Histoire des Hautes-Alpes

L’histoire du département des Hautes-Alpes (France) commence le , lorsqu’il est créé en application de la loi du .
Préhistoire
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Préhistoire
[modifier | modifier le code]La colonisation de la moyenne et haute montagne n'intervient pas avant la fin des périodes glaciaires. L'histoire du peuplement paléolithique est mal connue dans les Alpes du Sud du fait des intenses phénomènes d'érosion liés aux changements climatiques et des pratiques agricoles et pastorales qui sont à l'origine de la disparition d'un certain nombre de sites. Aussi aucun vestige datant du paléolithique inférieur ou moyen (de 800 000 à 40 000 ans avant notre ère) n'a été découvert dans les Hautes-Alpes. A la fin du paléolithique supérieur entre 15 000 et 9500 avant notre ère le dernier maximum glaciaire s'accompagne de profondes modifications du milieu naturel. L'occupation humaine débute à cette période. Elle se limite à la moyenne montagne et les humains occupent des abris naturels (porches de grottes, abris sous roches)[1]. Les premiers sites identifiés datent de la fin du paléolithique supérieur (vers 12 500 avant notre ère) et du mésolithique. Les deux gisements, découverts dans les années 1980, sont situés dans le sud du département[2]. Le site de Saint-Antoine dans la commune de Vitrolles situé sur butte dominant la la Durance était un campement occupé à la mauvaise saison par des chasseurs-cueilleurs qui, l'été venu, allaient dans la montagne pour chasser ou rechercher des matières premières. Les fouilles de Vitrolles ont montré que les hommes y pratiquaient la chasse des cervidés et traitaient sur place leurs carcasses. 75 000 outils en silex y ont été découverts (pointes à dos droit et grattoirs)[3]. D'autre part un site situé au col des Tourettes (commune de Montmorin). Le site de Montmorin est plus tardif (entre 8000 et 7500 ans avec JC). On y a découvert une sorte de pavage constitué de petits blocs de calcaire, deux petits foyers aménagés et de nombreux éclats de silex associés à des outils de petite taille (microlithes)[2].
Il existe très peu de traces de la présence des hommes dans le département au Néolithique ancien. Les populations s'installent dans les Hautes-Alpes de manière visible à compter du Néolithique moyen (4500-3600 avant JC) en peuplant le sud du département : la vallée de la Durance et les régions contiguës des pré-Alpes drômoises. Les hommes vivent dans des grottes et en plein air le long des cours d'eau. Sur les sites en plein air, qui reflètent les débuts de la sédentarisation de la population et de la mise en culture dans les vallées et sur les plateaux, les archéologues ont découvert des fosses ou silos, des alignements de trous de poteaux et des foyers à pierres chauffantes. Une trentaine de sites datant du néolithique ont été découverts notamment dans la plaine de Lachaud à Gap, dans l'aéropole de Tallard, dans la ZAC Gandière à La Saulce et dans le quartier Saint-Marcellin à Veynes. La haute montagne est colonisée durant le Néolithique final (3600-2600 avant JC). Le pastoralisme s'y développe notamment sur la plateau de Faravel dans le parc des Écrins, Les premières traces d'extraction du cuivre ont été découvertes sur le site des Clausis à Saint-Véran dans le Queyras[2].
Les pratiques funéraires évoluent au néolithique moyen avec la banalisation des inhumations, le confinement des corps dans un espace protégé (cercueil, coffre, dalle mégalithique) et la création de nécropoles organisées. Dans le département les archéologues ont découvert deux sites funéraires datés de la fin du néolithique. Sur le site Saint-Pancrace à La Bâtie-Neuve, sous un tumulus de 24 mètres de diamètre une grande dalle recouvrait un homme de 50 ans. Un dallage ceinturait le tertre à une dizaine de mètres de celui-ci et recouvrait plus de 10 sépultures. Dans la grotte des Aiguilles au col de Tourette, deux sites de sépulture ont été découverts. Les défunts sont accompagnés d'outils en silex, de vases en céramiques, de pendeloques en défenses de sanglier et de perles en os et en cuivre[2].
Protohistoire
[modifier | modifier le code]Vers 2000 avant JC la métallurgie du bronze se développe et marque le début de l'âge du bronze. L'introduction de cette métallurgie entraine la création d'outils en métal (faucilles, haches) qui facilitent les travaux dans les champs et la coupe du bois et sont à l'origine d'objets de prestige et de pouvoir. Dans les Hautes-Alpes des cultures identifiables à leurs objets et parures en bronze apparaissent. Le contrôle des matières premières et la création de circuits de distribution permettent la concentration des pouvoirs dans les mains d'une minorité. Les sites datant de la période du bronze ancien (2100-1600 avant JC) - Ribeyret, dépôt des Tarburles, sépulture de la Roche-de-Rame - ont livré des épingles à tête tréflée, des poignards en bronze utilisant des rivets pour fixer la lame et des haches à faibles rebords ou à spatules. L'exploitation de la mine de cuivre de Saint-Véran est, dès cette période, organisée en une véritable industrie. Peu de vestiges ont été découverts pour la période du bronze moyen (1600-1350 avant JC) qui en Europe correspond à la création de plusieurs groupes culturels et à la diffusion de nouveaux objets comme les épées, les pointes de lance et les faucilles. Durant la période du Bronze final (1350-750 avant JC) la production et l'utilisation d'objets en cuivre augmentent fortement dans les Hautes-Alpes . De nombreux dépôts et parures ont été découverts (trésors de Réallon, de Guillestre, etc.) et de nouveaux objets apparaissent (épée à languette, couteau, rasoir, parure de différents types). Un nouveau rite funéraire, l'incinération, se développe (tombe de Savines-le-Lac, nécropole de Chabestan). Parmi les habitats de cette période on peut citer Sainte-Colombe à Orpierre, Vitrolles et la grotte d'Agnielles à La Faurie[2]. La civilisation existant dans cette région est désignée comme celle du « bel âge du bronze alpin ».
