Frégate de défense et d'intervention

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Frégate de Défense et d'Intervention
Image illustrative de l'article Frégate de défense et d'intervention
Image de synthèse de l´Amiral Cabanier (D664), la cinquième frégate de la classe pour la Marine nationale
Caractéristiques techniques
Type Frégate
Longueur 122 m
Maître-bau 17,7 m
Déplacement 4 460 tonnes
Propulsion diesel et combinés
Puissance 32 MW
Vitesse 27 nœuds
Caractéristiques militaires
Armement
Aéronefs
Rayon d’action 5 000 nautiques à 15 nœuds
Autres caractéristiques
Électronique
  • radar à antenne active Sea Fire 500
  • Sonar de coque Kingklip Mark II
  • Sonar CAPTAS 4 Compact à antenne linéaire remorquée
  • Centrale inertielle IXblue MARINS
  • Système de distribution de données de navigation iXblue NetANS
Équipage 110 + 15 du détachement aérien
Histoire
Constructeurs Naval Group
A servi dans  Marine nationale
Commanditaire DGA
Date début commande 2018
Période de
construction
2019 -
Période de service 2024 - (prévision)
Navires construits 0
Navires prévus 8
Navires en activité 0

La frégate de défense et d’intervention[2]est un modèle de frégates de premier rang devant équiper, à partir de 2024, la marine nationale française et la marine de guerre hellénique.

Le programme, auparavant dénommé frégates de taille intermédiaire, a été lancé par la France afin de succéder au programme des frégates multi-missions. Il s'agit d'un navire plus léger, de 4 460 tonnes au lieu de 6 278 tonnes, mais doté d'un armement comparable. Les frégates sont construites à Lorient par la société Naval Group.

Historique[modifier | modifier le code]

La frégate de taille intermédiaire, puis de défense et d’intervention[modifier | modifier le code]

Le programme de la Frégate de Taille Intermédiaire (FTI) répond au besoin d'une flotte de quinze frégates de premier rang et doit permettre à la Marine nationale d'évoluer en zone de crise, comme le recommande le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013[3]. Ces frégates doivent compléter alors les huit navires FREMM de la classe Aquitaine et les deux frégates FDA Horizon.

Le projet est évoqué en [4] et son contour est alors flou[5].

En , le concept est figé. Selon l'amiral Bernard Rogel et la direction générale de l'Armement[6], la FTI serait dotée de capacités antiaériennes significatives avec un radar à antenne active et plans fixes, de moyens anti-sous-marins (hélicoptère et sonar remorqué) et aurait un déplacement de 4 000 à 4 500 tonnes. Le , le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian annonce le lancement de ce programme sur la base d'aéronautique navale de Lann-Bihoué. Il évoque alors 5 FTI devant succéder aux FREMM de classe Aquitaine, dont le nombre passe de 11 à 8[7],[8].

Les FTI, de taille contenue, correspondraient mieux aux demandes des marchés d'exportation selon la direction générale de l'Armement, et permettent par ailleurs de maintenir les capacités de développement et de production des chantiers navals français[9]. Au début de 2019, la dénomination FTI, considérée peu vendeuse, est abandonnée au bénéfice de Frégate de Défense et d'Intervention (FDI)[10]. Le concepteur, Naval Group, leur avait déjà donné dès la fin 2016 un nom plus commercial pour le marché export, la Belharra (en référence à la célèbre vague basque), ou plus exactement « Belh@rra » pour souligner leur caractère digital[11].

L'étude des frégates de taille intermédiaire débute en 2016 pour une entrée en service prévue en 2023[12]. La FDI étant un navire plus léger, sa capacité à remplacer les FREMM poste pour poste a cependant fait l'objet de controverses[13]. Le ministère des Armées précise d'ailleurs que ces bâtiments auront pour but de « compléter les unités de combat plus puissantes » et non de porter un armement identique[14].

Ces navires[15] supplémenteront puis remplaceront nombre pour nombre les frégates de la classe La Fayette, frégates de second rang considérées comme insuffisamment armées par la Marine nationale, notamment en matière de lutte anti-sous-marine (ASM). Une modernisation de trois unités de cette classe est en cours, dans l'attente de la livraison de la première FDI prévue en 2024.

