Les Tontons flingueurs

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Les Tontons flingueurs
Description de cette image, également commentée ci-après
Les principaux mots d'argot du film
Réalisation Georges Lautner
Scénario Albert Simonin
Georges Lautner (non crédité)
Acteurs principaux
Sociétés de production Gaumont
Corona Filmproduktion
Ultra Film
Sicilia Cinematografica
Pays de production Drapeau de la France France
Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest
Drapeau de l'Italie Italie
Genre comédie
Durée 105 minutes
Sortie 1963

Série Max le Menteur

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Tontons flingueurs est une comédie franco-germano-italienne réalisée par Georges Lautner en 1963, sur un scénario d'Albert Simonin et des dialogues de Michel Audiard, avec comme acteurs principaux Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre et Francis Blanche.

Ce film est une adaptation du roman Grisbi or not grisbi d'Albert Simonin, troisième volet d'une trilogie consacrée au truand Max le Menteur démarrée avec Touchez pas au grisbi, suivi par Le cave se rebiffe, tous deux également adaptés à l'écran. Toutefois, les trois adaptations cinématographiques sont indépendantes, et ne présentent pas ce caractère de trilogie comme dans les romans.

Au fil des décennies ayant suivi sa sortie en salles, Les Tontons flingueurs est devenu un film culte, notamment à travers ses dialogues et ses répliques qui sont entrés en France dans la culture populaire. Il s'agit de la réalisation la plus célèbre de Georges Lautner, la plupart des acteurs participant au film étant restés à vie des « Tontons flingueurs ».

Synopsis

Dans ce film, le personnage récurrent de la trilogie d'Albert Simonin[N 1], Max le Menteur, devient Fernand Naudin, un ex-truand reconverti dans le négoce de matériel agricole et de terrassement à Montauban. Le film s'ouvre sur son départ en pleine nuit pour Paris et donne tout de suite le ton : pastiche des films noirs américains, l'humour sculpte l'ensemble des dialogues. La petite vie tranquille de Fernand va basculer lorsque son ami d'enfance, Louis, dit le Mexicain, un gangster notoire de retour à Paris, malade, l'appelle à son chevet.

Celui-ci, mourant, confie à Fernand avant de s'éteindre la gestion de ses « affaires » ainsi que l'éducation de sa jeune fille Patricia, au mécontentement de ses troupes et sous la neutralité bienveillante de Maître Folace[N 2], son notaire, qui ne s'émeut pas trop de la querelle de succession à venir, pas plus que Jean, l'ancien cambrioleur reconverti en majordome du Mexicain.

Fernand Naudin doit affronter les frères Volfoni — Raoul et Paul — qui ont des visées sur les affaires du Mexicain, parmi lesquelles un tripot clandestin, une distillerie tout aussi clandestine et une maison close… D'autres « vilains » vont se révéler être très intéressés par la succession, dont Théo et son ami Tomate. Pour se défendre contre ce petit monde, Fernand pourra compter sur Pascal, fidèle « première gachette » du Mexicain.

Fiche technique

Distribution

Répliques cultes

Mots d'argot utilisés dans le film. La plupart d'entre eux sont maintenant dans le langage courant.

Les répliques et les tirades de ce film sont pour beaucoup dans son immense succès populaire[4].

Parmi les réparties qui sont restées dans la mémoire collective, il y a par exemple celle de Raoul Volfoni, au moment où, en plein conflit sur les affaires du Mexicain, Fernand Naudin est venu lui chanter « bon anniversaire » avant de le frapper au visage : « Non mais t'as déjà vu ça ? En pleine paix ! Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… J'vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va l'retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle[N 6]. Moi, quand on m'en fait trop, j'correctionne plus : j'dynamite, j'disperse, j'ventile ! » Ou dans la même situation à un autre moment : « Mais i' connaît pas Raoul ce mec ! I' va avoir un réveil pénible … J'ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter qu'le sang coule … Mais maintenant c'est fini … je vais le travailler en férocité … le faire marcher à coups de latte … À ma pogne je veux le voir … Et je vous promets qu'il demandera pardon !… Et au garde-à-vous ! »[4]

