Hip-hop français

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Le rap français est un courant musical ayant émergé en France au milieu des années 1980 et qui s'est popularisé dans la décennie suivante avec l'éclosion de groupes de rap comme IAM, Suprême NTM, ou et de rappeurs comme MC Solaar. Tout en restant continuellement inspiré par les rappeurs d'outre-Atlantique, le rap français élabore progressivement sa propre personnalité, oscillant entre revendications sociopolitiques, messages positifs ou festifs et tentation commerciale. Il est généralement admis que le rap fait partie du mouvement culturel plus général dit hip-hop.

Histoire

Émergence dans les médias

L'apparition du rap en France remonte à la diffusion de Rapper's Delight, premier titre rap de renommée mondiale sorti en septembre 1979 par le groupe américain Sugarhill Gang. Cependant, si aux États-Unis le rap était avant tout une pratique urbaine qui s'est ensuite diffusée dans les médias, le cheminement a été inverse en France : selon l'universitaire Sébastien Barrio, le rap « s’est d’abord infiltré dans les médias pour ensuite se répandre dans les banlieues et les quartiers défavorisés, bref dans la rue[1]. » La diffusion médiatique du rap en France s'appuie d'abord sur Radio Nova, radio pirate créée en 1980 et spécialisé sur les musiques nouvelles et expérimentales[2]. Radio Nova consacre ainsi une émission entière sur le rap (Deenastyle) animée par celui qui sera reconnu plus tard comme le parrain du rap français, Dee Nasty[1].

En 1982, les émissions consacrées au rap se multiplient, et en 1984 la chaîne TF1 diffuse à son tour une émission nommée H.I.P. H.O.P. sur cette nouvelle culture musicale[3]. L'émission, animée par l'animateur Sidney, est cependant arrêtée l'année suivante et le rap est alors considéré comme un phénomène de mode sur le déclin[4]. Le courant rap est toutefois relancé dès 1987 avec la percée d'artistes comme Assassin, N.T.M. ou encore MC Solaar qui réalisent leurs premières improvisations musicales et verbales en direct (dites freestyles) dans l'émission de Dee Nasty[5].

Médiatisation et âge d'or

IAM, figure du rap français.

Le début des années 1990 est riche pour le rap français avec la sortie d'une dizaine d'albums francophones dont les artistes se réclament explicitement du rap. L'artiste le plus connu est alors MC Solaar, « qui par son style frais et nouveau, basé sur la poésie, contribua à crédibiliser et à populariser le rap en France, aussi bien au niveau du public que des médias[5]. » Son album Qui sème le vent récolte le tempo commercialisé en 1990 est un succès vendu à plus de 400 000 exemplaires. D'autres artistes connaîtront également un véritable succès (NTM, IAM, Assassin) ou accèderont à une notoriété plus relative (EJM, Sens Unik, Ministère AMER, Little MC, Timide et Sans Complexe, Saliha, Destroy Man, Lionel D, Bouducon Production)[6]. La médiatisation du rap se poursuit également avec l'émission « Rapline » créée en 1990 et présentée par Olivier Cachin, qui aborde l'actualité rap américaine et française ; l'émission participera à l'émergence de nombreux artistes et restera à l'antenne durant trois ans et demi[5]. La compilation Rapattitude du DJ Dee Nasty permettra de lancer des artistes parmi les plus importants de la décennie tel que NTM, IAM ou Assassin. Dans le sillage de ces artistes, des Beatmakers majeurs vont également émerger comme Jimmy Jay ou Cut Killer.

