Société de l'Empire allemand

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La société de l'Empire allemand ou société de l’Allemagne wilhelmienne (ou wilhelminienne) est la société, comprenant l'ensemble de l'art, de la culture et des institutions, d'une période de l'Histoire de l'Allemagne correspondant au Deuxième Reich, sous les règnes de Guillaume Ier, Frédéric III et enfin Guillaume II, le dernier kaiser[note 1]. Cette période historique s'ouvre avec le « Gründerzeit », le temps des fondateurs, et s'achève avec une phase de personnification autocrate du pouvoir par Guillaume II, le « wilhelminisme », qui aboutira finalement à la Première Guerre mondiale et la fin de l'Empire au terme de la défaite militaire allemande face aux forces alliées.

La période wilhelmienne est marquée par un vaste développement industriel[1] et celui de l'Empire colonial allemand. Elle voit ainsi le développement du complexe militaro-industriel allemand et de la Kaiserliche Marine. C'est aussi une période qui compte certaines avancées sociales, comme l'apparition d'un régime de protection sociale, encore en vigueur de nos jours en Alsace-Lorraine française.

Société et vie sociale

Im Biergarten, peinture de Adolf Menzel (1815-1905) datée de 1883.

De 1878 à 1890, une série de lois sociales sont prises par Otto von Bismarck.

Cour impériale

Classes sociales, niveau de vie et démographie

Syndicalisme

Féminisme

L'année 1894 voit la fondation de l’ Allgemeiner Deutscher Frauenverein (« Association générale des femmes allemandes ») par Louise Otto-Peters, entre autres cofondatrices.

Protection sociale

Critiques de la société wilhelmienne

Selon le concept du « Sonderweg », terme qui semble avoir été forgé par l'historien Hans-Ulrich Wehler[2], l' Allemagne wilhelminienne se serait modernisée sans se démocratiser, au contraire de pays comme la France, la Grande-Bretagne ou les États-Unis - Karl Marx parlant de « misère allemande » pour désigner l’attitude d’une bourgeoisie allemande qui préfère passer un compromis avec l’aristocratie terrienne et les princes plutôt que de s’allier avec le peuple pour libérer la nation des entraves morales et politiques héritées du passé[3].

Deux mois avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale paraît Le Sujet de l'Empereur (en allemand Der Untertan), une violente critique sociale romanesque d'Heinrich Mann.

Vie politique et opinion publique

Chanceliers impériaux

Titulaire Mandat Parti Note
Otto von Bismarck après sa démission, en 1890. Prince Otto von Bismarck
1815-1898
Du au Sans étiquette
Bismarck fut ministre-président et ministre des Affaires étrangères du royaume de Prusse de 1862 à 1890, ainsi que chancelier confédéral de 1867 à 1871 et chancelier impérial de 1871 à 1890.
Leo von Caprivi en 1880.. Comte Leo von Caprivi
1831-1899
Du au Sans étiquette
Prince Chlodwig zu Hohenlohe-Schillingsfürst
1819-1901
Du au Sans étiquette
Prince Bernhard von Bülow
1849-1929
Du au Sans étiquette
Theobald von Bethmann Hollweg
1856-1921
Du au Sans étiquette
Georg Michaelis
1857-1936
Du au Sans étiquette
Comte Georg von Hertling
1843-1929
Du au Sans étiquette
Prince Maximilian von Baden
1867-1936
Du au Sans étiquette

Armée et société

« Évoquer l'armée allemande, c'est évoquer l'Allemagne toute entière, car ses soldats et civils de 1914, faisaient un tout extraordinairement homogène, la Gemeinschaft; issue de l' « idée allemande » qui avait germé parmi les humiliations des guerres napoléoniennes, cette communauté s'était peu à peu consolidée pour atteindre, entre 1870 et les premières années du siècle, une parfaite cohésion. Un essor industriel prodigieux et un accroissement spectaculaire des la natalité (un million de naissance par an !) persuadèrent peu à peu l'Allemagne de sa grandeur. Elle sentit la nécessiter de se procurer de nouveaux marchés pour nourrir tant de bouches et préserver sont « standing », elle se tourna aussi vers les colonies, dont elle s'était peu souciée jusque-là »

— Liliane & Fred Funcken, L'uniforme et les armes des soldats de la Guerre 1914-1918[4]

Presse

Socialisme et communisme

Question coloniale : lobbying et opinion publique

Arts, sciences et culture

En 1876, le compositeur Richard Wagner crée le Festival de Bayreuth, un festival d'opéra consacré à l'exécution de ses dix principales oeuvres opératives. Il se tiendra chaque été au Palais des festivals (Festspielhaus) de Bayreuth, en Bavière, un théâtre conçu par Wagner pour pouvoir réaliser sa conception particulière de l'ouvrage lyrique comme « œuvre d'art totale »[5],[note 2].