Paul Volfoni dans les Tontons flingueurs

« Écoute : on te connaît pas. Mais laisse-nous te dire que tu te prépares des nuits blanches, des migraines, des nervousses brékdones comme on dit de nos jours. »

En pleine nuit, Raoul se rend au garage du domicile de Fernand et tente de piéger sa voiture avec des bâtons de dynamite. Il envoie son frère Paul vérifier que Fernand est bien assoupi, l'entend revenir, le nez plongé dans le capot de la voiture, et s'exclame : « Alors, il dort le gros con ? Ben il dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban… Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère… au terminus des prétentieux… ». Mais il ne voit pas que c'est à Fernand qu'il s'adresse, ce qui lui vaut une sévère correction.

Fernand, nostalgique de sa vie rangée, remarque à un moment : « On ne devrait jamais quitter Montauban ».

Fernand se rend à la péniche où se trouve un tripot clandestin dirigé par les Volfoni. Il est accompagné de Pascal et de Me Folace. Le marinier qui fait la garde explique qu'il a besoin « d'un ordre de Monsieur Raoul » pour les laisser passer. Fernand lui donne un bourre-pif qui l'envoie par-dessus bord. « C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ! » remarque Maître Folace[4].

À partir du roman d'Albert Simonin, et avec son aide en tant que coscénariste, Lautner cisèle une situation comique, Audiard la met en paroles : ainsi, après une mise au point musclée entre truands, Fernand Naudin qui doit veiller à l'éducation de sa filleule est quasiment remis à sa place par Antoine de la Foy, un jeune homme filiforme, le petit ami de Patricia. Tout se joue sur les mots, à propos de broutilles que le jeune homme retourne à son avantage : Fernand : « Tout ça, lumière tamisée, musique douce, et vos godasses sur les fauteuils, Louis XVI en plus ! » Antoine : « La confusion doit d'abord s'expliquer, mais les termes sont inadéquats. » Fernand : « Ah parce que c'est peut-être pas du Louis XVI ? » Antoine : « Euh, non ! C'est du Louis XV. Remarquez, vous n'êtes pas tombé loin, mais les sonates de Corelli ne sont pas de la musique douce. » Avec sa conclusion, la scène pourrait résumer le film : « Patricia, mon petit... je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier – l'homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois – mais la vérité m'oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser menu ! »

Lors d'une réunion sur l'état des affaires du Mexicain, la tenancière de la maison close, Madame Mado, se lamente : « Alors là, Monsieur Fernand, c’est un désastre ! Une bonne pensionnaire ça devient plus rare qu'une femme de ménage. Ces dames s'exportent. Le mirage africain nous fait un tort terrible. Et si ça continue, elles iront à Tombouctou à la nage ! »[5].

Fernand prend le dessus dans l'épreuve de force et parvient à collecter l'argent des affaires clandestines, revenant à la maison du Mexicain avec une grosse sacoche remplie de billets de banque, alors que Patricia et son ami Antoine y donnent une fête. Réfugié dans la cuisine, il dialogue avec maître Folace sur la possibilité qu'auraient les Volfoni de venir les attaquer ici : « Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. » Une jeune participante à la fête un peu éméchée entre dans la cuisine et met la main sur la sacoche remplie de billets. Maître Folace s'exclame : « Touche pas au grisbi, salope ! » Finalement, les Volfoni arrivent au château menaçants : « Bougez pas ! Les mains sur la table. Je vous préviens qu'on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours. » Monsieur Jean les désarme et tous se mettent autour de la table pour beurrer des toasts. Ils décident de boire un coup. Maître Folace sort une bouteille très spéciale : de l'alcool clandestin de la marque « maison » The Three Kings. « Tiens, vous avez sorti le vitriol ? », demande Jean. « Il date du Mexicain, du temps des grandes heures » répond Maître Folace, « seulement, on a dû arrêter la fabrication, il y a des clients qui devenaient aveugles ». Raoul s'y essaye le premier : « Ah, il faut reconnaître, c'est du brutal ! » ce qui appelle cette réponse de Fernand : « J'ai connu une Polonaise qui en prenait au petit déjeuner »[4]. Le dialogue continue. Raoul Volfoni : « Tu sais pas ce qu'il me rappelle ? C't'espèce de drôlerie qu'on buvait dans une petite taule de Bien Hoa, pas tellement loin de Saïgon. Les volets rouges... et la taulière, une blonde comac... Comment qu'elle s'appelait, nom de Dieu ? » Fernand Naudin lui répond : « Lulu la Nantaise ! ». « T'as connu ? », l'interroge Raoul. Fernand lève les yeux au ciel...

