Silex

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Silex
Description de cette image, également commentée ci-après
Silex jaune du Brésil.
Catégorie Roche sédimentaire
Sous-catégorie Roche siliceuse
Composition chimique
SiO2
Couleur Noir, gris clair, jaune, brun, brun-rougeâtre
Utilisation
  • outillage
  • armement
Affleurement Calcaires et craie
Densité 2,57 à 2,67 g/cm3
Dureté 6,5 - 7
Formation Précipitation et agglomération de silice

Le silex est une roche chimique siliceuse très dure formée par précipitation chimique et constituée de calcédoine presque pure et d'impuretés telles que de l'eau ou des oxydes, ces derniers influant sur sa couleur.

Gisements[modifier | modifier le code]

Détail d'une couche de silex dans la craie, montrant le cœur et le cortex de la concrétion.

Très abondant, le silex forme des accidents siliceux dans la craie ou dans le calcaire sous forme de nodules, et dans certains sols argileux (cf. argile à silex) généralement issus d'altérations de la craie. C'est le cas notamment en Haute-Normandie, en Champagne, en Picardie ou dans le Pas-de-Calais avec les sédiments quaternaires (cf. l'ancien diluvium) du plateau d'Helfaut.

Dans les gisements, on distingue généralement deux parties : un cœur (appelé aussi noyau ou nucleus) plus sombre, gris ou noir, et un cortex constitué de calcédonite microporeuse dispersant la lumière, ce qui lui donne une teinte plus claire.

Formation[modifier | modifier le code]

La formation du silex est un phénomène complexe. Il est généralement admis que cette roche se forme à partir d'eau de mer ou de lac saturée en silice hydratée, l'opale qui, par épigénèse, évolue chimiquement en calcédonite microporeuse, puis en calcédonite compacte et en quartz.

Ce phénomène peut se produire :

  • soit en climat tropical, aux époques où les sols rouges ont subi une altération physique et chimique (météorisation) intense ;
  • soit par la décomposition des exosquelettes siliceux d'organismes marins tels que du plancton[1] (dont diatomées) ou certaines éponges ;
  • soit par des apports massifs de silice par la sédimentation océanique de cendres volcaniques lors d'épisodes éruptifs violents.

La silice précipite alors sur le lit des océans, sous forme d'agglomérats formant des nodules, ou en comblant les cavités laissées dans la craie (ou une autre forme de calcaire) et se cristallise en nodules.
Il semble que certains objets ou organismes aient pu contribuer à enclencher la cristallisation de certains silex. On trouve par exemple des fossiles d'éponge ou d'oursin au cœur de certains silex. Des discontinuités dans la boue (restes organiques, terriers tapissés de mucus, fissures ou fractures, zones à faible porosité) servent souvent de germes sur la paroi desquels la silice se met à cristalliser[2].
Dans cette hypothèse, le nodule en se formant — au cours d'une réaction autocatalytique lente — épigénise les calcaires environnants, c'est-à-dire que les molécules de carbonate de calcium sont remplacées une à une par des molécules de silice, sans changer la structure originelle de la roche ; ainsi le silex croît aux dépens du calcaire. Le phénomène de formation d'un nodule de silex s'arrête lorsque les dépôts de calcaire l'ensevelissent et le privent de l'apport en silice dissoute dans l'eau.

Les nodules de silex sont enveloppés d'une gangue plus ou moins épaisse nommée « cortex » et composée d'impuretés (dépôts organiques, etc.) repoussées vers l'extérieur lors de la croissance du silex.

Pétrographie[modifier | modifier le code]

Le silex se présente soit en rognons, soit en lits continus, soit en veines recoupant la stratification. Sa densité est variable de 2,57 à 2,67 selon sa richesse en eau (opale). Sa couleur est variable : gris, blond, jaune chamois, rosé, brun-noir. Sa texture est fine et compacte, ce qui le distingue de la chaille[3].

Sa cassure est soit conchoïdale, lorsque les ondulations sont marquées, ou lisse, si elles ne le sont pas, soit esquilleuse dans le cas d'une présence de petites « écailles » provoquées par l'onde de percussion. Son éclat est luisant et son aspect corné[4].

Utilisation[modifier | modifier le code]

Le silex est marié à la brique pour créer des effets décoratifs à Saint-Valery-sur-Somme en France.

