Georges Groulx

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Georges Groulx
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Georges Groulx est un homme de théâtre québécois né le à Ville Saint-Laurent et mort le (à 74 ans) à Montréal.

Biographie[modifier | modifier le code]

Les années d'apprentissage[modifier | modifier le code]

Georges Groulx effectue son cours classique au collège de Saint-Laurent où il démontre déjà un vif intérêt pour le théâtre. Il est remarqué par le père Émile Legault, animateur théâtral qui fonde, en 1937, la troupe pionnière des Compagnons de saint Laurent. En 1939, à l’invitation du Père Legault et de sa sœur Marguerite Groulx, première comédienne à faire partie de la troupe, il rejoint les Compagnons[1]. D’abord affecté à diverses tâches – balayeur de plateau, peintre des décors, machiniste, souffleur, régisseur – il se produit bientôt dans des pièces à caractère religieux qui constituent alors le répertoire des Compagnons, comme La Mort à cheval d’Henri Ghéon (1941)[1],[2],[3],[4]. En 1941, après son cours classique, il étudie une année à l’École du meuble de Montréal, et une autre à la faculté des Lettres de l’Université de Montréal, où il obtient son diplôme en 1943.

Très actif au sein des Compagnons de saint Laurent, il y joue une quarantaine de rôles dans un répertoire de plus en plus varié, révélant d’abord son grand talent d’acteur comique, et sa fascination pour Molière (dont il jouera, au total, une quinzaine de pièces). Ses interprétations du rôle-titre des Fourberies de Scapin (1944, 1951) et de Sganarelle dans Le Médecin malgré lui (1947) sont louées par la critique, cette dernière lui valant le prix d’interprétation masculine de langue française au Festival dramatique national. Guidé par Émile Legault, il fait aussi ses premières armes à la mise en scène, notamment avec Le Bourgeois gentilhomme de Molière (1945) et Les Gueux au paradis de Martens et Obey (1947)[2].

C’est aussi au sein des Compagnons de saint Laurent que Georges Groulx fait la connaissance de la comédienne Lucille Cousineau, qui deviendra sa femme en et lui donnera quatre enfants. Il montera sur scène avec elle plusieurs fois, l’une des premières avec Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux (1945). Il y tisse également des liens avec d’autres pionniers du théâtre québécois, tels Jean-Louis Roux, Jean Gascon, Jean Coutu, Huguette Oligny, Denise Pelletier, Hélène Loiselle, Thérèse Cadorette, ainsi que l’animateur Guy Mauffette et le chansonnier Félix Leclerc[2].

De Paris à Montréal[modifier | modifier le code]

En , titulaire d’une bourse du gouvernement français, Georges Groulx part pour la France en compagnie de Lucille Cousineau afin d'acquérir une véritable formation professionnelle. Il suit des cours d’art dramatique auprès de Bernard Bimont, de mime auprès d’Étienne Decroux (ex-professeur de Jean-Louis Barrault et de Marcel Marceau), de maquillage chez Lucien Arnaud, et de pose de voix avec des artistes de la Comédie-Française[3]. Pendant ce séjour de près de trois ans, Georges Groulx joue dans plusieurs pièces, dont Le Misanthrope au théâtre de l'Ambigu, et Le Dépit amoureux de Molière (1948) avec la Compagnie d'art théâtral de Paris. À Paris, le couple Cousineau-Groulx se lie d’amitié avec d’autres couples de comédiens, dont Guy Provost et Denise Vachon, venus eux aussi se perfectionner en France. Ils rencontrent également Jean Faucher et Françoise Faucher, qu’ils convaincront de venir s’installer au Québec et dont ils resteront des amis proches[5].