Développement[modifier | modifier le code]

Le projet a bénéficié d'une autorisation d'engagement de 125 millions d'euros en 2015, et à la suite du comité ministériel d'investissement tenu le , le ministère de la Défense donne un accord pour son lancement[15].

L'étude est confiée à la société Naval Group[16]. Le démarrage du programme est avancé de deux ans par rapport au plan initial de la loi de programmation militaire 2014-2019, passant à 2018 avec une fin prévue en 2029[17].

La FDI proposée à l'exportation, une des principales raisons du lancement de ce programme, peut recevoir un équipement différent de la version française. Deux standards successifs présentent des différences dans l'équipement de brouillage et dans le nombre de missiles antiaériens Aster[18]. Pour des raisons budgétaires, les premiers exemplaires livrés disposeront de capacités amoindries en matière de guerre électronique au moins jusqu’en 2026[14]. Ce standard 1 (16 Aster, certains équipements manquants) est bien sûr potentiellement modernisable. Les versions ultérieures seront tout de suite au standard 2 (32 Aster, équipement complet)[19].

Construction[modifier | modifier le code]

La construction de la tête de série, l'Amiral Ronarc'h est lancée le à Lorient[20], sur le site de Naval Group. La commande française concerne 5 frégates qui doivent être livrées à la Marine entre 2024 et 2029, et dont les noms rendent hommage aux amiraux du XXe siècle de la Marine nationale : les amiraux Ronarc'h, Louzeau, Castex, Nomy et Cabanier.

Une FDI nécessiterait un million d'heures de travail[21]. Elles sont produites selon une nouvelle méthode, le takt time, mise en place depuis . La mature et la coque sont ainsi produites en même temps. De plus, les plans sont tous numériques grâce à une organisation gérée par tablettes affichant des plans en 3D. Cela permet de repérer en quelques minutes (alors qu'il fallait une heure auparavant) les défauts en filmant la pièce aux alentours. En cas de déformation ou d'absence d'un élément, la tablette émet une alerte. Elle affiche également aux ouvriers les outils et matériels nécessaires.

Pour le quatrième bateau du programme, la frégate française Amiral Louzeau, quelques blocs sont issus du chantier naval grec de Salamine. Ces blocs sont ensuite envoyés à Lorient pour l'assemblage[22].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Version française[modifier | modifier le code]

Flotte française prévue pour la fin des années 2030 : un Bâtiment ravitailleur de forces en Ravitaillement à la Mer (RAM) simultané avec le Porte-avions de nouvelle génération et une Frégate de défense et d'intervention.

La classe Amiral Ronarc'h est très reconnaissable grâce à son étrave inversée. Celle-ci présente l'avantage de mieux se comporter par forte mer tout en améliorant substantiellement sa furtivité[23]. Elle a une longueur de 122 mètres (119 entre perpendiculaires) pour un maître-bau de 17,7 mètres, un déplacement de 4 460 tonnes à pleine charge, une propulsion combinée "diesel et diesel" de 32 MW, une vitesse maximale de 27 nœuds, une autonomie de 5 000 nautiques à 15 nœuds et un équipage de 125 marins (dont 15 pour le détachement aviation), et des logements pour un total de 150 personnes.

La mature est imposante, d'une masse de 150 tonnes pour 45 m de hauteur. La base accueille le central opérations tandis que le premier étage contient le centre de données[Note 1]. Au-dessus se trouve le local contenant les équipements de guerre électronique.

Elle emporte dans la version initiale pour la Marine nationale le système de gestion de combat SETIS, un canon Otobreda 76 mm, deux canons téléopérés de 20 mm, un système de lancement vertical de 16 cellules Sylver A50 emportant des missiles surface-air Aster 30[24], huit missiles antinavires Exocet MM40, deux double-tubes lance-torpilles pour MU90[25].

Son capteur principal est le radar à antenne active Sea Fire 500 de Thales disposée sur le mât unique, elle peut assurer une veille aérienne jusqu'à 500 km et une veille surface jusqu’à 80 km[26].

En matière de lutte anti-sous-marine, elle dispose d'un sonar de coque Kingklip Mark 11[27], d'une nouvelle version compacte et modulable du sonar remorqué CAPTAS-4, qui équipe actuellement les FREMM. Ce sonar offre la même détection ultra-longue portée tout en ayant une surface réduite de 50 % et un poids allégé de 20 %[24],[28], d'une antenne linéaire remorquée et de deux lance-leurres ASM fournis par Thales.

