Triguères

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Triguères
Mairie_trigueres.JPG
Blason de Triguères
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Centre-Val de Loire
Département Loiret
Arrondissement Montargis
Intercommunalité Communauté de communes de Château-Renard
Maire
Mandat
Michel Raigneau
2014-2020
Code postal 45220
Code commune 45329
Démographie
Gentilé Triguerois[1]
Population
municipale
1 338 hab. (2014)
Densité 37 hab./km2
Géographie
Coordonnées 47° 56′ 21″ nord, 2° 58′ 54″ est
Altitude Min. 112 m
Max. 192 m
Superficie 35,78 km2
Élections
Départementales Château-Renard
Localisation
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Triguères
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Triguères
Liens
Site web mairie de Triguères

Triguères est une commune française située dans le département du Loiret en région Centre.

Géographie

Triguères se situe dans la région naturelle du Gâtinais, à l'est du Loiret, et est limitrophe du département de l'Yonne.

Les routes départementales D 943 (Joigny-Montargis) et D 162 (Courtenay-Saint-Maurice-sur-Aveyron) traversent le village. La D 35 (La Selle-en-Hermoy-Douchy) passe dans le nord de la commune.

Communes limitrophes

Lieux-dits et écarts

Les lieux-dits suivis d'une astérisque sont situés à l'écart de la route indiquée.

A

  • Les Allemands, Rte de Chuelles à Douchy (D 35)
  • Les Aulnes*, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)
  • Avallon*, Rte de Douchy (D 943)

B

  • La Barre*, Rte de Courtenay (D 162)
  • Bel-Air, Rte de Melleroy (D 162)
  • Bellevue, Rte de Melleroy (D 162)
  • Les Bertets*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • La Petite Blaudière*, Rte des Salmons
  • Le Bois Rond*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • Les Bolognes*, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)
  • Les Bourgoins (en partie)*, Rte de Montcorbon
  • La Bourgonnière*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • Les Brangers* (1), Rte des Vallées (vers Château-Renard à l'ouest)
  • Le Bréau*, Rte de Douchy (D 943)
  • Les Brossets, Rte de Courtenay (D 162)

C

  • La Caille*, Rte de Chuelles à Douchy (D 35)
  • La Canonnière, Rte des Vallées (vers Château-Renard à l'ouest)
  • Le Caron Biston*, Rte de Chuelles par les Raignaults
  • Les Chambaults*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • Le Champ de la Poussetière*, Rte de Courtenay (D 162)
  • Le Champ de Vaux (en partie)*, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)
  • Les Charlots (en partie), Rte de Chuelles à Douchy (D 35)
  • La Charmaie, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • La Chêneraie*, Rte de Fontenouilles (D 64)
  • Le Chouêne*, Rte de Montcorbon
  • Le Clergé, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • La Corne des Bois*, Rte de Courtenay (D 162)
  • Les Coudrettes, Rte de Chuelles à Montcorbon
  • Les Couèches*, Rte de Courtenay (D 162)
  • La Grande Cour*, Rte de Courtenay (D 162)
  • La Cour de France, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)
  • Le Grand Courtoiseau, Rte de Château-Renard (D 943)
  • Coutant*, Rte de Courtenay (D 162)
  • La Croix Rouge, Rte de Melleroy (D 162)

D

  • Les Donons, Rte de Montcorbon
  • Le Duberrouy*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • Les Dubois*, Rte de Chuelles par les Raignaults
  • La Dupinerie*, Rte de Chuelles par les Raignaults

E

  • Les Etoits*, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)

F

  • Les Fèvres*, Rte de Château-Renard (D 943)
  • La Flamandière*, Rte de la Tuilerie (N-O du bourg)
  • Fontaine le Beau*, Rte de Chuelles à Montcorbon
  • La Fontaine de Villiers*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • La Fouinière, Rte de Chuelles par les Raignaults
  • La Petite Fouinière*, Rte de la Tuilerie (N-O du bourg)
  • Le Fourneau, Rte du Clergé (Sud du bourg)