Mais on pourrait citer une réplique de chaque scène, tant les dialogues ont été travaillés pour donner un rythme de comédie à ce film, volontairement décalé, sans pour autant tomber dans le burlesque. Chaque scène est traitée avec ce même décalage que nous trouvons dans les dialogues. L'agonie du Mexicain, par exemple, donne l'occasion à Audiard de glisser quelques perles : « Je suis revenu pour caner ici et pour me faire enterrer à Pantin avec mes viocs. Les Amériques c'est chouette pour prendre du carbure, on peut y vivre aussi à la rigueur, mais question de laisser ses os, y a que la France. Et je décambute bêtement, et je laisse une mouflette à la traîne, Patricia, c'est d'elle que je voudrais que tu t'occupes. » Ou encore, quand Pascal, la première gâchette vient de descendre les tueurs qui ont tenté d'abattre Fernand, il philosophe sur les valeurs qui se perdent : « À l'affût sous les arbres, ils auraient eu leur chance, seulement de nos jours il y a de moins en moins de techniciens pour le combat à pied, l'esprit fantassin n'existe plus ; c'est un tort. » Et, sur un autre ton, quand Fernand veut s'assurer que l'aventure de Patricia est sérieuse, celle-ci lui répond, avec ce même décalage : « Oh, presque trop, c'est du gâchis ; ça méritait une liaison malheureuse, tragique, quelque chose d'espagnol, même de russe. Allez, viens donc boire un petit scotch va, ça te fera oublier ceux d'hier. »

Production

Scénario

Michel Audiard trouvait la scène de la cuisine inutile et elle a bien failli ne jamais exister. C’est Georges Lautner qui l’a rétablie en hommage à Key Largo, film noir dans lequel on voit des gangsters accoudés à un bar évoquer avec nostalgie le bon temps de la prohibition[6].

Michel Audiard aurait préféré comme titre le Terminus des prétentieux, expression que l’on retrouve dans une réplique de Raoul Volfoni : « Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban. Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux ! »[6]. Mais ses partenaires le jugèrent trop pompeux. Le titre le Terminus des prétentieux apparaîtra en manière de clin d’œil sur un fronton de cinéma dans un film ultérieur de Lautner, Flic ou Voyou.

La fameuse réplique « Les cons ça ose tout, c'est même à cela qu'on les reconnaît » se retrouve dans Saint Thomas d'Aquin : « Omnes stulti, et deliberationes non utentes, omnia tentant » (tous les idiots, et ceux qui ne réfléchissent pas, tentent tout)[7]. Audiard, qui avait lu sa Somme théologique, aurait repris et arrangé cette phrase[8].

