s'inspire, pour le titre de l'album, d'un récit antique du IIe siècle d'Arrien concernant l'expédition victorieuse d'Alexandre le Grand en Thrace. Recevant une délégation de Celtes venus lui proposer une alliance, Alexandre leur demande ce qu'ils craignent le plus de toutes les choses mortelles. Ils avouent que c'est le ciel (considéré dans leur mythologie comme une sorte de couvercle solide posé sur la terre) alors qu'Alexandre s'attend à ce qu'ils lui répondent son propre nom[4].[réf. nécessaire]
Tout comme Hergé dans Vol 714 pour Sydney, Uderzo met son album entre parenthèses dans l'histoire de la série Astérix, en faisant oublier à tous les personnages du village les actions qui viennent de se passer, tout en reprenant le thème des extraterrestres. Cela peut traduire une sorte d'œuvre à part dans la série.
L'album casse les codes de la série. En effet, son titre est une phrase verbale (tout comme Comment Obélix est tombé dans la marmite du druide quand il était petit, qui est par contre un hors-série), le récit commence sur une page de gauche au lieu d'une page de droite, et il introduit des éléments de science-fiction, ce dernier point semblant être la cause de son échec tant il sort de l'esprit et de l'univers de la série selon les lecteurs.
Chansons
- Si j'avais un marteau…, chanté par Assurancetourix, parodiant la chanson Si j'avais un marteau de Claude François.
- Crac ! Boum ! Huuue !, chanté par Assurancetourix, parodiant la chanson Les Play-Boys de Jacques Dutronc.
Citation latine
- Nihil conveniens decretis ejus (Rien qui soit conforme à sa doctrine) : phrase prononcée par le pirate Triple-Patte.
Tirage
Le , huit millions d'exemplaires de l'album sortent dans 27 pays (dont 3,2 millions en France[5]) et en 13 langues. Les albums sont tous numérotés à l'imprimerie.
Accueil
Le ciel lui tombe sur la tête est l'album d'Astérix qui reçoit le plus mauvais accueil de toute la série, de la part de la critique et du public. L'album reçoit un accueil extrêmement négatif dans la presse et parmi la quasi-totalité des lecteurs : « Le ciel lui est bien tombé sur la tête » et « C'est sur sa propre tête que le ciel est tombé » sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent dans les micro-trottoirs. La plupart des lecteurs le qualifient de « pire album d'Astérix ».
La Libre Belgique juge qu'Uderzo « s'égare »[6], tandis que la RTBF considère qu'il « dénature complètement l'univers d'Astérix et Obélix ».
En France, le , Daniel Schneidermann affirme dans Libération que « le dernier album d'Astérix, hélas, est mauvais » avant d'étudier les causes possibles du silence supposé de la presse écrite et télévisée française sur ce fait (de nombreux reportages comportent pourtant des micro-trottoirs très critiques, comme ceux cités plus haut).
L'album est critiqué par les amateurs de bandes dessinées japonaises pour le côté jugé gratuit, injustifié et peu subtil de son message anti-manga.
En février 2006, dans une chronique parue dans Suprême dimension[7], Didier Pasamonik se moque de ces critiques en écrivant que cet album « n'abolira pas la réussite incontestable de cette série ». Il estime que le fait que Toune supprime tout souvenir de l'aventure dans la mémoire des Gaulois « est un méta-commentaire de l'album » : les lecteurs peuvent effacer cet album à thèse.
Selon les Éditions Albert-René, 800 000 exemplaires de cet album se sont vendus dans les trois jours suivant sa sortie.
Toujours selon l'éditeur, début 2006, il s'était écoulé 2 400 000 albums sur les 3 millions mis en place dans les rayons en France. Il semblerait que le chiffre réel, après retour des invendus, soit bien inférieur et n'ait pas dépassé la moitié de la mise en place (1 300 000 albums vendus)[réf. nécessaire]. Le 33e album d'Astérix s'avère donc être un échec commercial, en regard des chiffres de vente que cette série a l'habitude de faire[8],[9].
Notes et références
- L'encyclopedix : Superclonne.
- « 60 ans d'Astérix : Albert Uderzo parle de ses albums publiés en solo », sur Sud-Ouest,
- « New Asterix book pokes fun at US », sur BBC News,
- Arrien, Anabase d'Alexandre, I, 4, 7
- Livres Hebdo (17 mai 2013) avance le chiffre de 2,7 millions exemplaires vendus en français.
- La Libre.be
- Didier Pasamonik, « Annus mangaphillis », chronique parue dans Suprême dimension n°1, Soleil Presse, Toulon, février 2006.
- « Top 50 des meilleures ventes BD en France pour 2005 - Mo're BD Info BD Interview BD Critique BD Actu BD Projet BD Illustration », sur Mo're BD Info BD Interview BD Critique BD Actu BD Projet BD Illustration (consulté le ).
- Voir aussi l'article 2005 en BD, section « Meilleures ventes »
Voir aussi
Liens externes
- Page de l’album sur le site officiel Astérix.com
- Analyse de l’album par Stéphane Rivière
- Astérix, la polémique, un article de Didier Pasamonik sur ActuaBD.com ()
- Albert Uderzo: "Je n'ai rien contre les mangas", une interview de Didier Pasamonik sur ActuaBD.com ()