G

J

L

M

  • Maison des Champs*, Rte de Courtenay (D 162)
  • La Maladrie*, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)
  • Le Petit Marchais*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • La Marchaiserie, Rte de Courtenay (D 162)
  • La Mardelle, Rte de Château-Renard (D 943)
  • La Grande Mardelle*, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)
  • Les Maroches*, Rte de Chuelles à Douchy (D 35)
  • Les Grands Marteaux*, Rte de Melleroy (D 162)
  • Les Petits Marteaux*, Rte de Melleroy (D 162)
  • Les Mauguenons*, Rte de Courtenay (D 162)
  • La Michotte, Rte de Melleroy (D 162)
  • La Montagne*, Rte de Montcorbon
  • Les Grands Moreaux, Rte de Fontenouilles (D 64)
  • Les Petits Moreaux, Rte de la Tuilerie (N-O du bourg)
  • Le moulin du Chemin, Rte de Château-Renard (D 943)
  • Le moulin de Paille*, Rte de Douchy (D 943)
  • Le moulin de Vaux*, Rte des Grands Moreaux (S-O du bourg)
  • La Moutinière*, Rte de Montcorbon
  • La Mussardière*, Rte de Montcorbon

P

  • Les Pasquettes*, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • Le Pau-Curier*, Rte de Melleroy (D 162)
  • Les Perrets, Rte de Chuelles à Douchy (D 35)
  • Les Petits Perrets*, Rte de Chuelles à Douchy (D 35)
  • Pincevin, Rte de Douchy (D 943)
  • Les Plantes, Rte de Montcorbon
  • Les Pommerats, Rte de Melleroy (D 162)
  • La Poussetière*, Rte de Montcorbon
  • Le Prieuré, Rte des Vallées (vers Château-Renard à l'ouest)

Q

  • Les Quatre-Vents, Rte des Jeannets (Ouest du bourg)

R

  • Les Radets*, Rte de Montcorbon
  • Les Raignaults, Rte de Chuelles par les Raignaults
  • Ramais, Rte de Château-Renard (D 943)
  • La Robarderie*, Rte des Salmons
  • Rougerie, Rte des Jeannets (Ouest du bourg)
  • Le Haut de Rougerie, Rte de la Tuilerie (N-O du bourg)
  • Les Roulets, Rte de la Pâture Reignault (Sud du bourg)

S

T

  • Les Thézards, Rte du Clergé (Sud du bourg)
  • La Tuilerie, Rte de la Tuilerie (N-O du bourg)

V

  • Les Vallées, Rte des Vallées (vers Château-Renard à l'ouest)
  • Les Vélins*, Rte de Château-Renard à Fontenouilles (D 142)
  • La Vignette, Rte de Chuelles par les Raignaults
  • Villargis*, Rte du Clergé (Sud du bourg)


(1) Ne pas confondre Les Brangers sur la route des Vallées (vers Château-Renard), et Les Brangers situés en bordure de commune mais sur la commune limitrophe de Fontenouilles au S-E.

Hydrographie

La rivière Ouanne arrose Triguères.

Toponymie

Triguères sur la carte de Cassini

Attestations anciennes

  • Trigorre, 1218 (forme française dans un acte latin mentionnant le nom d'un homme : Hattonem de Trigorre)[2] ;
  • In parrochia de Trigorria, 1258 ;
  • Triguères, mai 1318[3] ;
  • Trigorre en Gastinoys, septembre 1391[4] ;
  • Triguères, novembre 1409[5] ;
  • Trigueurre, 1692, sur la cloche baptisée cette année-là[2] ;
  • Triguères, 1740[6] ;
  • Triguerres, XVIIIe siècle[7].

