Pierre Poivre

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Pierre Poivre
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Pierre Poivre
Lithographie de E. Conguy XIXe siècle
Nom de naissance Pierre Poivre
Naissance
à Lyon, France
Décès (à 66 ans)
au château de la Freta, à Saint-Romain-au-Mont-d'Or
Nationalité Français
Pays de résidence Drapeau du royaume de France Royaume de France
Chine
Cochinchine
Isle de France
Activité principale
Autres activités
Conjoint

Pierre Poivre, né le à Lyon (France) et mort le au château de la Freta, à Saint-Romain-au-Mont-d'Or, est un horticulteur, botaniste, agronome, missionnaire et administrateur colonial français du XVIIIe siècle. Après des études en théologie à Paris, Pierre Poivre part, à l'âge de 21 ans, en mission d'évangélisation en Extrême-Orient. Là-bas, il découvre les épices et les profits qu'en tirent les Hollandais. De retour en France, il persuade la Compagnie française des Indes orientales de l'intérêt d'introduire ces épices sur l'Isle de France, ce qu'il parvient à faire en important clandestinement des plants de muscadiers. En 1766, il est nommé Intendant des Isles de France et de Bourbon et participe au développement économique de l'île par ses introductions d'espèces végétales nouvelles. Il rentre en France en 1772 et meurt en 1786.

Biographie

Origines et jeunesse

Pierre Poivre descend d'une famille de commerçants modestes, son père Hilaire Poivre (1671-1739) est négociant en soieries à Lyon, et sa mère est Marie Pompallier (v.1699-1770. Le couple se marie le , à l'église Saint-Nizier, à Lyon. Pierre Poivre naît est le à Lyon. Il est fils ainé du couple, son frère cadet, Jean Poivre (1673-1740) reprendra le négoce paternel et deviendra maitre et marchand-passementier.

Il entre chez les frères missionnaires de Saint-Joseph à la Croix-Rousse. Le jeune Pierre réussit très bien ses études et il est rapidement envoyé à Paris. Là-bas il travaille pour le séminaire des Missions étrangères de Paris. Il déclare vouloir œuvrer pour l'évangélisation de l'Extrême-Orient.

Missionnaire en Extrême-Orient

En 1741, à l'âge de 21 ans, il s'embarque pour la Chine pour participer à son évangélisation. Pendant deux ans, Pierre Poivre séjourne à Guangzhou (Canton) où après un séjour en prison, il devient un protégé du vice-roi qui l'autorise à visiter l'intérieur du pays. Il passe à Macao avant de s'installer à Fai-Fo en Cochinchine. Rapidement, Pierre Poivre oublie l'objectif de son voyage et se passionne pour le commerce et l'agriculture. Face à son manque de conviction, ses supérieurs le renvoient en France.

Détention à Batavia et découverte des épices

Muscadier
Giroflier.

Mais son goût de l'aventure est le plus fort. Il rejoint l'Asie à bord d'un navire de la Compagnie française des Indes orientales. Le navire est attaqué par les Britanniques et un boulet de canon lui emporte la main droite. Il est soigné sur le vaisseau britannique mais il doit être amputé du bras. Il est débarqué à Batavia (de nos jours Djakarta) qui est alors un centre important de l'exploitation des épices notamment les noix de muscade et des clous de girofle qui, par leur rareté, représentent une richesse fabuleuse jalousement gardée par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui en a le monopole. Il se met alors en tête d'acclimater ces espèces à l'Isle de France (aujourd'hui île Maurice). Après sa libération, en 1746, il se rend à Pondichéry, où il fait la connaissance de La Bourdonnais.

Il rentre alors en France pour défendre son idée auprès de la Compagnie française des Indes orientales. Après de nombreuses péripéties, il est chargé de s'occuper du développement des épices pour le commerce. Mais à la suite d'un naufrage, il embarque sur un navire néerlandais qui est attaqué par un navire malouin. Celui-ci est lui aussi attaqué par un navire Britannique. Poivre est alors enfermé à Guernesey. Il arrive en France en 1748 pour repartir l'année suivante alors chargé d'une mission par le ministre de la Marine, il aborde à Tourane pour être accueilli par la cour de Hué en 1749, mais ne parvient pas à obtenir l'autorisation de fonder un comptoir[1] .

De retour sur l'Isle de France en 1753, il y trouve le terrain idéal pour la culture des épices. Il parvient à se procurer clandestinement des plants de muscadiers et de girofliers qu'il confie à Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet (1720-1778), directeur du jardin d'essai de l'Isle de France, puis repart en 1754 vers les îles Moluques mais ne parvient pas à les atteindre et rejoint le Timor où il réussit à se procurer des muscadiers. À son retour à l'île de France (aujourd'hui île Maurice), en 1755, avec 3 000 noix de muscade et des plants d'épices et fruits divers, il découvre ses premières plantations de muscadiers mortes. Quand les nouveaux plants meurent à leur tour, une enquête révèle que Fusée-Aublet, qui prétendait que le muscadier ne pouvait pas être naturalisé à l'Ile de France, avait lui-même tué volontairement les jeunes plantes en les arrosant à l'eau bouillante.