Mouvements culturels

L'année 1903 va voir la fondation de la Deutscher Künstlerbund (La Ligue des artistes allemands) et 1907 celle de la Deutscher Werkbund (Association allemande des artisans) à Munich par Hermann Muthesius.

Littérature

Roman populaire, science-fiction et littérature fantastique

La littérature populaire allemande trouve sa figure de proue en Karl May, l'un des écrivains allemands les plus vendus au monde, notamment pour ses romans d'aventures au Far West dont les deux héros sont le Blanc Old Shatterhand et l'Apache Winnetou[note 3].

Architecture

Sciences

Guillaume II a fondé en 1911 la Kaiser-Wilhelm-Gesellschaft zur Förderung der Wissenschaften (Société Empereur Guillaume pour la Promotion des Sciences), qui devint après la Seconde Guerre mondiale la prestigieuse Max-Planck-Gesellschaft.

Économie

Les usines d'armement Krupp, l'un des symboles du développement industriel de l'ère wilhelmienne.

Éducation

Jusqu'en 1870, l'enseignement supérieur allemand faisait contrepoids à l'autorité militaire mais, depuis 1871, l'enseignement supérieur s'est pénétré de la doctrine bismarckienne : la valeur d'une nation est toute dans sa force militaire, industrielle et commerciale. L'Allemagne, qui au commencement du XIXe siècle, paraissait le temple des méditations idéales, tendait à devenir de plus en plus un laboratoire d'industriels, de chimistes et de commerçants. Aux jeunes gens qui terminaient leurs études, on donnait un enseignement moral où la religion remplaçait la philosophie. celle-ci n'était plus étudiée que par les étudiants en théologie. Quant aux étudiants en sciences, pendant les cinq ou six derniers mois de leur dernière année de cours, c'est-à-dire vers leur 25 ans, ils assistent à quelques leçons de philosophie, très incomplètes. De même que la doctrine morale des étudiants se réduisait au catéchisme, leur conception politique se réduisait à l'impérialisme. Ils reprenaient fidèlement les opinions conventionnelles de leurs pères.

Enseignements primaire, secondaire et professionnel

Photographie d'écoliers allemands d'une Bürgerschule, en 1905.

L'Allemagne n'avait pas, pour l'instruction publique, un régime unique comme pour l'armée, les États s'organisant suivant leurs traditions ou leurs besoins. Cependant l'instruction publique, particulièrement l'enseignement primaire, offrait, dans tout l'Empire, certain caractères généraux. La loi, très rigoureusement appliquée, implique l'obligation scolaire : les illettrés étaient extrêmement rares. Mais, si l'enseignement était obligatoire, il n'était ni laïc, ni gratuit, ni égalitaire. Les enfants de la bourgeoisie étaient élevés à part. En Saxe, par exemple, dans toute commune qui comptait au moins 1000 habitants, il y avait 2 écoles primaires bien distinctes. La Bezirksschule (école du district), destinée au peuple : l'écolage y était de 1,50 marks par mois, payables par quinzaine; une famille, quel que fut le nombre d'enfants fréquentant la même école, ne payait que pour un seul. La Bürgerschule (école des bourgeois), au programme de laquelle figurait les langues étrangères, particulièrement le français, avait un écolage de 6 marks par mois, payable en un seul versement. L'argent ainsi payé servait à l'entretien des écoles. Aussi, beaucoup d'entre elles ont une propreté et même un confort remarquable.