À cause de sa texture cryptocristalline (à l'origine de sa faculté de se fractionner selon des lois constantes et contrôlables, en formant des arêtes tranchantes : la cassure conchoïdale), de sa dureté et de sa présence ubiquiste, le silex a été utilisé tout au long de la préhistoire et de la protohistoire pour la fabrication d'outils et d'armes[5].
Certains silex, traçables grâce à leurs fossiles associés (orbitoïdes, etc), sont utilisés comme marqueurs des déplacements des groupes préhistoriques[6],[7] ; et des réseaux d'échanges se mettent en place durant la préhistoire pour tirer parti de certains gisements locaux ayant des propriétés particulières. Le gisement du Grand-Pressigny a ainsi fourni de longues lames exportées jusqu'en Suisse et en Belgique, tandis que la Bretagne a fourni des pointes de flèches en silex finement ouvragées[8].

Ancienne étable cauchoise, alternant lits de briques et de silex.

Le silex a aussi été employé comme matériau de construction dans les pays à sous-sol crayeux dépourvus d'autres roches dures. C'est ainsi que les appareillages combinant rognons de silex et brique ont succédé au pan de bois dans les constructions rurales de Haute-Normandie (particulièrement dans le pays de Caux), dans une partie de la Picardie et du Vexin français, ainsi que, de l'autre côté de la Manche, dans tout le Sud-Est de l'Angleterre.

Le silex et le feu[modifier | modifier le code]

La percussion d'un silex est aussi l'une des techniques de production de feu : frappés contre une roche riche en fer ou contre un morceau d’acier, les silex produisent des étincelles susceptibles d'être fixées par des matériaux tels que l'amadou. Du XVIIe au XIXe siècle, le silex, fixé sur une platine à silex, est utilisé en tant que percuteur pour les fusils.

Cependant, contrairement à une idée encore répandue, le choc de deux silex ne permet pas d'allumer un feu, car les étincelles produites ne sont qu'une simple émission de lumière due à la contrainte exercée sur les micro-cristaux de quartz qui forment le silex. Il s'agit d'un phénomène nommé triboluminescence, que l'on peut observer également en frottant deux morceaux de sucre dans l'obscurité. Le silex étant formé de silice, qui est un oxyde de silicium, il ne peut pas réagir chimiquement avec le dioxygène de l'air. Comme il n'y a pas de matière incandescente arrachée, aucun feu ne peut être allumé ainsi malgré les fugaces étincelles obtenues.

Le silex ne constitue donc qu'une pierre de frappe comme n'importe quelle autre, mais dans tous les cas c'est la roche ferreuse (idéalement un sulfure de fer, comme la marcassite ou la pyrite) qui provoque le feu, et pas le silex. Deux roches ferreuses provoqueront une étincelle incandescente, une roche ferreuse et un silex également, mais jamais deux silex.

Calendrier républicain[modifier | modifier le code]


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. [Deflandre 1935] Georges Deflandre, « Considérations biologiques sur les microorganismes d'origine planctonique conservés dans les silex de la craie », Bulletin biologique de la France et de la Belgique, no 69,‎ , p. 213-244.
  2. « La formation du silex », sur craies.crihan.fr (consulté le ).
  3. [Vatan 1967] André Vatan, Manuel de sédimentologie, éditions Technip, , 397 p. (lire en ligne), p. 187.
  4. [Bressy 2003] Céline Bressy, Caractérisation et gestion du silex des sites mésolithiques et néolithiques du nord-ouest de l'arc alpin (thèse de doctorat), Archaeopress, (résumé), p. 24.
  5. Bressy 2003, p. 19.
  6. [Bressy 2002] Céline Bressy, « Caractérisation et gestion du silex des sites mésolithiques et néolithiques du nord-ouest de l'arc alpin » (résumé de thèse de doctorat), Préhistoires méditerranéennes, Université de Provence, nos 10/11,‎ , p. 231-235 (lire en ligne), paragr. 1.
  7. [Séronie-Vivien et al. 2006] Micheline Séronie-Vivien, Marie-Roger Séronie-Vivien et Pascal Foucher, « L’économie du silex au Paléolithique supérieur dans le bassin d’Aquitaine. Le cas des silex à lépidorbitoïdes des Pyrénées centrales. Caractérisation et implications méthodologiques », Paleo, no 18,‎ , p. 193-216 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ).
  8. Anne Lehoërff, Préhistoires d'Europe : De Néandertal à Vercingétorix, Paris, éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 608 p. (ISBN 978-2-7011-5983-6, présentation en ligne), chap. 6 (« Franchir les espaces. Voyager, échanger sur les terres et sur les mers »).
  9. [Fabre d'Églantine 1791] Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, , sur books.google.fr (lire en ligne), p. 22.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le Silex en Basse-Normandie : de la matière à la manière de bâtir, CRECET, Coll. Carnets d'ici, 2006 (ISBN 2-9518845-0-8)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]