Poivre persuade le botaniste Philibert Commerson d'explorer l'Isle de France. Il forme également son neveu, Pierre Sonnerat, lequel devient l'assistant de Commerson.

Retour en France et reconnaissance (1757 - 1767 )

Poivre décide alors de rentrer en France. En 1755-1756, il revient à Lyon. Déjà correspondant de l'Académie des sciences auprès d'Antoine de Jussieu, il est reçu à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, aux séances desquelles il participe assidument. Cette institution, ouverte à toutes les idées nouvelles, est alors un intense foyer d’activité intellectuelle. Presque toutes les grandes questions philosophiques ou sociales qui agitaient le siècle y trouvaient un écho et y éveillaient parfois des controverses passionnées. Pour sa part, Pierre Poivre intervenait le plus souvent sur les questions relatives au commerce international et, particulièrement maritime, qui « contribue à l’adoucissement des mœurs et à une meilleure connaissance des droits de l’humanité »[Note 1]. La France à l’époque disposait de cinq comptoirs dans les Indes : Pondichéry, Karikal, Mazupilam, Chandernagor au Bengale et Mahé sur la côte de Malabar.

Il publie à cette époque le récit de ses trois expéditions aux Moluques et à Timor sous le titre Les Voyages d'un philosophe qui ont du succès.

Il épouse Françoise Robin. En 1766 la Compagnie de Indes, en faillite, cède ses colonies à la couronne. Le , quelques jours après son mariage, le ministre de la Marine le duc de Praslin, nomme Pierre Poivre à l’intendance des îles de France et de Bourbon[Note 2] puis, en , Louis XV voulant lui donner un témoignage encore plus grand de son estime, lui confère des lettres de noblesse.

Intendant des Isles de France et de Bourbon (1767 -1772)

Buste de Pierre Poivre au Jardin de Pamplemousses

Le navire Le Dauphin sur lequel il s'embarque le arrive à Port-Louis, à l'Isle de France le 17 juillet, avec sa toute jeune femme, Françoise. Bernardin de Saint-Pierre, de passage dans l'île en tombe amoureux et pensera à elle en écrivant Paul et Virginie.

À sa nomination, Pierre Poivre est chargé de mettre en place les premières structures de l'administration royale qui dorénavant vont remplacer celles de la Compagnie des Indes[Note 3].

En six ans, Pierre Poivre impulse un véritable développement économique dans l'archipel des Mascareignes où il organise des plantations. Il crée dans sa propriété de Mon Plaisir, l'un des plus beaux jardins botaniques : le jardin de Pamplemousses où il acclimate des plantes des contrées lointaines. Il envoie une nouvelle expédition vers les Moluques qui rapporte alors suffisamment de muscadiers et de girofliers pour mener à bien une acclimatation. Une dernière expédition permettra de varier encore les plants. Poivre ordonne que les plantations ne soient pas limitées à l'île de France. Elles seront disséminées aux Seychelles, sur l'île Bourbon et même en Guyane française.

Sur l'île Bourbon, il introduit entre autres le giroflier, le letchi, l’anis étoilé, l’avocatier du Brésil. À l'île de France, il rapporte d'Europe l'imprimerie, et réussit à acclimater le giroflier, la muscade, le poivre, la cannelle... C'est lui qui brise le monopole du commerce des épices tenu par les Hollandais. Si Pierre Poivre s'est beaucoup intéressé à la culture des épices, il a également porté son attention sur les arbres fruitiers tels que le manguier, le mangoustan, le cacaoyer,...

Enfin, il s'est préoccupé du sort des esclaves, convaincu de l'inutilité économique de l'esclavage. Il dénonce également l'immoralité de cette condition.

Retour en France et mort

Plaque indiquant que son inhumation a eu lieu dans la Basilique Saint-Martin d'Ainay

Il quitte l'Isle de France en 1772, en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, pour rejoindre sa propriété de la Fréta près de Lyon où il meurt en 1786. Il est inhumé dans la Basilique Saint-Martin d'Ainay le .

Son œuvre aurait périclité, son successeur ayant négligé les plantations, si Jean-Nicolas Céré, nommé en 1775 directeur du Jardin du roi, n'avait opposé la plus ferme résistance à ceux qui en méconnaissaient l'utilité.

Mariage et descendance

Il épouse Françoise Robin (1749-1841), le , à Pommiers. De cette union naissent trois enfants :

Postérité

Un buste sculpté représentant Pierre Poivre âgé d'une trentaine d'années est érigé à l'entrée du Jardin botanique de Pamplemousses à l'Ile Maurice. Un autre sculpté (Pierre Poivre âgé d'une cinquantaine d'années) est érigé à l'entrée du Jardin botanique de Victoria (Mahé, Seychelles), au-dessus d'une plaque explicative rappelant qu'il fut à l'origine du premier établissement des Seychelles et qu'il fit introduire des plantes à épices plus particulièrement le cannelier aux Seychelles en 1772. Une plaque commémorative a été dévoilée au Château de la Freta à Saint-Romain-au-Mont-d'or en 1994 par l'Association Pierre Poivre de Lyon, présidée par l'écrivain Khal Torabully et Madame Vernazobres. Une allée Poivre a été inaugurée dans les Dombes en juin 2007. Un petit archipel des Seychelles a été nommé les îles Poivre.