En 1951, de retour au Québec, il se joint à Jean Gascon et Jean-Louis Roux, qu’il a côtoyés à Paris, ainsi que Guy Hoffman, Robert Gadouas, et Éloi de Grandmont pour fonder le théâtre du Nouveau Monde (TNM)[6]. Il joue dans la toute première production de la troupe, L’Avare de Molière, présentée le au théâtre du Gesù. Au cours des années suivantes, il interprétera une quinzaine d’autres rôles au sein de cette troupe, dont Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière, à l’occasion d’Expo 67, en plus de monter la Double inconstance de Marivaux et les Mal-aimés de François Mauriac [7].

Télévision et cinéma[modifier | modifier le code]

En , Georges Groulx est invité à rejoindre la jeune équipe de réalisateurs mise sur pied par Radio-Canada pour animer la télévision naissante. On lui confie la réalisation de la toute première émission dramatique, la pièce Œdipe roi de Sophocle, adaptée par Jean Cocteau, diffusée le , lors de l’inauguration de la télévision française. Entre 1952 et 1956, il s’entoure de nombreux autres comédiens, décorateurs et autres artisans de talent et réalisera plus de trente télé-théâtres, parmi lesquels Jeanne et les Juges de Thierry Maulnier, Bobosse d’André Roussin, Antigone de Jean Anouilh, et L’Homme au parapluie de William Morum et William Dinner qui lui vaudra le trophée Frigon de la meilleure réalisation en 1954.

En 1956, il quitte son emploi de réalisateur pour retrouver la scène théâtrale qui lui manque. Il conservera néanmoins un lien fort avec le petit écran, interprétant quelque 70 rôles dans des télé-théâtres, et plus d’une vingtaine dans des téléromans et continuités dont : De 9 à 5, Joie de vivre, Les Enquêtes Jobidon, Septième nord et des émissions pour enfants comme Pinocchio[8],[9]. Au cinéma, il joue notamment avec la comédienne Geneviève Bujold dans Roméo et Jeannette de Paul Almond (1965), et aux côtés de Louise Turcot et de Monique Mercure dans la comédie érotique Deux femmes en or de Claude Fournier (1970)[10].

Sur scène[modifier | modifier le code]

Fort de son expérience radio-canadienne, Georges Groulx développe son talent de metteur en scène au cours des années suivantes. En 1963, L’Alcade de Zalamea de Pedro Calderón de la Barca, présentée au théâtre du Rideau Vert, lui vaut le prix de la meilleure mise en scène de l’année. Il signera, au total, plus de cinquante mises en scène pour de nombreux théâtres.

Parallèlement, il élargit son registre pour jouer des personnages de plus en plus complexes et dramatiques, tels ceux du dramaturge québécois Marcel Dubé (notamment Le Temps des lilas, 1958 ; Au retour des oies blanches, 1966 ; Le Coup de l’étrier, 1969; L’Été s’appelle Julie, 1975). Il participe à plusieurs tournées, dont une grande tournée européenne et pancanadienne avec le Théâtre du Nouveau Monde, en 1957, et une tournée à Moscou, Leningrad et Paris avec le Théâtre du Rideau Vert, en 1966, où il met en scène Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare[11].

À la fin des années 1950 et au début des années 1960, il est également très actif sur les scènes des théâtres d’été québécois, alors en pleine effervescence. Il participe à la fondation et à la direction artistique de plusieurs d’entre eux : le théâtre de l’Escale, à Percé; le théâtre de Marjolaine, à Eastman; le théâtre de l’Estérel, à Ste-Marguerite-du-Lac-Masson; et le théâtre des Prairies, à Joliette. Il y monte et y interprète notamment plusieurs pièces de boulevard, telles Feu la mère de Madame (1957), Léonie est en vacances (1960) et Le Système Ribadier (1963) de Georges Feydeau, un de ses auteurs de prédilection.

