Histoire de l'administration territoriale de la Chine avant 1912

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L'histoire de l'administration territoriale de la Chine avant 1912 est complexe. Au cours de l'histoire, ce qui est communément appelé Chine a pris différentes formes et organisations politiques. Pour diverses raisons, à la fois les frontières et les noms des divisions politiques ont changé : parfois pour suivre la topographie, parfois pour affaiblir d'anciens États en les divisant et parfois pour réaliser un idéal philosophique ou historique. Dans l'histoire plus récente, le nombre de petits changements enregistrés est assez important. Au contraire, le manque d'informations claires et véridiques des temps anciens force les historiens et géographes à dessiner des frontières approximatives pour les différentes divisions. Toutefois, grâce aux archives impériales et aux descriptions géographiques, les divisions politiques peuvent parfois être redessinées avec précision. Pourtant, les changements naturels, tels que les changements dans le cours d'une rivière (La rivière Huang He est connue pour ces situations, mais d'autres cours d'eau ont pu être affectés également), ou le manque d'information peuvent rendre difficiles les reconstitutions des tracés pour les temps anciens.

Résumé[modifier | modifier le code]

Divisions administratives historiques en Chine
Dynastie Premier niveau Second niveau Troisième niveau Quatrième niveau
Qin Commanderie (, jùn) District (/, xiàn)
Han Provinces (, zhōu) Commanderie District
Jin Province () Commanderie District
Sui Préfecture (Bien plus petit que ) District
Tang Circuit (, dào) Préfecture

(petite: ; grande: , )

District
Song Circuit (, ) Préfecture

(petite: ; grande: ; militaire: /, jūn)

District
Yuan Province (, shěng) Circuit () Préfecture

(petite: ; grande: )

Ming Province () Circuit () Préfecture

(petite: ; grande: )

District
Qing Province directement administrée Zhílì (直隸/直隶)

Province ()

Circuit ()

()
Tīng (/)

Préfecture () District

Temps anciens[modifier | modifier le code]

Avant l'établissement de la Dynastie Qin, la Chine est dirigée par un réseau de rois, nobles et tribus. Il n'existe aucun système unifié de divisions administratives. Selon les anciens textes, la Chine des dynasties Xia et Zhou est constituée de neuf zhou, mais les textes diffèrent quant à leurs noms et la fonction de ces zhou.

Durant la dynastie Zhou, la nation est nommément contrôlée par le "Fils du Ciel". En réalité, le pays est divisé en États concurrents, chacun avec à sa tête un dirigeant héréditaire portant le titre de "prince", "duc" ou "roi". La rivalité entre ces groupes culmine durant la période des Royaumes combattants, qui prend fin avec la victoire des Qin.

Provinces sous la dynastie Qin[modifier | modifier le code]

Frontières et capitales des commanderies de l'empire Qin en -210.
Reconstitution (parfois imaginaire) des frontières des commanderies de l'empire Qin.

Après que l'État de Qin parvient à soumettre le reste de la Chine en -221, le Premier Empereur divise son royaume en commanderies relativement petites, qui sont elles-mêmes divisées en districts plus petits. Désavouant les fiefs des Zhou, ces deux niveaux sont contrôlés de façon centralisée et étroite dans un système de méritocratie. Il existe également un district important administré de façon séparée connu sous le nom de Neishi.

Les commanderies sont regroupées en quatre grandes divisions : Le Guanzhong, de la basse vallée de la rivière Wei autour de la capitale, jusqu'à la Grande plaine de Chine du Nord; Le Hebei au nord du fleuve Jaune; Le Henan au sud de ce fleuve; et le Jianghan, couvrant les rivières Yangtze et Han et incorporant les territoires conquis des provinces actuelles du Hunan et du Guangdong. Le contrôle sur certaines commanderies, en particulier le Fujian (commanderie Min), est particulièrement relâché.

Il existe également quatre autres commanderies (Zhang 鄣郡, Zhouling 州陵郡 et Wuqian 巫黔郡) et 23 districts non affiliés.