L'élève reste à l'école de 6 à 14 ans. La totalité des vacances par an ne devait pas dépasser les 8 semaines. Les inspecteurs primaires avaient le droit de fixer les dates de ces vacances suivant les travaux, particulièrement les travaux agricoles. Cette date variait naturellement d'après les productions des contrées, voire des communes. Ici, on avait besoin des enfants en septembre, pour la cueillette du houblon; là, on en avait besoin pour les vendanges ou la récoltes des pommes de terre. Les grandes vacances proprement dites sont de 5 semaines de suite. L'examen de sortie, pour les écoles primaires, comprenait une rédaction, des exercices de calculs et de géométrie : il correspondait au certificat d'étude primaire en France, à l'époque. La pédagogie allemande n'admettait pas de composition durant le courant de l'année : ni classement, ni prix d'aucune sorte. L'année scolaire commence à Pâques. Dans les régimes scolaires allemands, Pâques était un point de départ à cause des actes religieux, première communion ou confirmation. Toutes les écoles étaient rattachées à l'église ou au temple, suivant que la commune était à majorité catholique ou protestante. Le curé ou le pasteur avaient droit d'inspection, tout instituteur était payé par la commune. De là une double subordination, contre laquelle les congrès et les associations d'instituteurs s'élèvent fréquemment, mais sans résultats.

Pour entrer à l'école, les jeunes gens qui se destinaient à l'enseignement suivaient les cours, non pas d'une école communale, mais d'une Realschule, c'est-à-dire d'une école où l'on distribuait un enseignement spécial, professionnel, moderne et pratique. Quant aux futures institutrices pour se préparer à l'école normale, elles suivaient les cours de la Bürgerschule (école des bourgeois), puis ceux d'une école supérieure. Dans tous ces établissements, les frais d'études étaient assez élevés. L'âge minimum pour l'examen de concours aux écoles normale est de 14 ans. La durée de études est de 5 ans. Les frais d'étude sont de 150 marks. De plus, comme les écoles normales allemandes n'ont pas en général d'internat, les élèves doivent prendre pension au-dehors. Ces frais additionnés supposent, chez les familles des élèves-maîtres, une réelle aisance. Après avoir subi le dernier examen de l'école, l'élève-maître peut être nommé "délégué" dans une école au traitement annuel de 900 marks. S'il ne trouvait pas de place dans une école publique, il entrait comme professeur dans une privée ou dans une famille. Deux ans après sa sortie de l'école, il subissait l'examen constatant les aptitudes pédagogiques, examen où toutes les matières de l'enseignement étaient passées en revue en des épreuves écrites ou orales. S'il était reçu, il pouvait alors être nommé instituteur. Son temps de délégation ne comptait pas pour la retraite. Parfois candidats et candidates attendaient leur nomination pendant 4 ou 5 ans. Les associations d'instituteurs allemands réclamaient un traitement de minimum de 1350 marks. Des avantages importants leur étaient faits pour les retraites. La caisse des retraites était constituée par l'État, l'instituteur n'y versait rien, il touchait son traitement intégral; si après 10 ans d'enseignement, il ne pouvait plus faire classe, il avait une retraite égale au quart de son traitement.

Les universités allemandes

Carte postale avec l'Université de Berlin en 1900.

Les universités allemandes différaient des universités françaises de l'époque. L'État continuait à les soutenir, mais elles se gouvernaient seules. Elles se divisaient en 4 facultés : Droit, Médecine, Théologie et Philosophie. La philosophie comprenait la littérature et les sciences naturelles. Une cinquième faculté fut créée plus tardivement, celle des Sciences politiques et administratives. Mais elle n'octroyait pas de grade. Les professeurs des facultés formaient le Sénat académique. Ils élisaient tous les ans leur recteur. Les étudiants avaient le droit d'être jugés par ce Sénat. Tel était le fondement de la liberté, dans la Civitas universitatis. L'étudiant était inviolable à la police. Il ne pouvait être, même pour crime, livré au tribunaux qu'après une décision du Sénat académique. Devant le Sénat, la parole de l'étudiant faisait foi, sans autre preuve ni témoignage[6].

Les plus célèbres universités allemandes sont celles de Halle, de Leipzig, de Iéna, de Munich et de Bonn. Elles ont travaillé à l'œuvre d'unification nationale. Le général prussien Scharnhorst déclara : « La maison des Hohenzollern a pour garde d'honneur l'université de Berlin. ».

Sports et loisirs

Sports

Le team Mercedes-Benz au Grand Prix automobile de France de 1908.