L’œuvre de pédagogue[modifier | modifier le code]

En parallèle à son travail sur scène, Georges Groulx consacre une part importante de ses activités à la formation des jeunes acteurs et actrices. En 1958, il fonde l’Atelier Georges Groulx, visant à pallier le grand besoin de formation chez les jeunes acteurs. Une vingtaine de comédiens et comédiennes de la jeune génération viennent s’y perfectionner et suivent ses cours du soir en techniques théâtrales. Plusieurs d’entre eux poursuivront des carrières sur scène : Françoise Graton, Élizabeth Chouvalidzé, François Tassé, Margot Campbell, Amulette Garneau, Jacques Zouvi, Claude Préfontaine, Ronald France, Mirielle Lachance, Yvon Thiboutot, Luce Guilbeault, Louise Marleau, Jacques Godin, ainsi que l’humoriste Yvon Deschamps, le chanteur Claude Léveillée, le réalisateur Richard Martin et la journaliste Denise Bombardier, pour ne nommer que ceux-là[12]. En 1961 et 1962, il enseigne également à l’École nationale de théâtre du Canada[13].

En 1962, le manque de temps l’oblige à fermer l’Atelier mais il accepte l’année suivante le poste de professeur de répertoire et d’interprétation au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, poste qu’il occupera pendant une vingtaine d’années.

En , avec ses amis Gilles Pelletier et Françoise Graton, il monte la pièce Iphigénie de Racine devant un public étudiant au Gesù. Le succès est tel que tous trois décident de créer une troupe, la Nouvelle Compagnie théâtrale (NCT), qui deviendra le théâtre Denise-Pelletier en 1997. Sa mission sera de présenter aux jeunes les grandes œuvres de la dramaturgie universelle. Premier directeur artistique de la NCT, Georges Groulx y mettra en scène une dizaine de pièces dont Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux (1965 et 1969), La Locandiera de Carlo Goldoni (1965), Dom Juan de Molière (1967) et Des souris et des hommes de John Steinbeck (1970)[14],[15].

À compter de 1965, de graves problèmes de santé l’obligent à ralentir le rythme et le forcent à prendre une retraite anticipée au début des années 1980.

Créateur et interprète original, doté d’une grande culture théâtrale, Georges Groulx est considéré par les critiques comme l’un des piliers et l’un des plus grands pédagogues du théâtre québécois[16],[17],[18],[19]. En , le Cégep de Saint-Laurent lui rend hommage en inaugurant, en sa présence, le studio-théâtre Georges-Groulx, voué à la formation de jeunes comédiens[15]. Il meurt d’une maladie pulmonaire le .

Citations[modifier | modifier le code]

« Le théâtre est une économie de moyens, non un épuisement. Exprimez la situation et vous serez le personnage. […] Il ne faut pas jouer à jouer. Il faut jouer à être. »[20]

« L'homme de théâtre ne crée pas. Comme le peintre ou l'écrivain, il recrée. Sa matière est là, écrite, déjà grouillante de la vie qu'on va lui donner. On joue à être un autre. Et c'est comme ça qu'on est plus soi. Quelle sensibilité et quel respect il faut pour servir le texte sans penser à se servir! C'est cela le théâtre: vivre par un autre. »[20]

« […] le théâtre est plus nourrissant quand il est universel. Cela dit, je pense qu’on tente de nos jours des expériences qui ont sûrement quelque chose de valable, même si personnellement je ne m’y sens pas impliqué. Par exemple, parlons de la langue. On écrit actuellement du théâtre en « canayen », en joual, je n’ai rien, mais rien du tout contre ça. J’ai même beaucoup d’admiration pour un gars comme Tremblay (qui a les qualités d’un vrai dramaturge), pourtant j’aurais du mal, je crois, à jouer dans ses pièces. Pour moi, je parle de façon très personnelle, le joual à la scène ne serait pas naturel. Ça n’enlève rien à ce genre de théâtre. »[21]

Théâtre[modifier | modifier le code]

En tant qu'acteur[modifier | modifier le code]

En tant que metteur en scène[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Téléfilms et téléthéâtre[modifier | modifier le code]

En tant qu'acteur[modifier | modifier le code]
En tant que réalisateur et metteur en scène[modifier | modifier le code]