Durant cette période les plantes cultivées sont des céréales (orge, épeautre,..). De nouvelles plantes sont cultivées : le millet et des légumineuses comme les vesces, les pois et les lentilles. Le site de la Croupe de la Casse-Rousse dans la commune de Villar-d'Arêne comportait un foyer qui a livré une centaine de végétaux brulés dont une grande quantité d'orge vêtue et de froment ainsi que des graines de lentilles, d'orties royales et de sureau. La viande carnée est fournie à la fois par l'élevage et la chasse. Les vestiges montrent que le bétail est constitué de bœufs, de chèvres et de porcs. Les bovins attelés par deux ou par quatre sont parfois utilisés pour tirer une araire primitive qui permet de labourer les terres cultivées. Le pastoralisme se développe en moyenne et haute montagne. Plusieurs structures à vocation pastorale ont été découvertes dans la vallée de Chinchin (Freissinières), dans la haute vallée du Fournel (L'Argentière-la-Bessée), dans le massif du Grand Fond (Puy-Saint-Vincent) et dans le haut Champsaur (lac du Lauzon). On y a trouvé des restes de cabanes implantées sur des plateaux, en bord de falaise ou près d'une tourbière à des altitudes comprises entre 2000 et 2350 mètres. Les murs sont constitués d'amas de pierres non taillées. Des traces d'enclos à bétail de forme ovoïde ou rectangulaire ont été également découverts. Les indices laissés (pollens et charbons) montrent que l'environnement pastoral était entretenu et que les hommes pratiquaient le défrichement par le feu pour agrandir les zones de pâturage[2].
À partir du Xe siècle av. J.-C. environ, la région appartient à la culture de Hallstatt, associée à l'apparition des langues celtiques, puis à partir du Ve siècle av. J.-C., des influences de la culture de La Tène, associée aux gaulois, se font ressentir. Parmi les peuples celtes ou celto-ligures installés dans les Hautes-Alpes, se trouvent notamment les Brigiani dans la région de Briançon et les Caturiges dans la région d'Embrun et de Chorges. Peu avant la conquête romaine vers le 1er siècle avant JC, deux fédérations de tribus sont présentes sur le territoire du département : le royaume de Suse (du nom de sa capitale, la ville actuelle de Suse située en contrebas du Montgenèvre côté italien) à l'est qui rassemble 15 tribus placée sous l'autorité du roi Donnus et les Voconces à l'ouest alliés des romains. Parmi ces tribus figurent les Avantici qui occupent le Gapençais entre Chorges et La Roche-des-Arnauds, les Sogiontii occupant la vallée du Buëch, les Tricorii qui occupent le Champsaur. Le territoire des Caturiges, dont l'agglomération principale se trouve à Embrun, commence à Chorges. La tribu des Quariates est installée dans le Queyras tandis que celle des Brigiani occupe le Briançonnais sur les deux versants des Alpes[4].
Antiquité
[modifier | modifier le code]Traversée des Alpes par Hannibal
[modifier | modifier le code]En 218 avant JC le chef carthaginois Hannibal parti d'Espagne traverse successivement les Pyrénées puis les Alpes pour aller combattre avec succès les romains sur leur territoire au terme de cet incroyable périple (Première guerre punique). Selon certains auteurs romains, comme Tite-Live, son armée aurait franchi les Alpes en passant par la vallée de la Durance et le col de Montgenèvre. Mais d'autres auteurs comme l'historien Polybe livre un récit beaucoup plus cohérent qui fait passer ces armées par la vallée de l'Isère et le col du Clapier[5]. C'est peu après l'invasion carthaginoise que les premiers témoignages écrits sur les géographie des Alpes et ses occupants nous sont parvenus. Mais ceux-ci sont relativement pauvres en informations (nom des principales agglomérations et des tribus qui les occupent) et s'intéressent quasi exclusivement aux parties de la région traversées par les deux principales voies de communication : vallée de l'Isère et vallée de la Durance[6].
Conquête de la région par les romains
[modifier | modifier le code]Entre 125 et 121 avant JC les principaux peuples gaulois occupant le sud-est de la Gaule (Salyens, Voconces et Allobroges) sont défaits par les armées romaines à l'issue de batailles particulièrement sanglantes (selon les auteurs romains les Allobroges auraient perdu entre 120 000 et 200 000 hommes au cours de leur dernière bataille)[7]. Un immense territoire s'étendant des Alpes aux Pyrénées et remontant jusqu'au lac Léman est désormais sous la domination romaine. Mais des soulèvements ont encore lieu jusqu'à ce que l'empereur Auguste en vienne à bout au cours des dernières décennies du 1er siècle avant JC. La romanisation en profondeur de la région baptisée Narbonnaise peut alors commencer. Les limites de cette province romaine dans le massif alpin correspondent à celles de la tribu des Voconces. Elles incluent la moitié occidentale du département des Hautes-Alpes. Plus à l'est, dans la partie la plus montagneuse des Alpes, des tribus maintiennent quelques temps leur indépendance. Ce n'est qu'en 14 avant JC que Auguste parvient à assujettir ces peuples. La partie orientale des Hautes-Alpes fait à l'époque partie du royaume de Suse qui s'étend du nord au sud de la vallée de l'Arc au bassin supérieur du Var et d'est en ouest de la ville d'Ocelum (Chiusa) à celle de Caturigomagus (Chorges) . Ce royaume, qui contrôle les principales voies de communication avec l'Italie (via les cols de la Madeleine, du Montgenèvre et du Petit Mont-Cenis) parvient à conserver une certaine autonomie ce qui lui vaut de constituer une province à part entière (les Alpes cottiennes)[8]. Le traité signé entre Rome et le roi Cottius attribue à celui-ci le titre de préfet de cette région avec pour seule obligation l'amélioration, l'entretien et la protection de la route transalpine qui traverse son territoire (Un arc de triomphe édifié vers 9-8 av J.C. dans la ville de Suse célèbre ce traité). Les tribus (14 sont citées sur l'arc de triomphe dont les Brigiani du Briançonnais et les Quariates du Queyras) sont désormais assimilées à des cités. Cette relative indépendance persistera jusqu'à 63 av J.C. Le statut de la province est normalisée à cette date par l'empereur Néron[9].
