Histoire philatélique et postale de la Moselle

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L'histoire postale et philatélique du Département de la Moselle est particulièrement riche en raison de son histoire tourmentée. Les périodes françaises et allemandes ont les caractéristiques générales de ces deux pays. Les périodes intermédiaires présentent également quelques originalités.

Les premiers bureaux de poste[modifier | modifier le code]

Le département de la Moselle a été créé par décret du avec 55 comme numéro d'identification.

Nous recensons ici les bureaux de postes qui ont émis des marques postales linéaires entre 1792 et 1832[1].

Bureau Date
ouverture
Exemples de marques Commentaires
Bitche 1783 55 BITCHE
Boulay 1781 55 BOULAY
Bouquenom 1775 55 BOUQUENOM — 67 BOUQUENOM A été rattaché au Bas-Rhin en 1793 et réuni à Sarre-Union en 1795
Briey 1790 55 BRIEY
Faulquemont 1792 55 FAULQUEMONT — DEB.FAULQUEMONT
Forbach 1792 55 FORBACH
Longuyon 1780 55 LONGUYON
Longwy 1686 55 LONGVVY — 55 LONGWY
Metz 1630 55 METZ
Morhange 1792 55 MORHANGE
Puttelange 1783 55 PUTELANGE — 55 PUTTELANGE
Sarrelouis 1676 55 SARLOUIS — 55 SARRE LIBRE — 55 SARRELOUIS Rattaché à la Sarre (Allemagne) en 1815
Sarreguemines 1781 55 SARGUEMINES — 55 SARREGUEMINES — DEB.DE SARGUE

Les oblitérations par losange petits chiffres[modifier | modifier le code]

Les oblitérations losanges petits chiffres à partir de 1852 permettent de mesurer la progression des bureaux.

Petit Chiffre Ville ou commune
174 Audun-le-Roman
401 Bitche
453 Boulay
495 Bouzonville
3741 Ars-sur-Moselle
4344 Aumetz

Les oblitérations par losange gros chiffres[modifier | modifier le code]

Les oblitérations par losange gros chiffres conservent la trace de l'annexion allemande et du nouveau découpage du département.

Les villes annexées ont vu leurs codes d'identification affectés à de nouveaux bureaux.

N° Bureau Ville Moselle Nouvelle affectation Nouveau Département N° Dep.
177 Ars-sur-Moselle Givonne Ardennes 7
227 Aumetz Thiézac Cantal 14
484 Bitche Le Bec-Hellouin Eure 26
546 Boulay Lanildut Finistère 28
590 Bouzonville Saint-Denis-de-Jouhet Indre 35
1468 Faulquemont Tour-Saint-Louis (La) à Port-Saint-Louis-du-Rhône Bouches-du-Rhône 12
Pierrepont (Pierrepont-en-Laonnois) Aisne 2
1549 Fontoy Lally Loiret 43
1550 Forbach Biesles Haute-Marne 50
1668 Lemberg Marçon Sarthe 71
1677 Gorze Gareoult Var 78
1724 Grostenquin (Gros-Tenquin) Piolenc Vaucluse 86
1771 Hayange Gardonne Dordogne 23
1779 Hellimer Champniers Charente 15
2175 Maizières-les-Metz Montblanc Hérault 33
2336 Metz Bona Nièvre 56
Vallouise Hautes-Alpes 4

D'autres communes ont changé de département. Elles ont conservé leur code bureau.

N° Bureau Ville
219 Audun-le-Roman
631 Briey

Période allemande (1870 - 1914)[modifier | modifier le code]

La guerre franco-allemande de 1870 déclenchée en juillet aboutit rapidement à la défaite de la France. Le , un service postal allemand fut mis en place dans les régions occupées. Pour cela, des timbres-poste spécifiques dits timbres d'Alsace-Lorraine furent utilisés. Lorsqu'en , le service postal en zone occupée est rendu aux autorités françaises, les timbres d'Alsace-Lorraine n'ont plus cours que dans les régions annexées à savoir l'Alsace et la Moselle. Ces timbres sont démonétisés à la fin de l'année 1871 et sont alors remplacés par les timbres de la première émission de l'empire allemand avec valeurs en groschen.