L'Allemagne prendra part aux premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne en 1896. Le sportif le plus titré à l'issue des neuf jours de compétition sera d'ailleurs le lutteur et gymnaste allemand Carl Schuhmann, sacré champion olympique à quatre reprises. L'Allemagne était prévue comme pays-hôte pour les Jeux olympiques d'été de 1916 qui n'eurent pas lieu en raison de la Première Guerre mondiale.

L'année 1903 voit se disputer le premier Championnat d'Allemagne de football.

Loisirs

Les jouets allemands

Transports

Les débuts de l'automobile

Transports en commun : chemins de fer et tramways

Transports fluvial et maritime

Le Kaiser Wilhelm Hafen à Hambourg en 1903.
La marine marchande

La marine marchande est passée de 970 000 tonnes en 1900 à 3 millions de tonnes en 1914. Elle compte 5 000 navires, dont plus de 2 000 à vapeur (l'Allemagne a deux flottes à demeure en Extrême-Orient, pour desservir les côtes de la Chine et de l'Indochine). Pour le commerce, l'Allemagne vient immédiatement après la Grande-Bretagne : importations : 9 milliards par an en 1900, 20 milliards en 1914; exportations : 7 milliards par an en 1900, 18 milliards en 1914. Elle a dépensé plus de 1 milliard 500 millions de marks pour ses ports. Hambourg est reliée à toutes les parties du monde par 72 lignes de navigation allemande. Elle a 20 kilomètres de quais et 160 kilomètres de voies ferrées. La Compagnie transatlantique Hambourg-America devient la plus importante des compagnies de navigation[6].

Aéronautique

Vie quotidienne

Folklore estudiantin

Le Kaiser Guillaume II aux couleurs du corps de Borussia.

Songez aux traditions qui se perpétuaient chez les étudiants allemands ! Voici, par exemple, les délégués des corporations universitaires qui, dans une cérémonie, défilaient gravement, vêtus de costumes sang de bœuf, vert épinard ou bleu de Prusse, coiffés d'un petit bonnet à ganse d'or, chaussés de bottes gigantesques et armés de rapières démesurées.

Dans leurs villes universitaires, les étudiants allemands arboraient des casquettes violettes, blanches, vertes et écarlates. Presque tous s'imposaient l'air raide de l'officier allemand et saluaient comme lui, en joignant les talons et en imprimant à leur buste un triple balancement automatique[6].

Ce n'était pas d'après leurs études qu'ils associaient. C'était d'après la richesse de leurs parents et leur pays d'origine. De là, les noms de leurs corporations : Brunswiga, Allemania, Bremensia, Saxonia, Hanovera (corporation dont Bismarck fit partie), Borussia (corporation à laquelle Guillaume II et tous ses fils ont appartenu et où l'on entre qu'avec l'approbation de l'Empereur). Chaque corporation se reconnaissait à la couleur de sa casquette. Dans ces corporations d'étudiants appartenant aux diverses facultés, il y avait, en principe, un avantage intellectuel : chacun d'eux pouvait, par la conversion, mettre à profit, pour élargir son esprit, les études spéciales de ses camarades, en une sorte de frottement encyclopédique. Certaines de ces associations étaient fort riches. La Bremensia n'admettait que les fils des plus considérables négociants de Brême; la Saxonia, que les héritiers des familles aristocratiques et ploutocratiques. Pour entrer dans la Saxonia, un étudiant doit prouver que sa pension est de 600 marks par mois. Pourtant, d'ordinaire, les étudiants n'ont pas trop à se plaindre de la cherté croissante de la vie. Une chambre très confortable se paie 20 ou 25 marks par mois; une assez bonne table, 2 marks par jour. En somme, avec une mensualité de 100 marks, un étudiant vivrait. Mais il ne s'agit pas seulement de vivre, il s'agit aussi de boire. Seule peut-être, l'autorisation de boire est sans limites et sans "défenses". En toute autre matière, les défenses se multiplient : défense de porter un parapluie; défense de sortir un paquet à la main; interdiction, sous peine d'une amende de 10 marks, de boire dans une autre brasserie et de manger dans une "restauration" que celle de la corporation; interdiction, sous peine d'une amende de 5 marks, de sortir sans sa casquette; interdiction, sous peine de ne pas porter la casquette pendant cinq, six ou sept semaines, si l'étudiant a été rencontré en galante compagnie. Étaient punis de prison ceux qui manquaient à la discipline universitaire, donnaient un soufflet à un camarade ou se battaient en duel dans des conditions différentes que celles que fixaient le règlement. Le cachot avait pour mobilier un banc, une table, un lit de fer, une poêle et une cuvette. Les murs, blanchis à la chaux, étaient du haut en bas illustrés d'inscriptions et de dessins où figuraient l'étudiant type : casquette aplatie et pipe interminable. Les prisonniers pouvait recevoir ses amis et des cadeaux[6].