Les cités romaines des Hautes-Alpes
[modifier | modifier le code]Sur le territoire des Hautes-Alpes les romains édifient des villes le long des voies de communication. La principale voie romaine est la voie domitienne. Cette voie stratégique qui relit l'Italie à la Gaule franchit le col de Montgenèvre, passe par Briançon, puis suit la vallée de la Durance pour rejoindre la Gaule narbonnaise et le nord de l'Espagne. A partir de Gap en allant vers l'ouest se détache une deuxième voie qui relie cette ville à Valence en traversant la Drôme via le col de Cabre. D'autres voies romaines de moins importance relient d'une part Briançon à Grenoble par le col du Lautaret et d'autre part Gap à Grenoble via le Champsaur.
Sur l'ancien territoire des Voconces, les agglomérations romaines identifiées sont [10],[11] :
- Mons Seleucus (La Bâtie-Montsaléon)est située au croisement de voies menant vers l'Italie, la vallée du Rhône, la Provence et Grenoble et a été occupée de la fin du 1er siècle avant JC jusqu'au 3e siècle. Cette agglomération s'étend sur un 12 à 15 hectares (330 x 370 mètres) dont un noyau urbain de 6 hectares. Le plan de la ville a pu être reconstitué grâce à des fouilles menées très tôt (19e siècle). Deux édifices remarquables ont été identifiés : une maison familiale (domus) de dimensions exceptionnelles (110 x 75 mètres) caractérisée par la richesse des décors et du mobilier et un grand sanctuaire situé à la périphérie de la ville.
- Alabons (Monêtier-Allemont), situé dans la vallée de la Durance entre Sisteron et Gap occupe une surface modeste évaluée à 4-5 hectares et était sans doute le centre d'un pagus.
- Ad finem (La Roche-des-Arnauds)
- Vappincum (Gap) se trouvait à la jonction de deux voies en provenance de la vallée et de la Durance et de la Drôme et se poursuivant jusqu'à l'Italie. Bien que qualifiée de chef-lieu de la cité (civitas) des Avantici, les vestiges de l'enceinte remontant au bas-Empire révèlent une emprise de très petite taille (2 hectares) à cette époque situé à proximité de la cathédrale actuelle. L'enceinte de forme polygonale était constituée d'un mur épais de 3 à 3,5 mètres comprenant des tours circulaires de 8,5 mètres dont trois ont été identifiées. A compter du 5e siècle elle est le siège d'un évêché et une cathédrale est construite à l'emplacement de la cathédrale actuelle[12].
Sur l'ancien territoire du Royaume de Suse les agglomérations romaines identifiées sont[13] :
- Caturigomagus (Chorges)
- Eburodunum (Embrun), qualifiée de municipe selon une inscription, devient la capitale de la province des Alpes Maritmies sous Dioclétien. Elle remplit des fonctions publiques et religieuses. A la fin du 4e siècle un évêché y a son siège. Très peu de vestiges ont été découverts.
- Brigantio (Briançon) est le pendant de Suse sur le versant occidental du col de Montgenèvre. L'emplacement était peut-être déjà occupé avant les romains. Située dans une position stratégique sur la voie domitienne à la jonction avec une route secondaire menant à Grenoble, les romains au pris des travaux colossaux ont créé une terrasse longue de 600 mètres. Les fouilles archéologiques ont permis d'identifier la présence d'un amphithéâtre dans la partie basse de la ville, de thermes situées au niveau du cimetière actuel et d'un fortin (castellum). Les vestiges disponibles ne permettent pas d'estimer l'étendue de la ville.
Occupation des campagnes
[modifier | modifier le code]Dans les régions de moyenne et de haute montagne les prospections archéologiques montrent une occupation très réduite de la campagne par les conquérants romains. Par contre l'occupation est parfois très dense dans les vallées. Toutefois ce constat est à nuancer car il peut reflèter en partie un biais statistique découlant de la concentration des recherches dans les sites à priori favorables. Sur le territoire des Hautes-Alpes les fouilles montrent une forte concentration de villas romaines dans la vallée du Buëch depuis La Bâtie-Montsaléon jusqu'à la confluence avec la Durance à Sisteron. Par contre les vallées de la Durance (dans sa partie supérieure) et de la Guisane présentent une densité d'occupation faible si on la compare aux autres vallées alpines. Le modèle des villas romaines qui intègre à la fois une fonction résidentielle et agricole correspond à un mode d'exploitation des sols mis au point dans la péninsule italique. Mais dans la région la surface des exploitations reste sans doute modeste. Les premières villas romaines apparaissent dès la fin du 1er siècle avant JC comme celle de Serre-la-Croix (commune d'Aspres-sur-Buëch) remarquable par ses dimensions considérables, la présence de thermes et la richesse de ses décors et de son mobilier. Plusieurs autres villas ont livré des structures et des mobiliers intéressants : villas du quartier de Gueidin (commune de Lagrand) et du quartier du Villa-Prieuré (Ribiers)[14],[15].
Les vestiges de la villa romaine de Saint-Ariès (commune de Ventavon), située sur la voie domitienne entre Gap et Sisteron non loin d'Alabons (Monêtier-Allemont), ont permis de reconstituer son histoire. Bâtie durant la première moitié du 1er siècle elle s'inscrit dans un quadrilatère de 65 x 48 mètres et comporte deux bâtiments de part et d'autre d'une cour. Un troisième bâtiment abritant des thermes de taille modeste est édifié durant le deuxième quart du 2e siècle. La cour est par la suite agrandie et empierrée et des indices montrent une activité de transport de personnes et de biens. La villa, qui pratique sans doute la polyculture, exploite un vignoble. D'autres indices montrent un fonctionnement relativement autarcique (activité métallurgique, fabrication de jarres). La période de prospérité s'achève au bout de 150 ans à la fin du 3e siècle. Une partie des bâtiments est abandonnée et la villa devient une simple ferme pratiquant une agriculture d'autosubsistance. Un dé d'argent daté du début du 4e siècle et comportant une inscription révélant la foi chrétienne de son propriétaire (premier témoignage d'une présence chrétienne dans les Hautes-Alpes) y a été découvert. La ferme va continuer d'être occupée, peut=être seulement de manière épisodique, jusqu'à la fin du 6e siècle. A compter de cette date elle cesse définitivement d'exister[16].