La Lorraine annexée est constituée d'une part de l'ancien département de la Moselle (55) amputée de l'arrondissement de Briey à l'ouest, et d'autre part des arrondissements de Château-Salins et de Sarrebourg de l'ancien département de la Meurthe (52).

En , une direction des postes allemande est établie à Metz pour la Lorraine allemande. Progressivement, les bureaux de poste allemands sont ouverts dans les différentes localités de la région et la toponymie se germanise de manière hétérogène. Certains bureaux, généralement les plus importants, prennent un nom allemand dès l'annexion : par exemple Bolchen pour Boulay, Diedenhofen pour Thionville, Hayingen pour Hayange, Saarburg pour Sarrebourg, Saargemünd pour Sarreguemines. Certains sont germanisés après quelques années seulement : par exemple Fentsch pour Fontoy, Amanweiler pour Amanvillers, Deutsch-Oth pour Audun le Tiche, Hagendingen pour Hagondange.

En 1875, à la suite de l'introduction d'une nouvelle unité monétaire, la valeur faciale des timbres est exprimée en Pfennig, subdivision du Mark. De 1875 à 1916, les tarifs courants restent inchangés : 5 Pfennige pour une lettre locale ou une carte postale à destination d'une ville de l'Empire, 10 Pfennige pour une lettre à destination d'une ville de l'Empire ou une carte postale pour la France, 20 Pfennige pour une lettre à destination de la France.

Pendant cette période d'annexion, la poste en Lorraine suit totalement les règles et pratiques allemandes. C'est ainsi par exemple qu'on ne trouve pas de timbres taxe sur les courriers de cette époque mais une inscription du montant à percevoir faite au crayon bleu. Par contre, on rencontre les lettres avec certificat de remise qui n'existent pas en France. Il s'agit d'un système qui a valeur juridique et qui oblige un destinataire à recevoir un courrier même contre sa volonté. Un certificat de remise est renvoyé à l'expéditeur (Zustellungsurkunde en allemand). Un système de franchise propre à l'Allemagne est introduit en Lorraine allemande : la franchise par abonnement. Certaines administrations ont la possibilité moyennant une redevance forfaitaire de bénéficier de la gratuité totale de l'acheminement. Les envois doivent porter le cachet officiel de l'administration concernée et la mention Frei durch Ablösung suivi du numéro 19, qui est celui qui est attribué à l'Alsace-Lorraine.

Comme dans le reste de l'Allemagne, les postes privées sont autorisées. Une poste privée est ouverte à Metz en novembre 1886 mais ne connaît pas un grand succès et s'arrête de fonctionner dès .

La Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

La germanisation jusque-là relativement tolérante devient plus systématique et les bureaux de poste ayant gardé leur nom français d'origine prennent en 1916-1917 un nom germanique, par exemple Duss pour Dieuze, Aich pour Ay, Bornen pour Borny, Kemnat pour Cheminot, Hudingen pour Hampont, Gaudach pour Jouy aux Arches.

Dès le début de la guerre, la censure est appliquée. La population ne peut envoyer que des cartes postales et le courrier commercial doit être présenté ouvert au bureau de poste. Le contrôle est renforcé à partir de 1917. Des centres de contrôle ont fonctionné à Metz, Sarrebourg, Sarreguemines et Thionville. Des cachets spécifiques pour chacun de ces centres sont utilisés.