Provinces sous les dynasties Han et Jin[modifier | modifier le code]

Provinces Han vers  190

La dynastie Han ajoute à l'origine des royaumes ou principautés (王国, wángguó) au niveau supérieur des divisions administratives. Chacun est dirigé par un roi local ou un prince de la famille impériale. Toutefois, dès le début de la dynastie une tendance se dessine pour absorber progressivement cette structure quasi fédérale dans la bureaucratie impériale. Après la rébellion des sept États, le système administratif est standardisé en remplaçant les royaumes et principautés par treize provinces (州, zhōu).

Durant la dynastie Han, la période des Trois Royaumes, et la dynastie des Jin occidentaux, ce système perdure. Il est cependant modifié par l'invasion des tribus originaires du nord, qui trouble l'unité de la Chine et impose la mise en place de différents gouvernements.

* Provinces originellement établies durant les Han orientaux

Provinces sous la dynastie Sui[modifier | modifier le code]

Provinces , 610

Lorsque la Chine retrouve son unité sous la dynastie Sui, les provinces ont été divisées et redivisées tellement de fois par les gouvernements successifs qu'elles ont pratiquement la taille d'une commanderie, ce qui rend la plupart du système administratif superflu. Ainsi, les Sui décident de fusionner les deux divisions administratives. Le niveau qui en résulte est appelé préfecture. Le nom en chinois varie entre zhou et jun à plusieurs reprises avant finalement de conserver le nom de zhou. En se basant sur le système apocryphe des neuf provinces, les Sui restorent les neuf zhou[2].

Les Sui décomposent leur territoire en 9 provinces, 190 préfectures, 1225 districts et environ 9 millions de ménages enregistrés, soit approximativement 50 millions de personnes.

Provinces sous la dynastie Tang[modifier | modifier le code]

Provinces Tang, 742

L'empereur Tang Taizong (r. 626−649) instaure dix circuits (, dào) en 627. Il s'agit de zones d'inspection pour les commissaires impériaux qui surveillent les opérations des préfectures, plutôt qu'un nouveau niveau de division administrative. En 639, la Chine est composée de 10 circuits, 43 commanderies (都督府, dūdū fǔ), et 358 préfectures ( et plus tard , )[3]. En 733, l'empereur Tang Xuanzong étend le nombre de circuits à 15 et établissant des circuits séparés autour de Chang'an et Luoyang, et en divisant les importants circuits de Shannan et Jiangnan en respectivement 2 et 3 nouveaux circuits. Il met également en place un système d'inspecteurs permanents, sans pouvoirs exécutifs[4].

La dynastie Tang crée également des districts militaires (藩鎮/藩镇, fānzhèn) contrôlés par des commissaires militaires (節度使/节度使, jiédushǐ) chargés de la protection des frontières susceptibles d'être attaquées par des forces étrangères. Ces districts sont similaires au système occidental des marches. Il est finalement généralisé au reste du territoire et est fusionné avec le niveau des circuits. Uniquement à l'Ouest, l'autonomie et la puissance plus importantes des commissaires permet l'insubordination et la rébellion, qui conduit à la période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes.

* Circuits établis sous Tang Xuanzong, en plus des dix circuits de Tang Taizong.

** Circuits établis par Tang Xuanzong en divisant les circuits de Jiangnan et Shannan.

Les autres circuits de la période Tang sont le Lingnan occidental, Wu'an et Qinhua.

Provinces sous la dynastie Song[modifier | modifier le code]

La dynastie Song abolit les commissaires et renomme ses circuits en 路 (, la traduction en occident reste toutefois circuit). Ils ajoutent également un certain nombre de préfectures d'armée (軍/军, jūn).

  • Circuits (路, )
  • Préfectures (grande: 府, ; petite: 州, zhōu; militaire: 軍/军, jūn)
  • Districts

Provinces sous les dynasties Jin et Song du Sud[modifier | modifier le code]

Les Jurchens envahissent la Chine historique au XIIe siècle. En 1142, la paix est formalisée entre la dynastie Jin et la dynastie des Song du sud, qui sont contraints de céder le nord de la Chine aux Jurchens.

Au début du XIIIe siècle, les Jürchens installent leur capitale à Zhongdu (actuellement Pékin) et adoptent des structures administratives chinoises. La dynastie Song maintient également la même structure dans la partie Sud de la Chine qu'elle continue à gouverner.