Étymologie

Triguères résulte, d'après les formes anciennes, d'un plus ancien Trigorre.
-orre s'explique peut-être par une évolution de l'appellatif gaulois durum « porte, forum, ville close, bourg », lorsque le mot précédent se termine par un -o, c'est-à-dire -o-durum qui aurait abouti à -orre par amuïssement régulier du [d] intervocalique en proto-français[8]. La terminaison -orre, -ore procédant de -o-durum se rencontre également dans Aujeurres (Haute-Marne, Algyorre 1186) ou Izernore (Ain, Isarnodori, génitif, VIIIe siècle).
Le premier élément Trigo-, radical Trig-, est sans doute gaulois[9]. Selon Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak, l'ancienne forme Trigiodurum désignerait ainsi "la forteresse du gaulois Trigio". Selon toute vraisemblance, ce dernier était un chef d'une tribu ou sous-tribu gauloise qui avait établi une position fortifiée sur une éminence de terrain[10].

Histoire

Depuis les temps pré-romains et jusqu'en 1825, Triguères a été un point essentiel de surveillance de la route allant de Sens à Gien. Elle fut une ville celte avant de devenir gallo-romaine. Sur 9 hectares de la colline du Donjon (là où se trouve le lieu-dit le Châtelet sur la carte de Cassini), s'étendait un oppidum surveillant le « chemin Perré », empierré de silex selon la mode celte - et non pavé de type romain[11],[12]. L'endroit est particulièrement adapté au contrôle des passages et autres activités : la colline du Donjon formant l'éperon de la Garenne, est limitée à l'ouest par la vallée du ru de la Dardenne, au sud par la vallée de l'Ouanne, et à l'est par une vallée sèche[11].

Gisement du Moustérien

Un riche gisement d'artéfacts datant du Moustérien a été découvert en 1922 au nord-est du lieu-dit la Garenne[Note 1], dans un terrain constitué d'une mince couche de terre arable recouvrant un sous-sol d'argile mêlé de silex. Les outils trouvés vont du moustérien de tradition acheuléenne (de 500 000 à 300 000 ans avant le présent - couteaux quadrangulaires à dos naturel ou abattu, pointes triangulaires de type abri Audi) au moustérien final (30 000 ans - pointes triangulaires avec retouches marginales alternées sur faces opposées, pointes à pédoncules et burins). Le tout est en silex blond et gris moucheté du pays, sauf une lame dont le silex semble provenir de l'Yonne, et un gros racloir dont la roche jaspée est d'origine inconnue[13].

Époque celte

Trilithe du Vieux-Garçon

Trilithe du Vieux-Garçon

Dans le bois de la Garenne se trouvait un dolmen en grès, dit « dolmen du Vieux-Garçon ». Le plus proche gisement de grès est à 60 km de là, à Souppes-sur-Loing. Au début du XXe siècle, l'agriculteur, lassé des curieux, creusa une fosse pour y enterrer le dolmen[12].

Puits funéraire

En 1862 on découvre un puits funéraire celte dans le bourg, lors du creusement d'une cave. De forme elliptique, le puits mesure plus de 5 m de profondeur. Il contient des cendres mêlées d'os, des mâchoires de porc, des cornes de bélier et un pot. Cependant, le propriétaire fait immédiatement combler le puits pour construire sa cave par-dessus[12].

Oppidum

Une grande levée a été érigée de main d'homme au nord de la colline du donjon, fermant ainsi l'éperon de la Garenne avec contrescarpe, fossé, escarpe et talus, et conforme en tous points aux caractères décrits par l'empereur romain Jules César pour les fortifications gauloises : poutres enchâssées dans les murs notamment. Elle n'a pu servir qu'à protéger ladite colline contre des assauts éventuels de ce côté - ce qui, tenant compte de l'escarpement des trois autres côtés, en faisait un lieu bien fortifié. Le mot donjon pourrait n'être qu'une forme francisée du mot dunum, attendu qu'il n'y a à Triguères aucune trace historique d'un quelconque château fortifié, fortification ou donjon[11].

Nombre des objets trouvés ont été donnés au musée de Sceaux-du-Gâtinais[14].

Époque romaine

Triguères est un candidat de premier choix pour être le Vellaunodunum mentionné par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules[11],[15],[16]. Les restes d'une ville gallo-romaine importante y ont été retrouvés dans les années 1850-1860, notamment un amphithéâtre[Note 2],[11], un cimetière en 1857[12], le sanctuaire de source au moulin du Chemin en 1858[Note 3],[12], les villas gallo-romaines des Vallées et des Monts[Note 4],[Note 5], un temple gallo-romain[11], un aqueduc et des thermes[11].

