Amitié judéo-chrétienne de France

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Amitié judéo-chrétienne de France
AJCF
Juifs et chrétiens dans le monde d'aujourd'hui
Histoire
Fondation
26 février 1948
Origine
Cadre
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Objectif
Siège
Paris (60, rue de Rome, 75008)Voir et modifier les données sur Wikidata
Pays
Organisation
Fondateur
Président
Affiliation
Publication
Site web
Identifiants
RNA
SIREN

L'Amitié judéo-chrétienne de France (AJCF) est une fédération nationale d'associations locales d'amitié judéo-chrétienne. Elle a « pour tâche essentielle de faire en sorte qu'entre judaïsme et christianisme, la connaissance, la compréhension, le respect et l'amitié se substituent aux malentendus séculaires et aux traditions d'hostilité. Elle œuvre non seulement pour que soit éradiqué l'antijudaïsme ancestral, mais aussi pour que juifs et chrétiens aident, par une présence civique et spirituelle, la société moderne à s'orienter » (article 2).

L'association organise depuis plus de 70 ans des conférences, des voyages, et des rencontres entre ses membres. afin de créer des amitiés durables dans le respect des différences confessionnelles. La direction fédérale se charge des actions de portée nationale. Elle tisse des relations avec les autorités civiles et religieuses et porte un plaidoyer face au racisme et à l'antisémitisme.

L'AJCF publie une revue bimestrielle, Sens, dirigée par Yves Chevalier. Elle décerne un prix annuel pour honorer une personne particulièrement impliquée dans le dialogue entre les juifs et les chrétiens.

Histoire[modifier | modifier le code]

Conférence de l'AJCF le à Paris : « Juifs et chrétiens : une fraternité ». De gauche à droite : Mireille Hadas-Lebel, vice- présidente ; Jacqueline Cuche, présidente ; Florence Taubmann, présidente d'honneur.

Du au est réunie à Seelisberg, en Suisse, une « Conférence internationale extraordinaire pour combattre l’antisémitisme » par le Conseil international des chrétiens et des juifs (International Council of Christians and Jews). Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, elle appelle les différentes Églises chrétiennes à revoir leur façon de présenter le peuple juif dans leur enseignement et leurs conceptions théologiques. Les « Dix points de Seelisberg » déplorent les sources chrétiennes de l'antisémitisme et présentent les réformes nécessaires pour la réconciliation entre juifs et chrétiens[1],[2].

Le est fondée l'Amitié judéo-chrétienne de France[3]. La première équipe comprend un petit groupe de protestants, de catholiques, d'orthodoxes et de juifs : Henri Marrou, le pasteur Jacques Martin[4], Samy Lattès, Fadiey Lovsky, Henri Bédarida, Maurice Vanikoff, Léon Algazi, le Père Daniélou, Edmond Fleg, le Père Florowsky, Jules Isaac, le grand-rabbin Jacob Kaplan, Jacques Madaule, Maurice Vaussard, Léon Zander[5]. L'AJCF est affiliée à L'Amitié judéo-chrétienne internationale (ICCJ). La section parisienne publie un bulletin trimestriel imprimé, de format 21 × 27 cm, dont le rédacteur en chef est Jacques Martyin. Jules Isaac publie cette même année Jésus et Israël, chez Albin Michel. Il y propose un nouveau regard sur la judéité de Jésus.

En 1955 est relancé le bulletin. Trois numéros ronéotypés sont produits jusqu'en 1956. En 1957 sont imprimés 3 nouveaux numéros. En 1960, Jules Isaac rencontre le pape Jean XXIII, qui s'engage à ce que le concile Vatican II, qui commence le , aborde les relations entre catholiques et juifs. Le est ainsi adopté la déclaration Nostra Ætate. La déclaration affirme que l’Église catholique ne rejette rien de ce qui est « vrai et saint » dans les religions non chrétiennes et qu’elle respecte sincèrement les règles et les doctrines de ces religions qui « reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes » (§ 2). Le Concile récuse toute responsabilité du peuple juif dans la mort du Christ (mythe du peuple déicide) et condamne les persécutions antisémites. Elle recommande de faire disparaître tout antijudaïsme de la catéchèse et de la prédication (§ 4).