La profusion d'artistes et d'albums (l'universitaire Karim Hammou recense ainsi pas moins de 450 albums de rap interprétés en français et distribués sur le territoire français de 1990 à 2004[7]) témoigne non seulement de la diversité du rap français, mais aussi d'une appréciation diverse des artistes sur leurs créations respectives. L'universitaire Laurent Béru relate ainsi qu'une scission se crée entre les différents artistes dès leurs premiers succès discographiques des années 1990 entre ceux qui diffusent un discours positif d'espérance, et ceux qui rejettent le « consensus conformiste » et propagent des appels à la révolte (ne serait-ce qu'intellectuelle)[8], ces derniers pouvant généralement être rattachés au courant dit « hardcore[9]. » Cette distinction persiste encore de nos jours[10]. Le milieu de la décennie 1990-2000 est marqué par l'émergence de groupes issus de structures de production indépendantes. Certains obtiendront un succès certain, parmi les plus notables, on peut citer la Cliqua ou plus tard Lunatic. C'est dans cette optique d’indépendance que la scène dite de Rap Conscient se développe et des artiste émergent comme le Rumeur suivant la voie ouverte par Assassin. Un collectif en particulier, le Time Bomb avec Oxmo Puccino, Lunatic, Pit Baccardi, les X-Men, la Yusiness diables rouges, révolutionnera le rap français à tout jamais. À cette époque, les mélodies sont souvent samplées et les rappeurs les exploitent par le biais de rimes souvent en « é » simplement placées en seize mesures. Time Bomb marque cette décennie en alliant dans la forme une écriture technique jouant les assonances et les allitérations; et dans le fond au moyen de fictions. Ce style d'écriture s'est ensuite largement répandu dans le hip-hop français.

Une certaine rivalité entre Paris et Marseille née de l'opposition souvent faite entre NTM et IAM crée une émulation dans la communauté hip-hop au cours de cette période[réf. nécessaire]. Ajoutant à cela des succès commerciaux comme MC Solaar ainsi que l’avènement d'une scène indépendante marquée par le projet Time Bomb, amène l'industrie du disque à s’intéresser de plus en plus à la scène du rap français alors que celle-ci était restée relativement frileuse jusqu'alors[réf. nécessaire]. Certains collectifs signés en major comme Secteur A connaissent un succès retentissant. Un certain nombre de magazines spécialisés apparaissent alors et l'on[Qui ?] voit fleurir, dans la veine de Time Bomb, des projets collectifs sous forme de compilations comme L 432 ou encore les projets première classe. La fin des années 1990 voit émerger beaucoup de brillants groupes ou collectifs franciliens tels que la Scred Connexion, Ärsenik, La Caution, le secteur A, la Mafia K'1fry, la Mafia Trece, ATK ou, à Marseille, avec la Fonky Family. La scène rap hexagonale se développe également au-delà de Paris et de Marseille, notamment avec le groupe KDD à Toulouse ou encore le groupe N.A.P à Strasbourg. Le rap français de la période 1990-2000 est dominé esthétiquement par l'influence de l'école new yorkaise, et le style East Coast caractérisé par des samples de jazz ou de soul sur des rythmes réguliers de 90 BPM aussi appelé Boom Bap, le tout agrémenté de scratchs[réf. nécessaire]. Certains groupes y ajoutent des influences africaines ou asiatiques comme IAM notamment. Cependant, d'autres artistes comme le groupe Minister Amer préféreront puiser leur influences dans le style West Coast marqué par des flows et des instrumentaux plus nonchalants utilisant notamment le synthétiseur ou des boucles de guitares basses.

Nouvelle vague et crise

Orelsan.

L’avènement d'un important marché pour le rap en France durant la fin de la décennie 1990-2000 amène l'apparition de nouveaux artistes qui marqueront le début de la décennie suivante. On peut citer notamment 113, Mafia K'1 Fry, Rohff, Kamelancien, Rim'K, Soprano, Youssoupha, Kery james, Booba, La Fouine, Psy 4 de la Rime, Sniper, Disiz, Nessbeal, Sefyu, Sinik, Orelsan, Sexion d'Assaut ou Mister You. L’esthétique du rap français des années 2000 évolue, les scratchs sont progressivement abandonnés et on préfère au Boom Bap des breaksbeats aux rythmiques plus rapides et saccadés, et dans des instrumentaux davantage inspirés par la musique électronique. Après 2005, sous l'impulsion d'artistes phares comme Booba, Rohff ou La Fouine, le style Dirty South va commencer à s'imposer avec son imagerie Gangsta. Parallèlement, durant toute la décennie se développe une scène dite de « rap de rue » caractérisé par des instrumentaux minimalistes et dont les textes reflètent le quotidien du ghetto, la violence et l'économie souterraine. Des artistes comme LIM, Alibi Montana ou encore le Ghetto Faboulous Gang participent à cette tendance.