La « grande Triguères » cessa probablement d'exister en 451 après les guerres menées par le roi des Huns, Attila[11]. Il fallut attendre six siècles pour que Triguères renaisse, sans jamais retrouver le faste qu'elle avait connu[12].

Moyen Âge

Fichier:Église trigueres-porche.JPG
Porche roman de l'église de Triguères

Sainte Alpais et sa légende précèdent les relevailles de Triguères dans l'élan du christianisme[11].

L'église

Vers la fin du XIe siècle, une église romane est construite sous l'égide de son prêtre Aymery[Note 6]. Le premier document historique connu la concernant est une charte d'octobre 1258 entérinant la vente de la dîme par plusieurs personnes à Eudes de Clermont, chanoine de Sens ; cette charte utilise la forme latine du nom de Triguères : Trigorria[17]. Elle a visiblement été partiellement détruite et rebâtie : le mur sud de la seconde travée du chœur est oblique ; les basses nefs et la grande nef sont inclinées ; la porte principale n'est ni dans l'axe du chœur ni dans celui de la nef[17].

La tour du clocher est contemporaine du portail roman, et sinon du même architecte du moins de même facture que celle de l'église de Courtenay (bâtie par Louis VI en 1132)[18].
Rebâtis au XIIe siècle, le chœur et le coin nord-ouest du mur de façade sont de style gothique[19].
La nef, large maintenant de 10 m, mesurait alors 6 m à 6,40 m de large (on voit encore un chaînage de coin de l'ancien mur dans le mur à gauche du portail à l'intérieur)[20]. Elle comprend deux travées voûtées en briques depuis 1866, autrefois en lambris dont on voit les restes dans les combles. Le sommet s'élevait alors à environ 14 m du sol[17].

Église Saint-Martin vue du sud-est

La forme lancéolée des baies du clocher indique le XIIIe siècle (peut-être dû à un rehaussement du clocher postérieur à la reconstruction du XIIe siècle, clocher dont la base romane n'était plus assez haute par rapport à l'église gothique rebâtie, pour que les cloches aient la portée voulue), mais ses ornements du sommet seraient du XVIe siècle, époque des dernières transformations importantes de l'église avec le rajout des bas-côtés et de la sacristie[21].
L'autel de style Louis XIII avec son retable-tabernacle en bois et pâte dorés, vient du couvent des Bénédictines de Montargis (qui fut fondé à la fin de ce règne)[22].
De trois, le nombre de cloches est passé à une, le bourdon (baptisée Martine, Marie, Nicole, Françoise, Charlotte en 1692). Dans leur enthousiasme de célébrer l'armistice de 1945, les habitants la brisèrent et durent la faire refondre en 1946. Mais lors de la remise en place de la nouvelle cloche, fut découverte la statue d'une Vierge royale en bois du XVe siècle cachée dans le mur (probablement à la Révolution)[12].

Reliquaires de l'église Saint-Martin

Le premier patron de l'église est saint Martin ; saint Louis a été ajouté comme patron ultérieurement. L'église possède un reliquaire en cristal taillé et argent, qui semble dater du XIIe siècle, portant l'inscription : "DIGITUS BEATI MARTINI" (« doigt de saint Martin »), qui contient trois petits paquets de papier. L'un de ces paquets contient une phalange de doigt, probablement de saint Martin bien que le papier porte l'inscription : "Saint Clément" ; l'autre paquet inscrit "Saint Louys" (deuxième patron de l'église) contient un fragment d'os ; le troisième paquet, vide, porte la mention « reliques de saint Clément » en caractères du XVIe siècle.
Le deuxième reliquaire (voir photo ci-contre), du début du XIIIe siècle, est une boîte en cuivre posé sur un socle, dont l'intérieur est divisé en compartiments contenant des reliques de plusieurs saints et des parcelles de la vraie croix ; chaque compartiment porte une inscription désignant le saint dont il contient la relique, en écriture du XIIIe siècle. Ce deuxième reliquaire était enfermé dans une gaine en cuir repoussé (voir photo dans la galerie ici plus bas) de 22 cm de hauteur, depuis longtemps perdue si bien que personne n'en avait entendu parler ; cette gaine a été retrouvée vers 1860 dans un réduit du chœur de l'église et donnée au musée de Montargis[23]. Le reliquaire en cuivre contient de nombreuses reliques[Note 7], certaines nommées, d'autres non ; parmi celles dont l'étiquette s'est perdue, il y a peut-être des reliques de sainte Alpais, puisque l'église est connue pour en posséder. Saint Alpais, née et ayant passé sa vie à Triguères, est toujours célébrée le premier dimanche de juillet[12]. Le musée historique d'Orléans possède une pierre gravée assez grossièrement d'un christ, qui provient de l'église de Triguères[24].