De à est régulièrement publié un nouveau bulletin imprimé, de format 12,5 × 21 cm. En 1975 le trimestriel est transformé en revue mensuelle (10 numéros par an), de format 15 × 21 cm, qui prend le nom de Sens. De 1975 à 1982, son rédacteur en chef est Paul Nothomb, puis lui succède Yves Chevalier. Elle passe de 24 ou 48 pages à plus de 800 pages par an en 2010. À partir de 2015, le rythme de parution passe à 6 numéros par an et le nombre de pages à 600 pages environ. La revue est consacrée aux manifestations organisées par l'AJCF et ses associations partenaires, et publie notamment les textes des conférences prononcées dans l'année. Elle propose des articles de fond sur des questions historiques, théologiques, exégétiques concernant le dialogue entre juifs et chrétiens. Une part est constituée de recensions de livres[6],[7],[8].

De 2008 à 2014, la pasteure réformée Florence Taubmann en assure la présidence. Elle cède ensuite sa place à Jacqueline Cuche. En , le professeur Jean-Dominique Durand devient le 9e président de l'AJCF[9].

Statuts[modifier | modifier le code]

Les statuts sont modifiés lors de l'assemblée générale de Paris, le [10].

Extrait des principes :

  • Article 2
    • § 1 - Cette fédération a pour tâche essentielle de faire en sorte qu'entre judaïsme et christianisme, la connaissance, la compréhension, le respect et l'amitié se substituent aux malentendus séculaires et aux traditions d'hostilité. Elle œuvre non seulement pour que soit éradiqué l'antijudaïsme ancestral, mais aussi pour que juifs et chrétiens aident, par une présence civique et spirituelle, la société moderne à s'orienter.
    • § 2 - Elle veut, en particulier, par un dialogue fraternel et par une coopération active et amicale, travailler à réparer les iniquités dont les juifs et le judaïsme sont victimes depuis des siècles et à en éviter le retour. Elle combat l'antisémitisme, le racisme et toute haine des autres cultures et religions.
    • § 3 - Elle exclut de son activité toute tendance au syncrétisme et toute espèce de prosélytisme. Elle ne vise aucunement à une fusion des religions et des Églises. Elle ne réclame de personne aucune abdication ou renoncement à ses croyances ; elle n'exige ni n'exclut aucune appartenance religieuse ou idéologique. Mais elle attend de chacun, dans la conscience de ce qui distingue et de ce qui unit Juifs et chrétiens, et dans un total respect réciproque, une entière bonne volonté, une totale loyauté d'esprit dans la recherche, l'étude des textes et traditions respectifs, en même temps qu'un rigoureux effort de vérité.

Prix[modifier | modifier le code]

Depuis 1988, chaque année, le prix de l'AJCF est remis à une personnalité juive ou chrétienne œuvrant pour le dialogue judéo-chrétien.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « 5 août 1947 - Les Dix Points de Seelisberg », Service International de Documentation Judéo-chrétienne, Rome,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  2. La-Croix.com, « Les 10 points de Seelisberg, un texte de référence dans le dialogue judéo-chrétien », sur La Croix, (consulté le ).
  3. Florence Taubmann, « Une petite histoire de l’Amitié judéo-chrétienne », Évangile et Liberté,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Michel Leplay, « C'était dans l’air », sur ajcf.fr.
  5. L'Amitié judéo-chrétienne, no 1, , p. 1.
  6. Jules Isaac, « Document pour l'histoire de l'Amitié judéo-chrétienne de France », Sens,‎ , p. 367 (lire en ligne Accès libre)
  7. Bruno Charmet, « Nouvelles contributions à l’histoire de l’A.J.-C.F., Correspondance entre Emmanuel Levinas et Jules Isaac, Lettres d’André Chouraqui à Jules Isaac et à Témoignage Chrétien », Sens,‎ (lire en ligne Accès libre)
  8. S. Verstave, « Contribution à l'histoire de l'AJCF - la section de Lille (1948-1970) », Sens,‎ , p. 147 (lire en ligne Accès libre)
  9. « Jean-Dominique Durand est le nouveau Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France », sur Crif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, (consulté le )
  10. « Statuts de l’AJCF », Site de l'AJCF,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Entretien avec Colette Kessler, Réforme,
  12. « Cérémonie de remise du prix AJCF 2020 au rabbin Philippe Haddad », site de l'AJCF.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Rota, « Définir la mission de l’AJCF. Origine des crises de 1948 et 1955 », Sens, .
  • Bruno Charmet et Olivier Rota, « Le bulletin trimestriel de l’Amitié judéo-chrétienne de France. Premières orientations 1948-1974 », paru dans Sens, juillet-, p. 403-431.

Liens externes[modifier | modifier le code]