Cette décennie est perçue par certains amateurs de rap comme un période de décadence où la part-belle est faite à l'individualisme et au matérialisme via l'Egotrip systématique au détriment d'un message à caractère social voire politique qui avait fortement imprégné le rap de la décennie 1990-2000. Il a notamment reproché aux médias spécialisés mais aussi généralistes d'avoir donné une image caricaturale du rap en préférant promouvoir les artistes les plus sulfureux. On reproche également au gangsta rap inspiré par la vague Dirty South et, dans une moindre mesure, au rap de rue de glorifier la violence et l’économie parallèle, ce qui contribue à ghettoïser le rap français en l'excluant des médias généralistes. Cette période de crispation, aggravée par la crise du disque, est marqué par une certaine rivalité interne entre artistes et un cloisonnement des styles de rap et de leurs publics respectifs. Les morceaux de « clash » se développent, notamment entre Booba et Sinik, et le rap commercial est de plus en plus conspué par les artistes indépendants. Une rivalité se met également en place entre « rap de rue », ou rap « racailleux », et le gangsta rap inspiré par la vague Dirty South et par sons et imageries basés sur les gangs afro-américains, le premier reprochant au second son inauthenticité et sa soumission aux américains, et ce dernier lui rétorquant que l'influence américaine est logique dans une musique née aux États-Unis et reprochant au « rap de rue » sa piètre qualité et une certaine ringardise.

La période 2000-2010 est en effet marquée par une prise de distance avec le rap américain chez un certain nombre d'artistes tant pour l'image qu'il véhicule que par rapport à la politique étrangère menée par les États-Unis alors présidée par George W. Bush, particulièrement impopulaire dans les banlieues française. Les références à l'Islam se font également des plus en plus présentes chez certains rappeurs comme Médine ou Ali.

Amorce d'un renouveau

Vers la fin des années 2000 et au début des années 2010, le rap français continue à évoluer et à se diversifier, se dirigeant tant vers le rap Hardcore/rap de banlieue que vers le rap conscient, sans oublier le rap comique . Dans le premier, on trouve des artistes comme Rohff, Booba, La Fouine, Sefyu, Mac Tyer. Dans l'autre, on peut citer des artistes comme Soprano, Kery James, Disiz, Médine, Bakar, Keny Arkana ou Youssoupha, qui préfèrent aborder des thèmes politiques, d'amour, ou plus universels comme la misère, les difficultés rencontrées dans la vie, puis dans le dernier on retrouve des rappeurs comme Kamini ou Digidix. L’avènement de nouveaux médias sur Internet et le développement croissant des réseaux sociaux permettent à des nouveaux artistes de se faire connaitre comme le groupe 1995. De nouvelles initiatives les plus diverses essayant de renouer avec le fondamentaux du Hip-Hop se mettent en place via ces nouveaux médias : des ligues de « Battles » a cappella comme Rap Contenders inspirée de ligue Word Up! au Québec, des freestyles à thèmes comme Piège de Freestyle ou encore d'exercice de style avec thème imposé comme les Partiels de Punchline. Toutes ces initiatives tendent à mettre en avant la dimension technique du rap tant dans l'écriture que dans le flow.

De nouveaux rappeurs aux styles divers ont émergé comme Orelsan ou Sexion d'Assaut, Dosseh, Canardo, Sultan, Mister You, Lacrim, Niro, Kaaris, Sadek, Leck. Certains artistes, dans le sillage de Mac Miller au États-Unis, renouent avec un style de rap inspiré du Boom Bap de années 1990-2000, c'est notamment le cas des membres de collectifs L'Entourage ou du groupe 1995, cette influence est aussi présente chez des artistes divers comme Guizmo ou encore A2H. Les nouveaux beatmakers sont mis en avant comme DJ Lo' (Hologram Lo'), Mario ou encore En'Zoo.

Styles

Même s'il est fréquent que les artistes évoluent d'un « genre » à l'autre (en général dans le sens d'un apaisement du propos), voire mélangent les styles au sein d'un même album, y dévoilant une certaine richesse et hétérogénéité, dès le début des années 1990 on peut distinguer quelques « constantes » dans le rap français. Toutefois on ne saurait réduire un artiste à ces constantes qui ne sont que des lignes directrices. De nombreux rappeurs ont fait fi de ces schémas et ont tenté d'explorer leur propre chemin[réf. nécessaire].