La paroisse faisait partie du doyenné de Ferrières, diocèse de Sens. Au XVIe siècle elle était taxée 400 livres tournois, de même que les églises de Montcorbon, Saint-Germain et Saint-Maurice-sur-Aveyron (Solterre seule payait 800 livres tournois)[17].

Le Châtelet

Au XIVe siècle, le seigneur de Triguères était Jean du Sochet, de Gy-les-Nonains. Sa fille Marie épousa Jean d'Avy. La famille d'Avy, ou David, en vient à posséder de nombreux fiefs sur Château-Renard, Douchy, Conflans. Vers 1550 ils firent construire le Châtelet, c'est-à-dire la partie ancienne de la demeure appelée le Donjon (et non la demeure bourgeoise construite plus tard dans la même enceinte), au long de la route menant à Courtenay. En 1685, devenus endettés, leurs biens furent vendus par adjudication. La propriété fut achetée comme maison de campagne par les bénédictines de Montargis. Aux alentours de 1750, celles-ci, qui possédaient alors pratiquement tout le pays de Triguères, firent construire une maison de belle apparence à côté du Châtelet. À la Révolution, cette propriété fut saisie comme tous les biens du clergé et vendue au sieur Jalouzot. M. Fouet, maire de Triguères, l'acquit au XIXe siècle, puis la famille Lassailly en 1919. Une de leurs parents lointains, l'historien Boulet de Monvel, dirigea les fouilles gallo-romaines dans les années 1850[11],[12].
Une grande dalle dans l'église porte une inscription[Note 8] indiquant l'implantation de longue date de la famille d'Avy dans le village[12].

Le Grand Courtoiseau

L'étymologie du nom (« la Cour des Oisons ») renvoie à Gefroy Oison qui en fut propriétaire en 1300. Il passa ensuite aux d'Avy en 1353. Le château se situait alors à l'emplacement actuel de la ferme du château. C'est après la guerre de Cent Ans que les d'Avy le firent reconstruire sur le site actuel du château. Le bâtiment précédent, devenu la ferme, garda longtemps des tours ¬ d'où son nom de ferme de la Guetterie[12]. Suite aux revers de fortune des d'Avy, c'est la famille Farins, bourgeois de Triguères, qui achetèrent le château de Courtoiseau et la ferme de la Guetterie. Leurs héritiers, les de Lisle, furent les derniers à se nommer en 1650 « seigneurs de la Guettrie et de Courtoiseau. » Le château devint ensuite la propriété des Hodoart, noblesse de robe de Sens. Ceux-ci possédaient également Villegardin à Chéroy, et d'autres fiefs proches[12]. Antoine Dupré de Saint-Maur, petit-fils du collaborateur de Buffon[25], en hérita vers le milieu du XVIIIe siècle et lui donna son allure actuelle. Le domaine fut ensuite acheté au XIXe siècle aux Cornu de la Fontaine de Coincy, qui y demeurèrent de 1836 à 1906. Ils y furent suivis par Alfred Léon Gérault-Richard, journaliste socialiste qui combattit le boulangisme[12].

La paroisse de Villargis est réunie à celle de Triguères à la fin XIVe ou début XVe siècle.