Provinces sous la dynastie Yuan[modifier | modifier le code]

Provinces Yuan

Les Mongols, qui parviennent à contrôler l'ensemble de la Chine sous la dynastie Yuan en 1279, introduisent les précurseurs des provinces modernes dans un nouveau premier niveau administratif :

  • Provinces (行中書省/行中书省, xíngzhōngshūshěng)
  • Circuits (道, dào)
  • Préfectures (grandes: 府, ; petites: 州, zhōu)
  • Districts

La région autour de la capitale qui correspond aux provinces modernes du Hebei, Shandong, Shanxi, Mongolie-intérieure, Pékin et Tianjin, est appelée Région centrale (腹裏/腹里). Elle n'a pas le statut de province mais est directement contrôlée par le Secrétariat central (Zhongshu Sheng). Le plateau tibétain est contrôlé par le Bureau des affaires bouddhistes et tibétaines (Xuanzheng Yuan).

Provinces sous la dynastie Ming[modifier | modifier le code]

La dynastie Ming fait perdurer ce système et possède des provinces qui ressemblent à celles de la Chine moderne. Les différences sont que Huguang n'a pas encore été divisé en Hubei et Hunan; Gansu et Ningxia font encore partie du Shaanxi; Anhui et Jiangsu forment ensemble Zhili du Sud; des parties des actuelles Hebei, Pékin et Tianjin font partie de la province de Zhili du nord; enfin, Hainan, Shanghai et Chongqing font encore partie de leur province d'origine. Cela porte le nombre de provinces à 15. La province de Annan, précédemment connue sous le nom de Iaozhi, Jiaozhou, Lingnan et Rinan, est réinstaurée en 1407 lorsque la région englobant le nord et le centre du Vietnam est conquise pour la quatrième fois. Toutefois, la province redevient un État indépendant en 1428 au cours de la période du Dai Viet sous la dynastie Lê.

Provinces et protectorats sous la dynastie Qing[modifier | modifier le code]

Chine et ses provinces dans les années 1820.
Chine et ses provinces dans les années 1900.

En 1644, Pékin tombe aux mains des Mandchous, qui fondent la dynastie Qing, la dernière dynastie de Chine. Le gouvernement applique alors le système suivant dans toute la Chine :

  • Provinces (省, shěng)
  • Circuits (道, dào)
  • Préfectures (府, ), Départements indépendants (直隸州/直隶州, zhílìzhōu) et Sous-préfectures indépendantes (直隸廳/厅, zhílìtīng)
  • Districts (縣/县, xiàn), Départements (散州, sànzhōu), Sous-préfectures(散廳/散厅, sàntīng)

Les Qing divisent le Shaanxi existant en Shaanxi et Gansu, le Huguang en Hubei et Hunan, et le Zhili du Sud en Jiangsu et Anhui. Le Hebei porte alors le nm de Zhili plutôt que Zhili du Nord. Ces provinces sont désormais presque identiques aux provinces actuelles. Collectivement, elles sont appelées les Dix-huit Provinces, un concept qui dure pendant plusieurs siècles pour désigner la Chine historique.

Ce système s'applique uniquement à la Chine historique, le reste de l'empire étant placé sous différents systèmes. La Mandchourie, le Xinjiang et la Mongolie-extérieure sont dirigés par des généraux militaires désignés par le Lifan Yuan (Bureau des affaires frontalières), alors que la Mongolie-intérieure est organisée en ligues. La cour Qing place la région tibétaine de l'Amdo sous son contrôle direct. Elle lui donne le nom de Qinghai et envoie des commissaires impériaux au Tibet (les régions d'Ü-Tsang et Kham occidental, correspondant approximativement à l'actuelle région autonome du Tibet) pour superviser leurs affaires.

À la fin du XIXe siècle, le Xinjiang et Taïwan sont à leur tour incorporés en tant que provinces. Toutefois, Taïwan est cédé aux Japonais après la fin de la première guerre sino-japonaise en 1895. À l'approche de la fin de la dynastie, la Mandchourie est également divisée en plusieurs provinces (Fengtian, Jilin, Heilongjiang), portant le nombre de provinces à vingt-deux.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « ScholarlyCommons », sur upenn.edu (consulté le ).
  2. "What were the ancient 9 provinces?" on http://www.chinahistoryforum.com « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  3. Twitchett 1979, p. 203, 205.
  4. Twitchett 1979, p. 404.

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]