Romanisation et christianisation
[modifier | modifier le code]Dislocation de l'empire romain
[modifier | modifier le code]Au Ve siècle, le territoire des Hautes-Alpes subit, comme toute la Gaule, les invasions des Wisigoths, des Lombards, des Saxons, etc. Cependant, des éléments de la civilisation existant auparavant subsistent, notamment les structures religieuses et administratives dirigées par les évêques et archevêques de Gap et d'Embrun, ainsi que par les dignitaires francs de l'administration civile et militaire de Charlemagne, pendant une période[17].
Moyen Âge et Renaissance
[modifier | modifier le code]Naissance de la féodalité
[modifier | modifier le code]A la suite de la chute de l'Empire romain, le territoire du département est rattaché successivement au royaume burgonde (476-534), au royaume franc puis à l'empire de Charlemagne (800-844). A la suite de la partition de ce dernier, il fait partie de la Lotharingie (855-859), du royaume d'Arles (933-) puis du Comté de Provence.
Tout au long de cette période, le pouvoir royal et impérial se montre incapable de défendre le territoire contre les différentes menaces. La déliquescence de l'administration et des organes de pouvoir marquent le IXe siècle. Une aristocratie militaire issue de la Provence et de la vallée du Rhône s'installe sur le territoire, créant un système de féodalité[17]. Par la suite, le territoire est gouverné par les seigneurs-évêques de Gap et d'Embrun, vassaux de l'Empereur germanique et de la Provence, et les comtes d'Albon, seigneur du briançonnais.
Comté de Provence (973-1067)
[modifier | modifier le code]Le comte de Provence Guillaume Ier (945-994) s'illustre en chassant les sarrasins de la région. Ceux-ci s'étaient installés dans le massif des Maures et lançaient régulièrement des raids jusque dans les Alpes. Après plusieurs combats (notamment à Gap et Embrun) les sarrasins sont définitivement vaincus à la bataille de Tourtour (973) et quittent définitivement la région. Guillaume Ier et ses successeurs règnent sur un vaste territoire qui s'étend à la Provence actuelle ainsi qu'aux Alpes du Sud. Les territoires les plus au nord s'étendent sur une bonne partie des Hautes-Alpes (Gapençais, Champsaur et Embrunais). En 1067 le dernier descendant mâle Guillaume V meurt et le comté de Provence est partagé en trois comtés. Le territoire des Hautes-Alpes est incorporé dans le comté de Forcalquier.
Comté de Focalquier (1067-1202)
[modifier | modifier le code]Dauphiné de Viennois
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Les comtes d'Albon/dauphins de Viennois (famille des Gigues) ont une origine qui est sans doute modeste et fait l'objet de nombreuses controverses. Ils s'emparent d'un titre comtal en 1016 et possèdent au début du 11e siècle une dizaine de châteaux situés surtout au pied des Alpes. Ils prennent en 1133 le titre de dauphin de Viennois (dauphin est un prénom qui donnera par la suite son nom à la province, le Dauphiné à partir de 1293). Grace à une politique matrimoniale judicieuse cette famille étend progressivement son territoire. En 1202 Guigues VI, en épousant la fille du comte de Forcalquier, obtient en dot les comtés de Gap et d'Embrun et incorpore ainsi la majeure partie du territoire des Hautes-Alpes. A la mort de Guigues VII en 1296 le Dauphiné de Viennois va de la vallée du Rhône jusqu'au Briançonnais et comprend le Grésivaudan, l'Oisans et des terres situées sur le versant italien des Alpes[18].
Rattachement au royaume de France (1349)
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Le dernier membre de la famille des Dauphiné du Viennois, Humbert II (133-1349) fait face à des problèmes financiers aigus. Les revenus qu'il tire du Dauphiné sont limités (15 000 livres viennoises par an) compte tenu de la politique ambitieuse qu'il mène[Note 1]. Il est fortement endetté et sans descendance. Il décide de vendre sa principauté, dont le chef lieu est depuis 1282 Grenoble, au roi de France, Philippe VI. L'appartenance du Dauphiné au Saint-Empire romain germanique n'est pas un obstacle car depuis le décès de Frédéric II, les empereurs allemands ne s'intéressent plus à ce territoire. Après six ans de négociation, le traité de Romans signé le , entérine cette décision. Selon les clauses de ce traité, la province du Dauphiné bénéficiera d’un statut fiscal particulier, le statut delphinal et le Dauphiné sera le fief du fils aîné du roi de France qui pour cette raison portera le titre de Dauphin[19].
Organisation administrative et judiciaire
[modifier | modifier le code]En 1343, les communautés de la partie nord du territoire obtiennent officiellement des privilèges particuliers du dauphin Humbert II : elles deviennent les Escartons du Briançonnais (qui ne portent pas encore ce nom à l'époque) ; certains historiens estiment que les privilèges concernés pouvaient exister avant cette date. La région concernée bénéficiera de ce statut spécial jusqu'à la Révolution française.
Vie économique
[modifier | modifier le code]Le territoire bénéficie au XIVe siècle du passage accru de commerçants et de diplomates par le col de Montgenèvre, en lien avec l'installation des papes à Avignon[17].
Peste noire et ravages de la guerre de 100 ans
[modifier | modifier le code]Expansion des ordres religieux
[modifier | modifier le code]Sur le plan religieux, le XIe siècle avait vu le passage de nombreux pèlerins et croisés sur les routes des Alpes, en direction de Rome et de la Terre Sainte. À la suite de la réforme grégorienne et au développement des ordres religieux de Chalais et des Chartreux dans le Dauphiné, sont créés les abbayes et prieurés de Durbon, Bertaud et de Boscodon.