Elle peut embarquer un hélicoptère NH90 NFH et un drone à voilure tournante. Sa drome d'embarcations peut être constituée par exemple d'une ECUME NG et d'une embarcation de drome opérationnelle de nouvelle génération.

Elle dispose aussi d'une soute à torpilles MU 90 et à missiles aéroportés antinavires légers développés par MBDA.

Version export[modifier | modifier le code]

Pour l'exportation, les frégates peuvent avoir des caractéristiques différentes selon le client. La modularité du système de combat SETIS[29] permet de prendre en charge un canon de 127 ou 76 mm, 16 ou 32 cellules Sylver A50 et autres systèmes d'armes. Elles peuvent maintenir une vitesse de 25 à 29 nœuds et embarquer un hélicoptère de la classe des 10 tonnes.

Utilisateurs[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

La Marine nationale armera la classe Amiral Ronarc'h entre 2024 et 2029. La série consiste en 5 frégates qui ont reçu le nom d'amiraux du XXe siècle, dévoilés au public le [20].

Nom Première découpe Mise sur cale Mise à l'eau Essais en mer Livraison Service actif Base navale
D660 Amiral Ronarc'h [30] [30] [31] 2024 2024 Brest
D661 Amiral Louzeau [32] 2026 Brest
D662 Amiral Castex 2027
D663 Amiral Nomy 2028
D664 Amiral Cabanier 2029

Grèce[modifier | modifier le code]

Le , Emmanuel Macron et le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis signent à Paris un protocole d'accord pour la livraison par Naval Group à la Grèce, dans le cadre du partenariat stratégique entre les deux pays, de trois FDI construites à Lorient, pour un montant global estimé à 3 milliards d'euros, incluant le maintien en condition opérationnelle (MCO) pendant trois ans. Une quatrième frégate est en option[33]. Le contrat a été signé le à Athènes, en présence de la ministre des Armées Florence Parly[34]. Afin de pouvoir livrer la première FDI grecque en 2025, sa construction a été lancée dès octobre 2021, sans attendre la signature définitive du contrat.

Les frégates FDI grecques sont très proches des frégates françaises, mais disposent d'un armement plus puissant. Elles partagent la tourelle de 76 mm, les deux canons téléopérés de 20 mm, les deux lanceurs de missiles antinavires Exocet MM40 Block 3C ou encore le radar Seafire 500. Mais celles commandées par Athènes seront dotées de 32 missiles surface-air Aster 30 B1 — au lieu de 16 —, de 2 triples lance-torpilles pour MU-90 — au lieu d’un double lance-torpilles —, d’un système anti-aérien à courte portée RAM ainsi que de brouilleurs et de leurres anti-missiles et anti-torpilles[14].

Nom Première découpe Mise sur cale Mise à l'eau Essais en mer Livraison Service actif Base navale
F601 Kimon [31] [35],[36] début 2025
F602 Nearchos [37],[36] fin 2025
F603 Formion [36] fin 2026

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'architecture informatique est basée sur un système redondant de deux centres de données

Références[modifier | modifier le code]