Époque contemporaine

Entre le 29 janvier et le 8 février 1939, plus de 2 800 réfugiés espagnols fuyant l'effondrement de la république espagnole devant les troupes de Franco, arrivent dans le Loiret. Devant l'insuffisance des structures d'accueil d’Orléans, 46 centres d’accueil ruraux sont ouverts[26], dont un à Triguères[27]. Les réfugiés, essentiellement des femmes et des enfants (les hommes sont désarmés et retenus dans le Sud de la France), sont soumis à une quarantaine stricte, vaccinés, le courrier est limité, et le ravitaillement, s'il est peu varié et cuisiné à la française, est cependant assuré[28]. Une partie des réfugiés rentrent en Espagne, incités par le gouvernement français qui facilite les conditions du retour, ceux préférant rester sont regroupés au camp de la verrerie des Aydes, à Fleury-les-Aubrais[27].

Héraldique

Les armoiries de Triguères se blasonnent ainsi : D'azur à la divise ondée d'argent accompagnée, en chef à dextre, d'une croisette ancrée du même, à senestre, du buste de Sainte-Alpais diadémée portant une houlette contournée en barre, le tout d'or, et, en pointe, d'une roue de moulin de huit rayons aussi d'argent[29].

Politique et administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
    Michel Raigneau UMP Conseiller général depuis 2005

Démographie


L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[30]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[31],[Note 9].

En 2014, la commune comptait 1 338 habitants, en diminution de −1,91 % par rapport à 2009 (Loiret : 2,42 %, France hors Mayotte : 2,49 %).

           Évolution de la population  [modifier]
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
1 0981 2311 2361 2641 2861 2911 3951 4901 439
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
1 4571 5341 6011 5721 6261 6161 6401 5881 551
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
1 5421 4701 5151 2631 2971 3241 3021 3101 223
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2007 2012 2014
1 2611 2191 1451 0861 1221 1521 3351 3321 338
De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[32] puis Insee à partir de 2006[33].)
Histogramme de l'évolution démographique

Patrimoine

Fichier:Eglise trigueres.JPG
église de Triguères

Le village compte deux monuments inscrits à l'inventaire des monuments historiques français :

L’église Saint-Martin des XIe, XIIe et XVIe siècles inscrite à l'inventaire des monuments historiques le [34]. L'église contient plusieurs objets classés Monuments historiques au titre d'objet : deux reliquaires du XIIIe siècle, l'un en argent et en cristal[35], l'autre en cuivre[36] ; un tableau de l'école flamande du XVIe siècle représentant le Christ de pitié[37] ; un autel daté de 1673 signé du sculpteur Vatimel[38] ; une statue du XVe siècle représentant la Vierge à l'Enfant[39] ; une cloche en bronze datée de 1692[40] ; une plaque en pierre du XIe siècle commémorant la construction de l'église[41].

Le manoir du Grand-Courtoiseau des XVIIe et XVIIIe siècles inscrit à l'inventaire des monuments historiques le [42]. Le manoir est situé à l'emplacement d'une ancienne forteresse qui avait été construite vers 1480. Parmi les hôtes célèbres du manoir, on note le miniaturiste Jean-Baptiste Augustin qui y vécut de 1819 jusqu'à 1832, année de sa mort ; le naturaliste Auguste-Henri Cornut de la Fontaine de Coincy (1837-1903) ; à partir de 1906, le journaliste et homme politique Alfred-Léon Gérault-Richard ; à partir de 1946, s'y sont succédé notamment l'écrivain Hervé Bazin qui y vécut en autarcie et y écrit ses dernières œuvres, et le chanteur compositeur Marcel Mouloudji. Depuis 1991 on peut visiter le jardin du Grand Courtoiseau, créé par Alain Richer[43].

Écologie

Barbastelle

Une marnière au lieu-dit La Montagne des Bruyères, près des Raignaults et du ru de la Dardenne, sert de gîte d’hibernation pour des chauve-souris. Elle a été regroupée avec sept autres marnières de l'est du Loiret dans le même cas[44], cet ensemble de cinq sites ayant en 2013 été classé en Zone Spéciale de Conservation et le tout intégré au réseau Natura 2000.