Rap politique

Aussi appelé rap conscient, il est une chronique de la vie sociale porteuse d'un message d'opinion, cet aspect du mouvement tend à dénoncer des injustices tout en responsabilisant son public. Se considérant comme des porte-voix des groupes socio-culturels dont ils sont issus, ils s'adressent à tous. Ces artistes abordent des thèmes pouvant être très vastes (oppression, écologie, injustice, racisme, immigration, extrême droite, problèmes d'identité) se rapprochant par là de la devise aux sources du hip-hop : Peace, Love, Unity and Having Fun. Les rappeurs de ce style sont NTM, Assassin dont Rockin' Squat, Kabal, Alien K., Médine, Empathik, V-laskes.

Il ne faut pas sous-estimer l'importance de certains rappeurs dans l'évolution de la société française au sujet de certains sujets sensibles. Pendant les émeutes de banlieue en 2005, Axiom écrit (après Boris Vian et Renaud) "Ma lettre au Président" dont l’accompagnement est samplé sur La Marseillaise. Il s’en prend alors à Sarkozy et la classe dirigeante en général et reprend un thème : l’appel à une 6e République. Il reçoit une réponse du président de l'époque Jacques Chirac. Il est alors considéré comme un porte-parole des quartiers populaires, considération qu'il refuse.

Les rappeurs comme Despo Rutti ou Mac Tyer abordent aussi des tabous, comme le passé esclavagiste et/ou colonisateur de la France. Les rappeurs « conscients » se voient avant tout comme des journalistes des banlieues, estimant que les médias donnent un aperçu très partiel de leurs quartiers. (Cf Média - Kool Shen)

Le rap conscient essaie de rétablir une vérité loin des clichés sur les banlieues, essayant ainsi de redonner des repères universels aux jeunes en général et aux jeunes des quartiers sensibles en particulier.

L'émergence d'artistes comme Keny Arkana ou Médine ou encore Kery James a redoré le blason d'un style dont la finalité s'est quelque peu perdue à l'avantage d'un style egotrip et moins porteur d'espoir.

Rap hardcore

Contenu

Plus cru au niveau des textes qui évoquent le vécu des artistes ou le rejet des valeurs établies, le rap hardcore est assez peu présent dans les grandes maisons de disques et se développe plutôt dans des studios indépendants permettant d'éviter le formatage du circuit des maisons de disques. Très critique et revendicatif, il rejette le système social et économique avec parfois des propos violents et explicites. Particulièrement agressif vis-à-vis de la police et de certaines institutions, le rap hardcore a connu une évolution.

La plupart critiquent le système, la police ou la justice, et revendiquent le fait que la société est nuisible, voir hostile, ce qui peut expliquer la promotion difficile de leurs albums. En effet, les labels acceptant de les « signer » sont pour la plupart indépendants et ont des moyens moins importants que les majors.

Histoire

Ces origines viennent du rap East Coast à la fin des années 1980 à Philadelphie. Les premiers artistes furent Schoolly D ainsi que des rappeurs originaires de New York tels que Public Enemy ou Boogie Down Production. Ce sont les premiers[réf. nécessaire] à parler de la pauvreté, de l’abus d’alcool, de la drogue, des violences de rue, des guerres de gangs et des crimes dans leurs textes en leur attribuant un message politique et revendicatif. Au début des années 1990, ce genre de rap gagna en célébrité avec l’arrivée de rappeurs tels que Ice Cube, Ice-T, Cypress Hill. Le rap hardcore devient ainsi synonyme du rap West Coast. Néanmoins des groupes originaires de New York tels que Wu-Tang Clan, Mobb Deep, Onyx, Nas ou encore M.O.P. réinventent une nouvelle fois le rap hardcore. Ce rap se caractérise par des battements minimalistes[réf. nécessaire], des samples de jazz ou de soul.

Durant les années 1990 et au début des années 2000, le rap hardcore connu une variante plus commerciale avec des artistes tels DMX, Tupac, Notorious B.I.G ainsi que Big Punisher.

France

En France, le rap hardcore prend de l'ampleur avec le groupe Suprême NTM (JoeyStarr et Kool Shen) dans la fin des années 1980.

Alors qu'il ne se ressentait que dans le fond et dans le flow au départ avec des artistes comme Ministère A.M.E.R., Tout simplement noir ou NTM , il a connu une évolution avec l'arrivée de groupes comme La Cliqua, Lunatic, Ärsenik, 113, Ideal J, Mafia k'1 fryetc.

