Antonin Betbèze

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Antonin Betbèze
Naissance
Juillan (Hautes-Pyrénées)
Décès (à 82 ans)
Nice (Alpes-Maritimes)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau français République française
Drapeau de la France Forces françaises libres
Arme Infanterie
Armée de l'air
Grade Colonel
Années de service 19311965
Commandement Base aérienne 720 de Caen-Carpiquet
Base aérienne d'Alger
Base aérienne 139 de Lahr (Allemagne)
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Algérie
Distinctions Commandeur de la Légion d'Honneur
Compagnon de la Libération
Croix de guerre 1939-1945
Croix de la Valeur militaire

Antonin Betbèze (Juillan, - Nice, )[1] est un militaire français, Compagnon de la Libération. Déjà engagé avant le début de la Seconde Guerre mondiale, il participe à la bataille de France au cours de laquelle il est fait prisonnier par les Allemands. Après avoir échoué à six reprises, il parvient à s'évader le 11 et à rallier la France libre avec laquelle il reprend le combat, participant notamment à la Libération de Paris. Après la guerre, passé dans l'armée de l'air, il commande plusieurs bases aériennes avant de prendre sa retraite.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et engagement[modifier | modifier le code]

Antonin Betbèze naît le au sein d'une famille de cultivateurs de Juillan dans les Hautes-Pyrénées[2]. Après avoir obtenu son baccalauréat, il se destine à la marine marchande mais son service militaire effectué du 1er octobre 1931 à 1933 au sein du 124e Régiment d’Infanterie de Brive-la-Gaillarde le convainc de choisir la carrière des armes[3]. Il s'engage donc en avril 1934 dans les rangs du 6e régiment de Tirailleurs Sénégalais[4]. Servant au Maroc pendant trois ans, il est promu caporal puis sergent et finit par être admis à l’École Militaire d’Infanterie et des Chars de Combat de Saint-Maixent-l'École en 1938[3] pour devenir officier.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Sorti de l'école d'officier avec le grade de sous-lieutenant, il retourne dans son régiment et est affecté le à la tête d'une section du 6e Régiment d'Infanterie Coloniale[2] (anciennement "Tirailleurs Sénégalais"). À peine arrivé, dès le 3 septembre, Antonin Betbèze est engagé dans les premiers combats de la Seconde Guerre mondiale lors de l'offensive de la Sarre en forêt de Warndt[4]. Il est ensuite impliqué dans la Campagne de France en et se distingue en participant avec une très grande bravoure à plusieurs contre-attaques dirigées vers les troupes allemandes[3]. Le , dans l'Aisne, il se retrouve encerclé avec les hommes de sa section mais poursuit le combat jusqu'au corps à corps[2].