Outre le sel des répliques d'Audiard, l'un des ressorts comiques du film provient des astuces utilisées pour dissimuler la véritable situation à Patricia et à son ami Antoine (Claude Rich) auteur de musique concrète, ainsi qu'au père de ce dernier, vice-président du FMI. Combiner au cinéma le comique truculent de la langue verte (l'argot) et l'ambiance d'un roman noir, comme l'était celui d'Albert Simonin, relève de l'impossible. Ainsi, pour faire de Grisbi or not Grisbi cette fameuse comédie hilarante, de grandes libertés ont dû être prises avec l'œuvre originale (notamment par Simonin lui-même puisqu'il a travaillé à l'adaptation cinématographique). Si la trame principale de ce troisième volet des aventures de Max le Menteur est conservée — la succession du Mexicain, la lutte avec les Volfoni —, les personnages de Maître Folace ou de la jeune Patricia et de son fiancé Antoine n'appartiennent qu'au film. Dans le même ordre d'idées, l'affrontement entre Max (Fernand Naudin) et les Volfoni, sanglant dans le roman de Simonin, est traité sous l'angle comique dans le film de Lautner. Mais l'esprit du style rédactionnel, c'est-à-dire un livre entièrement écrit en argot, se retrouve dans les dialogues concoctés par Michel Audiard. Parmi les adaptations de la trilogie simonienne, Touchez pas au grisbi conserve le ton du film noir, tandis que Le cave se rebiffe a été réalisé dans le même esprit que Les Tontons flingueurs.

Auditions

  • La Gaumont ne croyait pas au succès du film, qui n’était défendu que par Alain Poiré et, pour limiter les risques financiers, s’associa avec d’autres maisons de production. Ceci explique la présence dans la distribution d’acteurs allemands (Sabine Sinjen et Horst Frank) et italien (Venantino Venantini)[9].
  • Jean Gabin fut un temps pressenti pour tenir le rôle de Fernand Naudin. L'acteur posa cependant de telles exigences (il souhaitait imposer son équipe de techniciens) qu’il ne fut pas retenu, au grand soulagement de Michel Audiard avec qui il était momentanément fâché à l’époque depuis Mélodie en sous-sol, sorti quelques mois auparavant[3].
  • Le choix se porta un temps sur Paul Meurisse, mais celui-ci déclina le rôle pour raisons de santé. Il apparaît toutefois quelques secondes dans la scène finale, auto-citation de la série des films Le Monocle.
  • À l'origine, Lino Ventura ne se voyait pas tenir ce rôle du fait de l'aspect comique des personnages, convaincu qu'il ne serait pas crédible dans ce genre de composition[3].

Tournage

L'église Saint-Germain de Charonne, décor des dernières scènes du film.

Patricia, ayant fugué de chez son oncle, se rend en taxi[N 7] au domicile de son ami Antoine, villa Seurat ; on y voit la maison[N 8] du sculpteur Robert Couturier.

Les dernières scènes du film (mariage-explosion) furent tournées devant et dans l'église Saint-Germain de Charonne, dans la scène des tontons agenouillés on distingue au fond la partie gauche du tableau de Joseph-Benoît Suvée : La Rencontre de saint Germain et sainte Geneviève et autour de l'église, place Saint-Blaise, dans le 20e arrondissement de Paris[10]. Le bowling de la Matène à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) a également servi de décor aux films Monsieur Hire et Jean-Philippe. C'est dans une maison louée par la Gaumont à Rueil-Malmaison qu'eut lieu le le tournage de la célèbre « scène de la beuverie » dans la cuisine, qui se prolongea jusque très tard dans la nuit[11].

De nombreuses scènes furent tournées dans le parc et à l'intérieur du château de Vigny (Val-d'Oise).

Lors de la scène de la distillerie, vers la fin du film, Lino Ventura tourne une scène de bagarre avec l'acteur et cascadeur Henri Cogan et frappe réellement ce dernier[9]. « Sans faire exprès, il m'a touché le menton ! On ne le voit pas à l'écran mais j'ai dit : « Oh ! Elle est arrivée, la belle bleue ! », et Lino m'a répondu en souriant : « C'est pour ma jambe ! » Ensuite, je suis passé à travers le mur... », dira Cogan, car les deux hommes se connaissaient déjà puisqu'en 1950, alors catcheurs, ils s'étaient affrontés lors d'un match au cours duquel Cogan a involontairement cassé la jambe de Ventura, qui a dû mettre un terme à sa carrière de catcheur[3].