Mouvements religieux dissidents
[modifier | modifier le code]Des mouvements religieux dissidents apparaissent au cours du Moyen-Age. Au 12e siècle le prêtre Pierre de Bruys parcourt les diocèses de Gap et d'Embrun puis la Provence en contestant de nombreux points du dogme catholique officiel. Il périt brulé vif en 1147. Pierre Valdo, un riche marchand lyonnais qui s'oppose à l'enrichissement du clergé et distribue tous ses biens aux pauvres, est condamné par l'église catholique qui condamne sa doctrine. Après sa mort en 1277 ses disciples, les Vaudois, persécutés par l'Inquisition, vont se réfugier dans les vallées des Alpes les plus reculées pour pouvoir continuer à pratiquer leur culte. Dans les Hautes-Alpes ils s'installent dans la vallée de Freissinières, dans le Briançonnais et dans le Queyras. Le Dauphin Humbert II, sous la pression des papes d'Avignon accepte de laisser l'inquisition poursuivre les hérétiques. En 1338 un tribunal ecclésiastique est installé à Embrun et plusieurs expéditions sont menés dans la vallée de Freissinières et en Vallouise. La répression fait plusieurs centaines de victimes parmi les vaudois, qui refusent de se convertir ou sont considérés comme relaps. Certains sont brûlés dans des cages en bois[20]. Les persécutions des vaudois se poursuivront, comme ailleurs en Franc,e jusqu'à la fin du XVe siècle, date à laquelle le roi de France Louis XI les fera cesser.
Impact des guerres d'Italie
[modifier | modifier le code]Le territoire est frontalier du duché de Savoie et certaines époques voient des affrontements entre comte d'Albon puis de Viennois et duc de Savoie, puis, après 1343, entre roi de France et duc de Savoie. Au XVIe siècle, il connaîtra également les nombreux passages de troupes françaises engagées dans les Guerres d'Italie.
Les guerres de religion dans les Hautes-Alpes
[modifier | modifier le code]La seconde moitié du XVIe siècle voit le royaume de France marqué par les Guerres de religion entre catholiques et protestants, ce qui affecte également le Dauphiné[17] ; François de Bonne de Lesdiguières, né à Saint-Bonnet, est un personnage important de cette période et de l'histoire de France. Après la révocation de l'édit de Nantes (1685), la plupart des protestants dauphinois s'exile ou est obligée de se convertir[17].
Époque moderne
[modifier | modifier le code]Progrès de l'absolutisme
[modifier | modifier le code]Conflits frontaliers
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Au XVIIe siècle, le territoire subit des invasions de troupes savoyardes ; la fortification de la frontière est alors renforcée[17]. En 1692, les troupes du duc de Savoie font une avancée depuis la vallée de Barcelonette jusqu'à Embrun, lors de la ligue contre le roi de France Louis XIV. À la suite de cette percée, et une fois le territoire repris par les troupes françaises, la stratégie de défense et les fortifications de la frontière sont renforcées. Vauban (1633-1707) sera alors un acteur majeur dans la création et le renforcement des fortifications sur le territoire, avec notamment le renforcement du site de Briançon (la ville en elle-même et les forts créés autour) et la création de Mont-Dauphin (sites de nos jours inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO). Au XVIIIe siècle, les troupes militaires traversent le Haut-Dauphiné lors des Guerres de succession d'Espagne puis d'Autriche[17].
Religion
[modifier | modifier le code]Économie
[modifier | modifier le code]Enseignement
[modifier | modifier le code]L'enseignement primaire est entièrement à la charge des communautés qui engagent des instituteurs par contrat. Ceux-ci proviennent souvent des vallées briançonnaises. A côté des écoles catholiques, il existe des églises protestantes. L'enseignement porte principalement sur l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et sur quelques notions de calcul et de grammaire. Il comprend systématiquement des cours d'instruction religieuse qui sont placés sous le contrôle des prêtres pour les écoles catholiques et les pasteurs pour les écoles protestantes. Jusqu'à la fin du 18e siècle les écoles sont généralement réservées aux garçons. Il n'existe que quelques écoles de filles à Gap, Tallard et Aspres-sur-Buëch qui sont toutes tenues par des religieuses. On y a apprend à lire, écrire, compter ainsi que les principes de la religion[21].
L'équivalent de l'enseignement secondaire est dispensés par les couvents. Le centre d'instruction le plus important est le collège des jésuites d'Embrun qui compte jusqu'à 4OO élèves (mais ce chiffre tombe à 250 à la fin du 18e siècle). L'enseignement y est gratuit mais il est fréquenté en majorité par les enfants de la noblesse et de la bourgeoisie. Les personnalités les plus marquantes de cette époque sortiront en majorité de ce collège. Deux grands séminaires situés à Gap et Embrun forme le futur clergé catholique[21].
Révolution et Empire français
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Pendant la Révolution française, le 7 septembre 1789, l'abbé Sieyès propose à l'Assemblée nationale l'élaboration d'un plan de réorganisation administrative du royaume. La création des départements français est actée le 26 février 1790, et leur existence prend effet le 4 mars 1790 : le département des Hautes-Alpes est né ; Gap devient le chef-lieu de département.

De 1791 à 1793, les 4 districts (Briançon, Embrun, Gap et Serres) du département des Hautes-Alpes fournissent 6 bataillons de volontaires nationaux, pour lutter contre une coalition de pays voisins qui menace la France. Le 1er bataillon de volontaires des Hautes-Alpes est principalement affecté à l'armée des Pyrénées-Orientales et participe à la Guerre du Roussillon.
Au procès de Louis XVI, aucun parmi les cinq députés des Hautes-Alpes ne vote la mort du roi et tous demande le sursis à l'exécution de la peine. Un seul, Izoard, vote contre l'appel au peuple.