Capturé par la Wehrmacht le 13 juin 1940 dans le secteur de Vouzier Sainte-Mehenould, il est transféré en Pologne avec d’autres officiers et incarcéré à l'Oflag II-D[3], au fond de la Poméranie. Le 11 décembre, il tente une première évasion mais un moment de doute l’y fait renoncer[5]. Il reprend la vie monotone dans le camp de prisonniers. Le 6 août 1941, il tente une nouvelle évasion. Elle réussit mais il est repris le lendemain, alors qu’il tente de monter dans un train. Il est reconduit au camp. Avec d’autres officiers, il est transféré à l’Oflag II-B[5] en Poméranie orientale[5]. Déjà plusieurs officiers cherchent une solution au problème posé par l’impérieuse nécessité de chercher à s’évader. Leur attention est attirée par le système de chauffage central. Il passe par des canalisations souterraines qui alimentent des baraquements situés à l’extérieur du camp. Après des semaines de travail, le travail de préparation est achevé et l’évasion est prévue le 10 août 1942[3]. Il décide de faire équipe avec le lieutenant Morvan, un breton. Le petit groupe de neuf officiers s’engage dans le souterrain. Certains se perdent dans le dédale des canalisations et c’est la mort dans l’âme que Morvan et Betbèze sortent du souterrain et gagnent la liberté. L’allemand parlé couramment par Betbèze facilite le déplacement de la petite équipe qui arrive à Augsbourg le 15 août. Les deux officiers ont formé le projet de gagner les Alpes tyroliennes. Mais ils sont repérés sur la route du Fernpass et sont enfermés au Stalag de Landeck où ils cachent leur statut d’officier[5]. Bien décidés à s’évader une nouvelle fois, ils y parviennent et se préparent à affronter la montagne sur quatre-vingt kilomètres avec un col de 2 900 mètres à franchir. Le 21 août, ils sont surpris par les gardes-frontières et de nouveau enfermés au camp de Landeck[5]. Le 31 août, une nouvelle tentative d'évasion se conclut par une nouvelle arrestation à la gendarmerie de Keppel. Dans la nuit, seul Antonin Betbèze arrive à s’échapper[5]. Il gagne enfin la Suisse d’où il rejoint la France et le domicile familial de Juillan dans les Hautes-Pyrénées. Après s'être reposé chez ses parents, il souhaite rejoindre l’armée française qui se bat en Tunisie[5]. Il décide de passer en Espagne et entre en contact avec la résistance en Ariège. Une première tentative de franchissement des Pyrénées échoue en raison du mauvais temps. Puis lors de la seconde tentative, il est arrêté à Foix par la Gestapo le à la suite d'une dénonciation, trahi par le passeur[4]. Dans la nuit du 12 mars, au cours de son transfert vers le camp de Royallieu d'où il est prévu qu'il soit ensuite transféré en Allemagne, Antonin Betbèze trompe l’attention des Feldgendarmes et parvient à nouveau à fausser compagnie à ses geôliers en gare de Toulouse. Après s'être caché pendant un mois dans la ville, il gagne l'Espagne le 21 avril 1943 où il est cette fois arrêté par les troupes franquistes[3] et emprisonné à Barbastro quelques mois (il réussit à s’évader deux fois et est repris le jour même) puis Madrid. Finalement, le consulat français de Barcelone réussira à le libérer. Le , il est embarqué à Malaga sur un paquebot des Messagerie Maritimes et débarque à Casablanca. Passé clandestinement en Algérie, il rallie enfin les Forces françaises libres[4]. Après toutes ces péripéties, sa date de ralliement effective aux FFL sera rectifiée au 21 avril 1943, moment où il a passé la frontière franco-espagnole. Il est alors envoyé à Londres où il arrive le 5 janvier 1944 et est affecté au BCRA d'Alger. Il prend le nom d’Alexis Doumingot mais n'effectuera aucune mission.

Volontaire pour intégrer les parachutistes, il est affecté au 4th SAS - 2e régiment de chasseurs parachutistes[3]. Il est gravement blessé le lors d'un exercice de saut où, son parachute s'étant mis en torche, il se fracture la colonne vertébrale et doit être immobilisé[2]. Toujours désireux de poursuivre la lutte, il quitte prématurément l'hôpital et gagne la France en planeur où il rejoint le 2e RCP qui se bat depuis 2 mois dans le Morbihan, en Bretagne[2]. Il s'illustre à la tête d'un groupe de neuf hommes équipés de 3 jeeps en s'emparant d'un poste de DCA allemand à Saint-Symphorien en Nostang (ils sont durement repoussés par un fort dispositif de défense : une jeep est abandonnée et 2 parachutistes sont grièvement blessés), puis en menant des patrouilles offensives à Ploërmel et Erdeven[4].

À la fin du mois d', il est affecté au groupe du colonel Rémy et participe à la libération de Paris en occupant l'hôtel Majestic, siège du commandement militaire allemand en France[3]. Le 26 août, lorsque le général de Gaulle descend triomphalement les Champs-Élysées, il assure la protection du cortège avec ses 3 jeeps et fait feu sur des Allemands embusqués sur les toits, et ce jusque devant la cathédrale Notre-Damede Gaulle s'est rendu pour chanter le Te Deum[6].