Autres lieux de tournage

Musique

Georges Lautner n’a utilisé qu’un seul thème musical, réalisé par Michel Magne et interprété dans différents styles musicaux - baroque, rock, valse, entre autres - y compris le fameux piano-banjo à chaque bourre-pif de Fernand. Ce thème est restreint aux quatre notes du bourdon de Notre-Dame, et même la sonate présentée dans le film comme étant de Corelli est l'œuvre de Michel Magne, qui s'en est toujours amusé[15].


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    e2. d4
    c1 \bar "|."
}

Unique thème musical de la bande originale.

Le disque, disponible chez Hortensia/Transatlantiques propose les 13 variations du thème musical et représente en lui-même un véritable exercice de style musical : Folk, Blues, Rock, Rhythm and Blues, Jazz, Swing, Slow, Yéyé, Musique concrète, Lyrique...

Bernard Gérard l'a orchestrée et arrangée, bien qu'il ne soit pas porté au crédit du générique[16]

Accueil

Le film est un succès commercial lors de sa sortie en salles, attirant 3 300 000 spectateurs durant sa sortie sur les grands écrans[17]. Il fut en revanche éreinté par la critique (la mode était plutôt à la Nouvelle Vague), et en particulier par Henry Chapier (« Vous pavoisez haut… mais vous visez bas. »[18]).

La réputation du film n’a fait que croître au fil des années, plusieurs de ses répliques sont passées dans la mémoire collective, il a depuis sa sortie été diffusé plusieurs dizaines de fois à la télévision et s’est vendu à 250 000 exemplaires lors de sa sortie numériquement restaurée en DVD (2002), ce qui en fait ce que l'on nomme un film culte[17].

Sur le statut acquis par le film dans la culture française, Georges Lautner note en 2009 : « Pourquoi ce film et pas un autre ? Quand nous avons tourné, nous avions tous envie de rigoler. Finalement, c'est peut-être ça l'explication : La déconnante vieillit mieux que le tragique »[19].

Édition DVD

La qualité de réalisation de l'édition en DVD [Quand ?] des Tontons flingueurs a été très soignée, entre autres par élimination numérique de l’inévitable tressautement d’image des projecteurs 35 mm. Le même traitement a par la suite été accordé à un autre film, Le cave se rebiffe. L’opération de colorisation de ces deux longs métrages fut plus discutée, mais reste toujours « réversible » par élimination de la couleur (avec néanmoins une perte de netteté et de tons dans les gris malgré une augmentation artificielle du contraste).

En 2003, une autre édition numérotée à 1 963 exemplaires sous coffret en bois avait déjà été proposée en y associant Les Barbouzes.

En 2013, une édition numérotée à 5 000 exemplaires est éditée en coffret pour le cinquantième anniversaire du film, avec le CD de la bande originale et le scénario annoté.

En 2017, une édition 4K est réalisée à partir du négatif original. C'est le premier titre de la Gaumont paru en Blu-ray 4K. Le rendu rappelle la grande beauté de la photographie noir et blanc lors des gros plans[20].