On ne devenait un véritable étudiant qu'à partir du jour où on s'est battu. Auparavant, on n'était qu'un "renard". Le "renard" buvait la bière dans les chopes d'un quart de litre. Il n'avait pas droit au "demi". "Renard, avance à l'ordre" lui disait l'étudiant. Et le renard accourait, joignait les talons, écoutait respectueusement, obéissait. Aussi, aspirait-il à son premier duel. Les duels entre étudiants, ne résultant pas d'une querelle et mettant aux prises des amis intimes, devraient s'appeler des tournois. Comme il fallait qu'il y ait quelques duels chaque semaine, les corporations s'adressaient de mutuels défis. Les adversaires choisis, de taille et de vigueur à peu près semblable, étaient, dans une salle ad hoc, mis en face l'un de l'autre, cuirassés et matelassés de pied en cap. Leur cou était protégé par une épaisse cravate; leurs yeux, par de solides lunettes. Ils ne pouvaient recevoir d'estafilade qu'au visage. Lorsque la joue et le nez est ensanglanté, un chirurgien arrivait avec un liquide antiseptique et une aiguille, puis recousait la peau à gros points. C'étaient les balafres de ces combats singuliers que l'on remarquait chez les magistrats, les officiers, les conseillers et les fonctionnaires allemands. Pour les étudiant il y avait un code de la boisson, comme il y avait un code du duel. Amende à qui ne fermait pas sa chope; amende à qui s'était oublié à dire "la bière est bonne" alors qu'il faut dire divine; Amende à qui ne vidait pas sa chope d'un trait, dès qu'on lui lançait un certain prosit : chacun d'eux réussissait à avaler 15 ou 20 litres en une soirée. Le gouvernement voyait d'un œil favorable toutes ces traditions. Pourtant, les étudiants ne se préoccupaient guère des discussions qui agitaient le Parlement et le pays[6].

Sociétés secrètes, pangermanisme, eugénisme et racisme

Sociétés secrètes

Au début du XXe siècle, la franc-maçonnerie allemande est divisée en deux grands groupes qui se reconnaissent mutuellement[7]: les trois grandes loges de Prusse, dont le siège est à Berlin - loges qui, la franc-maçonnerie étant pour elles chrétienne par essence, refusent en conséquence l'entrée de leurs temples aux juifs - et les cinq obédiences fondées au XIXe siècle à Hambourg, Dresde, Francfort-sur-le-Main et Darmstadt, qui, elles, ne font pas cette distinction et qui sont désignées par les termes de « Grandes loges humanitaires ». Pendant la Première Guerre mondiale, la franc-maçonnerie allemande rompt ses relations avec les francs-maçonneries des pays de la Triple-Entente[7].

En août 1918 naît la Thule-Gesellschaft.

« Germanisation » de l'Alsace et de la Lorraine

La bibliothèque impériale de Strasbourg lors de son ouverture en 1895.

La communauté juive et l'antisémistisme dans l'Allemagne wilhelminienne

Traitement des indigènes aux colonies

Porteurs indigènes en Afrique orientale allemande.

L'Allemagne wilhelmienne en guerre (1914-1918/1919)

« En Allemagne, la guerre est présentée comme une tentative de rompre l’encerclement insupportable des puissances acharnées à la perte de l’Allemagne et de son principal allié. La réalisation de l’unité nationale se fait, plus fondamentalement, au nom de la « Deutsche Kultur » identifiée à la défense de la patrie et à l’histoire de la nation. Comme en France et en Grande-Bretagne, la guerre patriotique prit d’emblée un caractère messianique. Cette spécificité commune renvoyait à une conception partagée de la nation en tant que principe actif de l’histoire. Du côté allemand, ce fondamentalisme historique s’inscrivait dans la tradition du soulèvement national inauguré en 1813 et pouvait s’appuyer sur le dénouement heureux de 1870-1871. Dans ce continuum guerrier de l’histoire nationale, la figure impériale occupait une place essentielle en tant que symbole de l’unité allemande et du sentiment patriotique. Cette projection dans le passé national pour interpréter et comprendre le présent bénéficiait en outre d’une longue tradition, vivement entretenue par les pratiques commémoratives et les souvenirs de guerre (près de six cents nous indique Maurice Jacob pour la guerre de 1870-1871) »