Formation du département et évolution de ses structures administratives
[modifier | modifier le code]Il est constitué de la partie sud-est du Dauphiné et du nord de la Provence. Il porte le nom de Hautes-Alpes car, en 1790, les plus hauts sommets de France s'y trouvent, dans le massif des Écrins. L'annexion ultérieure de la Savoie lui fera perdre cette première place, mais le nom ne sera pas pour autant modifié.
À la création du département, les communes de La Grave et de Villar-d'Arêne (Haute-Romanche, géographiquement tournée vers Grenoble) réclamèrent leur rattachement aux Hautes-Alpes parce qu'elles espéraient bénéficier ainsi du statut avantageux des Escartons du Briançonnais.
Département et arrondissements :
- 1790 (4 mars) : le département est créé avec 4 districts (Briançon, Embrun, Gap, Serres), 39 cantons, et pour chef-lieu Chorges
- 1790 : le chef-lieu du département est transféré de Chorges à Gap ;
- 1800 (17 février) : création des arrondissements : Gap, Briançon, Embrun et nouveau découpage des cantons ;
- 1926 (10 septembre) : suppression de l'arrondissement d'Embrun ;
Limites départementales :
- vers 1800 ? : le canton de Monestier-d'Ambel est détaché des Hautes-Alpes pour être rattaché à l'Isère ;
- 1811 : le canton de Barcillonnette est détaché des Basses-Alpes pour être rattaché aux Hautes-Alpes ;
- 1947 (10 février, traité de Paris) : rectification de frontière avec l'Italie, annexion du Mont Thabor (Vallée Étroite) et du Mont Chaberton (Montgenèvre)

Depuis la création du département, le nombre de communes a été légèrement réduit, passant de 186 à 177.
- Évolution du nombre de communes :
22/09/1794 | 186 | 01/01/1885 | 189 | 01/01/1950 | 181 | 01/01/1973 | 177 |
23/09/1802 | 186 | 01/01/1896 | 187 | 01/01/1963 | 180 | 01/01/1975 | 175 |
01/01/1836 | 189 | 01/01/1942 | 184 | 01/01/1964 | 179 | 01/01/1984 | 176 |
01/01/1876 | 189 | 01/01/1945 | 182 | 01/01/1969 | 178 | 01/01/1989 | 177 |
XIXe siècle
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Incidences des différents régimes politiques français
[modifier | modifier le code]En 1804, Napoléon Bonaparte se proclame Empereur des Français et crée ainsi l'Empire français (appelé par la suite Premier Empire) ; ce régime durera jusqu'en 1814 et reprit pour quelques mois en 1815. Durant cette période, ont lieu les guerres napoléoniennes, durant lesquelles Napoléon conquiert de nombreux territoires européens. Après la victoire des coalisés à la bataille de Waterloo (18 juin 1815), le département des Hautes-Alpes est occupé par les troupes autrichiennes et piémontaises de juin 1815 à novembre 1818 (voir occupation de la France à la fin du Premier Empire). La récolte agricole de 1816 est très insuffisante, et ne suffit à nourrir le département que pendant six mois[22]. Après cela, la Seconde Restauration est le régime politique de la France de 1815 à 1830. S'ensuit la monarchie de Juillet (1830-1848), jusqu'à la révolution française de 1848, qui met en place la Deuxième République (1848-1852), à laquelle succède le Second Empire (1852-1871), puis la Troisième république à partir de 1871.
Vie politique sous la Restauration
[modifier | modifier le code]Révolution de 1848
[modifier | modifier le code]La révolution économique dans les Hautes-Alpes
[modifier | modifier le code]Transports
[modifier | modifier le code]La construction du réseau routier des Hautes-Alpes s'accélère sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) et va se poursuivre durant le Seconde Empire. Avant la Révolution la seule desserte routière de qualité utilise la vallée de la Durance pour relier la Provence à Briançon mais il n'existe aucune liaison permettant de rejoindre les autres régions françaises et l'Italie tandis que le réseau secondaire est inexistant. Le préfet des Hautes-Alpes Ladoucette fait réaliser en 1805, malgré l'opposition des officiels, la route reliant Briançon au col du Montgenèvre et à l'Italie[23].
Les routes vers Grenoble passant par le col de la Croix-Haute et par le col du Lautaret sont achevées respectivement en 1847 et 1859 Les routes menant vers le col de Cabre (liaison vers Valence et la vallée du Rhône) et desservant le Queyras depuis Guillestre sont réalisées au cours de la première moitié du 19e siècle. Le réseau routier secondaire s'étoffe également : La route de Gap à Barcelonnette via Jarjayes est achevée en 1850, Savines est reliée Digne en 1836, la construction de la route de Chorges à Tallard par la vallée de la Vance s'achève en 1853. Pour désenclaver le Dévoluy une route vertigineuse passant par le col du Noyer est inaugurée en 1856. Les liaisons de cette région avec l'extérieur sont améliorées en 1867 par la réalisation d'une route reliant La Cluse à Corps achevée en 1867. Par ailleurs une loi de 1833 organise la construction chemins vicinaux dont la longueur atteint 2 935 kilomètres en 1860. Pour franchir les rivières des ponts sont systématiquement construits à la place des bacs en utilisant parfois la technique du pont suspendu[24].
Le chemin de fer apparait tardivement dans les Hautes-Alpes. C'est seulement entre 1875 et 1878 que sont ouvertes la ligne de Grenoble à Sisteron et son embranchement vers Gap. La ligne de Gap à Briançon est mise en service la décennie suivante, en 1883-1884, et la ligne de Livron à Aspres-sur-Buëch qui permet d'atteindre la vallée du Rhône et Valence en 1894[25].
Vie religieuse au 19e siècle
[modifier | modifier le code]Enseignement
[modifier | modifier le code]Suite à la Révolution française des écoles centrales remplacent les établissements secondaires et supérieurs de l'Ancien Régime. Une école de ce type est créée à Gap en 1795. En 1806 Napoléon crée l'Université impériale qui réorganise tout le système d'enseignement français en créant les subdivisions des établissements petite école (école primaire)/collège/lycée/faculté. Trois collèges sont créés dans les Hautes-Alpes à Gap, Embrun et Briançon mais les élèves qui souhaitent poursuivre leur cursus scolaire doivent aller au lycée d'Avignon[26].