Postérité

Autocollant émis par le café-concert « Les Tontons Flingueurs » à Rennes dans les années 1990.
  • Jacques Dumesnil tient dans ce film son dernier rôle au cinéma. Il décède en 1998.
  • Entre 1993 et 1998, un célèbre café-concert alternatif de la scène rock rennaise a été nommé Les Tontons flingueurs. La façade extérieure était décorée des caricatures des protagonistes du film[21],[22].
  • Le , pour le cinquantenaire du film, la « rue Michel-Le-Lou-du-Breil » située à Nantes est rebaptisée de façon parodique en « rue des Tontons-Flingueurs », afin de rendre hommage au film qui cite la ville au travers de « Lulu la Nantaise »[23],[24],[25],[26],[27].
  • Le , un habitant du village d'Attin rebaptise provisoirement la « rue de la Culbute » en « rue des Tontons-Flingueurs » à l'occasion du cinquantenaire de la sortie du film[28].
  • Le , la ville de Montauban rebaptise un de ses ronds-points au nord du centre-ville, le rond-point de la Mandoune[29], en « giratoire des Tontons-Flingueurs » où trônent des sculptures caricaturales en plexiglas des personnages du film[30],[31]. Certaines de ces effigies (celles des deux frères Volfoni) sont volées en et depuis l'une est disparue, l'autre retrouvée, mais vandalisée : sciée, tronçonnée et abandonnée dans un chantier. Refaçonnés à l'identique, de nouveaux exemplaires sont installés, avec leurs socles coulés dans le béton, sur le giratoire le [32],[33].
  • À Nantes[34] comme à Montauban[35] existent des bar-restaurants Lulu la Nantaise nommés en rapport direct avec le personnage brièvement évoqué durant la fameuse scène de la cuisine du film.
  • Georges Lautner meurt en , Claude Rich en et Venantino Venantini en . Georges Nojaroff et Béatrice Delfe sont les derniers acteurs des Tontons Flingueurs encore en vie[36],[37].
  • Le leitmotiv caractéristique de la bande originale du film est repris dans la publicité[38].
  • En se tient à l'université Sorbonne Nouvelle un colloque sur la place des Tontons flingueurs dans le paysage cinématographique et culturel français[39].
  • L'épisode « Oklahoma Jim » de la série de bandes-dessinées Kid Lucky, consacrée à l'enfance de Lucky Luke, rend hommage au film au travers de deux répliques : Joe Dalton, au sujet d'Oklahma Jim : « Mais il ne connaît pas Joe Dalton ! Je vais l'éparpiller en petits morceaux aux quatre coins de la prairie... », puis Oklahoma Jim à l'institutrice qui tentait de poser la main sur les billets de banque : « Touche pas au pognon, honey ! ». De plus, l'histoire de Lucky Luke intitulée Les Tontons Dalton scénarisée par Laurent Gerra et dessinée par Achdé revisite le film.

Notes et références

Notes

  1. Touchez pas au grisbi et Le cave se rebiffe, tous deux adaptés au cinéma respectivement en 1954 et 1961.
  2. Ce nom de maître Folace est un clin d'œil au nom d'huissier alors le plus connu de France, maître Lesage, présent dans tous les tirages au sort de la RTF pour attester de leurs conditions normales de déroulement.
  3. Non crédité au générique
  4. Bien que Michel Magne en soit le compositeur et soit crédité au générique, il est indiqué par erreur que le compositeur du film est Georges Delerue sur l'affiche du film.
  5. Cette société n'est pas créditée au générique.
  6. Expression similaire employée la même année dans la bouche de Jean-Claude Brialy confectionnant une boîte de cigares explosifs pour Louis de Funès dans Carambolages, de Marcel Bluwal.
  7. Conduit par Charles Lavialle.
  8. Construite par Jean-Charles Moreux.