En France, une sculpture de 1836, par Jean-François Legendre-Héral, le représentant est conservée au Musée des beaux-arts de Lyon.

Le thé de la gamme du jardin de thé mauricien Bois-Chéri a été récemment placé sous son patronage[réf. nécessaire].

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Notes et références

Notes

  1. Il prend alors pour référence le commerce des Indes orientales « qui emploie 40 à 45 bâtiments en moyenne de 600 tonneaux chacun. Sur ce nombre, quinze partent chaque année du port de Lorient pour les Indes, tandis que quinze autres en reviennent ce qui fait que trente bâtiments de la Compagnie sont toujours à la mer. Le commerce particulier de l’Inde, c’est-à-dire celui qui s’établit d’un port à l’autre, utilise encore douze ou quinze navires qui restent dans le pays pour le service des comptoirs. L’ensemble de cette flotte occupe 8 000 hommes. »
  2. Cet archipel également appelé les Mascareignes du nom du Portugais (Mascareinhas) qui les découvrit, se compose de trois petites îles situées entre 700 et 900 km à l’Est de Madagascar, dont les deux principales sont distantes de 185 km l’une de l’autre. Iles peu étendues, nommées au XVIIIe siècle isle de France (65 km de long sur 43 de large), île Bourbon (71 km sur 51) et île Rodrigues, aujourd’hui l’île de la Réunion et île Maurice. En dépit de leurs faibles dimensions et, dès le XVIIIe siècle, des ravages d’une érosion provoquée par la déforestation mal contrôlée, celle-ci appauvrissant irrémédiablement les sols et annihilant une épaisse végétation côtière qui, mieux que des batteries de canon, rendait difficile toute invasion, ces îles étaient d’importantes bases stratégiques sur le chemin de la Chine, de l’Annam, du Siam, des Indes orientales (Inde et archipel insulindien) et leurs fabuleuses épices. La rivalité entre les principales puissances maritimes du XVIIIe siècle (Angleterre, Provinces-Unies et la France, Espagne et Portugal étant déjà surclassés) en faisait (avec la base du Cap de Bonne-Espérance sous contrôle hollandais) des points d’appui sur le seul chemin maritime existant entre l’Europe et l’Asie. Mais l’entretien de ces points d’appui était fragilisé par la faiblesse financière du Trésor Royal et (déjà) un manque d’endurance, de ténacité et de constance des Français pour assumer un effort permanent et soutenu.
  3. Outre sa charge d'intendant des Mascareignes, Poivre est nommé Commissaire ordonnateur de cet archipel.

Références

  1. Histoire militaire de l’Indochine française, dir général Puypéroux, Hanoï-Haiphong, imprimerie d'Extrême-Orient, 1931, Exposition coloniale internationale de Paris de 1931, p17

Ouvrages

1769 : Voyages d’un philosophe ou observations sur les mœurs et les arts des peuples de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique.

Film

La Folle Histoire de Monsieur Poivre Film de Jean-Daniel Becache (52 minutes) Lithops-Films et France Ô. Avec Mario Hacquard et Gloria Mapack (2014).

Bibliographie

  • Jean-Marie Pelt, Les épices, Fayard, 2002.
  • Denis Piat, Sur la Route des Épices, l'île Maurice , Les éditions du Pacifique, Paris, nouvelle édition 2004.
  • Denis Piat, Mémoires d'un botaniste et explorateur, La Découvrance, 2006
  • Olivier le Gouic, Pierre Poivre et les épices : une transplantation réussie ?, in S. Llinarès - P. Hrodej, Techniques et colonies XVIe - XVIIIe siècle,Paris, S.F.H.O.M., 2005.
  • Daniel Vaxelaire, Les chasseurs d'épices, récit historique. Lattès (Paris) 1990 ; Payot (Paris), collection Points, date ; réédition revue et corrigée : Saint-Denis : Orphie, 2001, 2003.
  • Jean-Yves Loude, Monsieur Poivre, voleur d'épices, Belin, Collection Terres insolites 2005.
  • Marthe de Fels, Pierre Poivre ou l'Amour des épices, Hachette, 1968. 203 pages.
  • Louis Malleret, Pierre Poivre, École française d'Extrême-Orient, 1974
  • Pierre Poivre (1719-1786): intendant du Roi pour les Iles de France et de Bourbon, Les Pailles, Ile Maurice : Précigraph, 1994
  • Hélène Fillet-Phan Van Song, L'interprète de Poivre: de la Chine à l'Indochine, rencontre avec Pierre Poivre dans l'Asie du XVIIIe, Elytis, 2005

Voir aussi

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