Le mois suivant, détaché auprès de l'US Army, il commande des patrouilles de reconnaissance en Bourgogne, entre Autun et Chalon-sur-Saône[2]. Nommé commandant-adjoint du 2e RCP - 4e SAS, il combat ensuite lors de la bataille des Ardennes (Opération Franklin) en hiver 1944-1945[2]. Blessé à la suite de l’explosion d’une mine au passage de sa jeep le 24 janvier 1945, il doit être évacué.

Le , dans le cadre de l'opération AMHERST, Antonin Betbèze est parachuté avec son unité sur les Pays-Bas, à Groningen[3]. Apprenant l'existence d'un poste de commandement allemand implanté dans la ville proche de Westerbork, il décide de l'attaquer en plein jour avec sa section de vingt hommes[5]. Il le détruit et élimine le général Böttger, commandant de la Feldgendarmerie des Pays-Bas et responsable de la protection anti-parachutistes en Hollande ainsi que son état-major[3]. Il parvient ensuite à se replier et à rejoindre ses lignes.

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Une fois la guerre terminée, le capitaine Betbèze est soigné pendant de longs mois des blessures subies à l'entraînement et à la guerre[2].

Il est finalement réintégré sous les drapeaux en 1953, entrant dans l'armée de l'air[2]. Promu commandant, il prend la tête de la base-école de Caen où sont formés les élèves-officiers de réserve et les fusiliers de l'air[3]. En 1960, après avoir été promu lieutenant-colonel, il devient le commandant de la base aérienne d'Alger puis est affecté à l'état-major des forces aériennes d'Algérie en 1962[4]. Après un passage à l'état-major de la 4e région aérienne à Aix-en-Provence, il est muté à la tête de la base aérienne de Lahr où il prend sa retraite en 1965 avec le grade de colonel[3].

Antonin Betbèze meurt le à Nice. Il est inhumé dans son village natal de Juillan[2].

Décorations[modifier | modifier le code]

 
Commandeur de la Légion d'Honneur Compagnon de la Libération Croix de Guerre 1939-1945
Croix de la Valeur militaire Médaille des blessés de guerre Médaille de la Résistance française
Médaille des évadés Croix du combattant volontaire Croix du combattant volontaire de la Résistance
Médaille de l'Aéronautique Croix du combattant Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre
Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre
Avec agrafe "Algérie"
Distinguished Service Order
(Royaume-Uni)
Medal of Freedom
(États-Unis)
Croix du Souvenir de guerre
(Pays-Bas)
Médaille du Mérite militaire (en)
(Portugal)

Publications[modifier | modifier le code]

  • Antonin Betbèze, Qui ose gagne, Éditions du CEP, .

Hommages[modifier | modifier le code]

  • À Juillan, sa ville natale, une place a été baptisée en son honneur[7].
  • La promotion OSC 2019 de l'Ecole de l'air et de l'espace porte son nom[8]. Ainsi le colonel Antonin Betbèze est donné comme parrain et modèle aux officiers sous contrat de l'armée de l'air formés en 2019.

Références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. a b c d e f g h i et j « Biographie - Ordre National de la Libération »
  3. a b c d e f g h i j k et l Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, (ISBN 978-2-35639-033-2)
  4. a b c d e et f Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 978-2-262-01606-7)
  5. a b c d e f g et h Philippe Lacarrière, Les volontaires de l’Aube, Éditions du Félin,
  6. Mémorial des Parachutistes FFL et SAS, « PARIS », sur Mémorial des Parachutistes FFL et SAS, (consulté le )
  7. « Place Antonin Betbeze à Juillan », sur Google Maps (consulté le )
  8. Community Manager, « Cérémonie de baptême des promotions OSC 2019, Rang 2020 et OSC 2020 * L'École de l'air et de l'espace L'École de l'air et de l'espace », sur L'École de l'air et de l'espace, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2).
  • Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, , 1230 p. (ISBN 2-356-39033-2).
  • Philippe Lacarrière, Les volontaires de l’Aube, Éditions du Félin, 1999
  • LE LIEN, journal de l'Amicale des anciens des OFLAG, édité depuis de 1946 à aujourd'hui : article dans les numéros 77 et 237.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]