  1. https://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/euronaval-la-fti-un-systeme-d-arme-du-futur-a-la-pointe-de-la-technologie
  2. « Les frégates de défense et intervention (FDI) », sur defense.gouv.fr (consulté le ).
  3. Le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, 2013, p. 95
  4. Un nouveau projet de frégates pour la marine française, , www.meretmarine.com
  5. « DCNS : un "concept ship" préfigurant la future frégate de taille intermédiaire », sur LeMarin.fr, (consulté le ).
  6. Commission de la défense nationale et des forces armées, Mercredi , Séance de 11 heures, Compte rendu no 66, Présidence de Mme Patricia Adam, présidente — Audition de l’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la marine, sur le projet de loi actualisant la programmation militaire pour les années 2015 à 2019 et portant diverses dispositions concernant la défense (no 2779) ; Commission de la défense nationale et des forces armées, Jeudi , Séance de 11 heures, Compte rendu no 10, Présidence de Mme Patricia Adam, présidente — Audition de l’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine, sur le projet de loi de finances pour 2016 ; Les frégates de taille intermédiaire (FTI), Direction générale de l'armement,
  7. Alain Ruello, « Le Drian officialise un nouveau projet de frégate militaire », Les échos,‎ (lire en ligne)
  8. (en) « French Defense Minister: 8 FREMM For The Navy Followed by 5 New Generation FTI Frigates », sur navyrecognition.com, (consulté le ).
  9. Laurent Lagneau, M. Le Drian justifie l’acquisition de 5 frégates de taille intermédiaire aux dépens du programme FREMM,  ; Michel Cabirol, Frégates : le bingo de DCNS, www.latribune.fr
  10. Vincent Groizeleau, « Frégates : Les FTI deviennent des FDI », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
  11. (en) Vincent Groizeleau, « Frégates : Les FTI deviennent des FDI », sur Mer et Marine, (consulté le ).
  12. Les priorités du budget 2016 pour la Marine, , www.lemarin.fr
  13. « Les nouvelles frégates FDI de la Marine Nationale moins bien armées qu’espéré – Meta-Defense.fr » (consulté le ).
  14. a b et c « Les frégates "Belh@rra" de la Marine nationale seront moins bien équipées que celles vendues à la Grèce », sur Zone Militaire, (consulté le ).
  15. a et b Michel Cabirol, Et voguent les frégates de taille intermédiaire de la Royale..., , www.latribune.fr
  16. Laurent Lagneau, Les finances de DCNS vont mieux, malgré le non-remboursement de ses frais liés aux BPC russes, , www.opex360.com
  17. Projet de loi de finances pour 2016 : Défense : équipement des forces, B. LES PROGRAMMES VISANT À « OPÉRER EN MILIEU HOSTILE», b) La frégate de taille intermédiaire (FTI), www.senat.fr
  18. Le Marquis De Seignelay, « Le Fauteuil de Colbert: Marine nationale : nouveaux standards des FDI ? », sur Le Fauteuil de Colbert, (consulté le ).
  19. (en) Tayfun Ozberk, « Greek Parliament Releases the details of FDI Frigate deal », sur Naval News, (consulté le ).
  20. a et b Vincent Groizeleau, « FDI : La frégate Amiral Ronarc’h en chantier », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
  21. « Comment Naval Group s’est mis en ordre de bataille pour produire ses frégates deux fois plus vite », L'Usine Nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Xavier Vavasseur, « Naval Group Floats First New FDI Frigate For The French Navy », sur Naval News, (consulté le ).
  23. Vincent Groizeleau, « DCNS propose des navires à étrave inversée » (consulté le ).
  24. a et b Michel Cabirol, « Pourquoi la France lance la frégate Belh@rra », La Tribune,‎ (lire en ligne)
  25. « La Frégate de Taille Intermédiaire », sur lefauteuildecolbert.blogspot.fr, (consulté le ).
  26. Emmanuel Huberdeau, « Euronaval 2016 : Sea Fire le radar des FTI », sur Air et Cosmos, (consulté le ).
  27. (en) « Kingklip Hull Mounted Sonar »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur thalesgroup.com (consulté le ).
  28. « Thales dévoile le Captas 4 compact », sur meretmarine.com, (consulté le ).
  29. « DCNS dévoile BELH@RRA®, la frégate numérique de nouvelle génération », sur fr.dcnsgroup.com, (consulté le ).
  30. a et b Vincent Groizeleau, « Naval Group va mettre à l’eau la première FDI de la Marine nationale », Mer et Marine,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. a et b Rédaction, « Naval Group met sur cale la première FDI grecque », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
  32. Vincent Groizeleau, « Amiral Louzeau : la construction de la seconde FDI française a débuté à Lorient », sur mer et marine, .
  33. Vincent Groizeleau, « La Grèce retient l’offre française pour ses futures frégates », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
  34. Vincent Groizeleau, « FDI grecques : la commande des frégates entérinée à Athènes », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
  35. Rédaction, « FDI : Naval Group met à l’eau la première frégate grecque à Lorient », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)
  36. a b et c (en) Dimitris Mitsopoulos, « Greece’s First FDI HN Frigate Technically Launched By Naval Group », sur navalnews.com, (consulté le )
  37. Vincent Groizeleau, « FDI : la construction de la seconde frégate grecque débute à Lorient », Mer et Marine,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]