Fritz Fischer (historien)

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Fritz Fischer
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Sturmabteilung
Corps franc de l'Oberland (en)
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Conflit
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Vue de la sépulture.

Fritz Fischer, né le à Ludwigsstadt et mort le à Hambourg, fut un historien allemand qui fut professeur à l’université de Hambourg. Dans les années 1960, son travail fut au centre d'une controverse historiographique, qui s'est peu à peu transformée en débat de société d'abord en Allemagne de l'Ouest mais ensuite aussi en Allemagne de l'Est.

Biographie[modifier | modifier le code]

Spécialiste d'histoire moderne, Fischer fut nommé professeur à l'université de Hambourg en 1942. Membre du parti nazi et des SA, il anima à partir de 1942 jusqu'à la fin de la guerre des conférences sur « l'invasion de la juiverie dans la culture et la politique »[1].

Fischer fut l’un des premiers historiens allemands à développer une version négative du Sonderweg et à voir dans l’avènement du Troisième Reich l’aboutissement de la voie prise politiquement par l’Allemagne depuis le XIXe siècle.

Appuyé sur une documentation très importante, il mit en avant la continuité de la politique étrangère allemande entre le début du XXe siècle et 1945 en démontrant que les divergences sur les buts de guerre entre les principaux partis politiques représentés au Reichstag formulées entre 1914 et 1918 se réduisaient à des nuances de forme ou d'ampleur[2]. Fischer est notamment connu pour ses thèses sur les causes de la Première Guerre mondiale, dont il attribuait la responsabilité à l’Empire allemand, et son ouvrage Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale (1961) fut l’objet de l’une des plus importantes controverses historiques de l’Allemagne d’après-guerre : la controverse Fischer.

Critiques[modifier | modifier le code]

Les recherches de Fischer sont aujourd'hui critiquées surtout au plan méthodologique. On lui reproche d'avoir inventorié en détail les archives nationales de l'État allemand sans les avoir replacées dans le contexte de la politique des autres États d'Europe. Bien évidemment, cela écarte d’emblée la possibilité d'une responsabilité partagée du conflit[3],[4],[5].

Les contradicteurs de Fischer insistent aussi sur les prises de position et les ambitions des autres belligérants à la veille du conflit. Ainsi, la mobilisation prématurée de l'armée russe constituerait un facteur d'escalade non moins important que le chèque en blanc de l'Allemagne à l'Autriche-Hongrie le 5 juillet 1914[6]. La France aussi avait des objectifs de guerre explicites de longue date. Depuis sa défaite lors de la guerre franco-prussienne en 1870, elle s'est engagée dans une voie de revanche contre l'Allemagne et la reconquête de l'Alsace et de la Lorraine[7].