Références

  1. a et b « Les Tontons Flingueurs », sur UniFrance.org (consulté le ).
  2. « Les Tontons flingueurs » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database
  3. a b c d e f et g Philippe Lombard, « Les Tontons flingueurs (1963) », devildead.com/histoiresdetournages, (consulté le )
  4. a b c et d « MÉMOIRE – 10 répliques mémorables des « Tontons flingueurs » en vidéo », sur Le Monde,
  5. AlloCine, « "Les Tontons flingueurs" en 10 répliques », sur AlloCiné, (consulté le )
  6. a et b Anthony Palou, « Les Tontons Flingueurs, toute une époque », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  7. Roger-Pol Droit, « Des « Tontons flingueurs » à Thomas d'Aquin », Les échos,‎ (lire en ligne). Thomas d'Aquin écrit cette phrase dans la Somme théologique, deuxième partie, question XL, article 6 (lire sur Wikisource).
  8. Philippe Lambard, « L'origine des meilleures répliques d'Audiard », Schnock, no 21,‎
  9. a et b Skasia, « Touchez pas aux "Tontons Flingueurs" », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  10. Isabelle Blondel, Olivier Delacroix, Alice Develex, Nicolas d'Estienne d'Orves, Bertrand Guyard, Colette Monsat, Marie-Noëlle Tranchant et Florence Virerron, « Si le Paname d'Audiard m'était conté », Le Figaroscope, semaine du 10 au 16 mai 2017, pages 8-10.
  11. Documentaire Nous nous sommes tant aimés diffusé le 21 février 2011 sur France 3
  12. a et b L'information est indiqué au générique de fin.
  13. « Les Tontons Flingueurs », sur Ciné-ressources (consulté le )
  14. Aurélie Ronze, « Une Pépinière d'entreprises en pleine nature à Feucherolles », sur tv78.com, .
  15. 2006 janvier archive - PazBlog
  16. "Georges Lautner, le père des Tontons Flingueurs, est mort" Slate.fr, mis en ligne le 23/11/2013, consulté le 15/10/2014
  17. a et b Geoffroy Clavel, « Mort de Georges Lautner, le réalisateur des "Tontons flingueurs", à 87 ans », sur HuffPost, (consulté le ).
  18. Pierre Mazille, « Montauban. «Les tontons flingueurs» n'ont pas dit leur dernier mot », La Dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. Anthony Palou, « Les Tontons flingueurs, toute une époque ? », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  20. « Les Tontons flingueurs en 4K : C'est du brutal ! | Tests Blu-ray 4K Ultra HD », sur DigitalCiné, (consulté le ).
  21. « regrettez-vous-le-temps-beni-des-tontons-flingueurs »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur rennes.lemensuel.com
  22. « Les Tontons Flingueurs », wiki-rennes.fr (consulté le 20 octobre 2017).
  23. Mathilde Doiezie, « Une rue des Tontons Flingueurs à Nantes », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. Bertrand Guyard, « Les Tontons flingueurs font du barouf à Nantes », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. « Une rue au nom des «Tontons flingueurs» inaugurée samedi à Nantes », Le Progrès,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Trombes d’eau pour la « rue des Tontons flingueurs » à Nantes », Ouest-France, (consulté le ).
  27. « La «rue des Tontons flingueurs» fraîchement inaugurée », Ouest-France, (consulté le ).
  28. « Attin : la rue de la Culbute rebaptisée « rue des Tontons flingueurs » ! », La Voix du Nord, (consulté le ).
  29. https://www.francebleu.fr/infos/insolite/les-statues-des-tontons-flingueurs-sont-de-retour-a-montauban-1579097505
  30. Montauban : un rond-point Tontons flingueurs, Le Figaro, 5 février 2014.
  31. Montauban : virage à droite pour Les Tontons Flingueurs, Le Figaro, 7 février 2014.
  32. https://www.lefigaro.fr/cinema/les-tontons-flingueurs-montauban-a-retrouve-les-freres-volfoni-20200120
  33. https://viaoccitanie.tv/on-ne-devrait-jamais-quitter-montauban-les-statues-des-tontons-flingueurs-sont-revenues
  34. Camille Moreau, « Marine Maurice alias Lulu la Nantaise », sur Observatoire du bonheur.org (consulté le )
  35. « Café restaurant Lulu la Nantaise Montauban », sur Montauban Info.com (consulté le )
  36. « Des papys flingueurs à Cognac », sur CharenteLibre.fr (consulté le )
  37. « La dernière rencontre d'un Tonton et de Georges Lautner filmée il y a un mois », Journal de Saône-et-Loire,‎ (lire en ligne)
  38. Yann Savary, Olivier Maréchal, « spot "Générale d'Optique" », sur musiquedepub.tv (consulté le )
  39. http://www.univ-paris3.fr/les-tontons-flingueurs-si-c-est-une-oeuvre-504659.kjsp

Voir aussi

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Bibliographie

Liens externes