Séries[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

Anecdotes[modifier | modifier le code]

Georges Groulx a été le réalisateur de la première émission dramatique présentée à Radio-Canada, Œdipe roi. La transmission se faisait alors en direct. « À cette occasion, se rappelle Georges Groulx, la société d’État avait organisé une grande réception dans le hall d’entrée avec quantité de moniteurs. Tous les grands directeurs étaient présents. Nous fonctionnions seulement avec deux caméras, or, au milieu de l’émission, une des caméras a brisé. C’était pour nous une véritable catastrophe. Nous avons appelé un spécialiste en électronique, qui se trouvait dans l’immeuble. Il a ouvert la caméra. Il y avait à peu près trois cents fils et il était impossible de voir lequel était défectueux. Il a alors refermé l’appareil et lui a donné un magistral coup de pied. L’image est aussitôt réapparue, parfaite. Je me suis dit : “Voilà un génie ” ! À la fin de l’émission, je me suis rendu compte que j’avais fumé plus de quarante cigarettes. »[22]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Cherubina Scarpaleggia, « Georges Groulx », Le Samedi,‎
  2. a b et c Hélène Jasmin-Bélisle, Le père Émile Legault et ses compagnons de saint Laurent : une petite histoire, Leméac, , 205 p. (ISBN 2-7609-5067-0)
  3. a et b Lucette Robert, « Georges Groulx », Le Samedi,‎
  4. Émile Legault, Confidences, Fidès, (ISBN 2-7609-5067-0)
  5. Anne-Marie Villeneuve et Jean Faucher, Françoise Faucher : biographie, Montréal (Québec), Québec Amérique, , 382 p. (ISBN 2-7644-0073-X)
  6. « Histoire du TNM »
  7. « Liste des pièces jouées au TNM de 1951 à 2002 »
  8. Vingt-cinq ans de dramatiques à la télévision de Radio-Canada, 1952-1977, Société Radio-Canada,
  9. Les dramatiques à la télévision de Radio-Canada, de 1977 à 1982 : Répertoire des téléthéâtres, des séries et des téléromans, Société Radio-Canada,
  10. « Georges Groulx », sur Les gens du cinéma
  11. Hélène Mercedes Palomino, Guillermo de Andrea et Serge Turgeon, Le théâtre du Rideau Vert : 50 ans à célébrer le théâtre (1949-1999), Montréal (Québec), Leméac, , 203 p. (ISBN 2-7609-9444-9)
  12. Serge Turgeon, « Le goût de continuer », Écho-Vedettes,‎
  13. (en) « Georges Groulx », sur Canadian Theatre Encyclopedia
  14. Diane Pavlovic, « Répertoire analytique de la N.C.T. », Jeu : revue de théâtre, vol. 1, no 30,‎ , p. 164-173 (lire en ligne)
  15. a b et c « Hommage aux fondateurs », sur Les 50 ans du Théâtre Denise-Pelletier
  16. a et b Michel Vaïs, Dictionnaire des artistes du théâtre québécois, Montréal (Québec), Québec Amérique, , 422 p. (ISBN 978-2-7644-0621-2, lire en ligne)
  17. Solange Lévesque, « Le théâtre québécois perd un de ses flambeaux », Le Devoir,‎
  18. Raymond Bernatchez, « Georges Groulx meurt à 74 ans. Le théâtre québécois perd un de ses piliers », La Presse,‎
  19. Jean Hamelin, Le théâtre au Canada français, Ministère des affaires culturelles, Québec,
  20. a et b Jean Bouthillette, « Un homme se penche sur son métier. Pièce en un acte à un seul personnage de Georges Groulx. », Perspectives,‎
  21. Hélène des Rosiers, « Comédien "classique", Georges Groulx s'explique », Le Journal,‎
  22. a b et c Christine Gautrin, « Georges Groulx et Lucille Cousineau, un couple qui ne vit que pour le théâtre », La Patrie,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]