Georges-Henri Soutou considère les travaux de Fischer comme ayant une portée significative concernant la vision de la Grande guerre outre-Rhin[8]. En effet, un consensus s’établit par la suite en voyant le Reich comme le premier — mais non l'unique — responsable du conflit. Ce consensus est revu et remis en cause dans les années qui suivent[8].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Moritz August von Bethmann Hollweg und der Protestantismus. Religion, Rechts- und Staatsgedanke, Ebering, Berlin, 1938, 376 p.
  • (de) Fritz Fischer, Griff nach der Weltmacht : die Kriegszielpolitik des kaiserlichen Deutschland 1914/18, Dusseldorf, Droste, (1re éd. 1961) [détail des éditions].
  • (de) Weltmacht oder Niedergang. Deutschland im Ersten Weltkrieg, Europäische Verlagsanstalt, coll. « Hamburger Studien zur neueren Geschichte » no 1, Francfort-sur-le-Main, 1965, 109 p. ; 2e éd., 1968, 117 p.
  • (de) Krieg der Illusionen. Die deutsche Politik von 1911 bis 1914, Droste, Düsseldorf, 1969, 805 p. ; 2e éd., 1970, 805 p.
  • (de) Der erste Weltkrieg und das deutsche Geschichtsbild. Beiträge zur Bewältigung eines historischen Tabus, Droste, Düsseldorf, 1977, 368 p. (ISBN 3-7700-0478-7)
  • (de) Bündnis der Eliten. Zur Kontinuität der Machtstrukturen in Deutschland 1871-1945, Droste, Düsseldorf, 1979, 122 p. (ISBN 3-7700-0524-4)
  • Juli 1914: Wir sind nicht hineingeschlittert. Das Staatsgeheimnis um die Riezler-Tagebücher. Ein Streitschrift, Rowohlt, coll. « rororo » nº 5 126, Reinbek bei Hamburg, 1983, 125 p. (ISBN 3-499-15126-X)
  • (de) Hitler war kein Betriebsunfall. Aufsätze, C.H. Beck, coll. « Beck’sche Reihe » no 459, Munich, 1992, 271 p. (ISBN 3-406-34051-2)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lacroix-Riz 2015, p. 18.
  2. Lacroix-Riz 2015, p. 19.
  3. Soutou, Georges-Henri: War Aims and War Aims Discussions (Version 1.1), in: 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, ed. by Ute Daniel, Peter Gatrell, Oliver Janz, Heather Jones, Jennifer Keene, Alan Kramer, and Bill Nasson, issued by Freie Universität Berlin, Berlin 2017-04-06. DOI: 10.15463/ie1418.10240/1.1. Translated by: Serveau, Jocelyne
  4. « War Aims and War Aims Discussions | International Encyclopedia of the First World War (WW1) », sur encyclopedia.1914-1918-online.net (consulté le )
  5. Sean McMeekin, The Russian Origins of the First World War (Harvard University 2011), p. 239, "even a watered-down version of the Fischer thesis, set against what we know now about Russia's early mobilization and French collusion in helping Sazonov dupe the British, can stand no more".
  6. Christopher Clark (traduit de l'anglais par Marie-Anne de Béru), [« The Sleepwalkers : How Europe Went to War in 1914 »], Paris, Flammarion, 28 août 2013, 668 p. (ISBN 978-2-08-121648-8), (BNF 43685787)
  7. Stefan Schmidt, Frankreichs Aussenpolitik in der Julikrise 1914, Ein Betrag zur Geschichte des Ausbruchs des Ersten Weltkrieges (Oldenbourg Munich 2007).
  8. a et b Georges-Henri Soutou, « Existe-t-il une mémoire européenne de la Grande Guerre ? », dans Cent ans après : la mémoire de la Première Guerre mondiale, École française d’Athènes, coll. « Mondes méditerranéens et balkaniques (MMB) », (ISBN 978-2-86958-367-2, lire en ligne), p. 13–22

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Volker R. Berghahn, « Fritz Fischer, 1908–1999 », Perspectives (ISSN 0743-7021), vol. 38 no 3, [lire en ligne]
  • Jacques Droz, Les causes de la Première Guerre mondiale : essai d'historiographie, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire » (no 11), , 192 p. (ISBN 978-2-02-000656-9). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (de) Konrad Fuchs, « Fischer, Fritz », dans Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL), vol. 25, Nordhausen, (ISBN 3-88309-332-7, lire en ligne), col. 417-421
  • (de) Imanuel Geiss, Bernd Jürgen Wendt (dir.) et Peter-Christian Witt, Deutschland in der Weltpolitik des 19. und 20. Jahrhunderts : Fritz Fischer zum 65. Geburtstag, Dusseldorf, Bertelsmann Universitätsverlag, , 594 p. (ISBN 3-571-09198-1 et 9783571091998, OCLC 185683020).
  • Édouard Husson, Comprendre Hitler et la Shoah. Les Historiens de la République Fédérale d'Allemagne et l'identité allemande depuis 1949, Paris, Presses universitaires de France, , 415 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (de) Klaus Große Kracht, « Fritz Fischer und der deutsche Protestantismus », Zeitschrift für neuere Theologiegeschichte (ISSN 0943-7592), vol. 10 no 2, 2003, p. 224-252
  • Annie Lacroix-Riz, Aux origines du carcan européen (1900-1960) : La France sous influence allemande et américaine, Paris, Delga, , 193 p. (ISBN 978-2-915854-63-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en) John Moses, The politics of illusion : the Fischer controversy in German historiography, St. Lucia, Qld, University of Queensland Press, , 148 p. (ISBN 0-7022-1040-4).
  • (de) Lothar Wieland, « Der deutsche Griff nach der Weltmacht. Die Fischer-Kontroverse in historischer Perspektive », Blätter für deutsche und internationale Politik (ISSN 0006-4416), no 37, 1992, p. 742-752

Liens externes[modifier | modifier le code]