Rap poétique ou rap jazz

Le sample est à l'honneur au début des années 1990 et les groupes de rap n'hésitent pas à emprunter des échantillons musicaux de Soul Music, de Funk, de Jazz pour agrémenter leur propre musique.

Le texte prend une importance et les rappeurs hexagonaux veulent rivaliser avec la créativité de groupes américains tels GangStarr, De La Soul, A Tribe Called Quest. MC Solaar semble le précurseur de ce genre de rap et connaît un succès dans les années 1990.

Une compilation nommée Les Cool Sessions révèle entre autres Ménélik, MC Janik, SLEO , Démocrates D, Les Sages Poètes de la Rue, Lucien... À l'instar de Common ou de Mos Def aux États-Unis, en France le flambeau du rap poétique est repris par Rocé, et Oxmo Puccino. La décennie du rap poétique (1990 - 2000) est considérée par beaucoup comme l'âge d'or du Rap français car elle a représenté l'alliance de la sonorité et du rythme ambient[réf. nécessaire]. Des groupes comme IAM ou NTM ont également écrit de nombreux morceaux qui pourraient rentrer dans cette catégorie[réf. nécessaire].

Rap egotrip

Le terme egotrip provient du magazine hip-hop Ego trip, créé en 1994. Surnommé the arrogant voice of musical truth, soit « l'arrogante voix de la vérité musicale », le titre du magazine a donné par la suite naissance au type de rap du même nom[réf. nécessaire]. Dans ce type de textes, le rappeur cherche à s'autoproclamer de la manière la plus flamboyante possible comme l'unique prodige du rap, son leader incontestable. Il crée le côté clash du rap français (le fait de s'affronter à coup de paroles percutantes derrière un micro). Les adeptes de ce style sont nombreux car il permet d'écrire des rimes libres sans se soucier d'avoir un thème à structurer en discours. L'egotrip est construit sur l'accumulation de punchlines (phrases-choc), dont le but est de marquer l'esprit et d'emporter l'adhésion de l'auditeur.

Les rappeurs connus dans ce style sont Rohff, Booba, 113, Arsenik, Seth Gueko, L'Skadrille, Dany Dan, Ol' Kainry,La Fouine,Sexion d'Assaut.[réf. souhaitée] On notera que la majorité des rappeurs a plus ou moins eu recours à l'egotrip au cours de sa carrière[réf. souhaitée], pour s'affirmer au sein d'une discipline où la compétition "virile" reste une donnée de base.

Rap gangsta

Souvent surnommé rap bling bling (« Bling-bling » étant un idéophone du bruit qui est produit par les longues chaînes en or qu'ont ces rappeurs), quant à lui, désigne un type de rap faisant, de manière plus ou moins volontaire et explicite, l'apologie de valeurs telles que l'individualisme, la consommation ostentatoire, l'argent et du machisme. Sa sonorité renvoie au gangsta rap (en français, rap de gangster) de la côte ouest des États-Unis et au rap dirty south. Généralement, ses protagonistes se défendent en disant que les valeurs qu'ils prônent sont celles que les jeunes des quartiers populaires n'ont pas d'autre choix d'adopter, étant donné les conditions de vie qui leur sont faites. En 2006 en France le rappeur Booba peut être considéré comme l'archétype d'un tel rap.

À ne pas confondre : les variantes du rap, tel que le Dirty ou le Crunk ne contenant pas forcément des paroles bling-bling.

Rap indépendant

Le rap indépendant est un style de rap méconnu du très grand public : celui-ci a toujours existé, mais l'arbre du rap commercial cache la forêt d'artistes indépendants. Les artistes indépendants se réclament comme des rappeurs-autoproducteurs : tout est financé de A à Z par l'artiste lui-même et la commercialisation se fait généralement sur les marchés et/ou à la sauvette, notamment au nord de Paris, à la porte de Clignancourt. Le rap indépendant est symbolisé par des dizaines, et même des centaines de rappeurs divers et variés, qui revendiquent leur auto-production, leur indépendance vis-à-vis des structures du disque et des radios. Ce rap peut être très souvent revendicateur mais pas seulement ; il peut être également aux antipodes du rap commercial.