Le courrier militaire circule en franchise, matérialisée par le cachet de l'unité. On rencontre de très nombreux cachets de franchise du fait de la forte présence militaire en Moselle et du grand nombre d'hôpitaux militaires (Lazarett en allemand)

L'entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Après l'armistice du , la poste continue de vendre les timbres-poste allemands pendant quelques semaines. Ceux-ci perdent leur valeur d'affranchissement le et sont alors remplacés par les timbres français. Les tarifs français sont applicables pour le courrier à destination de la France et de l'étranger hors Allemagne. Jusqu'au , les tarifs allemands, traduits en francs, restent en vigueur pour le courrier à l'intérieur de l'Alsace-Lorraine et le courrier à destination de l'Allemagne, celui-ci étant néanmoins fortement limité et contrôlé. Après cette date, il subsiste néanmoins des tarifs particuliers hérités des habitudes allemandes, comme celui des lettres avec certificat de remise, sans équivalent en France.

Après l'armistice, les bureaux de poste ont continué d'opérer dans un premier temps avec le matériel allemand existant. On trouve ainsi couramment sur les courriers, des cachets allemands ou des étiquettes de recommandation allemandes jusqu'en 1920, plus rarement au-delà. Des cachets français furent progressivement livrés dans les bureaux. Ils ont la particularité de ne pas porter l'indication du département jusqu'à ce que la loi du rétablisse l'ancienne dénomination Moselle.

Le service des colis postaux est une particularité de l'Alsace-Moselle. Alors que dans le reste de la France, ce service est principalement géré par les chemins de fer, il est opéré directement par la poste en Alsace et en Moselle. On trouve ainsi des bulletins de colis-postal utilisant des timbres-poste. Pendant longtemps reste utilisé le modèle allemand d'étiquette d'enregistrement blanche collée sur le bulletin et portant un numéro propre à la zone géographique de taxation.

Après l'armistice a également subsisté le système des agences postales. L'administration allemande avait créé ce système pour faire face à la croissance des besoins de communication tout en essayant de limiter les coûts. Certains bureaux de poste étaient gérés non par des postiers mais par des particuliers, engagés par simple contrat de droit privé et rétribués selon l'importance du trafic. Ces personnes ne pouvaient bénéficier d'une retraite de fonctionnaire et leur emploi était considéré comme un complément de leur activité d'origine. Après 1918, les agences postales sont maintenues. Elles sont reconnaissables par l'emploi d'un cachet hexagonal plein.

La Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

À l'issue de la campagne de France, les Allemands envahissent la Moselle en . L'armistice du marque le début de l'annexion allemande. L'administration des Postes passe rapidement sous contrôle allemand : le personnel français est progressivement remplacé par du personnel allemand et les timbres allemands à l'effigie du Maréchal Hindenburg surchargés Lothringen sont mis en service le . Les timbres français sont autorisés jusqu'au avec une parité de 20 francs pour 1 Reichsmark.

Les cachets postaux français restent utilisés pendant un moment, jusqu'en pour certains bureaux. Les cachets allemands définitifs sont mis en service à partir de . Cependant dans la plupart des localités, des cachets provisoires en caoutchouc sont d'abord utilisés en remplacement des cachets français : le nom du bureau, germanisé, y figure sur une ou deux lignes, le plus souvent encadré. La date y est rajoutée séparément, soit par un simple tampon dateur linéaire soit par un cachet français.

Les timbres Lothringen ne sont plus autorisés à partir du et sont alors remplacés par les timbres en circulation dans le reste du Reich, valides en Moselle depuis le .

Les Allemands sont chassés de Moselle au cours de l'offensive alliée de l'automne 1944. Les derniers documents postaux allemands connus datent de . La réouverture des bureaux français est progressive. Jusqu'en , seul le courrier administratif est autorisé. Le courrier commercial est alors autorisé et le le courrier privé est lui aussi accepté.

La période contemporaine[modifier | modifier le code]

Sujets mosellans sur timbres de France[modifier | modifier le code]

En 1955, l'électrification de la ligne Valenciennes - Thionville donne l'occasion de renouer avec les sujets mosellans sur les timbres de France.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean et Vincent Pothion Catalogue des marques postales linéaires France 1792-1832 - La poste aux lettres - Paris 1987