Le retour des Bourbons au pouvoir ne bouleverse pas l'organisation mise en place par Napoléon. Une ordonnance de 1816 indique que les communes doivent pourvoir à l'enseignement des enfants et celui-ci doit être gratuit pour les enfants d'indigents (il était gratuit pour tous les enfants à Gap, La Grave et MontDauphin). Il existait des écoles publiques (c'est à dire financées en partie par les communes, le département ou l'état) laïques ou religieuses et des écoles privées qui ne reçoivent aucune subvention et sont financées soit par une fondation soit par les parents. Les instituteurs devaient théoriquement être titulaires d'un brevet de capacité qui était souvent délivrés par le pasteur ou le curé dans les petites communes. Les écoles primaires étaient souvent ouvertes uniquement de l'automne au printemps pour permettre aux enfants de participer aux travaux des champs. Les enfants fréquentaient l'école de 5 à 12 ans mais dans certains communes l'enseignement pouvait être dispensé à des adultes jusqu'à l'age de 24 ans. Les matières enseignées étaient la lecture, l'écriture, le calcul, quelques notions de grammaire et parfois le latin, le chant, le dessin linéaire voire l'arpentage. L'enseignement se faisait en français mais le patois était également utilisé. L'instruction religieuse tenait une place importante et l'instituteur devait conduire les enfants aux offices. Les résultats du système d'enseignement sont plutôt probantes dans le département : en 1820 75% des époux savaient signer et en 1833 75,3 % des conscrits savaient écrire plaçant les Hautes-Alpes en sixième position des départements français[27].
La loi Guizot de 1833 en rendant obligatoire la formation des instituteurs dans des établissements spécialisés (école normale) au niveau de chaque département et la création d'écoles primaires supérieures (une alternative au collège) dans les communes de plus de 6000 habitants va permettre de pratiquement faire disparaitre l'analphabétisme en France dans la population masculine en 1870. Les conséquences dans le département sont manifestes : le nombre d'écoles publiques passe de 115 en 1833 à 235 en 1848. Une école normale est créée à Gap pour former les instituteurs et est installée initialement dans l'ancien couvent des Ursulines. Deux écoles primaires supérieures existent en 1848 : celle de Gap créée en 1838 et celle de Briançon. Au sortir de l'école élémentaire, les enfants y poursuivent leur étude avec un programme qui comprend également l'histoire et la géographie. La loi Guizot ne prévoit rien pour les filles. Celles-ci peuvent au choix alors dans les écoles des garçons ou aller dans des établissements privés qui leurs sont exclusivement réservés et qui sont tenus par des congrégations religieuses. Plus de 100 écoles de ce type existent dans ce département vers 1850. La loi Falloux de 1850 impose à la création d'école de filles dans toutes les communes de plus de 800 habitants dans la mesure où elles en a les moyens. Une école normale laïque destinée à former les institutrices est créée en 1839 mais cette structure est reprise par les religieuses en 1858. Les collèges créés sous Napoléon et financés par les communes voir leurs effectifs passer de 189 élèves en 1833 à 307 en 1848 et 391 en 1860[27].
Naissance de l'alpinisme
[modifier | modifier le code]Les Hautes-Alpes ont également été le terrain de nombreuses expéditions d'alpinisme, notamment dans le massif des Écrins à partir de 1860. Le Pelvoux (3 946 m) avait été gravi en 1828, alors qu'on le croyait le plus haut sommet de France (la Savoie n'était pas encore française et le Mont-Blanc appartenait au royaume de Sardaigne). En juin 1864, la Barre des Écrins (4 102 m), point culminant du massif du même nom, est vaincue[28]. 1877 voit la première ascension de la Meije (3 983 m). À la fin du XIXe siècle, les premiers hôtels du département sont bâtis pour les alpinistes[28].
Vie politique sous la troisième république
[modifier | modifier le code]Démographie et exode rural
[modifier | modifier le code]Ce siècle voit une émigration conséquente de la population du département, pour des raisons économiques[17]. Au début du siècle, l'agriculture est le premier secteur économique du département, cependant, les populations rurales de la région ont souvent une double activité, pratiquant le colportage à une échelle nationale voire internationale pour certains, ou servant de main-d’œuvre à l'industrie. La seconde moitié du siècle voit également le développement de l'industrie minière aux environs de Briançon (graphite, anthracite et métaux) et de L'Argentière (plomb, cuivre, argent), dans des secteurs possédant des mines exploitées dès l'époque romaine[17]. L'industrie dans le département est cependant limitée, le territoire ayant peu de matières premières et d'infrastructures modernes ; l'usine de la Schappe, à Briançon, est l'usine la plus importante du département durant le XIXe siècle ; elle fermera ses portes en 1933[17].
XXe siècle
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Essor du tourisme et du climatisme
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Durant ce siècle, le tourisme se développe dans les Hautes-Alpes ; Briançon est aussi un site réputé pour le climatisme[17]. Dès 1900, le ski arrive à Montgenèvre par le biais des chasseurs alpins de Briançon ; en 1907 apparaissent dans le secteur les premières compétitions internationales. Le premier téléphérique est construit à Chantemerle (station de ski sur la commune de Saint-Chaffrey et qui fera plus tard partie de Serre-Chevalier) en 1941[17].
Première guerre mondiale
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L'entre-deux-guerres
[modifier | modifier le code]Seconde guerre mondiale
[modifier | modifier le code]Le département des Hautes-Alpes est un des sites de la Bataille des Alpes en juin 1940, durant la seconde guerre mondiale. Il est occupé par l’Italie fasciste de novembre 1942 à septembre 1943[29]. Il a, vers la fin de la guerre, connu la Deuxième bataille des Alpes.
Après guerre
[modifier | modifier le code]Vie politique
[modifier | modifier le code]Démographie
[modifier | modifier le code]Vie économique
[modifier | modifier le code]Développement des stations de sports d'hiver
[modifier | modifier le code]Accompagnant l'avènement du tourisme de masse, dans les années 1970, les stations de sports d'hiver se développent dans le département[17].