Rap commercial

Comme la quasi totalité des courants musicaux en vogue, la musique pop et la variété se sont appropriées certaines de ses caractéristiques rythmiques et thématiques. De nombreux artistes originaires d'univers musicaux et de styles variés, interprètent donc une musique qui conserve certains aspects du rap, pour enrichir leur musique et créer quelque chose de nouveau. À l'inverse, certains artistes de rap ont eux aussi puisé chez leurs collègues de la variété pour renouveler le style et aussi pour s'adapter à un public plus large avec des sonorités « moins agressives » car ancrées dans une histoire musicale commune. Ceci permet de rencontrer plus aisément un succès de grande ampleur, à ce titre, Doc Gynéco et Sexion d'assaut en sont l'exemple type, il a rencontré un énorme succès avec son album Première consultation et revendiquait ce statut de chanteur de variété notamment dans sa chanson Classez moi dans la variet' .

Cependant, presque aucun artiste ne se réclame de cette tendance, le vocable « rap commercial » correspondant principalement à une volonté de la part des artistes indépendants et de leur public de dénoncer ce qu'ils considèrent être un dévoiement de l'esprit initial du rap pour répondre à des objectifs mercantiles. Ils stigmatisent en particulier une démarche marketing fondée sur l'usage d'un vocabulaire caricatural, de thèmes « cliché » sur la banlieue, d'une musique plus abordable présentant souvent un aspect mélodique plus marqué et d'une durée optimisée pour les passages radio (se rapprochant autant que possible de 3m30s). Le milieu rap souffre donc de schizophrénie, vendre plus d'albums au risque de devenir commercial ou restreindre son public en performant dans les MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture).

Rap alternatif

À la fin des années 1990, parallèlement à l'apparition du format « rap et R'n'B » de la radio Skyrock, plusieurs rappeurs font preuve d'originalité, avec de nouvelles sonorités, mélangeant les styles de musique, inventant de nouveaux concepts et de nouvelles façons de rapper. Les précurseurs sont La Yusiness, Les X Men (Time Bomb), Oxmo Puccino, Triptik, Lone et Busta Flex ainsi que Zoxea (Sages Poètes de la Rue). Matt Moerdock, Hocus Pocus ou encore Sly the Mic Buddah, Explicit Samouraï et Sir Samuel forment au même moment le collectif Saïan Supa Crew, dont certains refuseront de coller l'étiquette de rap, malgré les performances des MC qu'ils resteront jusqu'à aujourd'hui, à cause de leur ouverture sur tous les styles de musique : soul, funk, bossa, zouk, reggae, ragga, jazz, rock. Les rappeurs de La Caution mélangent quant à eux leur flow particulier à de la musique à tendance plutôt électronique, tout en gardant un véritable esprit rap [réf. nécessaire].

Ainsi on peut présenter le rap alternatif comme un rap ouvert sur le reste de la musique, touchant ainsi un large public d'une manière différente des groupes radiophoniques, préférant l'esprit underground de la scène musicale française. Aujourd'hui[Quand ?], le rap alternatif est représenté aussi bien par des MC aux textes obscurs : L'Atelier, travaillé comme MC Patarovic, une nouvelle tendance étant le retour à l'utilisation d'instruments pendant les concerts. Les groupes représentant ce mouvement impliquent Eko Lsa, TTC, La Caution, L'Armée des 12, Klub des Loosers, L'Atelier, Svinkels, MAP, James Delleck, Grems Aka Supermicro, Le Jouage, DSL, Charly Greane, ATK, Gravité Zéro, Rocé, Octobre rouge, Cyanure, Donkishot, FRER 200, Scred Connexion, 1995, Les Gourmets, Joke,La Fouine.

En 2014, le documentaire Un jour peut-être, une autre histoire du rap français[11] réalisé par Romain Quirot, Antoine Jaunin et François Recordier, revient sur ce mouvement.

Présence féminine

Les premières femmes à avoir eu du succès en France sont sans doute B-Side (Odéon) au milieu des années 1980 et Melaaz, cinq ans plus tard. Mais elles sont aux limites du rap et de la chanson et ne jouissent pas d'une reconnaissance totale dans le mouvement hip-hop à la différence de Saliha qui apparait sur la première compilation de rap français Rap'attitude. Dans le milieu des années 1990, des rappeuses comme B-love (sur Rap'attitude 2), Laydee Laistee, Sté Strausz et Princess Aniès apparurent.