La marnière de Triguères, dont le plus long boyau atteint 62 m, est la plus grande des grottes de ce groupe. Elle est également la seule du groupe à abriter des barbastelles, apparues en 2003. On y trouve aussi des vespertilions à oreilles échancrées et des grands murins[45],[46].

Personnalités liée à la commune

Enseignement

Triguères est situé dans l'académie d'Orléans-Tours et dans la circonscription de Montargis-Est. La commune possède une école maternelle et une école primaire[47].

Galerie

Notes et références

Notes
  1. Le gisement du Moustérien a été découvert par Aurèle Chevillon en 1922 ; Chevillon l'a régulièrement exploré jusqu'en 1939. Il se trouve près du croisement des coordonnées 648 long. et 328 lat. sur la carte d'état-major. Ses limites sont : à l'Est-Nord-Est, le chemin Perré ; au Nord-Ouest, la route de Triguères à Chuelles ; au Sud-Sud-Ouest, le bois de la Garenne.
  2. Coordonnées de l'emplacement de l'amphithéâtre : 47° 56′ 29,45″ N, 2° 58′ 48,26″ E. Il est encore bien visible sur des photographies satellites. Même si une maison a été construite à l'emplacement de l'arène, le relief de son grand arc de cercle est très nettement marqué sur les cartes d'état-major.
  3. Coordonnées du moulin du Chemin : 47° 56′ 18,88″ N, 2° 58′ 48,98″ E.
  4. Coordonnées du lieu-dit Les Vallées : 47° 55′ 55,73″ N, 2° 58′ 21,75″ E
  5. Coordonnées du lieudit Les Monts : 47° 56′ 07,13″ N, 2° 57′ 02,28″ E
  6. Une inscription gravée dans une pierre sur la face nord du contrefort méridional du portail indique : « VIII IDUS IVNII OBIIT AIMERIDVS SACERDOS QVI FECIT ISTAM » (« Le 8 des ides de juin mourut Aimeridus prêtre qui fit celle-ci »).
  7. Les compartiments du reliquaire en cuivre sont noyés dans de la cire rouge pour retenir les reliques. Certains ne sont accompagnés d'aucun écrit ; les autres indiquent respectivement des reliques de saint Jean Baptiste (sang et cheveux), saint Philippe (tête), saint Jacques (Jacob), sainte Agnès (Agneti - os), sainte Madeleine (os), saint Etienne (Stephani), saint Grégoire, Symonis et Jude. Dans la partie supérieure un compartiment est en forme de croix et contient des parcelles de la vraie croix. Les photos des reliquaires et de la gaine en cuir ont été publiées à l'origine dans le Bulletin n° XII de la Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis. Eugène Jarry.
  8. La dalle porte l'inscription : Cigît Guillaume Davy en son vivant seigneur de la Fouynière et du petit Jussy qui trépassa le neuvième jour de juin mil cinq Cens trente et Cinq et auprès de lui Jehanne Poncet en son vivant femme dudit Davy laquelle trépassa le XIIJ. Jour de may mil Vc VIIIJ. Prie pour eux…
  9. Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
Références
  1. « Gentilés des communes du Loiret », sur www.habitants.fr (consulté le )
  2. a et b Eugène Jarry, « Notice archéologique sur l'église de Triguères (Loiret) », Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, Fontainebleau, Maurice Bourges, t. 24,‎ , p. 79-111. p.93 (lire en ligne)
  3. Archives Nationales-JJ 58, fol. 105, no 233
  4. A.N.-JJ 141, no 124, fol. 69
  5. Archives Nationales-JJ 164, no 28, fol. 17
  6. Bibliothèque municipale d’Orléans, manuscrit 995, fol. 251.
  7. Carte de Cassini.
  8. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, librairie Droz, Genève, N° 45370.
  9. ibidem
  10. Origine des noms de villes et villages du Loiret (2003), p. 262
  11. a b c d e f g h i et j Eugène Boutet de Monvel, « Nouvelle étude sur les ruines celtiques et gallo-romaines de la commune de Triguères », Mémoire de la Société d'Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans, Orléans, Imprimerie d’Émile Puget et compagnie, t. 7,‎ , p. 137-172 (lire en ligne)
  12. a b c d e f g h i j k l m et n Liliane Violas, « Histoire d'il y a belle lurette..., Triguères », L’Éclaireur du Gâtinais, no 2780,‎ (lire en ligne)