— La représentation du soldat pendant la Grande Guerre[8]

1918-1919 : la fin d'une époque

Les mutineries de l'automne 1918, l’instauration de conseils ouvriers (Arbeiter- und Soldatenräte) dans toutes les grandes villes de l'empire, de Metz à Berlin, forcèrent Guillaume II à renoncer non seulement au trône allemand mais aussi au trône de Prusse. Les autres souverains allemands, qui avaient dû le suivre dans sa démarche autoritaire et militariste ne purent pas non plus sauver leurs dynasties séculaires.

Le chancelier Max von Baden ayant annoncé son abdication, la république fut proclamée et le monarque déchu, se résignant, abdiqua officiellement le (le traité d'abdication ne fut signé cependant que le 28) et se réfugia à Doorn aux Pays-Bas (protégé par la reine Wilhelmine, il ne sera pas livré aux vainqueurs pour être jugé comme responsable de la guerre conformément aux souhaits des alliés).

Deux jours plus tard, l' armistice du 11 novembre 1918 sanctionne la défaite militaire du Reich.

Notes et références

Notes

  1. « Wilhelm » est l'équivalent allemand du prénom « Guillaume ».
  2. Paragraphe introductif de l'article dédié.
  3. Selon Adolf Hitler, Karl May fut son auteur préféré d'avant-guerre.

Références

  1. « Allemagne - l'héritage industriel », sur universalis.fr, Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  2. (de) Hans-Ulrich Wehler, Deutsche Geschichte, t. 9: Das Deutsche Kaiserreich 1871-1918, Vandenhoeck und Ruprecht, Göttingen, 1973 (ISBN 3-525-33542-3) (Kleine Vandenhoeck-Reihe 1380).
  3. François Genton, « La « misère allemande », un problème du socialisme européen vers 1900. La controverse Jaurès-Mehring à propos de Frédéric II de Prusse et de l'Aufklärung », Chroniques allemandes, no 7, 1998-1999, p. 77-80.
  4. Tome I, Infanterie - Blindés - Aviation, p.94 in Bibliographie.
  5. Le festival de Bayreuth est une œuvre d'art
  6. a b c d et e Hinzelin 1913
  7. a et b Bernheim 2008, p. 285-305
  8. Voir la section Liens externes

Voir aussi

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Bibliographie

Histoire générale
  • Émile Hinzelin, Histoire Universelle illustrée des pays et des peuples, Tome V, L'Allemagne,
  • Pierre Berteaux : La vie quotidienne en Allemagne au temps de Guillaume II en 1900, Hachette, 1962.
  • Alain Bernheim, Une certaine idée de la franc-maçonnerie, Dervy, (ISBN 9782844545640)
  • Fritz Fischer (trad. Geneviève Migeon et Henri Thiès): Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale (1914-1918) (« Griff nach der Weltmacht »), Paris, Éditions de Trévise, 1970
  • Paul Michael Kennedy (trad. Marie-Aude Cochez et Jean-Louis Lebrave): Naissance et déclin des grandes puissances : transformations économiques et conflits militaires entre 1500 et 2000 (« The Rise and Fall of the Great Powers »), Paris, Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot » (no 63), 1991 (réimpr. 2004) (1re éd. 1989) (ISBN 9782228884013).
Ouvrages spécialisés
  • Curt F. Kollbrunner : Figurines d'étain, Soldats de collection, L'Office du Livre, Éditions Vilo 1979.
  • E. Loeb-Dargagne: Sept siècles de façades à Strasbourg, ID l'édition, 2012.
  • Collectif: Strasbourg De la Grande-Île à la Neustadt - Un patrimoine urbain exceptionnel, Lieux dits éditions, 2013.
  • Liliane & Fred Funcken: L'uniforme et les armes des soldats de la Guerre 1914-1918, Casterman 1970 pour le Tome I (ISBN 2-203-14308-8) et 1971 pour le Tome II (ISBN 2-203-14309-6)

Articles connexes

Allemagne wilhelmienne
Époque contemporaine
Arts et culture

Liens externes