Construction des barrages hydroélectriques
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Ce siècle voit aussi le développement de barrages hydroélectriques dans les Hautes-Alpes. En 1960, le barrage de Serre-Ponçon, plus grand barrage de terre d'Europe[17], qui est utilisé notamment pour la production hydro-électrique ainsi que comme base de loisirs estivaux, est construit sur la Durance.
Période contemporaine
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ Cette province a une population limitée (250 000 personnes environ), les villes sont de petite taille et dans les parties les plus riches il doit partager les richesses avec une noblesse très puissante.
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 32-34
- « Collection archéologie alpine : 13 000 d’Histoire », sur Musée départemental des Hautes-Alpes
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 35-36
- ↑ Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 165-166
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 100
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 102-104
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 120
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 116
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 138
- ↑ Les Alpes occidentales romaines, p. 68-73
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 118
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 144
- ↑ Les Alpes occidentales romaines, p. 75-77
- ↑ Les Alpes occidentales romaines, p. 94-96
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 158
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 160-161
- Département des Hautes-Alpes, « Historique des Hautes-Alpes - Département des Hautes-Alpes », sur www.hautes-alpes.fr (consulté le )
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 266
- ↑ Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, p. 267
- ↑ Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 191-192
- Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 246-247
- ↑ Élie-Marcel Gaillard, Au temps des aires : battre, dépiquer, fouler, Mane, Alpes de Lumière, coll. « Les Alpes de Lumière / Les Blés de l’été (no 3) » (no 122), février 1997, 120 p. (ISBN 2-906162-33-7) (ISSN 0182-4643), p. 82.
- ↑ Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 283
- ↑ Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 286-287
- ↑ Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 288-289
- ↑ Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 260
- Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, p. 297-306
- Parc national des Écrins, Gravir les sommets : Un siècle et demi d'alpinisme dans les Écrins (lire en ligne)
- ↑ Stéphane Simonnet, Claire Levasseur (cartogr.) et Guillaume Balavoine (cartogr.) (préf. Olivier Wieviorka), Atlas de la libération de la France : 6 juin 1944- 8 mai 1945 : des débarquements aux villes libérées, Paris, éd. Autrement, coll. « Atlas-Mémoire », (1re éd. 1994), 79 p. (ISBN 978-2-746-70495-4 et 2-746-70495-1, OCLC 417826733, BNF 39169074), p. 60
Bibliographie
[modifier | modifier le code] : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Ouvrages généraux
- Pierre Chauvet et Paul Pons, Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.01 la nature, l'homme, Société d'études des Hautes-Alpes, , 426 p. Géographie, histoire et population des Hautes-Alpes.
- Pierre Chauvet et Paul Pons, Les Hautes-Alpes hier, aujourd'hui, demain... T.02 l'économie, le cadre de vie, les régions, Société d'études des Hautes-Alpes, , 592 p.Économie, équipements, régions naturelles des Hautes-Alpes.
- Jean-Pierre Brun, Paroisses et communes de France n° 5 : dictionnaire d'histoire administrative et démographique Hautes-Alpes, CNRS Editions, (ISBN 2-271-05292-0)Histoire de l'organisation administrative, résultats des recensements par commune/paroisse avant et après la Révolution française.
- R. Picavet, R. Bornecque et G. Tosatto, Dauphiné - Drôme, Hautes-Alpes, Isère, C. Bonneton, , 319 p. (ISBN 2-86253-371-8)Présentation du patrimoine artistique, historique et linguistique du Dauphiné, de sa littérature, de ses traditions, de son milieu naturel et de son économie.
- Préhistoire, Antiquité , Moyen-Age
- Maxence Segard, Les Alpes occidentales romaines, Edition errance, , 287 p. (ISBN 978-2-87772-387-9). Développement urbain et occupation des campagnes, villes alpines, exploitation des ressources naturelles.
- Florence Mocci, Hautes-Alpes Carte archéologique de la Gaule. Nouvelle série, Académie des inscriptions et belles-lettres, , 383 p. (ISBN 2-87754-691-8)Inventaire des découvertes archéologiques dans les Hautes Alpes.
- Colette Jourdain-Annequin, Atlas culturel des Alpes occidentales de la préhistoire à la fin du Moyen Age, Picard, (ISBN 2-7084-0722-8). Suivi de la formation des cultures alpines aux époques préhistorique et préromaine et leur évolution aux époques romaine et médiévale.
- Époque moderne
- René Favier, Les villes du Dauphiné aux XVIIe et XVIIIe siècles, Presses universitaires de Grenoble, , 512 p. (ISBN 2-7061-0525-9)
- Les Hautes-Alpes et la Révolution, Archives départementales des Hautes-Alpes - Fascicule pédagogique, , 497 p. (ISBN 2-86005-008-6)
- Laurence Fontaine, Les villes du Dauphiné aux XVIIe et XVIIIe siècles, Presses universitaires de Grenoble, , 247 p. (ISBN 2-7061-1100-3)
- Période contemporaine
- Jean-Denis Rispaud, D'Orcières à Gap... en passant par Merlette, chronique de l'assemblage économique et touristique Haut-Alpin, Jean-Denis Rispaud, Histoire du développement des stations de ski des Hautes Alpes.
- Gap
- Gap et ses territoires des siècles d'histoire, XIe-XXe s : actes du colloque de Gap, 12-13 avril 2013, Presses universitaires de Grenoble, , 482 p. (ISBN 2-7061-2521-7)Construction du territoire autour de la ville de Gap, dans les Hautes-Alpes, depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine.
- Société d'études des Hautes-Alpes, Histoire de la ville de Gap, Gap, x, , 377 p.Couvre la période allant jusqu'au règne de Napoléon.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Hautes-Alpes
- Province du Dauphiné
- Histoire de la Provence
- Histoire de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Cartalpes.fr Cartes postales anciennes et textes anciens de l'histoire des Hautes-Alpes issues d'une collection privée
- Société d'études des Hautes-Alpes https://www.seha.fr/