  13. Aurèle Chevillon, « La station moustérienne de la Garenne, commune de Triguères (Loiret) », Bulletin de la Société préhistorique de France, vol. 47, nos 6-8,‎ , p. 372-375 (lire en ligne)
  14. Les découvertes des Ages du Bronze et du Fer dans le département du Loiret. Abbé André Nouel. Bulletin de la Société préhistorique de France, 1963, Volume 60, N° 7-8, pp. 389-395.
  15. M.A. Bréan, Itinéraire de l'expédition de César, 1865.
  16. Eugène Boutet de Monvel, « Étude sur les expéditions de Jules César dans les Carnutes », Mémoire de la Société d'agriculture, sciences belles-lettres et arts d'Orléans, t. 7,‎ , p. 5-102 (lire en ligne)
  17. a b c et d Eugène Jarry, opus cit.
  18. Eugène Jarry, opus cit. p. 95.
  19. Eugène Jarry, opus cit. p. 101.
  20. Eugène Jarry, opus cit. p. 100.
  21. Eugène Jarry, opus cit. p. 102.
  22. Eugène Jarry, opus cit. p. 104.
  23. Eugène Jarry, opus cit. p. 110.
  24. Eugène Jarry, opus cit. p. 111.
  25. Dupré de Saint-Maur et Buffon avaient collaboré à l'établissement de tables de mortalité (Lavoisier, Mémoires présentés à l'Assemblée de l'Orléanais, 1893 (1788).
  26. Jeanine Sodigné-Loustau, « L'accueil des réfugiés civils espagnols de 1936 à 1940. Un exemple : la région Centre », Matériaux pour l'histoire de notre temps. 1996, no 44. p. 43.
  27. a et b Jeanine Sodigné-Loustau, op. cit., p. 47.
  28. Jeanine Sodigné-Loustau, op. cit., p. 43-44.
  29. Le blason de la commune sur Gaso. Consultation : avril 2010.
  30. L'organisation du recensement, sur le site de l'Insee.
  31. Calendrier départemental des recensements, sur le site de l'Insee.
  32. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
  33. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 2011201220132014 .
  34. « L'église Saint-Martin », notice no PA00099035, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  35. « Reliquaire en argent », notice no PM45000859, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  36. « Reliquaire en cuivre », notice no PM45000858, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  37. « Tableau du Christ de pitié », notice no PM45000717, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  38. « Autel », notice no PM45000716, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  39. « Statue de la Vierge à l'Enfant », notice no PM45000715, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  40. « Cloche », notice no PM45000714, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  41. « Plaque commémorative », notice no PM45000713, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  42. « Le manoir du Grand-Courtoiseau », notice no PA45000019, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  43. « Les jardins du Grand Courtoiseau », sur www.grand-courtoiseau.fr (consulté le )
  44. Huit marnières souterraines à Chantecoq, La Chapelle-sur-Aveyron, Château-Renard, Dordives, Douchy et Triguères, abritant des chauve-souris, sont ensemble désignées comme « Grottes d'intérêt régional de l'est du Loiret » sous le même code (Code Natura 2000 : 8310).
  45. Les sites à chauve-souris de l'est du Loiret. Document d'objectifs du site Natura 2000. Octobre 2005. Pp. 23-24 : relevés de la grotte de Triguères ; p. 38 : tableau de répartition des espèces de chauve-souris trouvées dans les sites respectifs.
  46. Sites à chauves-souris de l'est du Loiret, fiche INPN.
  47. « liste des écoles de la circonscription de Montargis-Est », sur www.ac-orleans-tours.fr (consulté le )

Bibliographie

  • Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak, Origine des noms de villes et villages du Loiret, Éditions Jean-Michel Bordessoules, , 285 p. (ISBN 2-913471-64-1)

Voir aussi

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