Al-Hachr

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59e sourate du Coran
L’Exode
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلْحَشْرِ, Al-Hashr
Titre français L’Exode
Ordre traditionnel 59e sourate
Ordre chronologique 101e sourate
Période de proclamation Période médinoise
Nombre de versets (ayat) 24
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Al-Hashr (arabe : سُورَةُ ٱلْحَشْرِ, français : L’Exode) est le nom traditionnellement donné à la 59e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 24 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période médinoise.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate L’Exode[2], en référénce à la période où cette sourate a été révélée : l'expulsion des Banu Nadir, riches juifs de Médine, par Mahomet et ses proches.

Historique[modifier | modifier le code]

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[3],[4], cette sourate occupe la 101e place. Elle aurait été proclamée pendant la période médinoise, c'est-à-dire schématiquement durant la seconde partie de la vie de Mahomet, après avoir quitté La Mecque[5]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a été revue par Nöldeke[7],[8], pour qui cette sourate est la 102e.

Nöldeke[Note 1] et Schwally ont considéré que cette sourate a pu être composée en une fois. Bell, quant à lui, voit une composition en deux étapes pour les versets 11-17. Un texte ancien serait formé des versets 11-12 et 16-17. Un texte plus récent serait formé des v. 13-15[9].

Interprétations[modifier | modifier le code]

Versets 2-10 : expulsion et exode[modifier | modifier le code]

Bell et Blachère, à la suite des traditions musulmanes, considèrent que ce passage évoque l’expulsion d’une tribu juive de Médine. Il n’y a pas d’unanimité sur l’identité de cette tribu, le v.5 traitant de Banu Nadir pouvant être une interpolation. En l’absence de nom propre, « ces interprétations tardives restent fortement sujettes à caution »[9].

Le v.2, qui est à l'origine du titre de cette sourate, est plus long que les autres versets. Cela a poussé Bell à y voir une interpolation en son sein. Le terme al-hashr est peu clair. S'il a été traduit par les exégètes musulmans comme signifiant « pour la première expulsion/émigration», il doit certainement être compris, comme aillleurs dans le Coran, dans son sens eschatologique de « Rassemblement »[9].

La traduction de Blachère « en prélude à leur rassemblement [pour le Jugement dernier] » est donc certainement plus exacte. Cela pose la question de l’interprétation de ce passage, entre épisode historique et texte eschatologique évoquant le Jugement dernier. Les versets suivants seraient alors un ajout plus tardif[9].


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • P. Neuenkirchen, "Sourate 59", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1691 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références[modifier | modifier le code]

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  4. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  5. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  9. a b c et d P. Neuenkirchen, "Sourate 59", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1691 et suiv.