Une étape importante est certainement la réussite commerciale de Diam's, artiste qui semble avoir su s'adapter aux contraintes commerciales pour toucher un large public avec un album vendu à plus de 800 000 exemplaires. Liste non exhaustive de femmes ayant connu la notoriété dans le rap : Casey, Lady Laistee, Diam's, Sté Strausz, Princess Aniès, Keny Arkana, Black Barby, Messia Louva, Amy. Sur le plan thématique, elles ne se différencient généralement pas des groupes masculins (ou mixtes) cependant leur émergence permet l'apparition de nouveaux sujets tels que le viol, l'homosexualité, la place des femmes dans les banlieues ou la violence conjugale.

Certifications

De nombreux albums issus du rap français ont été certifiés disque d'or ou plus (double or, platine, double platine, triple platine et diamant)[12].

Année Artistes
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013

Bibliographie indicative

Ouvrages et articles

  • Christophe Rubin, « Le rap est-il soluble dans la chanson française ? », Volume !, vol. 3:2,‎ , p. 29-42 (lire en ligne)
  • Sébastien Barrio, Sociologie du rap français, état des lieux (2000/2006) : Thèse dirigée par M. Rémy Ponton, Université Paris 8, Ecole doctorale de sciences humaines, (lire en ligne)
  • Marie Nathalie LeBlanc, Alexandrine Boudreault-Fournier et Gabriella Djerrahian, « Les jeunes et la marginalisation à Montréal : la culture hip-hop francophone et les enjeux de l’intégration », Diversité urbaine, vol. 7, no 1,‎ , p. 9-29 (ISSN 1913-0694 et 1913-0708, lire en ligne)
  • Thomas Blondeau et Fred Hanak, Combat Rap : 20 Ans de hip-hop en France, t. 2, Le Castor Astral, coll. « Castor Music », , 248 p. (ISBN 2859207600 et 978-2859207601)
  • Jacques Denis, « Rap domestiqué, rap révolté », Le Monde Diplomatique,‎ , p. 31 (lire en ligne)
  • Karim Hammou, « Des raps en français au "rap français" : Une analyse structurale de l’émergence d’un monde social professionnel », Histoire & Mesure, vol. XXIX-1,‎ , p. 73-108 (ISBN 9782713222139, lire en ligne)
  • Isabelle Marc Martínez, « Voix signifiantes : le cas du rap français », Thélème: Revista Complutense de Estudios Franceses, vol. 25,‎ , p. 183-195 (ISSN 11399368[à vérifier : ISSN invalide], lire en ligne)
  • Lorenzo Devilla, « "C’est pas ma France à moi..." : identités plurielles dans le rap français », Synergies Italie, vol. 7,‎ , p. 75-84 (ISSN 1724-0700, lire en ligne)

Documentaires

  • Rimes et châtiments, réalisé par Leila Sy et Arnaud Fraisse (2011)[69].
    Retrace l'histoire des pionniers et des professionnels du rap en France. Ce film fut diffusé en 2011 sur les chaines Direct Star puis France Ô.

Notes et références

  1. a et b Barrio 2007, p. 28
  2. « Nova Planet » (consulté le ).
  3. « Livre Hip Hop – New School » (consulté le ).
  4. Barrio 2007, p. 29
  5. a b et c Barrio 2007, p. 30
  6. Hammou 2009, p. 4
  7. Hammou 2009, p. 5
  8. Béru 2009
  9. Devilla 2009, p. 78
  10. Denis 2008
  11. « Article des Inrockuptibles »
  12. « Site du SNEP, organisme officiel chargé de remettre les certifications Disque d'Or et plus »
  13. a et b Valnet, Julien. M.A.R.S. , Histoires et légendes du hip hop marsellais (Wild Project, 2013)
  14. (fr) « Certifications Albums Or - année 1997 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
  15. (fr) « Certifications Albums Or - année 1997 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
  16. (fr) « Certifications Albums Platine - année 1997 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
  17. a et b (fr) « Certifications Albums Or - année 1998 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
  18. a et b (fr) « Certifications Albums Or - année 1998 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
  19. (fr) « Certifications Albums Or - année 1998 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
  20. (fr) « Certifications Albums Argent - année 1999 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
  21. a et b (fr) « Certifications Albums Or - année 2000 », sur disqueenfrance.com, Syndicat national de l'édition phonographique, (consulté le )
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